Le cœur battant, je regarde encore une fois les numéros sur l’écran de mon téléphone. Ce n’est pas possible !
Je cligne des yeux, mon souffle coupé. 1, 5, 14, 23, 42... et le 7. Mon billet. Tous les numéros y sont. Je viens de gagner à la loterie. Des millions.
Un instant de silence. Puis l’excitation monte en moi, comme un raz-de-marée. Je bondis de ma chaise, manquant de renverser ma tasse de café froid. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, mes mains tremblent. Est-ce vraiment réel ?
Mais très vite, l’euphorie s’évapore. Une étrange peur me saisit. Et maintenant ? Depuis des années, je rêve d’une autre vie, loin de cette routine ennuyeuse, loin de mon petit studio parisien en désordre. J’ai toujours pensé qu’un jour, je partirais, que je m’évaderais quelque part. Et à présent que j’en ai la possibilité, je ne sais plus que faire.
Je balaye la pièce du regard. Le studio est minuscule, encombré de piles de livres et de vêtements abandonnés un peu partout. Est-ce vraiment cet endroit que j'ai besoin de quitter ? Ou bien est-ce moi-même que j'essaie de fuir ?
Je me laisse retomber sur la chaise, l’esprit tourbillonnant de questions. Où pourrais-je aller ? Je me souviens alors de la vieille carte du monde accrochée au mur, cette carte que je fixais pendant des heures quand je rêvais de voyager. Je me lève, les mains moites, et je ferme les yeux. Mon doigt glisse doucement sur la carte.
Quand je les rouvre, il pointe sur un endroit entouré d’eau : Hawaï.
Mon cœur rate un battement. Hawaï ? L’idée semble folle, et pourtant, elle fait battre mon cœur plus vite. C’est un signe.
En quelques jours, je prends ma décision. Je réserve un billet d’avion et vide mon appartement. Je n’ai rien à perdre, alors pourquoi pas ? Je ne préviens personne, je ne réfléchis plus. Un nouveau départ, loin de tout.
Quelques semaines plus tard, je pose enfin le pied sur le sol d’Hawaï. La chaleur douce, le parfum des fleurs exotiques et le bruit des vagues m’accueillent. Le soleil est éblouissant, et les palmiers se balancent sous le vent léger. C’est tellement différent de Paris… tellement paisible.
J’ai loué une cabane luxueuse faisant partie d’un hôtel en bord de mer, un véritable havre de paix à l’écart de l’agitation. Le bungalow est moderne, avec des baies vitrées qui donnent directement sur l’océan, et un service de conciergerie qui répond à chaque demande. Le confort est total, le cadre paradisiaque. Tout est parfait. Peut-être que c’est exactement ce que je cherchais.
Le premier mois est une sorte de rêve éveillé. Chaque matin, je me réveille tôt pour siroter mon café sur la terrasse, les pieds nus dans le sable chaud. Je fais de longues promenades sur la plage, les vagues caressant mes chevilles, et j’essaie de ne pas penser à ce que j’ai laissé derrière moi. Néanmoins, parfois, l’angoisse refait surface. Est-ce vraiment suffisant pour me rendre heureuse ?
Ce matin-là, je pars comme d’habitude pour une promenade matinale. Le ciel est encore rose, et l’air frais sent bon l’océan. Il n’y a personne sur la plage. Juste moi, le bruit des vagues et le cri lointain des mouettes.
Mais soudain, quelque chose attire mon attention. Une forme sombre flotte au loin, ballottée par les vagues. Je retire mes écouteurs et plisse les yeux. Qu’est-ce que c’est ?
Je m’avance lentement, mon cœur battant plus vite. Un débris ? non. Ce n’est pas ça.
Un frisson parcourt mon échine. C’est un corps.
Je reste figée un instant, le souffle coupé. Je devrais faire demi-tour, courir demander de l’aide. Toutefois, mes jambes refusent de bouger. Avant même de comprendre ce que je fais, je cours dans l’eau, les vagues glacées frappant mes mollets. Quand j’arrive près de lui, mes mains tremblent. C’est un homme, allongé sur le ventre, inerte.
— Oh mon Dieu…
Je le tire tant bien que mal vers la plage, mes muscles tendus par l’effort. Mon cœur tambourine dans mes tempes, et l’eau glacée m’oppresse. Respire, Juliette, respire.
Une fois sur la plage, je retourne le corps. C’est un homme jeune, d’origine asiatique, les cheveux noirs et trempés collant à son visage pâle. Il ne bouge pas. Est-il... mort ?
Ma respiration se bloque. J’ai vu ça à la télé, dans des films, seulement maintenant que je suis face à cette situation, je panique. Que faire ? Mon instinct prend le dessus. Je pose les mains sur son torse et commence un massage cardiaque, priant pour qu’il se réveille.
Après plusieurs longues secondes, il tousse soudain, recrachant l’eau de ses poumons. Je recule d’un bond, mon cœur battant à tout rompre.
— Ça va ? Vous m’entendez ?
L’homme ouvre lentement les yeux. Ses pupilles sont sombres, profondes. Il me fixe un instant, visiblement désorienté. Puis, il tente de se redresser, mais je l’en empêche.
— Ne bougez pas. Je vais appeler une ambulance ! Une ambulance… Vous avez besoin d’une ambulance. Je ravale difficilement ma salive.
— Non ! Il serre fermement mon poignet pour m’empêcher de composer le numéro.
— Vous avez besoin d’aide !
— J’ai dit non, aidez-moi à me relever ! Il s’appuie sur moi.
Je le regarde, hésitante. Est-ce vraiment une bonne idée de l’emmener chez moi ? Qui est-il ? et pourquoi refuse-t-il de voir un médecin ?
Mais au fond de moi, quelque chose me pousse à l’aider. Peut-être la panique, peut-être la curiosité. Je ne sais pas pourquoi, mais je décide de le conduire chez moi.
Je passe son bras autour de mes épaules, et ensemble, nous marchons lentement vers mon chalet. Mon esprit est en ébullition. Que suis-je en train de faire ? et qui est cet homme bordel ?
Nous empruntons discrètement le chemin qui mène chez moi. C’est à ce moment que je remarque qu’il saigne du côté droit, en bas du ventre. Une fois arrivés devant l’entrée, je l’aide à s’asseoir et me dépêche de chercher ma clé dans mon cabas. Lorsque j’ouvre enfin, l’inconnu s’appuie sur le mur et s’engouffre à l’intérieur.
— Ferme la porte, vite ! grogne-t-il. Apporte-moi de l’alcool, une trousse de premiers secours et des serviettes. Son ton est autoritaire, surtout pour un homme blessé.
— C’est plus raisonnable d’appeler les secours !
— Non, fais ce que je te demande bordel !
Il me tutoie comme si nous étions des complices de longue date. Ça me crispe. Chaque mot qu’il prononce me met davantage sur les nerfs, mais je ravale ma frustration. Pas maintenant. Pas dans cette situation grotesque.
Je fonce vers la salle de bain, claque la porte derrière moi. Mon cœur cogne contre ma poitrine. Mes mains tremblent. Qu’est-ce que je viens de faire ? Est-ce que j’ai offert mon aide à un homme dangereux ? Mon esprit s’emballe. Pourquoi refuse-t-il de voir un médecin ? Une seule raison tourne en boucle dans ma tête : Il fuit quelque chose. Ou quelqu’un.
La panique monte. La police ? Est-ce qu’il est recherché ? Je ferme les yeux, mais ça empire. Des images défilent. Du sang. Des sirènes. Des menottes. Je suis en train de sombrer.
Je prends une profonde inspiration pour me calmer, puis je saisis la trousse dans le petit meuble de la salle de bain, ainsi que des serviettes propres. Je me dirige ensuite vers la cuisine pour prendre une bouteille d’alcool fort.
De retour dans le salon, je m’agenouille près de lui et lui tends la bouteille de vodka, la seule que je possède, ainsi que la trousse de premiers secours.
— Je vais avoir besoin de ton aide pour couper ce fichu t-shirt. Dit-il.
Je saisis les ciseaux et m’exécute.
Il ouvre le bouchon de la bouteille avec ses dents et verse une bonne quantité sur la plaie. Je le vois serrer les dents, luttant pour ne pas crier de douleur. Je prends deux serviettes, en plaçant une sur sa blessure et en essuyant délicatement son front avec l’autre. Profitant de l’occasion, j’utilise un thermomètre frontal pour vérifier sa température. Il affiche 40 degrés.
Tout ce que j'ai, c’est de l’aspirine. Je lui tends le cachet et un verre d’eau qu’il avale aussitôt, accompagné d’une gorgée d’alcool.
— C’est dangereux de mélanger les médocs et l’alcool.
— Rien à foutre, dans mon état, je ne pense pas que ça changerait quelque chose ! Il serre les dents de douleur.
— Inutile d’être grossier, je ne suis pas la personne malintentionnée dans cette situation.
— Celui qui m’a fait ça ne verra plus jamais la couleur du ciel, je le jure, passe-moi la boîte à couture, je dois me recoudre.
— Quoi !
— Tu as bien compris ! Bordel ! Il hurle de douleur.
— Non, non, tu dois absolument voir un médecin. Tu pourrais t’évanouir ou avoir des complications si tu tentes de te recoudre toi-même.
— Quel est ton prénom ?
— Juliette, dis-je, regrettant aussitôt d’avoir révélé mon vrai prénom. Mais après tout, il est déjà chez moi, dans mon salon, entouré de mes affaires personnelles...
— Moi, c’est Kaito, répond-il. Écoute, ce n’est pas ma première fois, fais-moi confiance, Juliette. Le simple fait d’entendre mon prénom dans sa bouche me glace le dos.
Je lui passe l’aiguille désinfecté avec l’alcool et le fil. Il mord fort dans une serviette et commence à coudre sa blessure. La sueur coule sur son visage en cascade.
Je l’observe, fascinée et horrifiée à la fois. La sueur perle sur son front, coulant en cascade le long de ses tempes, mais il ne bronche pas. Ses mâchoires serrées, son souffle court, il garde un contrôle total, comme un automate en plein travail. Chaque mouvement est précis, chaque point une petite douleur qu’il ne laisse transparaître que par l'agitation de ses muscles, mais rien de plus.
Je le regarde, mon cœur battant plus vite que d’habitude. Comment est-il capable de faire ça, sans fléchir, sans montrer de faiblesse ?
Une fois que Kaito a terminé de recoudre sa blessure, il s’allonge épuisé. Je dépose délicatement un coussin sous sa tête et le laisse se reposer. Très vite, il s’endort profondément. Je prends alors une serviette pour essuyer la sueur qui perle sur son visage, afin de lui procurer un peu de soulagement. Avec précaution, je place ensuite un pansement propre sur sa blessure pour favoriser la guérison, puis je le couvre d’un doux plaid pour le garder au chaud. Après avoir pris soin de lui, je me dirige vers l’évier pour me laver soigneusement les mains. Ensuite, je me prépare une tasse de café, sachant que j’en ai vraiment besoin pour clarifier mes pensées et réfléchir à la suite des événements.
Je fais les cent pas dans le salon, arpentant chaque centimètre de la pièce. Les pensées tourbillonnent dans ma tête, m’emplissant d’incertitude. « Pourquoi refuse-t-il que j’appelle les secours ? Que cherche-t-il à cacher ? Est-il un fugitif recherché ? » Ces questions sans fin alimentent mes doutes et mes suspicions.
Après une longue réflexion, je saisis le téléphone, prête à composer le numéro de la police. Pourtant, une force indéfinissable m’en empêche et je repose aussitôt l’appareil. Quelque chose en moi, que je ne parviens pas à identifier, me retient de prendre cette décision. Je me retrouve à fixer Kaito. Cet homme possède un regard sévère, plein de rage, un regard que je connais bien.
Je finis par m’asseoir enfin, épuisée par toutes ces réflexions tourmentées. Je tiens ma tasse de café chaud entre mes mains, laissant la chaleur réconfortante me calmer peu à peu. Mes yeux restent fixés sur Kaito, assis non loin de moi, perdue dans mes pensées.
Alors que je le fixe, mon regard est irrésistiblement attiré par les tatouages qui s'étendent en motifs complexes sur son torse et ses bras. Au centre, une imposante carpe s’enroule de son flanc jusqu’à sa clavicule, ses écailles brillantes et détaillées créant une impression de mouvement, presque comme si elle nageait dans une rivière invisible. D'autres motifs s'enchaînent autour, des vagues stylisées et des fleurs mystérieuses, aux couleurs vives mais sombres, qui renforcent l'aura inquiétante et fascinante de cet homme.
Ces tatouages semblent porter un sens profond, quelque chose de symbolique, mais je n’en connais ni l'histoire, ni la signification. Et pourtant, ils me captivent, comme une langue secrète gravée dans sa chair. Je ressens dans ces dessins la marque de quelque chose d'ancien, d’intimidant, peut-être lié à un monde de violence et de traditions qui me dépasse.
« Mais que suis-je en train de faire, bon sang ! » Je me surprends à murmurer ces mots à voix basse.
Je regarde aussitôt ailleurs lorsque Kaito bouge le bras. Afin de me détendre, je m’allonge légèrement sur le canapé. Je ferme les yeux et prends quelques respirations profondes, cherchant à faire le vide dans mon esprit. Mais je finis par m’endormir.
Je me réveille enfin, épuisée, pour constater qu’il est presque midi. Mon premier réflexe est de chercher du regard dans la direction où se trouvait l’inconnu. Cependant, sa place est maintenant vide.
Une terrible migraine me frappe soudainement, et je me rassois, massant doucement mes tempes. Mes pensées sont encore embrumées par le sommeil et par tout ce qui s’est passé. Je me demande où il a bien pu passer, et une légère inquiétude commence à s’installer.
Je regarde ensuite partout dans le chalet, scrutant chaque recoin, mais aucune trace de lui ne subsiste, à l’exception des serviettes tâchées de sang que j’aperçois dans la salle de bain.
Je décide de faire le tour de ma terrasse, espérant le trouver quelque part à l’extérieur. Néanmoins, mes recherches restent vaines, et je ne trouve aucune trace de lui.
De retour dans la cabane, mon regard est attiré par un bout de papier posé sur le plan de travail. Je m’approche et le prends entre mes mains, découvrant les mots griffonnés dessus :
« Quelqu’un est venu me chercher, garde la bague, c’est un gage d’amitié. Je te promets de régler ma dette dès que je le pourrai. Ne parle à personne de ce qui s’est passé. »
Signé Kaito.
« Il aurait pu me réveiller, putain ! » murmuré-je avec frustration. Une part de moi est déçue qu’il soit parti sans plus d’explications, laissant derrière lui une atmosphère de mystère et d’inachevé. Seulement, une autre part de moi est soulagée de ne plus subir cette situation.
Ichida ne tarde pas à me rejoindre. À peine quelques minutes après mon appel, il arrive au chalet. Dehors, mes hommes patrouillent déjà la côte, scrutant les environs. L’aube blanchit l’horizon, projetant une lumière froide sur la mer agitée. Lorsqu’il atteint enfin la cabane, il entre sans difficulté.Juliette dort profondément, inconsciente du danger qui rôde. À travers la porte-fenêtre entrouverte, l’air frais du matin s’engouffre en silence. Ichida glisse dans la pièce, son ombre se fondant dans la clarté naissante.— Putain de merde, chef… Vous êtes dans un sale état, murmure-t-il en me repérant, le visage crispé d’inquiétude.— Baisse d’un ton, sifflé-je en désignant Juliette d’un geste. Aide-moi à me relever. On doit partir immédiatement.Chaque respiration ravive la douleur dans mon flanc, mais je serre les dents. Je refuse de la réveiller. Pas seulement parce qu’elle pourrait paniquer en me voyant dans cet état, mais aussi parce que je ne veux pas l’effrayer inutilement. Elle
Quand j'ouvre les yeux, le soleil est déjà haut dans le ciel. La lumière traverse les grandes baies vitrées de la cabane et inonde la pièce de reflets dorés. Au loin, le murmure des vagues complète ce décor parfait, mais une tension sourde et oppressante me serre la poitrine.J’essaie de repousser l’image de Kaito, cette silhouette inerte que j’ai tirée hors de l’eau la veille. Je repense à son regard, à la froideur avec laquelle il a refusé de recevoir de l’aide. Qui est-il vraiment ? Cette question tourne en boucle dans mon esprit, m’empêchant de retrouver une quelconque paix.Je jette un coup d’œil à la vaste suite de luxe dans laquelle je vis désormais. Les meubles en teck, la décoration soignée, la terrasse privée avec piscine qui donne directement sur l’océan… Tout ici est fait pour détendre et apaiser l’esprit. Pourtant, rien n’arrive à chasser ce malaise qui s’est installé en moi depuis cette rencontre.Il faut que je fasse quelque chose, me dis-je avec détermination.Je me lè
— Il s’est passé quelque chose d’étrange, m’informe Luna le lendemain matin, alors que je suis sur le point de prendre mon petit déjeuner sur la terrasse de ma chambre.Je me fige, la tasse de café suspendue à mes lèvres. Étrange ?— Quoi ? Et tu m’en informes seulement maintenant ? rugis-je, sentant la colère monter en flèche, au point de menacer de faire éclater mes points de suture.Mon flanc me lance, mais je l’ignore. Luna garde un calme imperturbable, bien que je sache qu'elle mesure chacune de mes réactions.— Ce n’est rien de grave, chef, juste une voisine fêtarde qui s’est trompée de chalet. Rien de plus.— Comment peux-tu en être aussi sûre ? répliqué-je, ma voix tranchante, chaque mot chargé de méfiance.La colère ne me quitte pas. Rien n’est jamais anodin.Luna me parle calmement, mais je ne peux pas laisser passer ça. Une simple erreur de chalet ? Non, il n’y a pas de coïncidences. Pas dans mon monde.— Une voisine fêtarde, vraiment ? Comment peux-tu en être aussi sûre ?
Je me réveille avant ma voisine, la trouvant allongée mode phoque sur le canapé, profondément endormie, ses longs cils caressant ses joues, et sa bouche légèrement entrouverte. Décidée à démarrer ma journée avec un bon café, je me dirige rapidement vers ma cafetière, avant de sortir chercher des viennoiseries. À mon retour, je découvre que la belle inconnue a déserté le canapé pour s’installer dans ma salle de bain.— J’ai pris la liberté de prendre une douche, m’informe-t-elle à son retour.— Pas de problème, le petit déjeuner est prêt, je réponds.— Merci, j’arrive.— Je ne savais pas quelles viennoiseries tu préfères, alors j’ai pris un assortiment, j’explique.— Merci, je raffole des pains au chocolat.Je la détaille tandis qu’elle savoure son petit-déjeuner. Sa peau dorée est enviable, sa silhouette gracieuse et ses lèvres pulpeuses. « Qui a pu être assez insensé pour larguer une femme aussi belle ? »— Ça va ? Tu as l’air un peu absente, remarque-t-elle.— Oui, Je suis juste un
Quelques heures plus tard, alors que je tente en vain de calmer mon esprit, le téléphone vibre brusquement. C’est Luna. Une mauvaise intuition me traverse.Je décroche immédiatement.— Chef, il y a un problème, commence-t-elle sans détours, son ton sec et professionnel. Nous avons repéré un homme suspect qui suivait Juliette pendant sa sortie shopping.Mon estomac se noue à ses mots. Je le savais.— Explique-moi. Que s’est-il passé exactement ?— Il a commencé à les suivre dès qu'elles ont quitté l’hôtel, dit-elle, évoquant Juliette et sa voisine. Nos hommes l’ont remarqué tout de suite. Il gardait ses distances, mais il ne les lâchait pas d’une semelle, passant d’une boutique à l’autre sans jamais les quitter des yeux. Nous avons tenté de l’approcher discrètement, mais il a disparu dans la foule avant que nous ne puissions le confronter.Disparu ? Mon pouls s’accélère. Ce genre d’individus ne disparaît pas par hasard. S’il a pu les suivre sans se faire repérer au départ, c’est qu’il
Je choisis une petite robe noir pailleté qui met en valeur ma silhouette, accompagnée d’une paire d’escarpins assortis et d’une pochette noir mat. Pour un effet naturel, je me maquille légèrement, soulignant mes yeux avec un peu de mascara et mes lèvres avec une touche de gloss. J’attache mes cheveux en une queue de cheval simple, mais élégante.De son côté, Jennifer a opté pour un haut rose pâle, sexy avec son dos nu et une mini-jupe blanche qui met en valeur ses jambes. Son maquillage est plus audacieux, avec des couleurs vives et scintillantes qui rappellent l’ambiance d’une soirée disco. Elle a l’air ravissante, prête à faire sensation.Une fois prêtes, nous nous regardons dans le miroir, satisfaites de notre apparence.— Tu es magnifique, Juliette. Il te manque juste un petit quelque chose. Elle tend la main pour enlever mon collier en argent, mais je recule légèrement pour l’en empêcher.— Non, je préfère le garder. C’est un cadeau de ma mère.— Oh, d’accord. Désolée, je ne sava
Posté sur le toit d’un bâtiment adjacent, à environ deux cents mètres de la villa de Diego, je domine la propriété avec une vue dégagée sur l’ensemble du domaine. D’ici, j’ai une ligne de tir presque parfaite sur la majorité des accès : l’entrée principale, les baies vitrées du salon et une partie des couloirs du premier étage.Mon fusil repose sur un trépied ajustable, stabilisé par une plaque de fixation ancrée dans la structure métallique du toit. J’utilise un Barrett MRAD, un fusil de précision modulaire conçu pour les opérations longue distance. Chambré en .338 Lapua Magnum, il offre une portée effective bien au-delà de ce dont j’ai besoin ce soir. Avec une lunette Nightforce ATACR 7-35x56, je peux observer le moindre mouvement derrière les vitres sans être détecté.L’atout majeur reste mon système d’écoute directionnelle. Un micro parabolique Telinga PRO-9 capte les conversations à l’intérieur de la villa avec une clarté suffisante pour distinguer les voix malgré le bruit ambian
Je m’éveille dans une ravissante chambre à coucher, baignée d’une ambiance bohème où se mêlent les tons délicats du blanc cassé et du marron. Diego est assis sur une chaise à proximité du lit, son visage arborant une expression sérieuse.— Juliette, comment te sens-tu ? Son regard se pose sur moi, empreint de préoccupation.— J’ai un affreux mal de tête. J’essaie de m’asseoir avec précaution.— Le médecin est passé, tu as perdu connaissance à cause du choc.— Je suis désolée de t’avoir causé autant d’ennuis. Je lui dis, remplie de remords.— Ne dis pas de bêtises. Juliette, ce n’est peut-être pas le moment, mais j’ai remarqué la bague autour de ton cou. Il me fixe attentivement.— Tu sais quelque chose à propos de cette bague ? Je la cherche du bout des doigts, inquiète.— Tu dois me révéler qui te l’a donnée en premier. Insiste-t-il.— Désolée, je ne peux pas. J’ai fait une promesse. Je réponds avec réticence.— Je respecte ta loyauté, mais sache que cette bague porte le symbole d’un
Il s’en va en refermant les portes coulissantes, ignorant mes protestations.— Vous devez vous calmer, ce comportement n’est pas digne d’une jeune femme comme vous. Balance-t-elle d’un ton hautain.— Digne ou pas, je n’en ai rien à foutre ! Que s’est-il passé pour qu’il me traite de la sorte ?— Ce soir, nous accueillons une personne d’une grande importance, et le rendez-vous chez la conseillère en image avait pour but de vous préparer en conséquence.— Qui est cette personne ?— Le doyen du clan Inagawa monsieur Makoto Inagawa. Kaito le respecte énormément et voulait te présenter officiellement à notre famille.— Et j’ai besoin d’une conseillère en image pour ça ?— Tu… Vous ne connaissez rien de nos coutumes, de notre culture, de notre façon d’être... vous allez vous ridiculisez et ridiculiser Kaito sama. Balance-t-elle le regard noir.— Tu peux me tutoyer. Je m’assois par terre, épuisée. Désolée, je ne savais pas que c’était aussi important. Essayons de rectifier le tir, dis-moi ce
Juliette arrive enfin. Dès que je pose les yeux sur elle, une tension glaciale s’installe entre nous, aussi tranchante qu’une lame de rasoir. Mon visage reste impassible, figé dans un masque de contrôle, mais en moi, la colère bouillonne, sourde, grondante, prête à exploser. Je croise les bras, crispant légèrement les doigts contre mes biceps, et je l’observe avec une minutie froide. Chaque mouvement, chaque battement de cils, chaque respiration est passé au crible.Son absence a déjà causé trop de complications.— Où étais-tu ?Ma voix fend l'air comme une lame affûtée. Pas un mot de plus. Juste cette question, sèche, implacable.Juliette relève le menton, défiant l’orage qui menace de s’abattre sur elle. Son regard accroche le mien, brûlant d’une insolence contenue.— Quel est le problème ?Son ton est sec, presque moqueur. Une provocation.Je serre les dents, ma mâchoire se contracte. L’agacement pulse dans mes tempes, une rage froide, calculatrice. À mes côtés, Luna croise les bra
Une fois au sol, trois Mercedes noires nous attendent. Nous prenons place dans celle du milieu. Luna s’installe près du conducteur tandis que Kaito s’assied près de moi. Alors qu’ils plongent dans leurs agendas et ordinateurs portables, je me contente de contempler la vue à travers la vitre teintée. Les rues paisibles du matin défilent devant mes yeux, témoignant d’une propreté impressionnante.Le paysage urbain se révèle à moi dans toute sa splendeur. Les buildings majestueux se dressent fièrement, reflétant les rayons du soleil naissant. Les passants se déplacent avec une certaine grâce et les boutiques dévoilent des devantures élégantes. Tokyo dégage une atmosphère unique, où modernité et tradition se côtoient harmonieusement.La voiture achève son trajet devant une magnifique bâtisse traditionnelle nichée dans un quartier paisible de Tokyo. À peine le véhicule garé devant l’entrée, une horde d’hommes en costumes noirs se précipite pour nous ouvrir les portières. Dans un ballet har
À vingt heures précises, l’avion privé entame son ascension vers Tokyo. Kaito succombe rapidement au sommeil, tandis que Luna reste absorbée par son ordinateur portable, me laissant dans l’indifférence, une situation qui, je dois l’admettre, me convient parfaitement.Malgré tout le confort offert, les voyages en avion ne parviennent pas à conquérir mon appréciation. De plus, ma nouvelle liseuse ne me satisfait guère. Trop moderne, trop imposante, trop onéreuse, elle semble étrangement dépourvue d’âme. Il peut paraître futile, mais il m’arrive de m’attacher aux objets, allant même jusqu’à leur attribuer des noms. La liseuse que j’ai égarée était un véritable bijou technologique, acquise avec mon tout premier salaire. Je finis par abandonner ma lecture pour me plonger dans la musique.Quelques minutes plus tard, l’hôtesse réapparaît pour s’assurer de notre bien-être à bord. Elle me propose un verre de vin, que j’accepte volontiers pour me détendre. Cependant, je ne m’arrête pas à un sim
La nuit est dense, étouffante. Loin de la ville, il n’y a que le silence et l’obscurité qui s’étirent à perte de vue. Pas de circulation, pas de néons, juste le bruissement des feuilles sous la brise et le clapotis discret d’une fontaine dans le jardin. Ici, dans ma villa, perchée loin de tout, personne n’entend les cris.Sous la lumière tamisée des lampes extérieures, l’homme est agenouillé, la tête basse, les poignets bien attachés dans son dos. Son crâne luit d’un mélange de sang et de vin rouge, vestige de la bouteille que j’ai brisée sur lui quelques minutes plus tôt. À ses pieds, des éclats de verre scintillent sur le carrelage clair, parmi les taches sombres qui s’étendent lentement.Il halète légèrement, le souffle saccadé, mais il ne dit rien. Il sait qu’il a merdé. Il sait que la suite ne dépend plus de lui.Je croise les bras et l’observe en silence. Derrière moi, cinq de mes hommes attendent, immobiles, leurs silhouettes fondant dans l’ombre. Ils n’ont pas besoin d’instru
Au réveil, je découvre une liseuse et un téléphone portable flambant neufs, déposés avec délicatesse sur ma table de nuit. En me levant, je me dirige vers le dressing et découvre un spectacle impressionnant. Les étagères sont remplies de vêtements, de chaussures et d’une variété d’accessoires et de bijoux. C’est comme si quelqu’un avait pris le temps de sélectionner chaque pièce en fonction de mes goûts et de mes besoins. Je suis émerveillée par la diversité des choix qui s’offrent à moi.Après une douche rafraîchissante, je me demande quelle tenue choisir parmi toutes les options qui s’offrent à moi. Finalement, je décide d’opter pour une chemise blanche impeccablement repassée, associée à un jean noir classique qui met en valeur ma silhouette. Je complète mon look avec une paire de baskets confortables, ajoutant une touche décontractée à l’ensemble. C’est un choix basique, mais efficace.Au moment où je me prépare à sortir, Luna entre dans ma chambre sans même frapper à la porte.—
A mon réveille une douleur sourde pulse dans mon crâne, me ramenant lentement à la réalité. Mon corps s’enfonce dans un lit spacieux, enveloppé de draps d’un blanc immaculé. Un voilage délicat danse légèrement sous la brise qui s’infiltre par une fenêtre entrouverte. Tout semble paisible. Trop paisible.Puis, les souvenirs reviennent en rafale.La soirée au club.Le bureau de Kaito.Son regard glacial.Son emprise sur moi.Mon cœur s’emballe brutalement.Je me redresse d’un coup, mais une vague de nausée me coupe net dans mon élan. Mon estomac se tord, mes muscles sont engourdis. L’air me manque, et ma respiration devient saccadée.— Putain…Je me prends la tête entre les mains, inspirant profondément pour calmer le chaos qui gronde en moi. Mais la colère monte, violente et brûlante.— Qu’est-ce que c’est que ce délire ?!Mes yeux balaient la pièce. Luxueuse. Trop luxueuse. Et surtout… inconnue.Un frisson glacé me parcourt lorsque je remarque ma tenue. Une nuisette.— Putain, je vais
Je traverse la grande salle d’un pas déterminé, mon regard froid balayant la foule insouciante. La musique vibre contre les murs, les corps se mêlent sur la piste de danse, inconscients du poids des décisions qui se prennent bien au-dessus de leurs têtes.Juliette marche à mes côtés, silencieuse. Je sens sa confusion, sa peur, même si elle tente de masquer son malaise sous une façade d’indifférence. Elle a raison de se méfier. Ce monde n’est pas le sien.Nous montons les escaliers qui mènent à l’étage. À travers les vitres du couloir, la vue plongeante sur la fête en contrebas contraste avec la tension qui plane entre nous. Chaque pas nous éloigne un peu plus de cette illusion de normalité.Devant une porte discrète, deux de mes hommes montent la garde, impassibles. Leurs regards se posent brièvement sur Juliette, et je n’aime pas l’éclat amusé qui traverse leurs yeux.— Vous avez un problème ? dis-je d’un ton glacial.Ils se redressent aussitôt. L’un d’eux ouvre la porte.— Entrez, o
Une semaine s’écoule. Les hommes de sécurité continuent de faire leur travail dans l’ombre, presque invisibles, mais leur présence me rappelle sans cesse que ma vie a pris un tournant étrange, voire dangereux. Diego, quant à lui, reste introuvable. Jennifer m’a vaguement parlé d’un voyage d’affaires, mais je n’ai pas cherché à en savoir plus. De toute façon, j’ai décidé de prendre mes distances avec lui.Je tente de reprendre le cours normal de ma vie. Enfin… « normal » est un grand mot. Maintenant, je dois composer avec une amie un peu trop collante et, accessoirement, des yakuzas à mes trousses.Jennifer, justement, n’a pas lâché l’affaire. Toute la semaine, elle a insisté pour que je l’accompagne dans le club le plus sélect de l’île, un lieu qu’elle fréquente avec une régularité presque religieuse. J’ai résisté autant que j’ai pu, mais elle a fini par m’avoir à l’usure.— Allez, Juliette, tu ne peux pas rester enfermée éternellement, m’avait-elle lancé avec son sourire pétillant.E