Sarah Harrington se laissait bercer par le ronronnement apaisant des diffuseurs d’huiles essentielles et le murmure lointain de l’eau d’une fontaine intérieure. Autour d’elle, trois de ses amies sirotaient des coupes de champagne tout en échangeant des potins sur leur cercle social exclusif. — Vous avez entendu pour Paul Donovan ? demanda Amanda, tout en ajustant son peignoir de satin blanc. Elle avait ce don de transformer chaque murmure en une révélation dramatique. Sarah, assise dans un fauteuil moelleux, feignit un sourire amusé. — Qu’a-t-il encore fait ? — Oh, ce n’est pas lui, mais sa femme qui est dans tous ses états, répondit Amanda, savourant l’attention qu’elle suscitait. Il aurait une maîtresse… Une jeune mannequin. Ils ont été vus ensemble dans un restaurant en ville, et apparemment, il ne s’en cache même pas. — Classique, murmura Lydia, examinant ses ongles manucurés. Les hommes comme lui pensent qu’ils peuvent tout se permettre parce qu’ils ont de l’argent. — Ce qu
Laureen n’avait pas ressenti une telle légèreté depuis des années. Installée à son bureau, elle contemplait la ville à travers la grande baie vitrée, le regard perdu dans un mélange de souvenirs et de rêveries. La rencontre avec Sarah quelques jours plus tôt l’avait plongée dans un état d’euphorie qu’elle peinait à contenir. La simple idée de renouer avec une amie d’autrefois lui semblait être une bouffée d’air frais. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas ressenti ce sentiment d’enthousiasme, de connexion. Pourtant, au fond d’elle, une petite étincelle d’appréhension subsistait. Elle n’arrivait pas à chasser l’impression que quelque chose avait changé chez Sarah. Elle semblait plus réservée, presque sur la défensive. Laureen secoua la tête, refusant de s’attarder sur ces doutes. Après tout, les années qui les séparaient ne devraient-elles pas les rapprocher plutôt que de les éloigner ? Elle se força à chasser cette sensation d’ambiguïté, se concentrant sur l’idée d’un nouvea
Les jours s’étaient écoulés depuis la visite de Sarah dans son bureau, et Laureen s’était surprise à attendre un signe de sa part. Un message, un appel… n’importe quoi. Pourtant, son téléphone restait désespérément silencieux. D’ordinaire, elle n’était pas du genre à s’accrocher aux attentes, mais cette fois-ci, quelque chose l’empêchait d’abandonner l’idée d’un rapprochement avec Sarah. Elle s’était promis d’être patiente, de lui laisser du temps, mais au fond, elle savait que si elle ne faisait pas le premier pas, cette opportunité risquait de lui glisser entre les doigts. Alors, après quelques jours d’hésitation, elle s’était décidée à envoyer un message : “Coucou Sarah, j’espère que tu vas bien. Je me demandais si tu aimerais qu’on se retrouve autour d’un café bientôt. Fais-moi signe quand tu es disponible. À bientôt.” Un message simple, amical, sans pression. Elle l’avait relu plusieurs fois avant d’appuyer sur “envoyer”, comme si le moindre mot de travers pouvait compromett
Le silence pesant de la veille s’accrochait encore à Laureen alors qu’elle tentait, tant bien que mal, de chasser ses pensées en vaquant à ses occupations. Mais rien n’y faisait. L’absence de réponse de Sarah continuait de la hanter. Noah, quant à lui, avait quitté la maison tôt ce matin-là, bien décidé à ne pas laisser l’ambiance morose de la veille lui gâcher sa journée. Bien emmitouflé dans son écharpe, Noah avait décidé de profiter de son jour de congé pour lire tranquillement sur un banc près de l’étang du parc de la ville. Avec son livre en main, il espérait avoir quelques heures de paix avant de retourner à son quotidien mouvementé. Mais la paix n’était pas au programme de la journée. — Hé, mais attends… Noah ?! Noah releva la tête, surpris. Il vit Nathan, un large sourire étirant ses lèvres, marcher vers lui en compagnie d’un autre jeune homme. Ce dernier lui semblait étrangement familier, bien qu’il soit sûr de ne jamais l’avoir rencontré. — Nathan ? dit Noah, refermant
Sarah était plongée dans ses pensées depuis le matin. Assise près de la fenêtre du salon, elle observait distraitement les passants. L’image de Laureen, persistante et souriante, s’imposait encore et encore dans son esprit. Depuis leur rencontre à l’université, Laureen n’avait cessé de la contacter, avec une persévérance presque déconcertante. Sarah avait tenté d’esquiver poliment ses invitations, mais elle savait que son amie de jeunesse n’allait pas abandonner si facilement. La porte d’entrée claqua, interrompant ses pensées. Nathan entra, suivi de près par Max, qui portait une boîte de pizza et affichait son éternel sourire malicieux. — Salut, maman ! lança Nathan en déposant son sac sur le canapé. — Bonjour, Madame Harrington, ajouta Max en s’inclinant légèrement avec un air théâtral. Sarah esquissa un sourire, habituée à leur énergie. — Salut, les garçons. Une bonne journée ? Nathan haussa les épaules en s’asseyant. — Pas mal. On a traîné en ville. — Et devine qui on a cr
Quand Laureen s’était levée ce matin-là, recevoir un message de Sarah était loin d’être sur sa bingo liste de la journée. Elle avait beau se pincer, c’était pourtant bien réel. Le message de Sarah clignotait sur l’écran de son téléphone. “Tu es libre demain ?” Quatre mots. Simples, directs. Pourtant, ils avaient suffi à lui nouer l’estomac. Elle fixa son écran quelques instants, incapable d’ignorer le mélange d’appréhension et d’excitation qui montait en elle. Après tout ce temps, après cette rencontre fortuite qui avait réveillé tant de souvenirs… Sarah voulait la voir. Elle tapota une réponse rapide : “Oui. Dis-moi où et quand.” À sa surprise, la réponse de Sarah apparut quelques secondes plus tard. Une adresse. Une heure. Demain soir. Laureen relut le message plusieurs fois. Elle n’avait pas prévu ça. Lorsqu’elle était partie, elle avait tout laissé derrière elle. Sans un mot. Sans un au revoir. Elle n’avait pas cherché à renouer avec qui que ce soit en revenant. Elle vou
Le dîner s’éternisait, mais Charles n’écoutait plus. Son attention était fixée sur la scène qui se déroulait à quelques mètres de lui. Sarah et cette femme continuaient de discuter, le visage détendu, l’échange fluide. Elles éclatèrent de rire, puis Sarah secoua doucement la tête, comme si elle tentait d'atténuer un souvenir ou une anecdote trop embarrassante. Charles les observa sans intervenir, cachant son trouble derrière son verre de vin. Finalement, après quelques minutes, elles se levèrent. Il s'attendait à une séparation polie, peut-être une poignée de main formelle, mais il vit plutôt Sarah esquisser un sourire sincère avant d’enlacer Laureen brièvement. Rien de forcé. Rien qui ressemblât à une simple connaissance retrouvée par hasard. Non. C’était un geste naturel, témoignant sans équivoque qu’elles se connaissaient depuis longtemps. Charles sentit sa mâchoire se crisper. Quelques semaines plus tôt, il avait mentionné ce nom – Laureen Carter – et Sarah n’avait manifes
La nuit avait été courte. Nathan s’était retourné plusieurs fois dans son lit, repensant à l’échange entre ses parents la veille. Bien qu’il fût proche d’eux, ce n’était plus un secret pour personne que, dans le couple Harrington, l’amour avait disparu depuis bien longtemps. Avec le temps, il avait appris à observer, à déceler les tensions sous-jacentes à leurs discussions. Non pas par simple curiosité, mais parce qu’il ne voulait pas être pris au dépourvu par une annonce de divorce. Et il en était sûr : cette dispute n’avait rien à voir avec les précédentes. Elle était plus froide. Plus pesante. Il n’avait pas osé poser de questions. De toute façon, à quoi bon ? Il connaissait déjà leurs réponses vagues et leurs tentatives d’évitement. C’était toujours comme ça. Alors qu’il marchait vers l’université, mains dans les poches, il tenta d’évacuer cette sensation désagréable. Ce n’était pas son problème. Il avait d’autres choses en tête. Notamment Laureen Carter, sa professeure de
Pendant qu’elle filait rejoindre ses amies dans un club privé de Ravensburry, une toute autre ambiance enveloppait Laureen, qui, se préparait à aller retrouver Daniel. Le restaurant que Daniel avait choisi respirait le raffinement sans être ostentatoire. Une lumière tamisée baignait les tables dans une atmosphère feutrée, et le doux murmure des conversations s’entremêlait avec une mélodie jazz en fond sonore. L’endroit était accueillant, pensé pour ceux qui voulaient prendre leur temps. — Pas mal du tout, commenta Laureen en balayant la pièce du regard. — J’espérais que ça te plaise, répondit Daniel avec un sourire satisfait. — Tu veux dire que tu espérais marquer des points ? Il posa une main sur son cœur, faussement offensé. — Je suis blessé par tant de cynisme. — Oh, tu survivras, répliqua-t-elle en s’asseyant. Le serveur vint prendre leur commande, et après un rapide échange, ils furent laissés seuls. Daniel croisa les bras sur la table, une lueur amusée dans le regard. —
Charles était assis dans son bureau, un dossier ouvert devant lui. La pièce était baignée d’une lumière tamisée, filtrée par les lourds rideaux qui couvraient les immenses fenêtres. Il avait reçu le rapport tant attendu plus tôt dans la journée et, depuis, il n’avait cessé de le relire, cherchant à assembler les pièces du puzzle. Les semaines avaient passé depuis sa conversation avec Sarah au sujet de Laureen, mais il n’avait pas cessé d’y penser. Il y avait anguille sous roche. Il le sentait. Plutôt que de confronter directement Sarah, il avait choisi une autre approche : l’observation. Il avait demandé à un contact de creuser discrètement sur Laureen, sans éveiller les soupçons. Il voulait comprendre qui elle était, d’où elle venait, et pourquoi sa présence semblait affecter Sarah à ce point. Et après quelques temps il pouvait enfin éclaircir quelques zones d’ombre. Laureen Carter. Professeure d’université. Arrivée en ville il y a environ un an. Mère d’un fils, Noah Carter.
Noah marcha d’un pas tranquille dans l’allée pavée, observant avec une certaine fascination la propriété imposante qui s’étendait devant lui. Il aurait peut-être dû envoyer un message à Nathan pour qu’il vienne l’attendre à l’entrée, mais il avait été trop absorbé par le paysage et l’immensité du domaine. Une légère brise soulevait les feuilles tombées au sol, et sous la lumière tamisée du début de soirée, le manoir semblait presque irréel. Arrivé devant la porte principale, il hésita une seconde avant de sonner. Presque immédiatement, celle-ci s’ouvrit sur Nathan, qui le dévisagea avec une expression mi-amusée, mi-sceptique. — T’es venu à pied ? Noah haussa un sourcil. — Ben ouais. Je suis descendu du bus et j’ai marché. — Mec, je t’avais dit que c’était loin. — Ça va, j’suis pas mort. Mais par contre, t’aurais pu me prévenir que je venais visiter le palais de Buckingham. Nathan éclata de rire en s’écartant pour le laisser entrer. — Bienvenue chez les Harrington. No
— Flashback — Laureen était assise sur le banc, recroquevillée sur elle-même, le regard fixé sur le sol humide. Depuis plusieurs minutes, elle n’avait pas bougé, comme figée dans une bulle invisible qui l’isolait du reste du monde. Ses doigts crispés sur le tissu de sa veste trahissaient une nervosité qu’elle ne parvenait pas à apaiser. À côté d’elle, Sarah la scrutait, la mâchoire serrée. — On va le retrouver. Sa voix claqua dans l’air, tranchante, implacable. Laureen tressaillit à peine. Elle tourna lentement la tête vers elle, ses yeux encore voilés par un flot de pensées confuses. — Sarah… — On va le retrouver, et je te jure qu’il paiera. L’intensité dans sa voix était presque effrayante. Sarah ne se contentait pas d’être en colère. Elle bouillonnait d’une rage froide, d’une haine qu’elle ne cherchait même pas à dissimuler. Laureen entrouvrit les lèvres, hésita, puis les referma. Un frisson imperceptible la parcourut. — Et s’il n’y avait personne à retrouver ? murmura-t-
L’université était en pleine effervescence avec l’approche des congés d’hiver. Entre excitation et stress de fin de semestre, les étudiants remplissaient les couloirs d’un brouhaha constant. Laureen, elle, profitait d’un moment de répit dans la salle des professeurs, prenant distraitement des bouchées de sa part de tarte aux pommes, son regard perdu sur ses copies à corriger.— Toujours aussi studieuse, à ce que je vois.Elle releva la tête pour voir Daniel s’installer en face d’elle, une pile de dossiers sous le bras et un sourire amusé sur les lèvres.— J’essaie de survivre, répondit-elle en fermant son carnet de notes. Et toi ?— Oh, je repousse l’inévitable. Ces rapports ne vont pas s’écrire tout seuls, mais je préfère faire semblant de ne pas y penser pour l’instant.Elle esquissa un sourire.— Technique de procrastination bien rodée, je vois.— Je préfère dire que c’est une gestion efficace du stress, rétorqua-t-il en haussant un sourcil.Ils échangèrent un regard complice. Laur
La nuit avait été courte. Nathan s’était retourné plusieurs fois dans son lit, repensant à l’échange entre ses parents la veille. Bien qu’il fût proche d’eux, ce n’était plus un secret pour personne que, dans le couple Harrington, l’amour avait disparu depuis bien longtemps. Avec le temps, il avait appris à observer, à déceler les tensions sous-jacentes à leurs discussions. Non pas par simple curiosité, mais parce qu’il ne voulait pas être pris au dépourvu par une annonce de divorce. Et il en était sûr : cette dispute n’avait rien à voir avec les précédentes. Elle était plus froide. Plus pesante. Il n’avait pas osé poser de questions. De toute façon, à quoi bon ? Il connaissait déjà leurs réponses vagues et leurs tentatives d’évitement. C’était toujours comme ça. Alors qu’il marchait vers l’université, mains dans les poches, il tenta d’évacuer cette sensation désagréable. Ce n’était pas son problème. Il avait d’autres choses en tête. Notamment Laureen Carter, sa professeure de
Le dîner s’éternisait, mais Charles n’écoutait plus. Son attention était fixée sur la scène qui se déroulait à quelques mètres de lui. Sarah et cette femme continuaient de discuter, le visage détendu, l’échange fluide. Elles éclatèrent de rire, puis Sarah secoua doucement la tête, comme si elle tentait d'atténuer un souvenir ou une anecdote trop embarrassante. Charles les observa sans intervenir, cachant son trouble derrière son verre de vin. Finalement, après quelques minutes, elles se levèrent. Il s'attendait à une séparation polie, peut-être une poignée de main formelle, mais il vit plutôt Sarah esquisser un sourire sincère avant d’enlacer Laureen brièvement. Rien de forcé. Rien qui ressemblât à une simple connaissance retrouvée par hasard. Non. C’était un geste naturel, témoignant sans équivoque qu’elles se connaissaient depuis longtemps. Charles sentit sa mâchoire se crisper. Quelques semaines plus tôt, il avait mentionné ce nom – Laureen Carter – et Sarah n’avait manifes
Quand Laureen s’était levée ce matin-là, recevoir un message de Sarah était loin d’être sur sa bingo liste de la journée. Elle avait beau se pincer, c’était pourtant bien réel. Le message de Sarah clignotait sur l’écran de son téléphone. “Tu es libre demain ?” Quatre mots. Simples, directs. Pourtant, ils avaient suffi à lui nouer l’estomac. Elle fixa son écran quelques instants, incapable d’ignorer le mélange d’appréhension et d’excitation qui montait en elle. Après tout ce temps, après cette rencontre fortuite qui avait réveillé tant de souvenirs… Sarah voulait la voir. Elle tapota une réponse rapide : “Oui. Dis-moi où et quand.” À sa surprise, la réponse de Sarah apparut quelques secondes plus tard. Une adresse. Une heure. Demain soir. Laureen relut le message plusieurs fois. Elle n’avait pas prévu ça. Lorsqu’elle était partie, elle avait tout laissé derrière elle. Sans un mot. Sans un au revoir. Elle n’avait pas cherché à renouer avec qui que ce soit en revenant. Elle vou
Sarah était plongée dans ses pensées depuis le matin. Assise près de la fenêtre du salon, elle observait distraitement les passants. L’image de Laureen, persistante et souriante, s’imposait encore et encore dans son esprit. Depuis leur rencontre à l’université, Laureen n’avait cessé de la contacter, avec une persévérance presque déconcertante. Sarah avait tenté d’esquiver poliment ses invitations, mais elle savait que son amie de jeunesse n’allait pas abandonner si facilement. La porte d’entrée claqua, interrompant ses pensées. Nathan entra, suivi de près par Max, qui portait une boîte de pizza et affichait son éternel sourire malicieux. — Salut, maman ! lança Nathan en déposant son sac sur le canapé. — Bonjour, Madame Harrington, ajouta Max en s’inclinant légèrement avec un air théâtral. Sarah esquissa un sourire, habituée à leur énergie. — Salut, les garçons. Une bonne journée ? Nathan haussa les épaules en s’asseyant. — Pas mal. On a traîné en ville. — Et devine qui on a cr