Chapitre 9

Quelques jours après sa dispute avec sa mère, Noah décida de faire un pas vers la réconciliation. En signe de paix, il prit le reste de sa journée de libre pour lui rendre une visite surprise. Dans une main, il tenait une boîte contenant son gâteau au chocolat préféré, et dans l’autre, un café mocha, une recette maison qu’il savait inégalée.

En traversant le campus de l’université, il fut frappé par l’effervescence qui y régnait. Des groupes d’étudiants se retrouvaient sur l’herbe, discutant, riant, partageant des moments de camaraderie. Les affiches colorées annonçant les prochains événements culturels ou sportifs parsemaient les allées, ajoutant une touche vibrante au décor automnal. Le mélange de l’air frais, du bruissement des feuilles et des éclats de rire donnait une atmosphère à la fois paisible et pleine de vie.

Perdu dans ses pensées, Noah ne remarqua pas tout de suite le jeune homme qui venait dans sa direction. Ce n’est que lorsqu’ils furent presque à se heurter que Nathan leva les yeux, son visage s’illuminant d’un sourire.

— Noah ?

Noah s’arrêta net, surpris. Il fronça légèrement les sourcils en essayant de reconnaître ce visage familier.

— Oui ? On se connaît ?

Nathan rit doucement, un peu gêné mais toujours chaleureux.

— On s’est croisés une fois, au café où tu travailles. Je suis Nathan, dit-il en tendant une main amicale.

Noah serra la main, bien que son expression restât interrogative.

— Ah, peut-être… Désolé, je vois tellement de monde dans la journée que c’est parfois difficile de me souvenir de tout le monde.

Nathan haussa les épaules avec un sourire.

— Pas de souci. Mais franchement, je pensais avoir laissé une impression plus… mémorable. Ce n’est pas tous les jours qu’un client passe son temps à parler de combien vous vous ressemblez avant même de commander quoi que ce soit.

Noah éclata de rire en se rappelant soudainement leur première rencontre.

— Ah oui, maintenant je vois. C’est vrai que c’était assez inhabituel. Alors, tu es étudiant ici ?

— Oui, en finance. Et toi ?

— J’aurais aimé, mais non. Je suis juste de passage, je viens voir ma mère, dit-il en désignant le paquet qu’il portait. Elle est prof ici.

— Oh, d’accord. C’est sympa.

Un silence léger s’installa, non pas gênant, mais chargé d’une curiosité partagée.

— Tu veux marcher un peu ? proposa Nathan, brisant la pause.

— Pourquoi pas, répondit Noah.

Ils commencèrent à longer l’allée principale, leurs pas s’alignant naturellement.

— Alors, le boulot au café, ça se passe ? demanda Nathan.

— Oui, ça va. Mais j’envisage de reprendre mes études un jour. Ce n’est juste pas encore le moment.

Nathan hocha la tête, visiblement impressionné.

— Travailler avant de reprendre, c’est une bonne approche. Ça donne un autre regard sur les choses.

— C’est une manière de voir les choses, oui, répondit Noah avec un sourire en coin.

Ils passèrent près d’un distributeur, et Nathan s’arrêta pour insérer quelques pièces.

— Tu veux quelque chose ? demanda-t-il en désignant la machine.

— Non, merci.

Nathan récupéra une barre chocolatée et reprit leur marche. Après une hésitation, il se tourna vers Noah.

— Ça te dirait qu’on échange nos contacts ? Je me dis que tu ne vis pas ici depuis très longtemps, et… tu pourrais avoir besoin d’amis ? ajouta-t-il, un peu incertain.

Noah haussa un sourcil, amusé par sa proposition maladroite, mais il hocha la tête.

— D’accord, pourquoi pas.

Ils échangèrent leurs numéros, puis continuèrent leur conversation sur des sujets légers. À leur propre surprise, ils découvrirent une certaine aisance à parler ensemble malgré la nature étrange de leur première rencontre.

Finalement, ils atteignirent l’entrée d’un bâtiment administratif. Noah jeta un coup d’œil à sa montre.

— Bon, je dois y aller. Ma mère m’attend.

— Pas de problème, répondit Nathan. Ça m’a fait plaisir de te recroiser, Noah.

— Pareil, dit Noah en lui faisant un petit signe de tête avant de disparaître dans le bâtiment.

Nathan resta immobile quelques instants, pensif. Noah semblait être un type bien. Peut-être qu’ils pourraient devenir amis.

De son côté, Noah gravit les marches menant au bureau de Laureen. Lorsqu’il entra, il la trouva assise derrière son bureau, discutant avec un homme qu’il ne connaissait pas.

— Ah, Noah, dit Laureen, un peu surprise de le voir. Entre.

L’homme se tourna vers Noah avec un sourire professionnel et lui tendit la main.

— Daniel Hartman. Enchanté,

Noah serra la main avec assurance.

— Noah Carter. Enchanté. Je suis le fils de Laureen.

Les deux hommes se jaugèrent brièvement, un échange silencieux se jouant entre eux.

— Daniel allait justement partir, reprit Laureen.

— Oui, je ne vais pas vous retenir plus longtemps, dit Daniel en rassemblant ses affaires. Laureen, on se recontacte bientôt. Noah, ravi de vous avoir rencontré.

Il quitta la pièce avec une aisance tranquille. Noah le suivit du regard, intrigué, avant de se tourner vers sa mère.

— C’était qui exactement ?

— Un consultant, répondit Laureen avec un haussement d’épaules. Il aide sur quelques projets ici.

Noah plissa légèrement les yeux, peu convaincu par son ton détaché. Mais il décida de ne pas insister, déposant la boîte de gâteaux et le café sur le bureau.

— J’espère que tu aimes toujours le chocolat, dit-il avec un sourire espiègle.

Laureen releva les yeux vers lui, touchée par son geste.

— Toujours. Merci, Noah.

Et, pour la première fois depuis leur dispute, ils partagèrent un moment de calme.