St Gaudens2017La brune n’avait jamais su comment elle avait été recrutée par Damien. Ce n’était pas un secret, simplement, elle ne l’avait jamais demandé. Après une première expérience de trois ans en commissariat comme gardienne de la paix, elle avait fait sa requête pour passer le concours d’OPJ. Elle le réussit brillamment à la première tentative.Dans le même temps, Damien Sergent essayait de stabiliser depuis deuxans un petit groupe de police judiciaire en poste de Saint-Gaudens. Il s’était vu proposer par le commissaire Pichery, aux alentours de juin 2017, le nom de Sandrine Martin… pour êtreprécis, elle lui avait quasiment été imposée. Pichery avait été clair :–Sergent, pour votre groupe, vu que votre numéro trois vous plante, j’ai un profil à vous soumettre. J’aimerais que vous l’essayiez !En moins de deux, le chef de groupe sans groupe s’était retrouvé dans le couloir avec le dossier Sandrine Martin dans les doigts… ce que
Labo IML St Gaudens2018Leds était dans son laboratoire, perplexe. L’analyse interne était terminée, Irina Kolienko était encore ouverte comme un livre sur la table d’autopsie.L’examen du bol alimentaire faisait état d’un cocktail détonant. La danseuse ne devait pas être en super forme avec tout ceci... La dose de psychotropes était forte. Suffisamment pour la faire planer, mais non létale. L’observation du corps présentait un sujet en forme: bon tonus musculaire, cœur, poumons semblant parfaitement sains. L’état hépatique, par contre, n’était pas brillant! Son foie était en mauvais état. Les prises de drogues avaient laissé des traces. Sans doute avait-elle contracté une infection lors d’échanges de seringues, les analyses étaient en cours.Au niveau de ses avant-bras, le légiste avait examiné les plaques verdâtres, la peau présentant des traces de nécroses importantes. Elle avait les mêmes exulcérations à l’intérieur des cuisses, en haut près d
St Gaudens2018Damien était en cours de réveil, la bouche pâteuse et les 4cavaliers de l’apocalypse au grand galop qui tambourinaient pour sortir de son crâne. Il prit un doliprane, un jus de citron, et se jura de ne plus se faire avoir. Pourtant, il était certain de ne pas avoir abusé... Il fallait qu’il se rende à l’évidence, il ne tenait pas l’alcool !Il en était à ces considérations post-cataclysmiques, quand il entendit deux tintements sur son smartphone... Consultation de l’icône; 2nouveaux messages.Premier expéditeur, PS Tlse... pour police scientifique Toulouse:« On a identifié une empreinte, je vous envoie les conclusions sur votre messagerie sécurisée. »Deuxième expéditeur, Leds:« Viens quand tu as ce message, faut qu’on cause. »Les deux SMS lui firent l’effet d’une douche vivifiante. En montant dans sa voiture, il envoya un SMS commun au groupe:« RDV bureau, 15min.
IML St Gaudens2018–Salut, Pierre, bien dormi? Tes potes t’ont bien tenu compagnie ?–Couillon, va ! Pour la énième fois et au risque de casser le mythe, non, je ne dors pas avec les morts ! Je ne partage avec eux que mes repas ! Tu veux un café ?–Merci, mais j’en suis déjà à mon troisième en deuxheures. Par contre, je t’ai apporté des croissants et chocolatines. C’est Yannis qui régale, il paraît que demain c’est mon tour, mais je ne sais pas encore pourquoi…–Ouh là, ça sent le gros dossier ! Mal à la tête ce matin ? En tout cas, tu le remercieras pour moi ! Vous avancez bien ?Damien le mit au courant pour les empreintes et l’interpellation en cours. Il arborait un sourire radieux, la semaine commençait on ne peut mieux. Leds mangeait son croissant, lentement, il était d’autant plus désolé de ce qu’il s’apprêtait à lui annoncer.–Bon, Dam, je ne vais pas tourner autour du pot. Je n’ai pa
St Gaudens2018TGI lundi après-midi.Dès la première heure lundi matin, le procureur Séverac avait appelé Damien. Ils avaient convenu d’une rencontre de travail l’après-midi même, pour décider de l’orientation à donner à cette enquête. Les éléments du matin étaient plus qu’encourageants. Au cours de la journée, le bel optimisme ne fit que s’effriter !Damien arriva à seizeheures précises, comme prévu.–Bonjour, monsieur le procureur, merci de me recevoir.–Bonjour, capitaine, il n’y a pas de quoi. Tout d’abord, félicitations pour notre affaire, ça avance bien.–C’est justement ce qui m’emmène, vous vous en doutez (sans le vouloir, il tournait autour du pot pour retarder l’explication). Suite à notre conversation de ce matin, je suis allé voir Leds à l’IML de St Gaudens. J’ai à porter à votre connaissance deux évolutions majeures dans notre enquête. Il s’avère que je dois…–Détendez-vous Ser
Besançon2018Le commandant Jarier fouillait dans les archives ; dossier Irina Kolienko. Il devait être dans une de ces boîtes en carton, la petite n’ayant plus fait parler d’elle depuis des années.Effectivement, pour une fois, bien classé dans sa boîte cartonnée de la série des K…Le fichier n’était pas bien épais, mais la trace dans les souvenirs du policier était intacte ! Pauvre gamine ! À l’époque, Tristan Jarier s’était fortement impliqué dans l’histoire de cette ado détruite. Il faut dire qu’elle avait exactement le même âge que Léna, sa nièce, au mois près. Pour compléter la similarité, elles étudiaient dans le même Lycée.Quand le planton lui avait passé le commissariat de Saint-Gaudens, il avait pris l’appel sans arrière-pensée. Machinalement, il avait tapé le nom de la ville et consulté la première occurrence, sa fiche Wikipedia. La géopolitique, sa population, son histoire, rien de tout ceci ne l’intéressait. Il avait tout juste besoin de s
Commissariat de St Gaudens–Monsieur Vasseur, je vous rappelle que vous êtes ici en qualité de témoin. Vous êtes bien Alexis Vasseur, né à Besançon le douzefévrier 1995 ?–Oui, j’ai déjà répondu à ça tout à l’heure à votre collègue.–Je ne suis pas mon collègue, vous n’êtes pas là pour m’expliquer mon boulot, vous répondez à mes questions bien gentiment, c’est tout.Le ton était presque doux, le regard d’accompagnement par contre était sans équivoque. L’équilibriste n’avait pas intérêt à l’emmerder.–Vous êtes, le fils de Céline Vasseur, fonctionnaire territoriale, et né de père inconnu.–Oui, lâcha-t-il dans un soupir qui voulait montrer un ennui profond. Mon enfoiré de géniteur s’est barré avant ma naissance. Une raclure de bidet, comme tous les amis de ma salope de mère.Charmant garçon, pensa Frédo.–Depuis quand connaissez-vous mademoiselle Kolienko ?–On était à l’
Commissariat de St Gaudens, semaine de la mort d’Irina.–Allo ! Sergent, c’est Jarier... commissariat central de Besançon.Le commandant, avait promis de le rappeler pour sa requête concernant le dossier Kolienko. Ils échangèrent quelques formules de politesse, quelques banalités sur le temps. Damien brûlait de connaître le contenu de l’archive, mais le savoir-vivre prenait le pas sur l’urgence. Jarier tournait autour du pot. Il entama une tirade au sujet de l’actualité internationale et de l’influence de Trump sur la politique climatique européenne. La vacuité du propos commençait à faire bouillir son interlocuteur qui, n’y tenant plus, enchaîna.–Je suppose que vous ne m’appeliez pas pour discuter gaz à effet de serre.–Oui, Sergent, vous avez raison. Je m’égare, désolé. Alors, votre enquête, ça avance ?–Pas trop mal, on en est vraiment au début, justement, ce dossier...–Euh, j’ai une mauvaise nouvelle&nb