Le lendemain matin, le soleil perçait doucement à travers les rideaux de la chambre de Nathan. Une légère brise faisait onduler les feuilles des grands arbres qui entouraient le domaine Harrington. L'alarme de son réveil vibra sur sa table de chevet, et il tendit une main paresseuse pour l'éteindre. Il grogna, enfouissant son visage dans son oreiller. Les matins n’avaient jamais été son moment préféré.
Après quelques minutes à traîner au lit, Nathan se força à se lever. Il enfila un sweat et un pantalon de jogging avant de descendre dans la cuisine. Comme toujours, Anne, la cuisinière de la maison, était déjà à pied d’œuvre, préparant le petit-déjeuner. — Bonjour, Nathan, dit-elle avec un sourire chaleureux. Tu veux des œufs, ou tu préfères des pancakes ce matin ? Il s’affala sur une chaise, encore à moitié endormi. — Des pancakes, s’il te plaît. Avec du sirop. Anne hocha la tête. Nathan saisit son téléphone sur la table et commença à faire défiler son fil d’actualité, jetant un œil distrait aux photos de ses amis. Anne déposa ensuite une assiette de pancakes fumants devant lui, accompagnée d’un verre de jus d’orange. — Voilà, mon garçon. Mange pendant que c’est chaud. Il mangea en silence, appréciant le calme de la maison. Ses parents n’étaient pas encore descendus, et il savourait ces moments de tranquillité avant que la journée ne commence vraiment. Une fois son petit-déjeuner terminé, il monta dans sa chambre pour se préparer. La journée s’annonçait chaude et ensoleillée, parfaite pour une petite sortie en ville. Nathan avait décidé de passer la matinée en ville. Il avait proposé à son ami Max de le rejoindre, et ils s’étaient donné rendez-vous près de la place centrale. Max était déjà là, assis sur un banc et grignotant un croissant. — T’es en retard, mec, lança Max en levant les yeux. — Désolé, j’ai pris mon temps ce matin, répondit Nathan en riant. Ils commencèrent à marcher ensemble, discutant de tout et de rien. Max racontait une histoire absurde sur un professeur qui avait apparemment oublié son propre emploi du temps l’année dernière, et Nathan ne put s’empêcher de rire. — Sérieusement, j’espère qu’on ne l’aura pas cette année, dit Max en secouant la tête. — Ouais, ça serait pas mal, répondit Nathan. Tu as déjà acheté tout ce qu’il te faut pour la reprise ? — Presque. Il me manque encore quelques trucs. On pourrait passer au magasin après ? — Bonne idée. Ils passèrent une grande partie de la matinée à flâner dans les rues, s’arrêtant ici et là pour regarder les vitrines ou saluer des connaissances. De l’autre côté de Ravensburry, Noah était déjà debout. Il avait l'habitude de se lever tôt, surtout les jours où il travaillait au café. Après une douche rapide, il enfila son uniforme – un simple t-shirt noir avec le logo du café – et descendit dans la cuisine. Laureen était assise à la table, une tasse de café à la main et un journal ouvert devant elle. — T’as bien dormi ? demanda-t-elle sans lever les yeux de son journal. — Comme un bébé, répondit Noah en attrapant une banane dans la corbeille de fruits. « Tu iras finaliser les documents pour ton travail aujourd’hui ? — Oui. Après, je passerai peut-être au café pour t’aider un peu. Noah hocha la tête, avalant une bouchée de sa banane. — Cool. Je vais y aller, alors. Je veux arriver un peu en avance pour préparer la salle. — D’accord. Bonne journée, mon grand. Il enfila ses baskets, attrapa son sac et sortit dans la rue. Le café n’était qu’à quelques pâtés de maisons, et il aimait marcher le matin, quand la ville était encore calme. Les rues étaient bordées de boutiques et de petites maisons colorées, et l’air était chargé de l’odeur du pain frais qui s’échappait des boulangeries. Arrivé au café, Noah déverrouilla la porte et entra. L’intérieur était frais et accueillant, avec ses tables en bois clair et ses grandes fenêtres qui laissaient entrer la lumière du jour. Il alluma les machines, vérifia les stocks et commença à disposer les chaises. C’était une routine qu’il connaissait par cœur, mais qui ne le dérangeait pas. Il aimait travailler ici. Le café avait une ambiance chaleureuse, et les clients étaient pour la plupart des habitués qu’il appréciait.Au domaine Harrington, l’atmosphère était toujours aussi calme lorsque Sarah descendit finalement les escaliers. Ses talons résonnaient doucement sur le parquet impeccablement ciré. Vêtue d’une robe élégante mais décontractée, elle entra dans la salle à manger où Charles, son mari, était déjà installé, un journal déplié devant lui et une tasse de café fumant à portée de main. Charles Harrington était l’image même de l’homme d’affaires puissant, avec son costume impeccable et sa posture rigide. Il ne levait les yeux de son journal que pour boire une gorgée de café ou pour jeter un coup d’œil rapide à l’horloge murale. — Bonjour, Charles, dit Sarah en s’asseyant à l’autre bout de la table. — Sarah, répondit-il simplement, sans détourner les yeux de son journal. Un silence s’installa, à peine troublé par le bruit discret du service de table qu’Anne disposait devant eux. — Nathan est parti en ville ce matin, dit Sarah finalement, brisant le silence. Charles hocha la tête, tou
Le campus de l’université de Ravensburry était en effervescence. Les feuilles d’automne jonchaient les vastes pelouses, et les étudiants allaient et venaient entre les bâtiments en discutant, riant ou se précipitant à leurs cours. Nathan traversait l’atrium principal, un café à la main, son sac en bandoulière frappant légèrement contre sa hanche à chaque pas. Il vérifia l’emploi du temps sur son téléphone. Ce matin-là, il avait un cours obligatoire sur les « Fondements de la pensée critique et de la communication », un module que tous les étudiants de première année et de deuxième année devaient suivre, peu importe leur spécialisation. Nathan, qui étudiait banque et finance, trouvait cette obligation fastidieuse. Il préférait de loin les chiffres aux discussions abstraites. Mais il n’avait pas le choix. Il entra dans l’amphithéâtre, où une centaine d’étudiants étaient déjà installés. La salle semblait être un mélange chaotique de spécialités : ingénieurs, juristes, littéraires, et
Le café où travaillait Noah était niché dans une rue animée du centre-ville de Ravensburry, un endroit prisé des professionnels et des étudiants. C’était un lieu chaleureux où l’odeur enivrante de café fraîchement moulu flottait toujours dans l’air. Noah aimait cet endroit. C’était plus qu’un simple emploi à temps partiel pour lui — c’était un espace où il se sentait à l’aise, où il pouvait observer le monde. Ce jour-là, comme à l’accoutumée, Noah travaillait derrière le comptoir lorsque que Charles Harrington franchit les portes vitrées du café. Il portait un costume gris anthracite parfaitement taillé, et sa démarche, bien qu’élégante, laissait entrevoir une certaine impatience. Ce genre d’endroit n’était pas sa tasse de thé. Habituellement, il se contentait du café servi à la banque, mais ce matin, sa machine personnelle était hors service, et il avait besoin de sa dose de caféine avant sa prochaine réunion importante. Charles jeta un rapide coup d’œil à l’intérieur, cherchant
Noah était assis dans le salon avec Laureen. La télévision était allumée, mais aucun d’eux ne la regardait vraiment. Au bout d’un moment, il posa la télécommande qu’il avait à la main et se tourna vers sa mère. — Maman, dit-il doucement Laureen, qui était plongée dans un livre, releva la tête. — Oui, mon chéri ? Noah hésita, cherchant les bons mots. — J’ai une question. Et je veux une vraie réponse cette fois. Laureen fronça les sourcils, mais elle posa son livre, prête à l’écouter. — D’accord. Qu’est-ce qui te tracasse ? Il prit une profonde inspiration. — Est-ce que tu pourrais m’en dire plus à propos de mon père? La question tomba comme une pierre dans un lac calme. Laureen sentit son estomac se nouer. Elle avait espéré mourir sans jamais avoir cette conversation, mais elle savait que ce jour viendrait. — Noah… Je t’ai déjà dit tout ce que tu avais besoin de savoir. — Non, maman, tu ne l’as pas fait, répondit-il fermement. Tu as toujours évité la questio
Le lendemain de sa discussion avec Noah, Laureen se réveilla avec un sentiment étrange, un mélange d’épuisement et de détermination. Les questions de son fils tournaient encore dans son esprit, telles des vagues incessantes. Elle savait qu’elle ne pourrait pas les éviter éternellement, mais elle avait besoin de temps. Un peu d’air frais ne lui ferait pas de mal. Après un rapide petit-déjeuner, elle laissa Noah à ses occupations et sortit se promener dans le centre-ville. Les rues pavées baignées de soleil étaient animées, mais la fraîcheur de l’air automnal maintenait une certaine sérénité. Laureen aimait ces moments où elle pouvait flâner sans but précis, observer les vitrines et laisser ses pensées s’égarer. Alors qu’elle s’arrêtait devant une librairie qu’elle adorait, une voix douce mais teintée d’hésitation, l’interpella. — Laureen ? Elle se retourna et resta un instant immobile. Devant elle se tenait Sarah, une vieille amie qu’elle n’avait pas vue depuis au moins quinze a
Quelques jours après sa dispute avec sa mère, Noah décida de faire un pas vers la réconciliation. En signe de paix, il prit le reste de sa journée de libre pour lui rendre une visite surprise. Dans une main, il tenait une boîte contenant son gâteau au chocolat préféré, et dans l’autre, un café mocha, une recette maison qu’il savait inégalée. En traversant le campus de l’université, il fut frappé par l’effervescence qui y régnait. Des groupes d’étudiants se retrouvaient sur l’herbe, discutant, riant, partageant des moments de camaraderie. Les affiches colorées annonçant les prochains événements culturels ou sportifs parsemaient les allées, ajoutant une touche vibrante au décor automnal. Le mélange de l’air frais, du bruissement des feuilles et des éclats de rire donnait une atmosphère à la fois paisible et pleine de vie. Perdu dans ses pensées, Noah ne remarqua pas tout de suite le jeune homme qui venait dans sa direction. Ce n’est que lorsqu’ils furent presque à se heurter que Natha
Dans le bureau de Laureen, l’atmosphère était enfin apaisée après des jours de tension. Noah, assis en face de sa mère, tenait un gobelet de café mocha qu’il avait préparé lui-même. Ses coudes reposaient sur ses genoux, son regard oscillant entre sa mère et la table. Laureen, de son côté, avait ouvert une boîte de gâteaux au chocolat qu’il avait apportée, mordillant un morceau avec distraction. Un silence pesant régnait, mais il n’était plus aussi inconfortable qu’avant. Il semblait qu’une trêve tacite s’était installée entre eux, fragile mais réelle. — Je ne suis pas venu pour relancer la discussion, déclara finalement Noah en brisant le silence. C’est juste… ma façon de dire que je ne t’en veux pas. Enfin, pas autant que j’ai pu le laisser croire. Laureen releva les yeux, surprise mais touchée. — Noah… — Non, écoute-moi, l’interrompit-il doucement, mais fermement. Je sais que j’ai peut-être été dur. Mais la vérité, c’est que je comprends pourquoi tu fais ce que tu fais. Je
Quelques jours après sa rencontre inattendue avec Laureen, Sarah ne parvenait pas à retrouver son calme. Malgré ses efforts pour repousser les souvenirs, les images et les émotions qu’elle avait soigneusement enfouies refaisaient surface, troublant ses nuits et envahissant ses pensées. Dans la maison des Harrington, l’atmosphère restait fidèle à elle-même : luxueuse, presque oppressante par sa perfection, mais chargée de tensions invisibles. Chaque pièce semblait respirer un calme factice, comme si tout ce qui s’y déroulait devait rester soigneusement dissimulé sous un vernis éclatant. Dans le salon, Charles était installé dans son fauteuil préféré, un journal financier entre les mains. Décontracté mais impeccable, il incarnait parfaitement l’image de l’homme issu d’une vieille famille riche. Ses traits qui étaient figés dans une expression distante s’adoucir lorsque Nathan entra soudainement dans le salon, coupant ainsi court à sa lecture silencieuse. — Bonjour, papa, lança-t-il
Pendant qu’elle filait rejoindre ses amies dans un club privé de Ravensburry, une toute autre ambiance enveloppait Laureen, qui, se préparait à aller retrouver Daniel. Le restaurant que Daniel avait choisi respirait le raffinement sans être ostentatoire. Une lumière tamisée baignait les tables dans une atmosphère feutrée, et le doux murmure des conversations s’entremêlait avec une mélodie jazz en fond sonore. L’endroit était accueillant, pensé pour ceux qui voulaient prendre leur temps. — Pas mal du tout, commenta Laureen en balayant la pièce du regard. — J’espérais que ça te plaise, répondit Daniel avec un sourire satisfait. — Tu veux dire que tu espérais marquer des points ? Il posa une main sur son cœur, faussement offensé. — Je suis blessé par tant de cynisme. — Oh, tu survivras, répliqua-t-elle en s’asseyant. Le serveur vint prendre leur commande, et après un rapide échange, ils furent laissés seuls. Daniel croisa les bras sur la table, une lueur amusée dans le regard. —
Charles était assis dans son bureau, un dossier ouvert devant lui. La pièce était baignée d’une lumière tamisée, filtrée par les lourds rideaux qui couvraient les immenses fenêtres. Il avait reçu le rapport tant attendu plus tôt dans la journée et, depuis, il n’avait cessé de le relire, cherchant à assembler les pièces du puzzle. Les semaines avaient passé depuis sa conversation avec Sarah au sujet de Laureen, mais il n’avait pas cessé d’y penser. Il y avait anguille sous roche. Il le sentait. Plutôt que de confronter directement Sarah, il avait choisi une autre approche : l’observation. Il avait demandé à un contact de creuser discrètement sur Laureen, sans éveiller les soupçons. Il voulait comprendre qui elle était, d’où elle venait, et pourquoi sa présence semblait affecter Sarah à ce point. Et après quelques temps il pouvait enfin éclaircir quelques zones d’ombre. Laureen Carter. Professeure d’université. Arrivée en ville il y a environ un an. Mère d’un fils, Noah Carter.
Noah marcha d’un pas tranquille dans l’allée pavée, observant avec une certaine fascination la propriété imposante qui s’étendait devant lui. Il aurait peut-être dû envoyer un message à Nathan pour qu’il vienne l’attendre à l’entrée, mais il avait été trop absorbé par le paysage et l’immensité du domaine. Une légère brise soulevait les feuilles tombées au sol, et sous la lumière tamisée du début de soirée, le manoir semblait presque irréel. Arrivé devant la porte principale, il hésita une seconde avant de sonner. Presque immédiatement, celle-ci s’ouvrit sur Nathan, qui le dévisagea avec une expression mi-amusée, mi-sceptique. — T’es venu à pied ? Noah haussa un sourcil. — Ben ouais. Je suis descendu du bus et j’ai marché. — Mec, je t’avais dit que c’était loin. — Ça va, j’suis pas mort. Mais par contre, t’aurais pu me prévenir que je venais visiter le palais de Buckingham. Nathan éclata de rire en s’écartant pour le laisser entrer. — Bienvenue chez les Harrington. No
— Flashback — Laureen était assise sur le banc, recroquevillée sur elle-même, le regard fixé sur le sol humide. Depuis plusieurs minutes, elle n’avait pas bougé, comme figée dans une bulle invisible qui l’isolait du reste du monde. Ses doigts crispés sur le tissu de sa veste trahissaient une nervosité qu’elle ne parvenait pas à apaiser. À côté d’elle, Sarah la scrutait, la mâchoire serrée. — On va le retrouver. Sa voix claqua dans l’air, tranchante, implacable. Laureen tressaillit à peine. Elle tourna lentement la tête vers elle, ses yeux encore voilés par un flot de pensées confuses. — Sarah… — On va le retrouver, et je te jure qu’il paiera. L’intensité dans sa voix était presque effrayante. Sarah ne se contentait pas d’être en colère. Elle bouillonnait d’une rage froide, d’une haine qu’elle ne cherchait même pas à dissimuler. Laureen entrouvrit les lèvres, hésita, puis les referma. Un frisson imperceptible la parcourut. — Et s’il n’y avait personne à retrouver ? murmura-t-
L’université était en pleine effervescence avec l’approche des congés d’hiver. Entre excitation et stress de fin de semestre, les étudiants remplissaient les couloirs d’un brouhaha constant. Laureen, elle, profitait d’un moment de répit dans la salle des professeurs, prenant distraitement des bouchées de sa part de tarte aux pommes, son regard perdu sur ses copies à corriger.— Toujours aussi studieuse, à ce que je vois.Elle releva la tête pour voir Daniel s’installer en face d’elle, une pile de dossiers sous le bras et un sourire amusé sur les lèvres.— J’essaie de survivre, répondit-elle en fermant son carnet de notes. Et toi ?— Oh, je repousse l’inévitable. Ces rapports ne vont pas s’écrire tout seuls, mais je préfère faire semblant de ne pas y penser pour l’instant.Elle esquissa un sourire.— Technique de procrastination bien rodée, je vois.— Je préfère dire que c’est une gestion efficace du stress, rétorqua-t-il en haussant un sourcil.Ils échangèrent un regard complice. Laur
La nuit avait été courte. Nathan s’était retourné plusieurs fois dans son lit, repensant à l’échange entre ses parents la veille. Bien qu’il fût proche d’eux, ce n’était plus un secret pour personne que, dans le couple Harrington, l’amour avait disparu depuis bien longtemps. Avec le temps, il avait appris à observer, à déceler les tensions sous-jacentes à leurs discussions. Non pas par simple curiosité, mais parce qu’il ne voulait pas être pris au dépourvu par une annonce de divorce. Et il en était sûr : cette dispute n’avait rien à voir avec les précédentes. Elle était plus froide. Plus pesante. Il n’avait pas osé poser de questions. De toute façon, à quoi bon ? Il connaissait déjà leurs réponses vagues et leurs tentatives d’évitement. C’était toujours comme ça. Alors qu’il marchait vers l’université, mains dans les poches, il tenta d’évacuer cette sensation désagréable. Ce n’était pas son problème. Il avait d’autres choses en tête. Notamment Laureen Carter, sa professeure de
Le dîner s’éternisait, mais Charles n’écoutait plus. Son attention était fixée sur la scène qui se déroulait à quelques mètres de lui. Sarah et cette femme continuaient de discuter, le visage détendu, l’échange fluide. Elles éclatèrent de rire, puis Sarah secoua doucement la tête, comme si elle tentait d'atténuer un souvenir ou une anecdote trop embarrassante. Charles les observa sans intervenir, cachant son trouble derrière son verre de vin. Finalement, après quelques minutes, elles se levèrent. Il s'attendait à une séparation polie, peut-être une poignée de main formelle, mais il vit plutôt Sarah esquisser un sourire sincère avant d’enlacer Laureen brièvement. Rien de forcé. Rien qui ressemblât à une simple connaissance retrouvée par hasard. Non. C’était un geste naturel, témoignant sans équivoque qu’elles se connaissaient depuis longtemps. Charles sentit sa mâchoire se crisper. Quelques semaines plus tôt, il avait mentionné ce nom – Laureen Carter – et Sarah n’avait manifes
Quand Laureen s’était levée ce matin-là, recevoir un message de Sarah était loin d’être sur sa bingo liste de la journée. Elle avait beau se pincer, c’était pourtant bien réel. Le message de Sarah clignotait sur l’écran de son téléphone. “Tu es libre demain ?” Quatre mots. Simples, directs. Pourtant, ils avaient suffi à lui nouer l’estomac. Elle fixa son écran quelques instants, incapable d’ignorer le mélange d’appréhension et d’excitation qui montait en elle. Après tout ce temps, après cette rencontre fortuite qui avait réveillé tant de souvenirs… Sarah voulait la voir. Elle tapota une réponse rapide : “Oui. Dis-moi où et quand.” À sa surprise, la réponse de Sarah apparut quelques secondes plus tard. Une adresse. Une heure. Demain soir. Laureen relut le message plusieurs fois. Elle n’avait pas prévu ça. Lorsqu’elle était partie, elle avait tout laissé derrière elle. Sans un mot. Sans un au revoir. Elle n’avait pas cherché à renouer avec qui que ce soit en revenant. Elle vou
Sarah était plongée dans ses pensées depuis le matin. Assise près de la fenêtre du salon, elle observait distraitement les passants. L’image de Laureen, persistante et souriante, s’imposait encore et encore dans son esprit. Depuis leur rencontre à l’université, Laureen n’avait cessé de la contacter, avec une persévérance presque déconcertante. Sarah avait tenté d’esquiver poliment ses invitations, mais elle savait que son amie de jeunesse n’allait pas abandonner si facilement. La porte d’entrée claqua, interrompant ses pensées. Nathan entra, suivi de près par Max, qui portait une boîte de pizza et affichait son éternel sourire malicieux. — Salut, maman ! lança Nathan en déposant son sac sur le canapé. — Bonjour, Madame Harrington, ajouta Max en s’inclinant légèrement avec un air théâtral. Sarah esquissa un sourire, habituée à leur énergie. — Salut, les garçons. Une bonne journée ? Nathan haussa les épaules en s’asseyant. — Pas mal. On a traîné en ville. — Et devine qui on a cr