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Auteur: RS WILD
last update Dernière mise à jour: 2025-02-17 16:50:35

Laurie

Je réponds à son appel, ma voix se fait un peu plus légère, un peu plus familière.

— Salut, Carter !

Il y a un sourire dans sa voix quand il me parle, comme toujours. Peu importe où il est, peu importe la distance, notre amitié est restée intacte.

— Alors, comment ça va ? Comment s’est passé l’entretien ?

Je soupire, les pensées encore envahies par l’entretien raté.

— Tu sais, Carter, comme d’habitude. C’était court, trop court. J’ai pas l’impression que ça a marché. Je m’attendais à plus, je crois.

Il reste silencieux un instant.

— Ne t’inquiète pas, Laurie. Tu sais que ça finira par payer. Tu es faite pour ça. Ne laisse pas ce genre de petit contretemps te faire douter. Celui ci est raté pour que tu puisse trouver mieu ailleurs !

Je souris, un sourire qui, même s’il est invisible à l’autre bout du fil, me fait du bien.

— J’espère, Carter. Mais j’ai l’impression de stagner dans cette ville. Rien n’avance. Je me dis que j'ai fait pas mal d'étude mais que rien n'aboutie, rien ne se concrétise, et j'avoue que je suis démoralise.

Je me laisse glisser sur un banc qui se trouve sur mon passage, le corps lourd de fatigue, plus lasse que jamais. Les pensées s’entrelacent dans ma tête, tourbillonnant autour de cette question persistante : Est-ce que je me fais des idées ? Peut-être que, finalement, ce désir de vouloir plus n’est qu’une illusion, une chimère que je poursuis sans raison. Après tout, si je n’ai pas trouvé ce que je cherche, c’est peut-être que je ne mérite tout simplement pas mieux.

Dehors, il fait beau. Le soleil brille, éclatant, et un léger vent souffle, apportant une touche de fraîcheur bienvenue. La chaleur commence à devenir étouffante, mais ce petit souffle d’air rend l’atmosphère plus supportable. Juin est là, et avec lui, l’odeur caractéristique de l’été, comme un avant-goût de liberté. Mais je me sens loin de tout ça, coincée dans mes pensées, coincée dans cette vie qui ne me convient pas.

— Mais non, faut y croire. Regarde, moi, j’ai bien trouvé dans ma branche, et pourtant, ce n’est pas facile non plus, le monde de l’audiovisuel quand tu n'as pas de contact pour t'aider.

La voix de Carter me tire de mes réflexions. Il parle avec conviction, et je sais qu’il a raison. Lui, Carter, a réussi à décrocher un poste d’animateur dans une radio locale. J’avoue qu’il a vraiment galéré pour en arriver là, mais il a persévéré. Peut-être que lui, au fond, a eu plus de chance que moi. Ou peut-être qu’il est juste plus déterminé à foncer. Moi, je reste là, à me poser mille questions, à douter à chaque étape.

Il me parle alors de son boulot, de sa petite vie à l’autre bout de la ville, de ses projets. Et moi, pendant ce temps, je repense à ma colocation. Deux colocs sympas, mais tellement différents de moi. Un garçon et une fille qui aiment faire la fête, tandis que je suis casanière. Je n’arrive pas à me faire à cette vie-là. Ils sont jeunes, pleins de vie, ils vivent dans l’instant, tandis que moi je réfléchis trop.

En attendant de trouver mieux, je vais rappeler ma boîte d’intérim pour voir s’il y a quelques vacations disponibles, même en tant que serveuse. C’est un secteur qui recrute, mais que personne ne veut vraiment. Moi-même, je fais ce travail uniquement pour survivre, pour tenir le coup en attendant de pouvoir enfin faire ce que j’aime vraiment.

J’ai trouvé ma voie, mais personne ne me laisse la chance de la suivre. Je sais ce que je veux, mais personne ne semble vouloir me donner cette opportunité. Je m’accroche, mais parfois, je me demande si je vais un jour arriver à réaliser ce rêve, à sortir de ce cercle où tout se résume à travailler pour des choses que je n’aime pas.

Mais comme je n'ai pas le luxe de pouvoir choisir, je me contente de ce qui se présente à moi, même si c’est loin d’être la vie que j’imaginais.

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