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Destins brisés, cœurs retrouvés
Destins brisés, cœurs retrouvés
Auteur: RS WILD

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Auteur: RS WILD
last update Dernière mise à jour: 2025-02-17 02:53:03

LAURIE

Je m’approche des immenses portes vitrées de Knight Enterprises, le cœur battant un peu trop vite sous ma veste. Malgré les deux premiers entretiens que j’ai passés avec succès, aujourd’hui est le moment crucial. Je vais rencontrer le PDG, celui qui décidera si je reste ou si je suis éjectée sans ménagement. Une pensée qui m’obsède depuis des jours. Je ne peux pas échouer, pas maintenant.

J’ai travaillé dur pour en arriver là. Rien dans ma vie ne m’a été donné facilement, et chaque étape a été un combat. Pourtant, aujourd’hui, je suis là. Je dois me souvenir pourquoi j’ai tant bataillé.

Je m’appelle Laurie Brunel, j’ai 26 ans, et si je suis encore debout aujourd’hui, c’est parce que j’ai appris très tôt à me battre. Mon histoire a commencé de manière tragique. Je suis née dans un accident de voiture. Ma mère est morte quelques minutes après m’avoir mise au monde, et mon père, devenu gravement handicapé à cause de cet accident, a préféré me confier à l’orphelinat. Lui-même n’a jamais été capable de s’occuper de moi.

L’orphelinat a forgé mon caractère. J’ai appris à survivre dans un monde où personne ne te prend par la main, où les gens passent, te jugent, te rejettent. J’étais celle qui regardait les autres enfants partir avec des familles, tandis que moi, je restais là. Toujours celle qu’on laissait derrière.

Aujourd’hui, tout ça doit changer. Ce rendez-vous est ma chance. La première véritable opportunité de prouver que je vaux mieux que ce que mon passé raconte. Je prends une grande inspiration et pénètre dans le hall de l’immeuble .

Tout ici est d’une taille démesurée. Les couloirs, larges et impeccables, semblent interminables, comme si l’immensité de ce bâtiment était faite pour écraser les petites gens, comme moi. Les murs luisent d’un marbre brillant, les plafonds sont si hauts qu’ils semblent toucher les nuages. Chaque détail dans ce lieu respire le luxe, la perfection, le neuf… La réussite, à des années-lumière de ce que j’ai connu.

Je me sens si petite dans cet endroit. Même si j’ai fait de mon mieux pour correspondre à ce monde : un tailleur parfaitement ajusté, des escarpins choisis avec soin. Pourtant, ce n’est pas moi qui brille aujourd’hui, mais le luxe autour de moi. Mon tailleur, un miracle trouvé dans un dépôt vente, semble tout de même se battre pour m’offrir une chance d’être prise au sérieux. Il est presque comme un signe du destin, ce vêtement. On aurait dit qu’il m’attendait, suspendu dans ce rayon comme pour me dire : “Tu es enfin prête.”

Mais alors que je m’avance vers les hôtesses d’accueil, je sens leurs regards se poser sur moi, comme des juges invisibles. De haut en bas, leurs yeux analysent chaque détail, chaque couture de mon ensemble. Si elles m’évaluent sur mon apparence, je sais déjà qu’elles ne verront pas une femme forte prête à conquérir ce monde. Elles ne verront que… la fille qui n’a pas grandi dans les bons quartiers, qui n’a pas été formée dans les meilleures écoles. La fille qui n’a pas de place ici.

Je serre un peu plus ma sacoche, inspirant profondément. Ce monde a peut-être l’air d’être fait pour d’autres, mais aujourd’hui, je fais partie de ce décor. Et personne ne me fera sentir que je n’ai pas ma place.

L’hôtesse me scrute de la tête aux pieds, une blonde aux cheveux si parfaitement lissés que l’on a l’impression que son front est encore plus grand qu’il ne l’est réellement. Elle affiche un air distant, presque détaché, comme si je n’étais qu’une de ces nombreuses personnes qu’elle a dû voir défiler ici, un jour de plus.

Je me redresse, tente de faire bonne figure malgré la pression qui m’envahit. Je suis Laurie Brunel, après tout. Je vais y arriver.

– Bonjour, je suis Mademoiselle Brunel, j’ai rendez-vous avec Monsieur Knight !

Elle ne répond pas tout de suite, son regard rivé sur son écran. L’air froid et professionnel, presque hautain, semble me mesurer à travers les yeux de son ordinateur. Puis, enfin, un léger sourire se dessine sur ses lèvres, comme si elle avait décidé de m’accorder un peu d’attention.

– Oui, il vous attend. Dernier étage, prenez l’ascenseur de droite.

Je hoche la tête en guise de remerciement, sans oser répondre. Je sens mes mains devenir moites, comme si chaque geste devenait un défi, comme si cette ascension vers le dernier étage représentait tout ce que j’ai traversé dans ma vie. Ma chance, toute ma vie, semblait suspendue à ce moment précis. Et tout à coup, l’idée que tout puisse se jouer ici, dans cet ascenseur, me serre la gorge.

Je m’approche des ascenseurs. Un ascenseur pour les numéros pairs et l'autre les numéros impairs.

Celui de droite ce sont les numéros impaires et j'appuis sur le bouton .

Deux portes métalliques qui s’ouvrent devant moi.

Je me retrouve là, indécise, le cœur battant dans ma poitrine.

Je n’ai jamais été aussi consciente de l’enjeu de cet entretien. Dans quelques minutes, toute ma vie va se jouer. Soit je réussis, je fais mes preuves, je franchis ce cap et je peux enfin commencer à construire la carrière dont j’ai toujours rêvé, à prouver que je vaux mieux que ce que mon passé semble prédestiner. Soit j’échoue, et je retourne à mes galères, à cette vie de doute et de précarité que j’ai laissée derrière, mais qui semble toujours prête à me rattraper

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