Les semaines ont passé. J’ai laissé derrière moi mon ancienne vie à New York. J’ai démissionné du journal, un départ précipité qui a rendu Dimitri anxieu. Il m’a appelée encore et encore, exigeant des explications, mais je ne pouvais pas lui dire la vérité. Alors j’ai menti. Charlotte aussi, je lui cache tout, et à chaque mensonge que je prononce, une douleur sourde me serre le cœur. Mais je n’ai pas le choix, c’est pour la protéger.
Ce matin, comme tous les autres, je sors de la douche, enfile un legging et un débardeur, puis attache mes cheveux en un chignon rapide. Mes muscles sont endoloris, mes bras marqués de bleus, mais je m’accroche. L’entraînement avec Logan est difficile, éprouvant, mais j’apprends vite. Je descends dans le jardin où il m’attend, torse nu, la peau luisante sous le soleil du matin. Je ne peux m’empêcher de le regarder, et il le remarque.
— Tu devrais te concentrer, murmure-t-il avec un sourire en coin.
— Tu dois être plus rapide, grogne-t-il en me repoussant au sol.
Je serre les dents, le regard brûlant. Je refuse d’être une proie. Je me relève et fonce vers lui, mais Logan anticipe mon mouvement. En une fraction de seconde, il me saisit par le bras, pivote, et d’un balayage précis, me fait basculer au sol.
L’impact me coupe le souffle, et avant que je ne puisse réagir, il est déjà au-dessus de moi, son torse nu effleurant mon débardeur trempé de sueur. Ses mains plaquent mes poignets contre l’herbe humide, et ses yeux bleus, brûlants d’intensité, captent les miens.
— Tu dois apprendre à mieux lire mes mouvements, murmure-t-il, son souffle chaud caressant ma joue.
Je déglutis difficilement. L’air se charge d’une tension électrique, un mélange de défi et de quelque chose de plus dangereux encore. Son odeur de pin et de musc m’enveloppe, et mon cœur bat à tout rompre. Mon regard glisse involontairement vers sa bouche, et je sens son corps se raidir légèrement.
— Cassy…
Sa voix est rauque, presque hésitante. Son poids, son regard, sa proximité… Tout devient insupportable et terriblement attirant à la fois. Mon souffle s’accélère, et je perds toute notion du temps.
— Vous avez fini de jouer ?
La voix moqueuse de Daemon brise l’instant.
Logan recule immédiatement, relâchant mes poignets alors qu’il se redresse.
— C’est mon tour, annonce Daemon en s’approchant lentement, un sourire amusé aux lèvres.
Je reste au sol, encore troublée par ce qui vient de se passer. Logan, lui, me tend une main pour m’aider à me relever, mais son regard s’est refermé, comme s’il tentait de reprendre le contrôle.
Daemon me fixe, son expression indéchiffrable.
— J’aime te voir en sueur, mais je t’attends pour notre leçon dans la bibliothèque dans 20 minutes.
Sous la douche, l’eau chaude ruisselle sur ma peau, apaisant mes muscles endoloris. Je ferme les yeux et, malgré moi, mon esprit dérive. Je l’imagine. Logan. Ses mains sur moi, son souffle contre ma nuque, son torse brûlant pressé contre le mien. Mon ventre se serre sous l’intensité de cette vision irréaliste. Une chaleur, bien différente de celle de l’eau, me consume.
Je me ressaisis brusquement, secouant la tête comme si cela pouvait effacer les images qui me hantent. Ce n’est pas le moment. Je soupire, ferme le robinet et sors de la douche.
Enfilant un jean et un pull confortable, j’attache mes cheveux en un chignon rapide avant de me diriger vers la bibliothèque où Daemon m’attend.
La pièce est immense, avec des étagères en bois sombre s’élevant jusqu’au plafond. L’odeur du cuir ancien et de la cire flotte dans l’air. Un feu crépite dans l’âtre, projetant des ombres vacillantes sur les murs tapissés de livres. Daemon est là, appuyé négligemment contre une table massive, un sourire amusé sur les lèvres.
— Te voilà enfin, murmure-t-il en me scrutant de ses yeux perçants.
— Pardon de t’avoir fait attendre, j’ai pris mon temps. Mon corps est endolori, rétorqué-je, tentant de masquer mon trouble.
— Cela m’a semblé une éternité.
Son ton est moqueur, charmeur, et cela me désarme plus que je ne veux l’admettre.
— Par quoi commence t'on aujourd'hui?
Il se redresse et s’approche lentement de moi.
— Aujourd’hui, je vais t’apprendre à canaliser l’énergie autour de toi et à la modeler selon ta volonté. Ce n’est pas seulement une question de force, mais d’équilibre. Ferme les yeux, concentre-toi.
Je m’exécute, tentant d’ignorer sa proximité troublante.
— Maintenant, écoute ton corps. Sens l’air autour de toi, la chaleur du feu, les vibrations subtiles du monde qui t’entoure. La magie ne se maîtrise pas, elle s’accepte.
Sa voix est un murmure contre ma peau, et je lutte pour ne pas me laisser distraire.
— Respire, Cassy. Laisse-la venir à toi.
Une pulsation, légère mais bien présente, vibre sous ma peau. Comme un courant électrique.
Daemon pose une main sur mon bras.
— Tu la ressens ?
Je hoche la tête, incapable de parler. Il sourit, satisfait, avant de murmurer :
— Maintenant, voyons ce que tu es capable de faire.
Et je sais que cette leçon sera bien plus éprouvante que je ne l’imaginais.
— Ressens l’énergie, Cassy, murmure-t-il en se plaçant derrière moi. Sa main frôle mon bras, et un frisson me parcourt l’échine. La magie n’est pas une force brute. C’est un courant que tu dois diriger.
Son souffle effleure ma nuque et mon cœur tambourine contre ma poitrine. Je ferme les yeux et tente de me concentrer, mais tout en lui est une distraction. Une tentation. Et il le sait. L’énergie vibre en moi, s’amplifie à chaque respiration. Une chaleur liquide coule le long de ma colonne, s’étend dans mon ventre, monte au creux de mes reins, et je sens cette puissance brute, inexplorée, se déployer comme une vague prête à tout engloutir. Je frissonne, incapable de déterminer si c’est l’excitation de la découverte ou la proximité troublante de Daemon qui me fait perdre pied.
— C’est bien, souffle-t-il, sa voix grave effleurant ma peau. Maintenant, contrôle-la. Guide-la.
Ses doigts frôlent ma nuque, une caresse infime qui enflamme chaque nerf sous ma peau. Mon souffle s’accélère, mon corps oscille entre la tension et l’abandon. J’ai envie de plus. D’un coup, l’énergie pulse plus fort et s’échappe, une décharge invisible qui fait trembler les étagères autour de nous.
Daemon recule brusquement et claque des doigts. L’énergie retombe aussitôt, me laissant vide, pantelante.
— La leçon est terminée, annonce-t-il d’un ton neutre, comme si rien ne venait de se passer.
Je reste figée, abasourdie, les bras le long du corps.
— Quoi ? Mais…
Un sourire en coin éclaire son visage tandis qu’il s’éloigne vers la porte.
— Repose-toi, Cassy. Demain, on poussera un peu plus loin.
Il disparaît avant que je puisse protester, me laissant seule au milieu de la bibliothèque, le cœur battant trop vite et l’adrénaline brûlante sous ma peau.
La nuit tombe sur Forkswood, et la maison s’apaise enfin après une journée de tension et d'entrainement. Le dîner réunit tout le monde dans la grande salle à manger, éclairée par des chandeliers vacillants. L’ambiance est animée, mais un soupçon de nervosité flotte encore dans l’air. Tasha s’installe à côté de moi, un sourire complice aux lèvres.— Tu es bien silencieuse ce soir, Cassy. Quelque chose te tracasse ?Je joue distraitement avec ma fourchette avant de soupirer.— Juste… tout ce qui se passe. J’ai l’impression d’être prise dans un tourbillon sans savoir où je vais atterrir.— Tu ne crois pas que tu es en train de trouver ta place ici ?Je relève les yeux vers elle. Tasha a toujours ce regard doux mais perçant, capable de lire à travers moi. Je veux lui dire que je ne sais plus où est ma place, que je me perds entre Logan et Daemon, entre mon passé et ce futur incertain. Mais au lieu de ça, je hoche simplement la tête. Eddy, assis en face de nous, lève son verre.— À notre n
LoganNous avons quitté Forkswood à l’aube, un petit groupe composé de guerriers expérimentés, Cassy, Daemon et moi-même. Avec nous, Tasha, qui refusait de rester en arrière et dont les talents de guérisseuse pourraient s’avérer indispensables. Julien, un éclaireur agile qui connaissait la forêt mieux que quiconque, et Sarah, une louve redoutable au tempérament aussi tranchant que ses griffes.L’air était glacial, et le silence pesait sur chacun de nous. Chacun savait que cette mission ne serait pas une simple excursion. Je pouvais sentir la tension dans les épaules de Cassy, voir la détermination dans ses yeux. Elle voulait des réponses, et nous allions peut-être enfin les obtenir.Nous roulons plusieurs heures à travers la forêt de Six Rivers, serpentant sur des routes sinueuses bordées d’arbres immenses. Les séquoias se dressent comme des piliers millénaires, leurs troncs massifs formant un tunnel naturel au-dessus de nous. La lumière du matin filtre à travers le feuillage dense, p
LoganLe lendemain, après une nuit courte et agitée, nous reprenons la route à l’aube. Le feu s’est éteint depuis longtemps, et l’humidité matinale rend l’air encore plus pesant. La tension est palpable. Personne ne parle vraiment, chacun se préparant mentalement à ce qui nous attend.— Il nous reste une bonne heure de marche, dis-je en resserrant les sangles de mon sac. Nous allons remonter la rivière. Elias devrait se trouver dans un ancien hameau abandonné, un peu plus haut.Les autres acquiescent en silence. Nous progressons en file indienne, longeant le cours d’eau dont le bruissement accompagne nos pas. Le paysage est sauvage, majestueux. Des arbres centenaires s’élèvent autour de nous, leurs racines déformant le sol accidenté. L’air est chargé d’odeurs de terre humide, de sève et d’écorce brûlée par le soleil.Là-bas, dans l’ombre des montagnes, se dessine notre destination. Les ruines d’un ancien hameau apparaissent entre les troncs massifs, envahies par la végétation. Des bât
LoganNous nous précipitons à l’intérieur d’une vieille grange, et mon cœur rate un battement en voyant Elias. Il est attaché, affaibli, son corps couvert d’ecchymoses et de plaies ouvertes. Son souffle est saccadé, sa peau glacée.Cassy tombe à genoux près de lui, le libérant de ses liens avec des gestes précipités.— Elias ! Elias, reste avec nous !Ses paupières s’entrouvrent, et lorsqu’il aperçoit Cassy, un sourire faible éclaire son visage.— Cassy… tu es venue…Son regard brille d’une lueur de soulagement et d’urgence mêlés. Il sait qu’il est mourant, et il sait qu’il doit parler avant qu’il ne soit trop tard.— Écoute-moi… il faut que tu saches… murmure-t-il d’une voix brisée.Nous nous penchons tous autour de lui alors qu’il commence à nous raconter tout ce qu’il sait. Son souffle est court, saccadé, mais son regard reste rivé sur Cassy.— Il y a très longtemps, commence-t-il, la nuit appartenait à deux divinités. Séléné, la lumière froide et distante de la Lune, et Kael, l’om
Logan Le retour à Forkwoods s’est fait dans un silence de plomb. La mort d’Elias, ses révélations… tout cela laissait un vide que personne n’osait combler. Cassy, le visage fermé et la voix éteinte, veillait Daemon jour et nuit. Il était blessé et la douleur le rendait plus charmeur encore, si tant est que ce soit possible. Chaque jour, elle l’aidait à marcher dans le jardin ou lui lisait de vieux grimoires, perdant au passage un peu de sa lucidité. Elle riait à ses plaisanteries, accueillait ses bouquets de fleurs d’un sourire radieux. Et moi, j’observais la scène, impuissant à endiguer ce qui ressemblait à une fatalité cruelle. Tout en moi s’agitait, mon loup hurlant, mon orgueil en miettes. Daemon prenait une place de plus en plus grande dans l’esprit de Cassy, insinuant que je n’étais qu’un jouet du destin, un pantin programmé pour l’aimer. Il répétait que mes sentiments n’étaient pas réels, que je n’avais pas choisi de l’aimer. Pire encore, elle commençait à le croire… ou, du mo
LoganLe soir venu, la grande salle à manger de Forkwoods se para de nappes immaculées et de chandeliers rutilants. Les ombres sur les murs semblaient danser au rythme d’une musique silencieuse, créant une atmosphère feutrée et vaguement inquiétante. Cassy, l’air étrangement serein malgré la fatigue qui tirait ses traits, installa Daemon au bout de la table, à la place d’honneur. Tasha et moi, tapis à l’opposé comme deux comploteurs maladroits, échangions des regards nerveux.— C’est drôle, lança Julien en s’asseyant, comme on se donne l’illusion d’une trêve, juste pour un repas.Cassy leva alors son verre, radieuse :— À la vie, qui continue malgré tout.Daemon, grimaçant à peine de sa blessure, prit le verre que Cassy lui offrait. Celui. Avec la fiole. Je sentis mon cœur tambouriner contre mes côtes tandis qu’il le portait à ses lèvres. Il but sans méfiance, inconscient du piège qui s’était refermé sur lui. Tasha m’envoya un discret coup de coude : tout se déroulait selon notre plan
CassyJe me croyais lucide, pourtant j’ai l’impression de marcher dans un brouillard épais. Depuis notre retour à Forkwoods, je sens Daemon devenir presque… incontournable. Il a pris une balle pour me protéger, il aurait pu fuir, mais il est resté. Alors, évidemment, j’ai voulu le remercier, le connaître, comprendre l’homme sous l’armure de sarcasmes. Peu à peu, il a pris de la place dans mon esprit. Plus que je ne l’aurais pensé, plus que je ne l’aurais voulu.Il y a pourtant quelque chose qui résiste en moi. Quelque chose qui rappelle Logan… Logan et le lien indescriptible qui nous unit. Mon cœur bat plus fort à l’évocation de son nom, comme un rappel que je l’aime différemment, plus profondément. Mais Logan se renferme depuis notre retour. Il me regarde à peine, comme s’il s’interdisait de me parler. Et ce soir, il a même frappé Daemon, sous mes yeux.Au fond de moi, je comprends sa colère. Pourtant, je n’ai pas choisi d’être attirée par Daemon : c’est une curiosité malsaine, un ma
LoganJe ne sais pas exactement combien de temps je suis resté là, incapable de dormir, le regard fixé sur le plafond. Il y a quelques heures seulement, j’ai vu Cassy embrasser Daemon. Et pourtant, elle dort à présent dans la chambre voisine, comme si rien ne s’était passé. Et moi, j’ai mal. Je ferme les yeux, et l’image me revient : le mouvement de ses lèvres collées aux siennes, la courbe de son cou, et ce frisson qui parcourait son échine — ou que j’imagine parcourir son échine. — “Tu l’as laissée filer, imbécile. C'est de ta faute.”La voix de Néos, mon loup, résonne dans mon esprit comme un grondement qui m’écorche la poitrine.— “Je ne voulais pas la brusquer.”Même dans ma tête, ma défense sonne pathétique. J’ai choisi de garder mes distances pour la protéger, et voilà où ça nous a menés.— “Tu aurais dû la réclamer… ou au moins lui dire ce que tu ressens. Au lieu de ça, tu t’es terré dans ton coin, comme un louveteau blessé.”Je sens la colère me saisir. Contre moi-même. Con
(Cassy)Vernius avait ôté ses mains de mes tempes. Je respirais avec difficulté, les larmes me brûlaient les joues. Un flot d'émotions se déversa en moi : la terreur, la haine, l'incompréhension, la tristesse infinie.— Elias a voulu te protéger de l’horreur de cette nuit-là, commenta Vernius, la voix sombre. Ta tante Viviane t'a épargnée à l’époque parce qu'elle te croyait sans pouvoirs, simple fille humaine.Les muscles de mon dos se contractèrent. Je revoyais ma mère, blessée, suppliant Viviane de renoncer à Kael, je revoyais mon père, tué sans un dernier mot. Toute ma jeunesse, j'avais cru être une simple orpheline. En réalité, j'étais la fille d'une sorcière Gardienne et d'un homme prêt à risquer sa vie pour la paix.Je posai la main sur mon cœur, toujours affolé.— La femme qui détenait Elias, murmurai-je, la voix brisée. C’était Viviane.Vernius hocha lentement la tête.— Maintenant que tu as retrouvé la mémoire, tu pourras affronter Kael. Mais Viviane ne fera pas deux fois la
La lumière du matin, timide et dorée, filtre à travers la verrière quand je rejoins Vernius dans le jardin d'hiver. À l'intérieur s'épanouit un fouillis de plantes séchées, d'herbes médicinales et de vieux grimoires. On eût dit un étrange laboratoire botanique, quelque chose à mi-chemin entre la serre victorienne et l'antre de l'alchimiste.— Approche, Cassy, murmure-t-il, sans même détourner les yeux du grimoire qu’il tient.D'un signe de la main, il m'indique un grand fauteuil en rotin, recouvert d'un tissu fleuri. Je m'y installe, la gorge déjà nouée par l'appréhension. Il m'a promis la vérité, mais puis-je vraiment m'y préparer ?— Ferme les yeux, respire profondément… et laisse-toi aller, souffle-t-il en se plaçant derrière moi.Ses doigts glacés touchèrent mes tempes. À cet instant, le parfum de la sauge omniprésente dans le jardin d'hiver, semble m'envelopper. Je sens comme un léger vertige et les premières images arrivent dans un tourbillon de flashs. Une maison chaleureuse,
Je rouvris les yeux au milieu de la nuit, le corps en sueur, à côté de moi, Loghan, paisible, ignorait le vertige qui s’emparait de moi. Mon esprit semblait… captif. Un chant murmuré résonnait quelque part au fond de mon crâne, une voix qui m’appelait. J'avais la bouche sèche, et cette curieuse impression que quelqu'un chuchotait mon nom, juste à la limite de l'audition.En glissant hors des draps, je découvre mes mains tremblantes. Je passai un déshabillé léger par-dessus ma peau moite et m'extirpai dans le couloir plongé dans une semi-obscurité. Mon intention était simple : me rendre à la cuisine pour un verre d'eau, histoire d'apaiser ce battement frénétique dans mes tempes.Mais à peine avait-je fait quelques pas que la voix se fit plus claire, féminine , résonnant comme un écho dans mon crâne : — Cassy… viens… rejoins moi. Une sourde intuition me soufflait qu'elle manifestait à celle de ma mère, même si je me refusais à l'admettre. Au bout du couloir, j'hésitai entre la directi
La pluie tambourinait contre les vitres teintées du SUV alors que nous roulions dans les rues de La Nouvelle-Orléans. L’odeur lourde et sucrée de la ville filtrait déjà à travers les portières. Je sentis mon cœur s’agiter dans ma poitrine, comme si chaque battement prenait la cadence fiévreuse des percussions qui résonnaient au loin dans la nuit.— Tu vas beaucoup aimé la Nouvelle Orléans Cassy, me lança Vernius en se retournant depuis le siège passager. Le vampire affichait ce sourire tranquille qui me donnait toujours l’impression d’être épiée, mise à nu.Nous nous arrêtâmes devant une façade qui semblait avoir envie de nous faire la conversation à elle seule. Un mur couleur brique, s’élevait sur trois étages, chacun enveloppé par un balcon de dentelle en fer forgé où pendaient de grasses fougères, se balançant à la moindre brise. C’était le Vieux Carré dans toute sa splendeur. Sur le trottoir, un bout de jardin — quelques fleurs tropicales délicatement entretenues, un joli tapis de
CassyJe me réveille dans un cocon de chaleur, mon corps encore engourdi des plaisirs de la nuit. Les bras de Logan m’enserrent fermement, son souffle régulier effleure ma nuque. Je frissonne. L’odeur boisée et brute de sa peau m’enveloppe, et des images torrides me reviennent en mémoire. Mon visage s’embrase.Je bouge légèrement et sens son étreinte se resserrer, un grognement profond vibrer contre ma peau. Je lève les yeux vers lui. Son regard est encore voilé par le sommeil, mais un sourire paresseux étire ses lèvres.— Bonjour, murmuré-je, la voix encore rauque.Il glisse une main sur ma hanche, son pouce caressant ma peau nue.— Bonjour mon amour...Un frisson me parcourt. Ses mots résonnent en moi avec une puissance étrange, un mélange d’envie et de tendresse. Il se penche, frôlant mes lèvres, et je me noie dans la chaleur de son baiser. C’est doux, chargé d’une affection qui me fait chavirer.Mais si je reste ici une seconde de plus, je vais me perdre à nouveau.— Je vais prend
La nuit est lourde, écrasante, comme si l’air lui-même pesait sur mes épaules. Je me tourne encore et encore dans mon lit, incapable de calmer le chaos dans ma tête. Les révélations sur les Sœurs de l’Ombre, sur cette puissance que je ne contrôle pas... Mon esprit tourne en boucle. J’ai l’impression d’être un puzzle dont les pièces ont été éparpillées, et personne n’a pris la peine de me donner l’image de départ. J’enfouis mon visage dans l’oreiller, mais le sommeil finit par m’attraper sans prévenir. Et me voilà ailleurs. Je suis debout, pieds nus, dans une clairière baignée par la lumière d’une lune si grande qu’elle en paraît irréelle. L’air est tiède, chargé de cette odeur de forêt après la pluie. C’est apaisant... jusqu’à ce que je la voie. Une silhouette se dessine parmi les arbres. Blanche, lumineuse. Majestueuse. Séléné. Elle est belle. Inhumaine. Sa voix résonne dans ma tête plus qu’elle ne traverse mes oreilles.— Cassandre.Je devrais être terrifiée. Mais une étrange chaleu
CassyJe me réveille en sursaut, le corps enfiévré, le souffle court. Le souvenir de la nuit passée me hante encore. Ses mains sur mon corps, la chaleur brûlante de son souffle contre ma peau… Logan. Un frisson me parcourt, mélange d’excitation et de honte. Je repousse les draps et me lève d’un bond. L’air frais me gifle, mais ça ne suffit pas. J’ai besoin de me calmer. Une douche froide, voilà ce qu’il me faut. L’eau glacée frappe ma peau et efface peu à peu le désir qui m’habite. Pourtant, d’autres pensées s’infiltrent. Daemon… non, Kael. L’homme que j’ai embrassé, celui qui m’a troublée d’une manière inexplicable… et qui a tué Henry. Mon cœur se serre. Comment ai-je pu ressentir cette attirance pour le meurtrier du père de l’homme qui m’est destiné, l’ami de mes parents ? Je me sens trahie par mon propre corps, égarée dans des émotions que je ne parviens plus à démêler. Après m’être habillée en vitesse, je descends les escaliers en tentant de remettre de l’ordre dans mes pensées. M
LoganJe ne sais pas exactement combien de temps je suis resté là, incapable de dormir, le regard fixé sur le plafond. Il y a quelques heures seulement, j’ai vu Cassy embrasser Daemon. Et pourtant, elle dort à présent dans la chambre voisine, comme si rien ne s’était passé. Et moi, j’ai mal. Je ferme les yeux, et l’image me revient : le mouvement de ses lèvres collées aux siennes, la courbe de son cou, et ce frisson qui parcourait son échine — ou que j’imagine parcourir son échine. — “Tu l’as laissée filer, imbécile. C'est de ta faute.”La voix de Néos, mon loup, résonne dans mon esprit comme un grondement qui m’écorche la poitrine.— “Je ne voulais pas la brusquer.”Même dans ma tête, ma défense sonne pathétique. J’ai choisi de garder mes distances pour la protéger, et voilà où ça nous a menés.— “Tu aurais dû la réclamer… ou au moins lui dire ce que tu ressens. Au lieu de ça, tu t’es terré dans ton coin, comme un louveteau blessé.”Je sens la colère me saisir. Contre moi-même. Con
CassyJe me croyais lucide, pourtant j’ai l’impression de marcher dans un brouillard épais. Depuis notre retour à Forkwoods, je sens Daemon devenir presque… incontournable. Il a pris une balle pour me protéger, il aurait pu fuir, mais il est resté. Alors, évidemment, j’ai voulu le remercier, le connaître, comprendre l’homme sous l’armure de sarcasmes. Peu à peu, il a pris de la place dans mon esprit. Plus que je ne l’aurais pensé, plus que je ne l’aurais voulu.Il y a pourtant quelque chose qui résiste en moi. Quelque chose qui rappelle Logan… Logan et le lien indescriptible qui nous unit. Mon cœur bat plus fort à l’évocation de son nom, comme un rappel que je l’aime différemment, plus profondément. Mais Logan se renferme depuis notre retour. Il me regarde à peine, comme s’il s’interdisait de me parler. Et ce soir, il a même frappé Daemon, sous mes yeux.Au fond de moi, je comprends sa colère. Pourtant, je n’ai pas choisi d’être attirée par Daemon : c’est une curiosité malsaine, un ma