Cassy
Le chauffeur me dépose à l’aéroport JFK. Je m’enregistre, récupère les billets envoyés par Me Swan. Pendant que j’attends l’embarquement, je somnole sur un siège inconfortable. Les visages des gens défilent autour de moi comme dans un brouillard. Je finis par m’assoupir un moment et je replonge dans ce rêve… Les mêmes yeux bleu, ce même homme, cette même tension qui me serre la poitrine. Je me réveille en sursaut, encore. Les passagers autour de moi me lancent un regard intrigué. Une voix retenti dans les hautes parleurs.
— Dernier appel pour le vol à destination de San Francisco, Californie …
Je saute sur mes affaires et embarque in extremis. Le vol me paraît interminable. Je picore à peine le plateau repas. Je regarde des séries sans vraiment y prêter attention. Les mots de Me Swan tournent en boucle dans ma tête. “Il est crucial que vous veniez sur place.” Pourquoi? Qu’est-ce que Henry me cachait ? Comment est-il mort? Pourquoi ne m’a-t-il jamais parlé de son fils Loghan? Je suis bercée par le ronronnement des moteurs, l’hôtesse me propose un café. J’accepte pour lutter contre le sommeil, sans succès. Je retombe dans un demi-sommeil. Je revois Henry, debout devant le portail du pensionnat, une peluche à la main. J’avais dix ans. Il me sourit, m’ébouriffe les cheveux, me dit que je suis forte, que je n’ai besoin de personne, que tout ira bien… Je suis réveillé par l’atterissage. Les larmes coulent le long de mes joues. J’ai à peine le temps de changer de terminal. Moins d’une heure après, je suis dans l’avion qui me conduit à Eureka. Je me rapproche doucement de la vérité. J’en profite pour finaliser l’article que je dois rendre à Dave. Ce sera déjà ça de fait. Dans le silence apaisant du cocpite, mes paupières lourdes me trahissent. Je sombre dans un sommeil profond, et bientôt, je me retrouve dans une clairiére illuminée par la lune éclatante. Je reconnais l’homme aux yeux bleu. Il captive chaque fibre de mon être. Sa présence est magnétique, et je ressens une attirance irrésistible. Il s’avance vers moi. Nos regards se croisent, et une tension électrique s’installe entre nous. Il me tend la main, et je la prends sans hésitation, sentant une chaleur intense se diffuser à travers mes doigts. Ses bras forts m’enlacent, et nous nous rapprochons lentement. Ses caresses sont à la fois douces et fermes, éveillant des sensations que je n'avais jamais ressenties auparavant. Mais au moment où nos lèvres vont se toucher, un éclair traverse le ciel, et je me réveille en sursaut, le cœur battant la chamade. Mon corps est en sueur, et je sens une excitation brûlante parcourir mes veines. Le souvenir de ce rêve me laisse à la fois désorientée et étrangement revigorée. Lorsque j’atterie, on est en fin d’après-midi. L’aéroport d’Eureka n’est pas immense. Je cherche un visage familier ou une pancarte. C’est alors que je vois un homme d’une trentaine d’année, brun, grand, bien taillé, qui tient une feuille avec mon nom. Eddy Green me regarde avec un sourire chaleureux, ses yeux marron pétillants. Il porte une chemise en flanelle à carreaux bleus et rouges, ouverte sur un t-shirt blanc, et un jean décontracté. Ses cheveux sont légèrement en bataille. Il semble sympathique.
— Bonjour, je suis Cassy.
— Salut, je m’appelle Eddy. Je suis… disons, un ami de la famille et ton chauffeur pour les deux prochaines heures.
Sa poignée de main est ferme et confiante, et il a un rire léger qui brise la glace. Nous traversons rapidement le petit terminal, récupérant ma valise. Dehors, l’air est frais et presque sauvage. Je ne peux m’empêcher de regarder autour de moi. C’est la première fois que je mets les pieds dans cette partie de la Californie. En marchant vers la voiture, mon chauffeur tente de faire la conversation.
— Alors, comment s’est passé le vol ?
— Long et… étrange. Tu connaissais bien Henry ?
Eddy rit doucement, détendant l’atmosphère.
— Oui. C’était mon Alpha. Euh… je veux dire, c’était un homme affreusement formidable, très respecté par… euh, la communauté ici.
— Ton Alpha ?
Il détourne un peu le regard, gêné.
— Tu dois être fatiguée. Votre carosse madame!
Je hoche la tête, un peu perplexe. Nous montons dans la voiture, un SUV noir confortable. Eddy s’installe au volant et démarre, ouvrant une fenêtre pour laisser entrer l’air de la forêt.
— Alors, c’est ça la fôret de Six Rivers. C’est magnifique, vraiment apaisant.
Je regarde autour de moi. Le spectacle qui défile sous mes yeux est de toute beauté.
— C’est très différent de New York, s’amuse Eddy.
— C’est sûr! Je ne comprend pas pourquoi Henry ne m’a jamais fait venir ici…
— Henry adorait cet endroit. Il disait que la nature avait une façon de te recentrer, de te rappeler ce qui est vraiment important.
Eddy semble curieux de me connaitre. Il m’interroge sur ma relation avec Henry. Je lui raconte mes années aux pensionnats. Ma vie de journaliste à New-York. Soudain j’apperçois le panneau “Bienvenue à Forks Wood”. Nous traversons le centre qui ressemble à un décor de série télé. Des boutiques en bois, des façades peintes, quelques passants qui discutent tranquillement sur le trottoir. Rien à voir avec l’agitation de Manhattan. Les gens saluent Eddy. Tous le monde semble se connaitre.
— On y est presque. La maison est juste au bout de ce chemin.
Je relève la tête. On est juste à la sortie de la ville. La propriété de style victorienne est majestueuse, entourée par une dense forêt. Des lumières tamisées illuminent la façade de la maison.
— Wow… C’est magnifique. Je ne m’attendais pas à cela.
— N’est-ce pas! Henry y tenait comme à la prunelle de ses yeux.
La voiture s’arrête devant un portail ornementé. Deux gardes nous ouvrent et nous avançons lentement jusqu’à un petit parking gravillonné.
— Ne sois pas impressionné par les gardes, c’est juste au cas où.
Je devine un certain trouble dans sa voix. Je hoche la tête, le cœur déjà oppressé par toutes mes émotions. Eddy descend et m’ouvre la portiére. Il me tend la main et se part d’un sourire amical.
— Bienvenue chez toi Cassy! On y va ? Je pense que quelqu’un est très impatient de te rencontrer.
Je ne suis pas sur de comprendre mais je suis Eddy sans broncher. Nous franchissons la porte et je suis frappée par la beauté du lieu. L’intérieur a été modernisé, mais on sent encore l’âme ancienne de la demeure. De hauts plafonds, des murs aux teintes sobres, des meubles modernes qui contrastent avec l’architecture d’époque. L’ensemble dégage quelque chose de serein et de lumineux. Mes pas résonnent sur le plancher. On s’avance dans un couloir. Eddy me guide vers une double porte qu’il ouvre devant moi. Je suis tout de suite étourdie par une odeur qui flotte dans l’air. Un mélanege de bois et de fleurs sauvages, c’est envoûtant. Un grand bureau en bois massif trône au centre de la piéce. Le pan de mur à droite se pare d’étagéres remplies de livres anciens au cuir usé. À gauche, un salon confortable, avec des fauteuils et un canapé offre un espace chaleureux. Face à moi, devant une immense baie vitrée qui donne sur les jardins, un homme nous tourne le dos. Eddy prend la parole.
— Loghan, je te présente Cassandre Read. Cassy, voici Loghan Black, l’Alpha de la meute Black Wood.
Il se tourne lentement vers moi. Mais lorsque j’apperçois son visage, mon cœur fait un bond. Ses yeux bleus me fixent intensément. C'est l'homme que je vois presque chaque nuit dans mes rêves. Je suis sous le choc. Je sens mon pouls s’accélérer à en être presque douloureux. Je tente de rester calme. Il est tellement beau. Le rouge me monte aux joues.
— Je… Bonjour.
Loghan me fixe mais ne dit rien. Je suis complètement déstabilisée, incapable de détourner mon regard de ses yeux perçants. Pourquoi me regarde t’il comme cela! Et pourquoi ne dit-il rien!
Eddy se racle la gorge.
— Tu comptes rester là à la devisager où tu vas lui souhaiter la bienvenue?
Loghan esquisse un sourire léger, brisant légèrement la tension.
— Bienvenue chez toi Cassandre.
Mon esprit se brouille. Son parfum… Je suis coupée de mes interrogations par l’irruption d’une jeune femme. Elle est si belle, grande et très fine, avec des traits harmonieux et une grâce naturelle. Ses cheveux noirs sont longs et lisses, encadrant son visage éclatant de gentillesse.
— Cassy! Je suis Tasha, la compagne d’Eddy. Je suis tellement heureuse de te rencontrer.
Elle me prend dans ses bras.
— Viens, je vais te faire visiter la maison et t’emmener dans ta chambre! On se retouve pour le dîner mesieurs. Maitre Swan ne devrait plus tarder.
Je m’exécute, les genoux tremblants.
La maison est immense. Tasha ouvre une porte sur ma gauche.
— Voici le salon — dit-elle en me faisant signe d'entrer.
L'espace est lumineux, décoré sobrement. Des coussins colorés sur le canapé, une table basse avec des magazines éparpillés. Une odeur de café flotte dans l'air. Tasha salue rapidement un homme assis dans un coin, lui fait un signe de tête.
— Voici Marc, c’est notre cuisinier. Marc, voici Cassy.
Marc se lève, sourit et me serre la main.
— Enchanté, Cassy.
Tasha me guide déjà vers une autre pièce. Le couloir est long, les murs ornés de photos, des moments capturés en sourires et en rires. On passe devant une bibliothèque cosy remplie de livres et de souvenirs. J’ai hate d’en découvrir tous les secrets.
— Voici la salle de réception— annonce Tasha. À l'intérieur, trois personnes sont réunies autour d'une grande table. Elle me présente rapidement chacun d'eux.
— Sarah, Julien, Léa, je vous présente Cassy!
Chacun me sourit, accueillant. Combien de personnes vivent ici? C’est étrange. On continue à marcher, les pièces défilant rapidement. Une cuisine moderne, une salle de jeux avec des instruments de musique, une terrasse donnant sur un jardin luxuriant. Chaque espace a son ambiance, chaque objet raconte une histoire. Nous empruntons l’escalier magistral direction le premier étage.
— Voilà ta chambre — dit Tasha en ouvrant une porte au fond du couloir.
Je passe la tête. La pièce est spacieuse, décorée avec goût. Il y a un grand lit habillé d’une parure de lin rose poudré, un fauteuil confortable, un bureau et une grande fenêtre qui donne sur la roseraie du jardin. Mon regard se pose sur la porte légèrement entrouverte juste en face de la mienne.
— C'est celle de Logan — ajoute Tasha avec un sourire complice. Je te laisse te rafraichir? Le diner sera servi d’ici 30 min dans la salle à manger ! Ne sois pas en retard, me dit-elle en s’éloignant.
Je m'installe sur le lit, respirant profondément. L'atmosphère est apaisante, un contraste avec l'agitation de mon esprit. Je sens une lueur d'espoir. Je sors mon téléphone et j’écris un sms rapide à Charlotte pour lui dire que je suis bien arrivée. Dimitri a tenté de me joindre. Je le rassurerai plus tard. Je me regarde dans le miroir. Mon reflet semble plus serein, prêt à affronter ce qui m'attend. Mais les bruits de la maison me rappellent que je ne suis pas seule. J’ai tant de question. Pourquoi Loghan hante t’il mes rêves depuis des semaines? Cela ne peut pas être du au hasard. La façon dont il m’a lui-même regardé… Je dois savoir ce qui se passe ici.
LoganTasha et Cassy quittent la pièce, laissant derrière elles un silence lourd. Mon cœur bat la chamade. Comment lui dire ce que je viens de découvrir ? Eddy s’approche de moi, ses yeux trahissant son inquiétude.— Loghan, qu’est-ce qui se passe ? demande-t-il, posant une main rassurante sur mon épaule.Je prends une profonde inspiration, sentant l’adrénaline monter.— Eddy, je... Cassy est spéciale. Bien plus que ce que je pensais. Elle est... ma compagne.Eddy fronce les sourcils, ne comprenant pas.— Mais elle est humaine, Logan. Comment c’est possible ? Qu’ a dit ton loup?Je secoue la tête, frustré.— Néos en est sûr. Il la veut, d’une manière viscérale, primaire, sans compromis. C’est plus qu’une attirance. J’ai dû lutter contre lui et l’empêcher de prendre le contrôle pour ne pas qu’il se jette sur elle.Je ferme les yeux un instant, et repense à son odeur enivrante de miel et de rose. Je sens son impatience vibrer dans mes veines. Il tourne en rond dans ma tête, furieux que
CassyJe sors en trombe de la maison, l’air glacial de la nuit me fouette le visage. Mon cœur bat à tout rompre, mes jambes tremblent, mais je n’arrête pas. Chaque fibre de mon être hurle de fuir cet endroit. Tout semble irréel : loups-garous, prophétie, mes parents… Mon esprit tourne comme une toupie incontrôlable. Je suis en plein délire. Le gravier crisse sous mes bottines alors que je traverse le jardin à grandes enjambées. Quelques gardes me jettent des regards furtifs, mais personne ne bouge. Tant mieux. Je n’ai pas besoin de me battre pour ma liberté. Et puis c’est quoi cette histoire de garde! Il faut que je quitte cette endroit. Je m’enfonce dans la forêt. La lumière douce de la maison disparaît derrière moi, remplacée par une obscurité oppressante. Les arbres sont gigantesques, leurs branches enchevêtrées créant un plafond vivant au-dessus de ma tête. L’air est lourd, saturé d’une odeur de mousse humide et de bois. Les bruits de la nuit m’encerclent : le bruissement des feui
CassyJe me réveille en sursaut, mon corps encore engourdi. Un rayon de lumière filtré par les rideaux caresse doucement mon visage. Il me faut quelques secondes pour me rappeler où je suis. Logan est toujours là, assis dans le fauteuil face à moi. Il est appuyé contre l’accoudoir, son menton dans la paume de sa main, ses yeux bleus scrutant l’horizon invisible vers l’extérieur. Une partie de moi veut lui parler, poser mille questions, mais une autre hésite. Comment fait-il pour dégager une telle sérénité tout en me rendant folle intérieurement ? Je bouge légèrement, et son regard glisse immédiatement vers moi, attentif.— Tu devrais encore dormir, murmure-t-il.— Je vais bien, dis-je d’une voix rauque.Il arque un sourcil. Je sens qu’il ne croit pas une seconde à ma tentative de bravade. Moi non plus, d’ailleurs. Mon épaule me lance encore, et mon corps est lourd comme si j’avais traversé un champ de bataille. Ce qui, techniquement, n’est pas totalement faux.— Aria a dit que tu devr
CassyJe reste assise sur le bord du lit, fixant la porte. L’envie de fuir me ronge, mais ma raison me retient. Cette fois, je sais que courir serait inutile. Où irais-je ? La poignée de la porte tourne soudain, brisant mes pensées. Je me redresse instinctivement, prête à affronter… je ne sais quoi. Mais ce n’est que Tasha. Elle entre doucement.— Je me suis dit que tu aurais besoin de compagnie, dit-elle avec un sourire qui se veut rassurant.Elle s’assied à côté de moi, silencieuse au début, puis elle me regarde avec cette douceur qui semble lui être naturelle.— Cassy, je sais que tout ça est… beaucoup à encaisser. Et que tu ne fais confiance à personne ici. Mais tu n’es pas seule. On est là pour toi.Je suis incapable de répondre. Est-ce que je peux leur faire confiance ? Est-ce que je veux ? Je lève les yeux vers elle, cherchant une réponse dans son regard. Tasha pose une main sur mon genou, son sourire empreint d’une tendresse sincère.— Parfois, ce n’est pas nous qui choisisso
CassySon nom claque dans l'air, éveillant quelque chose en moi. Une peur sourde mêlée à une curiosité dangereuse.— Un sorcier ? Que veux-tu?Un rire suave s'échappe de ses lèvres.— Disons que j'ai attendu ce moment depuis longtemps. Et que le destin a enfin décidé de nous réunir.Il avance d'un pas supplémentaire, et cette fois, je ne recule pas. Une part de moi veut fuir, une autre refuse de bouger.— Cassy... Tu es plus importante que tu ne le crois. Et tu as besoin de moi.Son sourire s'élargit, sombre et fascinant.— Laisse-moi te montrer qui tu es.Un grognement profond interrompt l'instant. Je sursaute et tourne la tête. Logan est là, à quelques pas de nous, torse nu, son corps encore marqué par le combat. Ses yeux, d'un bleu intense, fixent Daemon avec une hostilité brûlante.— Tiens, tu es revenu, lâche-t-il d'un ton tranchant.Daemon ne cille pas, un sourire amusé flottant sur ses lèvres.— Je vois que tu n'as pas changé, Logan. Toujours aussi... protecteur.Logan se place
Les semaines ont passé. J’ai laissé derrière moi mon ancienne vie à New York. J’ai démissionné du journal, un départ précipité qui a rendu Dimitri anxieu. Il m’a appelée encore et encore, exigeant des explications, mais je ne pouvais pas lui dire la vérité. Alors j’ai menti. Charlotte aussi, je lui cache tout, et à chaque mensonge que je prononce, une douleur sourde me serre le cœur. Mais je n’ai pas le choix, c’est pour la protéger.Ce matin, comme tous les autres, je sors de la douche, enfile un legging et un débardeur, puis attache mes cheveux en un chignon rapide. Mes muscles sont endoloris, mes bras marqués de bleus, mais je m’accroche. L’entraînement avec Logan est difficile, éprouvant, mais j’apprends vite. Je descends dans le jardin où il m’attend, torse nu, la peau luisante sous le soleil du matin. Je ne peux m’empêcher de le regarder, et il le remarque.— Tu devrais te concentrer, murmure-t-il avec un sourire en coin.— Tu dois être plus rapide, grogne-t-il en me repoussant
La nuit tombe sur Forkswood, et la maison s’apaise enfin après une journée de tension et d'entrainement. Le dîner réunit tout le monde dans la grande salle à manger, éclairée par des chandeliers vacillants. L’ambiance est animée, mais un soupçon de nervosité flotte encore dans l’air. Tasha s’installe à côté de moi, un sourire complice aux lèvres.— Tu es bien silencieuse ce soir, Cassy. Quelque chose te tracasse ?Je joue distraitement avec ma fourchette avant de soupirer.— Juste… tout ce qui se passe. J’ai l’impression d’être prise dans un tourbillon sans savoir où je vais atterrir.— Tu ne crois pas que tu es en train de trouver ta place ici ?Je relève les yeux vers elle. Tasha a toujours ce regard doux mais perçant, capable de lire à travers moi. Je veux lui dire que je ne sais plus où est ma place, que je me perds entre Logan et Daemon, entre mon passé et ce futur incertain. Mais au lieu de ça, je hoche simplement la tête. Eddy, assis en face de nous, lève son verre.— À notre n
LoganNous avons quitté Forkswood à l’aube, un petit groupe composé de guerriers expérimentés, Cassy, Daemon et moi-même. Avec nous, Tasha, qui refusait de rester en arrière et dont les talents de guérisseuse pourraient s’avérer indispensables. Julien, un éclaireur agile qui connaissait la forêt mieux que quiconque, et Sarah, une louve redoutable au tempérament aussi tranchant que ses griffes.L’air était glacial, et le silence pesait sur chacun de nous. Chacun savait que cette mission ne serait pas une simple excursion. Je pouvais sentir la tension dans les épaules de Cassy, voir la détermination dans ses yeux. Elle voulait des réponses, et nous allions peut-être enfin les obtenir.Nous roulons plusieurs heures à travers la forêt de Six Rivers, serpentant sur des routes sinueuses bordées d’arbres immenses. Les séquoias se dressent comme des piliers millénaires, leurs troncs massifs formant un tunnel naturel au-dessus de nous. La lumière du matin filtre à travers le feuillage dense, p
(Cassy)Vernius avait ôté ses mains de mes tempes. Je respirais avec difficulté, les larmes me brûlaient les joues. Un flot d'émotions se déversa en moi : la terreur, la haine, l'incompréhension, la tristesse infinie.— Elias a voulu te protéger de l’horreur de cette nuit-là, commenta Vernius, la voix sombre. Ta tante Viviane t'a épargnée à l’époque parce qu'elle te croyait sans pouvoirs, simple fille humaine.Les muscles de mon dos se contractèrent. Je revoyais ma mère, blessée, suppliant Viviane de renoncer à Kael, je revoyais mon père, tué sans un dernier mot. Toute ma jeunesse, j'avais cru être une simple orpheline. En réalité, j'étais la fille d'une sorcière Gardienne et d'un homme prêt à risquer sa vie pour la paix.Je posai la main sur mon cœur, toujours affolé.— La femme qui détenait Elias, murmurai-je, la voix brisée. C’était Viviane.Vernius hocha lentement la tête.— Maintenant que tu as retrouvé la mémoire, tu pourras affronter Kael. Mais Viviane ne fera pas deux fois la
La lumière du matin, timide et dorée, filtre à travers la verrière quand je rejoins Vernius dans le jardin d'hiver. À l'intérieur s'épanouit un fouillis de plantes séchées, d'herbes médicinales et de vieux grimoires. On eût dit un étrange laboratoire botanique, quelque chose à mi-chemin entre la serre victorienne et l'antre de l'alchimiste.— Approche, Cassy, murmure-t-il, sans même détourner les yeux du grimoire qu’il tient.D'un signe de la main, il m'indique un grand fauteuil en rotin, recouvert d'un tissu fleuri. Je m'y installe, la gorge déjà nouée par l'appréhension. Il m'a promis la vérité, mais puis-je vraiment m'y préparer ?— Ferme les yeux, respire profondément… et laisse-toi aller, souffle-t-il en se plaçant derrière moi.Ses doigts glacés touchèrent mes tempes. À cet instant, le parfum de la sauge omniprésente dans le jardin d'hiver, semble m'envelopper. Je sens comme un léger vertige et les premières images arrivent dans un tourbillon de flashs. Une maison chaleureuse,
Je rouvris les yeux au milieu de la nuit, le corps en sueur, à côté de moi, Loghan, paisible, ignorait le vertige qui s’emparait de moi. Mon esprit semblait… captif. Un chant murmuré résonnait quelque part au fond de mon crâne, une voix qui m’appelait. J'avais la bouche sèche, et cette curieuse impression que quelqu'un chuchotait mon nom, juste à la limite de l'audition.En glissant hors des draps, je découvre mes mains tremblantes. Je passai un déshabillé léger par-dessus ma peau moite et m'extirpai dans le couloir plongé dans une semi-obscurité. Mon intention était simple : me rendre à la cuisine pour un verre d'eau, histoire d'apaiser ce battement frénétique dans mes tempes.Mais à peine avait-je fait quelques pas que la voix se fit plus claire, féminine , résonnant comme un écho dans mon crâne : — Cassy… viens… rejoins moi. Une sourde intuition me soufflait qu'elle manifestait à celle de ma mère, même si je me refusais à l'admettre. Au bout du couloir, j'hésitai entre la directi
La pluie tambourinait contre les vitres teintées du SUV alors que nous roulions dans les rues de La Nouvelle-Orléans. L’odeur lourde et sucrée de la ville filtrait déjà à travers les portières. Je sentis mon cœur s’agiter dans ma poitrine, comme si chaque battement prenait la cadence fiévreuse des percussions qui résonnaient au loin dans la nuit.— Tu vas beaucoup aimé la Nouvelle Orléans Cassy, me lança Vernius en se retournant depuis le siège passager. Le vampire affichait ce sourire tranquille qui me donnait toujours l’impression d’être épiée, mise à nu.Nous nous arrêtâmes devant une façade qui semblait avoir envie de nous faire la conversation à elle seule. Un mur couleur brique, s’élevait sur trois étages, chacun enveloppé par un balcon de dentelle en fer forgé où pendaient de grasses fougères, se balançant à la moindre brise. C’était le Vieux Carré dans toute sa splendeur. Sur le trottoir, un bout de jardin — quelques fleurs tropicales délicatement entretenues, un joli tapis de
CassyJe me réveille dans un cocon de chaleur, mon corps encore engourdi des plaisirs de la nuit. Les bras de Logan m’enserrent fermement, son souffle régulier effleure ma nuque. Je frissonne. L’odeur boisée et brute de sa peau m’enveloppe, et des images torrides me reviennent en mémoire. Mon visage s’embrase.Je bouge légèrement et sens son étreinte se resserrer, un grognement profond vibrer contre ma peau. Je lève les yeux vers lui. Son regard est encore voilé par le sommeil, mais un sourire paresseux étire ses lèvres.— Bonjour, murmuré-je, la voix encore rauque.Il glisse une main sur ma hanche, son pouce caressant ma peau nue.— Bonjour mon amour...Un frisson me parcourt. Ses mots résonnent en moi avec une puissance étrange, un mélange d’envie et de tendresse. Il se penche, frôlant mes lèvres, et je me noie dans la chaleur de son baiser. C’est doux, chargé d’une affection qui me fait chavirer.Mais si je reste ici une seconde de plus, je vais me perdre à nouveau.— Je vais prend
La nuit est lourde, écrasante, comme si l’air lui-même pesait sur mes épaules. Je me tourne encore et encore dans mon lit, incapable de calmer le chaos dans ma tête. Les révélations sur les Sœurs de l’Ombre, sur cette puissance que je ne contrôle pas... Mon esprit tourne en boucle. J’ai l’impression d’être un puzzle dont les pièces ont été éparpillées, et personne n’a pris la peine de me donner l’image de départ. J’enfouis mon visage dans l’oreiller, mais le sommeil finit par m’attraper sans prévenir. Et me voilà ailleurs. Je suis debout, pieds nus, dans une clairière baignée par la lumière d’une lune si grande qu’elle en paraît irréelle. L’air est tiède, chargé de cette odeur de forêt après la pluie. C’est apaisant... jusqu’à ce que je la voie. Une silhouette se dessine parmi les arbres. Blanche, lumineuse. Majestueuse. Séléné. Elle est belle. Inhumaine. Sa voix résonne dans ma tête plus qu’elle ne traverse mes oreilles.— Cassandre.Je devrais être terrifiée. Mais une étrange chaleu
CassyJe me réveille en sursaut, le corps enfiévré, le souffle court. Le souvenir de la nuit passée me hante encore. Ses mains sur mon corps, la chaleur brûlante de son souffle contre ma peau… Logan. Un frisson me parcourt, mélange d’excitation et de honte. Je repousse les draps et me lève d’un bond. L’air frais me gifle, mais ça ne suffit pas. J’ai besoin de me calmer. Une douche froide, voilà ce qu’il me faut. L’eau glacée frappe ma peau et efface peu à peu le désir qui m’habite. Pourtant, d’autres pensées s’infiltrent. Daemon… non, Kael. L’homme que j’ai embrassé, celui qui m’a troublée d’une manière inexplicable… et qui a tué Henry. Mon cœur se serre. Comment ai-je pu ressentir cette attirance pour le meurtrier du père de l’homme qui m’est destiné, l’ami de mes parents ? Je me sens trahie par mon propre corps, égarée dans des émotions que je ne parviens plus à démêler. Après m’être habillée en vitesse, je descends les escaliers en tentant de remettre de l’ordre dans mes pensées. M
LoganJe ne sais pas exactement combien de temps je suis resté là, incapable de dormir, le regard fixé sur le plafond. Il y a quelques heures seulement, j’ai vu Cassy embrasser Daemon. Et pourtant, elle dort à présent dans la chambre voisine, comme si rien ne s’était passé. Et moi, j’ai mal. Je ferme les yeux, et l’image me revient : le mouvement de ses lèvres collées aux siennes, la courbe de son cou, et ce frisson qui parcourait son échine — ou que j’imagine parcourir son échine. — “Tu l’as laissée filer, imbécile. C'est de ta faute.”La voix de Néos, mon loup, résonne dans mon esprit comme un grondement qui m’écorche la poitrine.— “Je ne voulais pas la brusquer.”Même dans ma tête, ma défense sonne pathétique. J’ai choisi de garder mes distances pour la protéger, et voilà où ça nous a menés.— “Tu aurais dû la réclamer… ou au moins lui dire ce que tu ressens. Au lieu de ça, tu t’es terré dans ton coin, comme un louveteau blessé.”Je sens la colère me saisir. Contre moi-même. Con
CassyJe me croyais lucide, pourtant j’ai l’impression de marcher dans un brouillard épais. Depuis notre retour à Forkwoods, je sens Daemon devenir presque… incontournable. Il a pris une balle pour me protéger, il aurait pu fuir, mais il est resté. Alors, évidemment, j’ai voulu le remercier, le connaître, comprendre l’homme sous l’armure de sarcasmes. Peu à peu, il a pris de la place dans mon esprit. Plus que je ne l’aurais pensé, plus que je ne l’aurais voulu.Il y a pourtant quelque chose qui résiste en moi. Quelque chose qui rappelle Logan… Logan et le lien indescriptible qui nous unit. Mon cœur bat plus fort à l’évocation de son nom, comme un rappel que je l’aime différemment, plus profondément. Mais Logan se renferme depuis notre retour. Il me regarde à peine, comme s’il s’interdisait de me parler. Et ce soir, il a même frappé Daemon, sous mes yeux.Au fond de moi, je comprends sa colère. Pourtant, je n’ai pas choisi d’être attirée par Daemon : c’est une curiosité malsaine, un ma