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CHAPITRE 8

St Gaudens 2017

La brune n’avait jamais su comment elle avait été recrutée par Damien. Ce n’était pas un secret, simplement, elle ne l’avait jamais demandé. Après une première expérience de trois ans en commissariat comme gardienne de la paix, elle avait fait sa requête pour passer le concours d’OPJ. Elle le réussit brillamment à la première tentative.

Dans le même temps, Damien Sergent essayait de stabiliser depuis deux ans un petit groupe de police judiciaire en poste de Saint-Gaudens. Il s’était vu proposer par le commissaire Pichery, aux alentours de juin 2017, le nom de Sandrine Martin… pour être précis, elle lui avait quasiment été imposée. Pichery avait été clair :

– Sergent, pour votre groupe, vu que votre numéro trois vous plante, j’ai un profil à vous soumettre. J’aimerais que vous l’essayiez !

En moins de deux, le chef de groupe sans groupe s’était retrouvé dans le couloir avec le dossier Sandrine Martin dans les doigts… ce que le chef veut !

La brune pétillante n’était pas arrivée dans l’équipe au meilleur moment. Dire que les auspices lui étaient défavorables est un doux euphémisme : Damien était d’humeur massacrante.

Il avait une pression énorme pour de sombres histoires de faits divers triviaux et crasseux, ainsi que des retards en tout genre, laissés par l’OPJ procédurier sortant, fainéant comme une loche et méchant comme une teigne. Le genre d’enquêtes dont personne ne veut, dont personne n’a à se glorifier, et qui font le quotidien des petits commissariats de province. Sandrine arriva donc au milieu de cet embrouillamini de petites affaires inintéressantes et de ces piles de dossiers vides de sens. Elle se mit au boulot comme une fourmi ouvrière, docile et compétente.

En moins d’un semestre, elle mit du clair dans quinze mois de retard de procédures, tout en gérant le tout venant journalier avec abnégation. Damien fut bien obligé de le reconnaître, elle faisait merveille à ce poste. De plus, avec son nez de boxeur, elle en imposait face aux citoyens ! En peu de temps, elle était devenue indispensable au service, et sa titularisation ne posa même pas question, elle était une évidence.

C’est à partir de cette période que la petite équipe commença à bien fonctionner et à donner des résultats. Bien sûr, Damien allait régulièrement demander à Pichery l’augmentation de son effectif. Un groupe PJ qui tourne à trois, il n’y avait qu’à St Gaudens que l’on voyait ça. C’était écrit partout dans la littérature officielle de la police : un groupe judiciaire, c’est cinq à huit personnes. Mais les chiffres, ici, ont leur logique propre, il fallait se contenter de bosser à trois…

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