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CHAPITRE 8

last update Last Updated: 2021-11-15 15:35:31
St Gaudens 2017

La brune n’avait jamais su comment elle avait été recrutée par Damien. Ce n’était pas un secret, simplement, elle ne l’avait jamais demandé. Après une première expérience de trois ans en commissariat comme gardienne de la paix, elle avait fait sa requête pour passer le concours d’OPJ. Elle le réussit brillamment à la première tentative.

Dans le même temps, Damien Sergent essayait de stabiliser depuis deux ans un petit groupe de police judiciaire en poste de Saint-Gaudens. Il s’était vu proposer par le commissaire Pichery, aux alentours de juin 2017, le nom de Sandrine Martin… pour être précis, elle lui avait quasiment été imposée. Pichery avait été clair :

– Sergent, pour votre groupe, vu que votre numéro trois vous plante, j’ai un profil à vous soumettre. J’aimerais que vous l’essayiez !

En moins de deux, le chef de groupe sans groupe s’était retrouvé dans le couloir avec le dossier Sandrine Martin dans les doigts… ce que le chef veut !

La brune pétillante n’était pas arrivée dans l’équipe au meilleur moment. Dire que les auspices lui étaient défavorables est un doux euphémisme : Damien était d’humeur massacrante.

Il avait une pression énorme pour de sombres histoires de faits divers triviaux et crasseux, ainsi que des retards en tout genre, laissés par l’OPJ procédurier sortant, fainéant comme une loche et méchant comme une teigne. Le genre d’enquêtes dont personne ne veut, dont personne n’a à se glorifier, et qui font le quotidien des petits commissariats de province. Sandrine arriva donc au milieu de cet embrouillamini de petites affaires inintéressantes et de ces piles de dossiers vides de sens. Elle se mit au boulot comme une fourmi ouvrière, docile et compétente.

En moins d’un semestre, elle mit du clair dans quinze mois de retard de procédures, tout en gérant le tout venant journalier avec abnégation. Damien fut bien obligé de le reconnaître, elle faisait merveille à ce poste. De plus, avec son nez de boxeur, elle en imposait face aux citoyens ! En peu de temps, elle était devenue indispensable au service, et sa titularisation ne posa même pas question, elle était une évidence.

C’est à partir de cette période que la petite équipe commença à bien fonctionner et à donner des résultats. Bien sûr, Damien allait régulièrement demander à Pichery l’augmentation de son effectif. Un groupe PJ qui tourne à trois, il n’y avait qu’à St Gaudens que l’on voyait ça. C’était écrit partout dans la littérature officielle de la police : un groupe judiciaire, c’est cinq à huit personnes. Mais les chiffres, ici, ont leur logique propre, il fallait se contenter de bosser à trois…

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    BesançonFrédo semblait septique, et Sandrine aussi.–Quoi ? Demanda le capitaine.Il les regardait alternativement. La brune secouait la tête, dubitative. Elle entama une longue tirage:–J’imagine… Anka arrive dans la caravane, Irina a déjà commencé à fêter la soirée avec son cocktail, vodka-médicament. Sa sœur entre, ou alors Bergeron, ou les deux, peu importe ! Elle est dans les vapes, elle a donc droit à son injection de Xyla machin. Elle pousse son dernier soupir ! Alexis vient à ce moment, Il la trouve inconsciente. Même s’il ne sait pas qu’elle est morte, c’est la bonne occase pour lui de piquer son blé. Alors, pourquoi lui tirer une balle ? Pour la tuer ? Il n’en a pas besoin... conclut-elle avant de continuer : il n’y a que les psychopathes qui tuent sans raison. Et pour l’affaire d’Irina, on peut écarter Anthony... Tout accable Alexis, les empreintes et maintenant, le mobile.Frédo en ajouta une couche.–

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    BesançonL’arrestation d’Anka Kolienko s’était déroulée sans histoire, à six heures du matin. Ce fut la BRI14 de Besançon qui s’en chargea. Dans la foulée, une perquisition en règle avait été opérée. Le petit juge Kambert était venu en personne pour la superviser. Il espérait sans doute la présence de la presse, même à cette heure matinale ? Coup de chance, les journalistes étaient là. Qui avait bien pu vendre la mèche ? « Je jure de trouver la source qui nuit à la sérénité de l’enquête », avait-il déclamé sur un ton outré. Anka, quant à elle, resta mutique. Elle ne pipa mot durant toute la perquisition, ni après son transfert au commissariat central. Karpof était en retrait, trop d’affects avec la jeune femme. On le laissa seul quelques minutes avec elle. Il essaya bien de la raisonner, mais rien n’y fit.Dans le même temps, la BAC de Pau avait fait une descente dans la caravane d’Alexis Vasseur. Le procureur Séverac du TGI de Saint-Gaudens avait assez d’éléments p

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    Un mois avant la mort d’IrinaIrina reposa son stylo, pour relire la lettre qu’elle venait d’écrire à Anka ... son Aksora adorée.Elle se grattait l’avant-bras. La plaque rêche fourmillait. La chair verdâtre, craquelée, devenait plus dure à mesure que l’on s’approchait du centre. Par moment, la démangeaison était telle qu’elle avait besoin d’y aller au cutter, d’arracher les lambeaux, de tailler dans le vif. Ses stigmates allaient être bientôt effacés. Elle avait vu un médecin dermatologue. Il envisageait une greffe de peau sur les quatre parties nécrosées. Le principe était d’une simplicité enfantine. On allait lui prélever de l’épiderme et du derme sain plus bas dans la cuisse, avec une sorte de couteau à kebab. Le greffonserait ensuite réimplanté sur la zone préparée et, après deux ou trois opérations, les parties mortes auraient pour ainsi dire disparu, du moins le lui avait-on assuré. Peut-être même pourrait-elle remettre un maillot de bain, d’ici trois o

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    BesançonBoris Karpof entra dans la C5 noire de son ami. Comme à son habitude, Paul, le chauffeur infirmier, les laissa seuls. Le préfet le rappela. Il lui demanda de s’approcher et luiglissa un mot à l’oreille. Paul acquiesça avec une légère moue de surprise.Georges Bergeron avait la mine pire que jamais. Son teint blafard tirait vers le crayon gris, terne comme un ciel de pluie. Le temps avait enfin décidé d’arrêter sa grisaille coutumière. Oh, ce n’était pas le grand bleu, mais au moins ne pleuvait-il plus, c’était déjà ça. Paul s’éloignait en allumant une cigarette, seul vice que lui connaissait son employeur. Le commissaire ne levait pas la tête. Ce fut lui qui lança les hostilités.–C’est fini Georges. Je suis désolé.–Tu m’avais promis, Boris. Tu nous as trahis !–Je n’ai rien pu faire. Je ne sais pas quoi te dire de plus.–Comment ont-ils su ?–Youri… Il est mort hier soir !Le pr

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    Sur la route, à soixante kilomètres de St Gaudens–C’est encore loin ?–Décidément, tu es comme les gosses... Ma sœur a une gamine comme toi. Elle n’a pas le cul dans une bagnole depuis cinqminutes qu’elle demande avec une voix traînante: « c’est quand qu’on arrive » ? Mais elle n’a que six ans ! ajouta Sandrine, gratifiant son jeune collègue d’un clin d’œil appuyé.Tiens, regarde le panneau, jeune padawan impatient... Auch, trois kilomètres: tu as ta réponse.Quelques minutes plus tard, aux alentours de sept heures quarante-cinq, le groupe approcha lentement de la caravane. Damien avait dirigé le briefing. S’ils profitaient de l’effet de surprise, il y avait peu de chance qu’il réagisse.Ils avaient roulé toute la nuit, deux voitures pour trois chauffeurs. Pas vraiment de quoi pouvoir se reposer. Pichery n’avait voulu prendre aucun risque. Le GIPN allait se charger de l’arrestation. Damien avait dû obtempérer

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