Logan
Tasha et Cassy quittent la pièce, laissant derrière elles un silence lourd. Mon cœur bat la chamade. Comment lui dire ce que je viens de découvrir ? Eddy s’approche de moi, ses yeux trahissant son inquiétude.
— Loghan, qu’est-ce qui se passe ? demande-t-il, posant une main rassurante sur mon épaule.
Je prends une profonde inspiration, sentant l’adrénaline monter.
— Eddy, je... Cassy est spéciale. Bien plus que ce que je pensais. Elle est... ma compagne.
Eddy fronce les sourcils, ne comprenant pas.
— Mais elle est humaine, Logan. Comment c’est possible ? Qu’ a dit ton loup?
Je secoue la tête, frustré.
— Néos en est sûr. Il la veut, d’une manière viscérale, primaire, sans compromis. C’est plus qu’une attirance. J’ai dû lutter contre lui et l’empêcher de prendre le contrôle pour ne pas qu’il se jette sur elle.
Je ferme les yeux un instant, et repense à son odeur enivrante de miel et de rose. Je sens son impatience vibrer dans mes veines. Il tourne en rond dans ma tête, furieux que je le retienne. Pour lui, c’est déjà décidé : Cassy est sienne. Peu importe qu’elle soit humaine, peu importe qu’elle ignore tout de notre monde. Elle est à nous. À moi.
Ma mâchoire se contracte, mon corps tout entier tendu dans cet effort de maîtrise. À ce moment précis, la porte s’ouvre brusquement. Me Swan entre, son regard sérieux balayant la pièce.
— Loghan, Eddy. Cassy est-elle instalée? Êtes-vous prêt ? — demande-t-il, sa voix empreinte d’une gravité inhabituelle.
J’acquiesce, et nous nous dirigeons vers la salle à manger. Je sens son parfum avant même qu’elle n’ouvre la porte. Ce mélange de miel et de rose, doux et envoûtant, s’accroche à mes sens, m’empoisonne d’une faim viscérale. Puis elle apparaît. Elle est magnifique. Trop belle. Trop tentante. Ses longs cheveux blonds tombent en cascade sur ses épaules, des mèches soyeuses qui captent la lumière et la renvoient en éclats dorés. Ses yeux vert en amande me scrutent avec une intensité troublante, comme si elle lisait en moi sans même en avoir conscience. Son petit nez retroussé lui donne un air à la fois mutin et délicat, un équilibre parfait entre l’innocence et la provocation. Et puis sa bouche… Mon regard s’y attarde un peu trop longtemps. Des lèvres pleines, charnues, dessinées pour être embrassées, mordues. Mon loup gronde dans mon crâne, avide, furieux de la distance que je m’impose. Son corps est une tentation à lui seul. Des formes généreuses, une courbe de hanche qui appelle mes mains, une poitrine qui se soulève au rythme de sa respiration, juste sous mon nez. Je lutte pour garder mon calme et serre les points. Me Swan prend place à la table, une enveloppe à la main. Il nous invite à nous assoir.
— Mlle Read, Henry a laissé une lettre à votre intention. Elle explique certains… secrets. C’est assez délicat. Voulez-vous la lire maintenant ?
— J’ai la tête qui tourne. S’il vous plaît, dites-moi ce qu’il y a à savoir, j’en ai assez de tous ses mystères.
Je la regarde avec tendresse.
—Tout ne sera pas facile à entendre, je préfère vous prevenir.
Me Swan ouvre l’enveloppe et commence à lire. Sa voix est claire, chaque mot résonne dans la pièce.
Ma douce Cassy,
Si tu lis cette lettre, c’est que je ne suis plus là pour veiller sur toi. Je suis désolé. Désolé de t’avoir caché la vérité, désolé de t’avoir laissé affronter tout cela seule. J’aurais voulu être à tes côtés pour t’expliquer chaque chose, mais le destin en a décidé autrement.
Je ne t’ai pas seulement aimée comme une fille, je t’ai protégée de forces que tu ne pouvais pas encore comprendre. J’étais l’Alpha de la meute Blackwood, et maintenant, Logan en est le chef. Il t’aidera, il t’aimera comme tu le mérites, mais tu dois aussi être forte.
Tes parents n’ont pas eu un accident. Ils ont été assassinés. Ils savaient quelque chose, quelque chose qui te concerne. Tu es la clé, Cassy. Il existe un savoir ancien qui se transmet depuis des siècles et qui repose en toi. Certains voudront t’utiliser, d’autres voudront te détruire. Kael est réveillé, et il te veut auprés de lui. Ne fais confiance qu’à Logan.
Trouvez Elias Morgan. Il était un ami de tes parents, un sorcier indépendant qui n’a jamais pris parti dans les guerres de clans. Il a les réponses que tu cherches. Il sait ce que tu es et ce que cela signifie. Trouve-le. Il est peut-être le dernier à pouvoir t’aider.
Le danger rôde déjà, il peut être caché parmi nous. Ne baisse jamais ta garde. Mais surtout, n’oublie jamais que, quoi qu’il arrive, tu es forte. Tu es capable de bien plus que tu ne le crois.
Avec tout mon amour,
Henry
Un silence pesant s’installe. Cassy éclate de rire.— Vous vous moquez tous de moi ? — demande-t-elle, confusée.
Je serre les dents, réalisant qu’elle ne comprend pas encore.
— Ce n’est pas une blague, Cassy. Henry a été assassiné par des loups-garous fidèles à Kael. Ils veulent le réveiller, et ils te veulent toi. Une guerre se prépare.
Ses yeux s’élargissent de terreur.
— Ok je suis tombée chez des fous.
Paniquée, elle se lève brusquement et se dirige vers la porte.
Je me lève à mon tour, tentant de la retenir.
— Cassy! Reflechis ! Pourquoi n’as-tu aucun souvenir d’avant tes 6 ans? Je comprends ta colère. Mais il faut nous croire. Tes parents sont morts en empéchant des sorciers de libérer Kael.
— C’est absurde. Tout le monde m’a toujours dit que…
— C’était pour te protéger. On t’a menti pour t’épargner un danger bien plus grand.
Ses mains tremblent. Elle n’arrive pas à assimiler. C’est trop. Beaucoup trop.
— Vous êtes en plein délire! C’est qui ce Kael? Des loups garou? Sérieusement? Je suis une journaliste o.r.d.i.n.a.i.r.e, pas un personnage de conte ou je ne sais quoi.
Me Swan s’avance vers elle.
— La guerre a déjà fait des ravages. Vos parents, Evlyne et Nathaniel, se sont sacrifiés pour éviter que Kael, ne mette la main sur vous. Maintenant qu’Henry est parti, vous êtes exposée. Vous devez faire confiance à Loghan.
Elle recule d’un pas, les larmes lui montant aux yeux. Ses jambes flageolent.
— Assez. Je… j’ai besoin de prendre l’air. Laissez-moi tranquille.
Elle sors de la pièce comme une furie, sous nos regards impuissants.
— Cassy attend!
Mais elle ne m’écoute pas. Elle se précipite dans le jardin vers les bois adjacents, disparaissant rapidement dans l’obscurité. Mon cœur se serre. Je veux la suivre, la protéger, mais Eddy intervient.
— Logan, laisse-la respirer. Elle a besoin de temps.
Je regarde Eddy, hésitant.
— Mais elle est en danger, Eddy. Si elle part, je ne sais pas où elle ira.
Eddy pose une main ferme sur mon épaule.
— Il faut lui laisser l’espace nécessaire de prendre ses propres décisions. Elle ne peut pas fuir bien loin.
Je hoche la tête, bien que mon esprit soit en proie au chaos. Me Swan s’avance, son regard empreint de compassion.
— La prophétie ne peut pas attendre.
Je prends une profonde inspiration, rassemblant mon courage.
— Tu as raison. Nous devons agir rapidement. Pour Cassy, pour notre meute.
Eddy acquiesce. La nuit tombe sur Forks Wood, et l’air est chargé d’une tension palpable. Je sais que notre lutte ne fait que commencer.
CassyJe sors en trombe de la maison, l’air glacial de la nuit me fouette le visage. Mon cœur bat à tout rompre, mes jambes tremblent, mais je n’arrête pas. Chaque fibre de mon être hurle de fuir cet endroit. Tout semble irréel : loups-garous, prophétie, mes parents… Mon esprit tourne comme une toupie incontrôlable. Je suis en plein délire. Le gravier crisse sous mes bottines alors que je traverse le jardin à grandes enjambées. Quelques gardes me jettent des regards furtifs, mais personne ne bouge. Tant mieux. Je n’ai pas besoin de me battre pour ma liberté. Et puis c’est quoi cette histoire de garde! Il faut que je quitte cette endroit. Je m’enfonce dans la forêt. La lumière douce de la maison disparaît derrière moi, remplacée par une obscurité oppressante. Les arbres sont gigantesques, leurs branches enchevêtrées créant un plafond vivant au-dessus de ma tête. L’air est lourd, saturé d’une odeur de mousse humide et de bois. Les bruits de la nuit m’encerclent : le bruissement des feui
CassyJe me réveille en sursaut, mon corps encore engourdi. Un rayon de lumière filtré par les rideaux caresse doucement mon visage. Il me faut quelques secondes pour me rappeler où je suis. Logan est toujours là, assis dans le fauteuil face à moi. Il est appuyé contre l’accoudoir, son menton dans la paume de sa main, ses yeux bleus scrutant l’horizon invisible vers l’extérieur. Une partie de moi veut lui parler, poser mille questions, mais une autre hésite. Comment fait-il pour dégager une telle sérénité tout en me rendant folle intérieurement ? Je bouge légèrement, et son regard glisse immédiatement vers moi, attentif.— Tu devrais encore dormir, murmure-t-il.— Je vais bien, dis-je d’une voix rauque.Il arque un sourcil. Je sens qu’il ne croit pas une seconde à ma tentative de bravade. Moi non plus, d’ailleurs. Mon épaule me lance encore, et mon corps est lourd comme si j’avais traversé un champ de bataille. Ce qui, techniquement, n’est pas totalement faux.— Aria a dit que tu devr
CassyJe reste assise sur le bord du lit, fixant la porte. L’envie de fuir me ronge, mais ma raison me retient. Cette fois, je sais que courir serait inutile. Où irais-je ? La poignée de la porte tourne soudain, brisant mes pensées. Je me redresse instinctivement, prête à affronter… je ne sais quoi. Mais ce n’est que Tasha. Elle entre doucement.— Je me suis dit que tu aurais besoin de compagnie, dit-elle avec un sourire qui se veut rassurant.Elle s’assied à côté de moi, silencieuse au début, puis elle me regarde avec cette douceur qui semble lui être naturelle.— Cassy, je sais que tout ça est… beaucoup à encaisser. Et que tu ne fais confiance à personne ici. Mais tu n’es pas seule. On est là pour toi.Je suis incapable de répondre. Est-ce que je peux leur faire confiance ? Est-ce que je veux ? Je lève les yeux vers elle, cherchant une réponse dans son regard. Tasha pose une main sur mon genou, son sourire empreint d’une tendresse sincère.— Parfois, ce n’est pas nous qui choisisso
CassySon nom claque dans l'air, éveillant quelque chose en moi. Une peur sourde mêlée à une curiosité dangereuse.— Un sorcier ? Que veux-tu?Un rire suave s'échappe de ses lèvres.— Disons que j'ai attendu ce moment depuis longtemps. Et que le destin a enfin décidé de nous réunir.Il avance d'un pas supplémentaire, et cette fois, je ne recule pas. Une part de moi veut fuir, une autre refuse de bouger.— Cassy... Tu es plus importante que tu ne le crois. Et tu as besoin de moi.Son sourire s'élargit, sombre et fascinant.— Laisse-moi te montrer qui tu es.Un grognement profond interrompt l'instant. Je sursaute et tourne la tête. Logan est là, à quelques pas de nous, torse nu, son corps encore marqué par le combat. Ses yeux, d'un bleu intense, fixent Daemon avec une hostilité brûlante.— Tiens, tu es revenu, lâche-t-il d'un ton tranchant.Daemon ne cille pas, un sourire amusé flottant sur ses lèvres.— Je vois que tu n'as pas changé, Logan. Toujours aussi... protecteur.Logan se place
Les semaines ont passé. J’ai laissé derrière moi mon ancienne vie à New York. J’ai démissionné du journal, un départ précipité qui a rendu Dimitri anxieu. Il m’a appelée encore et encore, exigeant des explications, mais je ne pouvais pas lui dire la vérité. Alors j’ai menti. Charlotte aussi, je lui cache tout, et à chaque mensonge que je prononce, une douleur sourde me serre le cœur. Mais je n’ai pas le choix, c’est pour la protéger.Ce matin, comme tous les autres, je sors de la douche, enfile un legging et un débardeur, puis attache mes cheveux en un chignon rapide. Mes muscles sont endoloris, mes bras marqués de bleus, mais je m’accroche. L’entraînement avec Logan est difficile, éprouvant, mais j’apprends vite. Je descends dans le jardin où il m’attend, torse nu, la peau luisante sous le soleil du matin. Je ne peux m’empêcher de le regarder, et il le remarque.— Tu devrais te concentrer, murmure-t-il avec un sourire en coin.— Tu dois être plus rapide, grogne-t-il en me repoussant
La nuit tombe sur Forkswood, et la maison s’apaise enfin après une journée de tension et d'entrainement. Le dîner réunit tout le monde dans la grande salle à manger, éclairée par des chandeliers vacillants. L’ambiance est animée, mais un soupçon de nervosité flotte encore dans l’air. Tasha s’installe à côté de moi, un sourire complice aux lèvres.— Tu es bien silencieuse ce soir, Cassy. Quelque chose te tracasse ?Je joue distraitement avec ma fourchette avant de soupirer.— Juste… tout ce qui se passe. J’ai l’impression d’être prise dans un tourbillon sans savoir où je vais atterrir.— Tu ne crois pas que tu es en train de trouver ta place ici ?Je relève les yeux vers elle. Tasha a toujours ce regard doux mais perçant, capable de lire à travers moi. Je veux lui dire que je ne sais plus où est ma place, que je me perds entre Logan et Daemon, entre mon passé et ce futur incertain. Mais au lieu de ça, je hoche simplement la tête. Eddy, assis en face de nous, lève son verre.— À notre n
LoganNous avons quitté Forkswood à l’aube, un petit groupe composé de guerriers expérimentés, Cassy, Daemon et moi-même. Avec nous, Tasha, qui refusait de rester en arrière et dont les talents de guérisseuse pourraient s’avérer indispensables. Julien, un éclaireur agile qui connaissait la forêt mieux que quiconque, et Sarah, une louve redoutable au tempérament aussi tranchant que ses griffes.L’air était glacial, et le silence pesait sur chacun de nous. Chacun savait que cette mission ne serait pas une simple excursion. Je pouvais sentir la tension dans les épaules de Cassy, voir la détermination dans ses yeux. Elle voulait des réponses, et nous allions peut-être enfin les obtenir.Nous roulons plusieurs heures à travers la forêt de Six Rivers, serpentant sur des routes sinueuses bordées d’arbres immenses. Les séquoias se dressent comme des piliers millénaires, leurs troncs massifs formant un tunnel naturel au-dessus de nous. La lumière du matin filtre à travers le feuillage dense, p
LoganLe lendemain, après une nuit courte et agitée, nous reprenons la route à l’aube. Le feu s’est éteint depuis longtemps, et l’humidité matinale rend l’air encore plus pesant. La tension est palpable. Personne ne parle vraiment, chacun se préparant mentalement à ce qui nous attend.— Il nous reste une bonne heure de marche, dis-je en resserrant les sangles de mon sac. Nous allons remonter la rivière. Elias devrait se trouver dans un ancien hameau abandonné, un peu plus haut.Les autres acquiescent en silence. Nous progressons en file indienne, longeant le cours d’eau dont le bruissement accompagne nos pas. Le paysage est sauvage, majestueux. Des arbres centenaires s’élèvent autour de nous, leurs racines déformant le sol accidenté. L’air est chargé d’odeurs de terre humide, de sève et d’écorce brûlée par le soleil.Là-bas, dans l’ombre des montagnes, se dessine notre destination. Les ruines d’un ancien hameau apparaissent entre les troncs massifs, envahies par la végétation. Des bât
(Cassy)Vernius avait ôté ses mains de mes tempes. Je respirais avec difficulté, les larmes me brûlaient les joues. Un flot d'émotions se déversa en moi : la terreur, la haine, l'incompréhension, la tristesse infinie.— Elias a voulu te protéger de l’horreur de cette nuit-là, commenta Vernius, la voix sombre. Ta tante Viviane t'a épargnée à l’époque parce qu'elle te croyait sans pouvoirs, simple fille humaine.Les muscles de mon dos se contractèrent. Je revoyais ma mère, blessée, suppliant Viviane de renoncer à Kael, je revoyais mon père, tué sans un dernier mot. Toute ma jeunesse, j'avais cru être une simple orpheline. En réalité, j'étais la fille d'une sorcière Gardienne et d'un homme prêt à risquer sa vie pour la paix.Je posai la main sur mon cœur, toujours affolé.— La femme qui détenait Elias, murmurai-je, la voix brisée. C’était Viviane.Vernius hocha lentement la tête.— Maintenant que tu as retrouvé la mémoire, tu pourras affronter Kael. Mais Viviane ne fera pas deux fois la
La lumière du matin, timide et dorée, filtre à travers la verrière quand je rejoins Vernius dans le jardin d'hiver. À l'intérieur s'épanouit un fouillis de plantes séchées, d'herbes médicinales et de vieux grimoires. On eût dit un étrange laboratoire botanique, quelque chose à mi-chemin entre la serre victorienne et l'antre de l'alchimiste.— Approche, Cassy, murmure-t-il, sans même détourner les yeux du grimoire qu’il tient.D'un signe de la main, il m'indique un grand fauteuil en rotin, recouvert d'un tissu fleuri. Je m'y installe, la gorge déjà nouée par l'appréhension. Il m'a promis la vérité, mais puis-je vraiment m'y préparer ?— Ferme les yeux, respire profondément… et laisse-toi aller, souffle-t-il en se plaçant derrière moi.Ses doigts glacés touchèrent mes tempes. À cet instant, le parfum de la sauge omniprésente dans le jardin d'hiver, semble m'envelopper. Je sens comme un léger vertige et les premières images arrivent dans un tourbillon de flashs. Une maison chaleureuse,
Je rouvris les yeux au milieu de la nuit, le corps en sueur, à côté de moi, Loghan, paisible, ignorait le vertige qui s’emparait de moi. Mon esprit semblait… captif. Un chant murmuré résonnait quelque part au fond de mon crâne, une voix qui m’appelait. J'avais la bouche sèche, et cette curieuse impression que quelqu'un chuchotait mon nom, juste à la limite de l'audition.En glissant hors des draps, je découvre mes mains tremblantes. Je passai un déshabillé léger par-dessus ma peau moite et m'extirpai dans le couloir plongé dans une semi-obscurité. Mon intention était simple : me rendre à la cuisine pour un verre d'eau, histoire d'apaiser ce battement frénétique dans mes tempes.Mais à peine avait-je fait quelques pas que la voix se fit plus claire, féminine , résonnant comme un écho dans mon crâne : — Cassy… viens… rejoins moi. Une sourde intuition me soufflait qu'elle manifestait à celle de ma mère, même si je me refusais à l'admettre. Au bout du couloir, j'hésitai entre la directi
La pluie tambourinait contre les vitres teintées du SUV alors que nous roulions dans les rues de La Nouvelle-Orléans. L’odeur lourde et sucrée de la ville filtrait déjà à travers les portières. Je sentis mon cœur s’agiter dans ma poitrine, comme si chaque battement prenait la cadence fiévreuse des percussions qui résonnaient au loin dans la nuit.— Tu vas beaucoup aimé la Nouvelle Orléans Cassy, me lança Vernius en se retournant depuis le siège passager. Le vampire affichait ce sourire tranquille qui me donnait toujours l’impression d’être épiée, mise à nu.Nous nous arrêtâmes devant une façade qui semblait avoir envie de nous faire la conversation à elle seule. Un mur couleur brique, s’élevait sur trois étages, chacun enveloppé par un balcon de dentelle en fer forgé où pendaient de grasses fougères, se balançant à la moindre brise. C’était le Vieux Carré dans toute sa splendeur. Sur le trottoir, un bout de jardin — quelques fleurs tropicales délicatement entretenues, un joli tapis de
CassyJe me réveille dans un cocon de chaleur, mon corps encore engourdi des plaisirs de la nuit. Les bras de Logan m’enserrent fermement, son souffle régulier effleure ma nuque. Je frissonne. L’odeur boisée et brute de sa peau m’enveloppe, et des images torrides me reviennent en mémoire. Mon visage s’embrase.Je bouge légèrement et sens son étreinte se resserrer, un grognement profond vibrer contre ma peau. Je lève les yeux vers lui. Son regard est encore voilé par le sommeil, mais un sourire paresseux étire ses lèvres.— Bonjour, murmuré-je, la voix encore rauque.Il glisse une main sur ma hanche, son pouce caressant ma peau nue.— Bonjour mon amour...Un frisson me parcourt. Ses mots résonnent en moi avec une puissance étrange, un mélange d’envie et de tendresse. Il se penche, frôlant mes lèvres, et je me noie dans la chaleur de son baiser. C’est doux, chargé d’une affection qui me fait chavirer.Mais si je reste ici une seconde de plus, je vais me perdre à nouveau.— Je vais prend
La nuit est lourde, écrasante, comme si l’air lui-même pesait sur mes épaules. Je me tourne encore et encore dans mon lit, incapable de calmer le chaos dans ma tête. Les révélations sur les Sœurs de l’Ombre, sur cette puissance que je ne contrôle pas... Mon esprit tourne en boucle. J’ai l’impression d’être un puzzle dont les pièces ont été éparpillées, et personne n’a pris la peine de me donner l’image de départ. J’enfouis mon visage dans l’oreiller, mais le sommeil finit par m’attraper sans prévenir. Et me voilà ailleurs. Je suis debout, pieds nus, dans une clairière baignée par la lumière d’une lune si grande qu’elle en paraît irréelle. L’air est tiède, chargé de cette odeur de forêt après la pluie. C’est apaisant... jusqu’à ce que je la voie. Une silhouette se dessine parmi les arbres. Blanche, lumineuse. Majestueuse. Séléné. Elle est belle. Inhumaine. Sa voix résonne dans ma tête plus qu’elle ne traverse mes oreilles.— Cassandre.Je devrais être terrifiée. Mais une étrange chaleu
CassyJe me réveille en sursaut, le corps enfiévré, le souffle court. Le souvenir de la nuit passée me hante encore. Ses mains sur mon corps, la chaleur brûlante de son souffle contre ma peau… Logan. Un frisson me parcourt, mélange d’excitation et de honte. Je repousse les draps et me lève d’un bond. L’air frais me gifle, mais ça ne suffit pas. J’ai besoin de me calmer. Une douche froide, voilà ce qu’il me faut. L’eau glacée frappe ma peau et efface peu à peu le désir qui m’habite. Pourtant, d’autres pensées s’infiltrent. Daemon… non, Kael. L’homme que j’ai embrassé, celui qui m’a troublée d’une manière inexplicable… et qui a tué Henry. Mon cœur se serre. Comment ai-je pu ressentir cette attirance pour le meurtrier du père de l’homme qui m’est destiné, l’ami de mes parents ? Je me sens trahie par mon propre corps, égarée dans des émotions que je ne parviens plus à démêler. Après m’être habillée en vitesse, je descends les escaliers en tentant de remettre de l’ordre dans mes pensées. M
LoganJe ne sais pas exactement combien de temps je suis resté là, incapable de dormir, le regard fixé sur le plafond. Il y a quelques heures seulement, j’ai vu Cassy embrasser Daemon. Et pourtant, elle dort à présent dans la chambre voisine, comme si rien ne s’était passé. Et moi, j’ai mal. Je ferme les yeux, et l’image me revient : le mouvement de ses lèvres collées aux siennes, la courbe de son cou, et ce frisson qui parcourait son échine — ou que j’imagine parcourir son échine. — “Tu l’as laissée filer, imbécile. C'est de ta faute.”La voix de Néos, mon loup, résonne dans mon esprit comme un grondement qui m’écorche la poitrine.— “Je ne voulais pas la brusquer.”Même dans ma tête, ma défense sonne pathétique. J’ai choisi de garder mes distances pour la protéger, et voilà où ça nous a menés.— “Tu aurais dû la réclamer… ou au moins lui dire ce que tu ressens. Au lieu de ça, tu t’es terré dans ton coin, comme un louveteau blessé.”Je sens la colère me saisir. Contre moi-même. Con
CassyJe me croyais lucide, pourtant j’ai l’impression de marcher dans un brouillard épais. Depuis notre retour à Forkwoods, je sens Daemon devenir presque… incontournable. Il a pris une balle pour me protéger, il aurait pu fuir, mais il est resté. Alors, évidemment, j’ai voulu le remercier, le connaître, comprendre l’homme sous l’armure de sarcasmes. Peu à peu, il a pris de la place dans mon esprit. Plus que je ne l’aurais pensé, plus que je ne l’aurais voulu.Il y a pourtant quelque chose qui résiste en moi. Quelque chose qui rappelle Logan… Logan et le lien indescriptible qui nous unit. Mon cœur bat plus fort à l’évocation de son nom, comme un rappel que je l’aime différemment, plus profondément. Mais Logan se renferme depuis notre retour. Il me regarde à peine, comme s’il s’interdisait de me parler. Et ce soir, il a même frappé Daemon, sous mes yeux.Au fond de moi, je comprends sa colère. Pourtant, je n’ai pas choisi d’être attirée par Daemon : c’est une curiosité malsaine, un ma