La nuit est dense, étouffante. Loin de la ville, il n’y a que le silence et l’obscurité qui s’étirent à perte de vue. Pas de circulation, pas de néons, juste le bruissement des feuilles sous la brise et le clapotis discret d’une fontaine dans le jardin. Ici, dans ma villa, perchée loin de tout, personne n’entend les cris.Sous la lumière tamisée des lampes extérieures, l’homme est agenouillé, la tête basse, les poignets bien attachés dans son dos. Son crâne luit d’un mélange de sang et de vin rouge, vestige de la bouteille que j’ai brisée sur lui quelques minutes plus tôt. À ses pieds, des éclats de verre scintillent sur le carrelage clair, parmi les taches sombres qui s’étendent lentement.Il halète légèrement, le souffle saccadé, mais il ne dit rien. Il sait qu’il a merdé. Il sait que la suite ne dépend plus de lui.Je croise les bras et l’observe en silence. Derrière moi, cinq de mes hommes attendent, immobiles, leurs silhouettes fondant dans l’ombre. Ils n’ont pas besoin d’instru
À vingt heures précises, l’avion privé entame son ascension vers Tokyo. Kaito succombe rapidement au sommeil, tandis que Luna reste absorbée par son ordinateur portable, me laissant dans l’indifférence, une situation qui, je dois l’admettre, me convient parfaitement.Malgré tout le confort offert, les voyages en avion ne parviennent pas à conquérir mon appréciation. De plus, ma nouvelle liseuse ne me satisfait guère. Trop moderne, trop imposante, trop onéreuse, elle semble étrangement dépourvue d’âme. Il peut paraître futile, mais il m’arrive de m’attacher aux objets, allant même jusqu’à leur attribuer des noms. La liseuse que j’ai égarée était un véritable bijou technologique, acquise avec mon tout premier salaire. Je finis par abandonner ma lecture pour me plonger dans la musique.Quelques minutes plus tard, l’hôtesse réapparaît pour s’assurer de notre bien-être à bord. Elle me propose un verre de vin, que j’accepte volontiers pour me détendre. Cependant, je ne m’arrête pas à un sim
Une fois au sol, trois Mercedes noires nous attendent. Nous prenons place dans celle du milieu. Luna s’installe près du conducteur tandis que Kaito s’assied près de moi. Alors qu’ils plongent dans leurs agendas et ordinateurs portables, je me contente de contempler la vue à travers la vitre teintée. Les rues paisibles du matin défilent devant mes yeux, témoignant d’une propreté impressionnante.Le paysage urbain se révèle à moi dans toute sa splendeur. Les buildings majestueux se dressent fièrement, reflétant les rayons du soleil naissant. Les passants se déplacent avec une certaine grâce et les boutiques dévoilent des devantures élégantes. Tokyo dégage une atmosphère unique, où modernité et tradition se côtoient harmonieusement.La voiture achève son trajet devant une magnifique bâtisse traditionnelle nichée dans un quartier paisible de Tokyo. À peine le véhicule garé devant l’entrée, une horde d’hommes en costumes noirs se précipite pour nous ouvrir les portières. Dans un ballet har
Juliette arrive enfin. Dès que je pose les yeux sur elle, une tension glaciale s’installe entre nous, aussi tranchante qu’une lame de rasoir. Mon visage reste impassible, figé dans un masque de contrôle, mais en moi, la colère bouillonne, sourde, grondante, prête à exploser. Je croise les bras, crispant légèrement les doigts contre mes biceps, et je l’observe avec une minutie froide. Chaque mouvement, chaque battement de cils, chaque respiration est passé au crible.Son absence a déjà causé trop de complications.— Où étais-tu ?Ma voix fend l'air comme une lame affûtée. Pas un mot de plus. Juste cette question, sèche, implacable.Juliette relève le menton, défiant l’orage qui menace de s’abattre sur elle. Son regard accroche le mien, brûlant d’une insolence contenue.— Quel est le problème ?Son ton est sec, presque moqueur. Une provocation.Je serre les dents, ma mâchoire se contracte. L’agacement pulse dans mes tempes, une rage froide, calculatrice. À mes côtés, Luna croise les bra
Il s’en va en refermant les portes coulissantes, ignorant mes protestations.— Vous devez vous calmer, ce comportement n’est pas digne d’une jeune femme comme vous. Balance-t-elle d’un ton hautain.— Digne ou pas, je n’en ai rien à foutre ! Que s’est-il passé pour qu’il me traite de la sorte ?— Ce soir, nous accueillons une personne d’une grande importance, et le rendez-vous chez la conseillère en image avait pour but de vous préparer en conséquence.— Qui est cette personne ?— Le doyen du clan Inagawa monsieur Makoto Inagawa. Kaito le respecte énormément et voulait te présenter officiellement à notre famille.— Et j’ai besoin d’une conseillère en image pour ça ?— Tu… Vous ne connaissez rien de nos coutumes, de notre culture, de notre façon d’être... vous allez vous ridiculisez et ridiculiser Kaito sama. Balance-t-elle le regard noir.— Tu peux me tutoyer. Je m’assois par terre, épuisée. Désolée, je ne savais pas que c’était aussi important. Essayons de rectifier le tir, dis-moi ce
Le cœur battant, je regarde encore une fois les numéros sur l’écran de mon téléphone. Ce n’est pas possible !Je cligne des yeux, mon souffle coupé. 1, 5, 14, 23, 42... et le 7. Mon billet. Tous les numéros y sont. Je viens de gagner à la loterie. Des millions.Un instant de silence. Puis l’excitation monte en moi, comme un raz-de-marée. Je bondis de ma chaise, manquant de renverser ma tasse de café froid. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, mes mains tremblent. Est-ce vraiment réel ?Mais très vite, l’euphorie s’évapore. Une étrange peur me saisit. Et maintenant ? Depuis des années, je rêve d’une autre vie, loin de cette routine ennuyeuse, loin de mon petit studio parisien en désordre. J’ai toujours pensé qu’un jour, je partirais, que je m’évaderais quelque part. Et à présent que j’en ai la possibilité, je ne sais plus que faire.Je balaye la pièce du regard. Le studio est minuscule, encombré de piles de livres et de vêtements abandonnés un peu partout. Est-ce vraiment cet endroit
Ichida ne tarde pas à me rejoindre. À peine quelques minutes après mon appel, il arrive au chalet. Dehors, mes hommes patrouillent déjà la côte, scrutant les environs. L’aube blanchit l’horizon, projetant une lumière froide sur la mer agitée. Lorsqu’il atteint enfin la cabane, il entre sans difficulté.Juliette dort profondément, inconsciente du danger qui rôde. À travers la porte-fenêtre entrouverte, l’air frais du matin s’engouffre en silence. Ichida glisse dans la pièce, son ombre se fondant dans la clarté naissante.— Putain de merde, chef… Vous êtes dans un sale état, murmure-t-il en me repérant, le visage crispé d’inquiétude.— Baisse d’un ton, sifflé-je en désignant Juliette d’un geste. Aide-moi à me relever. On doit partir immédiatement.Chaque respiration ravive la douleur dans mon flanc, mais je serre les dents. Je refuse de la réveiller. Pas seulement parce qu’elle pourrait paniquer en me voyant dans cet état, mais aussi parce que je ne veux pas l’effrayer inutilement. Elle
Quand j'ouvre les yeux, le soleil est déjà haut dans le ciel. La lumière traverse les grandes baies vitrées de la cabane et inonde la pièce de reflets dorés. Au loin, le murmure des vagues complète ce décor parfait, mais une tension sourde et oppressante me serre la poitrine.J’essaie de repousser l’image de Kaito, cette silhouette inerte que j’ai tirée hors de l’eau la veille. Je repense à son regard, à la froideur avec laquelle il a refusé de recevoir de l’aide. Qui est-il vraiment ? Cette question tourne en boucle dans mon esprit, m’empêchant de retrouver une quelconque paix.Je jette un coup d’œil à la vaste suite de luxe dans laquelle je vis désormais. Les meubles en teck, la décoration soignée, la terrasse privée avec piscine qui donne directement sur l’océan… Tout ici est fait pour détendre et apaiser l’esprit. Pourtant, rien n’arrive à chasser ce malaise qui s’est installé en moi depuis cette rencontre.Il faut que je fasse quelque chose, me dis-je avec détermination.Je me lè
Il s’en va en refermant les portes coulissantes, ignorant mes protestations.— Vous devez vous calmer, ce comportement n’est pas digne d’une jeune femme comme vous. Balance-t-elle d’un ton hautain.— Digne ou pas, je n’en ai rien à foutre ! Que s’est-il passé pour qu’il me traite de la sorte ?— Ce soir, nous accueillons une personne d’une grande importance, et le rendez-vous chez la conseillère en image avait pour but de vous préparer en conséquence.— Qui est cette personne ?— Le doyen du clan Inagawa monsieur Makoto Inagawa. Kaito le respecte énormément et voulait te présenter officiellement à notre famille.— Et j’ai besoin d’une conseillère en image pour ça ?— Tu… Vous ne connaissez rien de nos coutumes, de notre culture, de notre façon d’être... vous allez vous ridiculisez et ridiculiser Kaito sama. Balance-t-elle le regard noir.— Tu peux me tutoyer. Je m’assois par terre, épuisée. Désolée, je ne savais pas que c’était aussi important. Essayons de rectifier le tir, dis-moi ce
Juliette arrive enfin. Dès que je pose les yeux sur elle, une tension glaciale s’installe entre nous, aussi tranchante qu’une lame de rasoir. Mon visage reste impassible, figé dans un masque de contrôle, mais en moi, la colère bouillonne, sourde, grondante, prête à exploser. Je croise les bras, crispant légèrement les doigts contre mes biceps, et je l’observe avec une minutie froide. Chaque mouvement, chaque battement de cils, chaque respiration est passé au crible.Son absence a déjà causé trop de complications.— Où étais-tu ?Ma voix fend l'air comme une lame affûtée. Pas un mot de plus. Juste cette question, sèche, implacable.Juliette relève le menton, défiant l’orage qui menace de s’abattre sur elle. Son regard accroche le mien, brûlant d’une insolence contenue.— Quel est le problème ?Son ton est sec, presque moqueur. Une provocation.Je serre les dents, ma mâchoire se contracte. L’agacement pulse dans mes tempes, une rage froide, calculatrice. À mes côtés, Luna croise les bra
Une fois au sol, trois Mercedes noires nous attendent. Nous prenons place dans celle du milieu. Luna s’installe près du conducteur tandis que Kaito s’assied près de moi. Alors qu’ils plongent dans leurs agendas et ordinateurs portables, je me contente de contempler la vue à travers la vitre teintée. Les rues paisibles du matin défilent devant mes yeux, témoignant d’une propreté impressionnante.Le paysage urbain se révèle à moi dans toute sa splendeur. Les buildings majestueux se dressent fièrement, reflétant les rayons du soleil naissant. Les passants se déplacent avec une certaine grâce et les boutiques dévoilent des devantures élégantes. Tokyo dégage une atmosphère unique, où modernité et tradition se côtoient harmonieusement.La voiture achève son trajet devant une magnifique bâtisse traditionnelle nichée dans un quartier paisible de Tokyo. À peine le véhicule garé devant l’entrée, une horde d’hommes en costumes noirs se précipite pour nous ouvrir les portières. Dans un ballet har
À vingt heures précises, l’avion privé entame son ascension vers Tokyo. Kaito succombe rapidement au sommeil, tandis que Luna reste absorbée par son ordinateur portable, me laissant dans l’indifférence, une situation qui, je dois l’admettre, me convient parfaitement.Malgré tout le confort offert, les voyages en avion ne parviennent pas à conquérir mon appréciation. De plus, ma nouvelle liseuse ne me satisfait guère. Trop moderne, trop imposante, trop onéreuse, elle semble étrangement dépourvue d’âme. Il peut paraître futile, mais il m’arrive de m’attacher aux objets, allant même jusqu’à leur attribuer des noms. La liseuse que j’ai égarée était un véritable bijou technologique, acquise avec mon tout premier salaire. Je finis par abandonner ma lecture pour me plonger dans la musique.Quelques minutes plus tard, l’hôtesse réapparaît pour s’assurer de notre bien-être à bord. Elle me propose un verre de vin, que j’accepte volontiers pour me détendre. Cependant, je ne m’arrête pas à un sim
La nuit est dense, étouffante. Loin de la ville, il n’y a que le silence et l’obscurité qui s’étirent à perte de vue. Pas de circulation, pas de néons, juste le bruissement des feuilles sous la brise et le clapotis discret d’une fontaine dans le jardin. Ici, dans ma villa, perchée loin de tout, personne n’entend les cris.Sous la lumière tamisée des lampes extérieures, l’homme est agenouillé, la tête basse, les poignets bien attachés dans son dos. Son crâne luit d’un mélange de sang et de vin rouge, vestige de la bouteille que j’ai brisée sur lui quelques minutes plus tôt. À ses pieds, des éclats de verre scintillent sur le carrelage clair, parmi les taches sombres qui s’étendent lentement.Il halète légèrement, le souffle saccadé, mais il ne dit rien. Il sait qu’il a merdé. Il sait que la suite ne dépend plus de lui.Je croise les bras et l’observe en silence. Derrière moi, cinq de mes hommes attendent, immobiles, leurs silhouettes fondant dans l’ombre. Ils n’ont pas besoin d’instru
Au réveil, je découvre une liseuse et un téléphone portable flambant neufs, déposés avec délicatesse sur ma table de nuit. En me levant, je me dirige vers le dressing et découvre un spectacle impressionnant. Les étagères sont remplies de vêtements, de chaussures et d’une variété d’accessoires et de bijoux. C’est comme si quelqu’un avait pris le temps de sélectionner chaque pièce en fonction de mes goûts et de mes besoins. Je suis émerveillée par la diversité des choix qui s’offrent à moi.Après une douche rafraîchissante, je me demande quelle tenue choisir parmi toutes les options qui s’offrent à moi. Finalement, je décide d’opter pour une chemise blanche impeccablement repassée, associée à un jean noir classique qui met en valeur ma silhouette. Je complète mon look avec une paire de baskets confortables, ajoutant une touche décontractée à l’ensemble. C’est un choix basique, mais efficace.Au moment où je me prépare à sortir, Luna entre dans ma chambre sans même frapper à la porte.—
A mon réveille une douleur sourde pulse dans mon crâne, me ramenant lentement à la réalité. Mon corps s’enfonce dans un lit spacieux, enveloppé de draps d’un blanc immaculé. Un voilage délicat danse légèrement sous la brise qui s’infiltre par une fenêtre entrouverte. Tout semble paisible. Trop paisible.Puis, les souvenirs reviennent en rafale.La soirée au club.Le bureau de Kaito.Son regard glacial.Son emprise sur moi.Mon cœur s’emballe brutalement.Je me redresse d’un coup, mais une vague de nausée me coupe net dans mon élan. Mon estomac se tord, mes muscles sont engourdis. L’air me manque, et ma respiration devient saccadée.— Putain…Je me prends la tête entre les mains, inspirant profondément pour calmer le chaos qui gronde en moi. Mais la colère monte, violente et brûlante.— Qu’est-ce que c’est que ce délire ?!Mes yeux balaient la pièce. Luxueuse. Trop luxueuse. Et surtout… inconnue.Un frisson glacé me parcourt lorsque je remarque ma tenue. Une nuisette.— Putain, je vais
Je traverse la grande salle d’un pas déterminé, mon regard froid balayant la foule insouciante. La musique vibre contre les murs, les corps se mêlent sur la piste de danse, inconscients du poids des décisions qui se prennent bien au-dessus de leurs têtes.Juliette marche à mes côtés, silencieuse. Je sens sa confusion, sa peur, même si elle tente de masquer son malaise sous une façade d’indifférence. Elle a raison de se méfier. Ce monde n’est pas le sien.Nous montons les escaliers qui mènent à l’étage. À travers les vitres du couloir, la vue plongeante sur la fête en contrebas contraste avec la tension qui plane entre nous. Chaque pas nous éloigne un peu plus de cette illusion de normalité.Devant une porte discrète, deux de mes hommes montent la garde, impassibles. Leurs regards se posent brièvement sur Juliette, et je n’aime pas l’éclat amusé qui traverse leurs yeux.— Vous avez un problème ? dis-je d’un ton glacial.Ils se redressent aussitôt. L’un d’eux ouvre la porte.— Entrez, o
Une semaine s’écoule. Les hommes de sécurité continuent de faire leur travail dans l’ombre, presque invisibles, mais leur présence me rappelle sans cesse que ma vie a pris un tournant étrange, voire dangereux. Diego, quant à lui, reste introuvable. Jennifer m’a vaguement parlé d’un voyage d’affaires, mais je n’ai pas cherché à en savoir plus. De toute façon, j’ai décidé de prendre mes distances avec lui.Je tente de reprendre le cours normal de ma vie. Enfin… « normal » est un grand mot. Maintenant, je dois composer avec une amie un peu trop collante et, accessoirement, des yakuzas à mes trousses.Jennifer, justement, n’a pas lâché l’affaire. Toute la semaine, elle a insisté pour que je l’accompagne dans le club le plus sélect de l’île, un lieu qu’elle fréquente avec une régularité presque religieuse. J’ai résisté autant que j’ai pu, mais elle a fini par m’avoir à l’usure.— Allez, Juliette, tu ne peux pas rester enfermée éternellement, m’avait-elle lancé avec son sourire pétillant.E