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Chapitre 2 – L’Éveil du Désordre

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-02-17 21:07:50

La nuit enveloppait la plantation de Bellefontaine d’un voile de silence trompeur. J’entendais le bruissement des feuillages, le chant lointain des grenouilles, le craquement du bois sous le vent. Même endormie, la terre respirait encore.

Accroupi devant Aïda, je la regardais, absorbant sa présence comme un naufragé accroché à une vérité qu’il ne pouvait encore comprendre. Elle, immobile, m’observait avec une distance mesurée, pesant sans doute déjà le danger que représentait cette conversation.

— « Pourquoi me regardiez-vous aujourd’hui, dans les champs ? » demanda-t-elle enfin.

Je marquai un silence. J’aurais pu mentir, détourner la question, prétendre que je ne l’avais pas remarquée plus qu’une autre. Mais je savais que ce serait faux.

— « Parce que je n’avais jamais vu quelqu’un comme toi. »

Un sourire amer se dessina sur ses lèvres.

— « Quelqu’un comme moi ? Une esclave ? Une femme que votre famille possède comme du bétail ? »

Je serrai les dents.

— « Ce n’est pas ce que je voulais dire… »

— « Et pourtant, c’est ce que je suis, n’est-ce pas ? »

Son regard ne cilla pas. Il était ancré dans une réalité que je ne pouvais nier.

J’aurais voulu lui dire que je n’étais pas comme les autres, que je ne croyais pas à ces chaînes qu’on lui imposait. Mais qu’étaient mes croyances face à la réalité ? Chaque mur de ma maison, chaque meuble, chaque morceau de pain existait grâce au travail de ceux qu’on réduisait à l’état de propriété. Ma liberté n’existait que parce que d’autres en étaient privés.

Je soupirai et secouai la tête.

— « Je ne sais pas pourquoi je suis venu te parler, Aïda. Mais je sais que je ne peux pas détourner les yeux. »

Elle haussa un sourcil, intriguée malgré elle.

— « Vous n’avez pas peur de ce que votre père pourrait penser ? »

Je laissai échapper un ricanement sans joie.

— « Mon père me voit comme un fils faible. Il pense que je ne suis pas digne de Bellefontaine parce que je ne l’aime pas comme lui. »

Aïda me détailla un instant.

— « Alors pourquoi êtes-vous revenu ? »

— « Parce que je n’avais plus d’endroit où aller. »

Cette réponse sembla la surprendre. J’avais tout pour moi : l’argent, le nom, la protection d’un empire. Comment pouvais-je ne pas avoir de place dans ce monde ?

Avant qu’elle ne puisse poser une autre question, un bruit de pas nous fit sursauter. Une silhouette approchait dans l’ombre, une lanterne vacillante à la main.

— « Monsieur Gabriel ? »

C’était Louis, l’un des vieux esclaves de maison, un homme au visage ridé, aux mains calleuses, mais au regard encore perçant. Il me fixa, puis posa les yeux sur Aïda et comprit aussitôt qu’il surprenait quelque chose qui ne devait pas exister.

Il s’éclaircit la gorge.

— « Votre père vous cherche, Monsieur. Il veut vous voir immédiatement. »

Je me redressai à contrecœur. Avant de partir, je jetai un dernier regard à Aïda.

— « Bonne nuit, Aïda. »

Elle ne répondit pas, observant seulement mon dos disparaître dans l’obscurité.

---

Le bureau du patriarche de Bellefontaine était plongé dans une semi-obscurité, la lumière des chandelles projetant des ombres vacillantes sur les murs couverts de livres reliés de cuir. Assis derrière son large bureau, mon père, Auguste de Montreuil, faisait tournoyer son verre de brandy entre ses doigts.

— « Tu te promènes dans les quartiers des esclaves maintenant ? » demanda-t-il d’une voix calme, mais tranchante.

Je m’appuyai contre le cadre de la porte, bras croisés.

— « Louis t’a donc tout raconté. »

— « Louis est loyal. Contrairement à toi. »

Je serrai les dents.

— « Je ne faisais rien de mal. »

— « Rien de mal ? » Il posa son verre avec un bruit sec. « Flâner parmi ces créatures, leur parler comme s’ils étaient tes égaux ? Ce n’est peut-être rien à Paris, mais ici, c’est une menace. »

— « Une menace pour qui ? Pour toi ? Pour ton pouvoir ? »

Son regard se durcit.

— « Pour eux. Chaque fois que l’un d’entre nous leur accorde un regard de trop, ils croient qu’ils peuvent être autre chose. Ce ne sont pas des hommes libres, Gabriel. Ce sont des outils. Des bêtes que nous nourrissons, que nous logeons, et qui travaillent en retour. Tu n’as pas à penser à eux autrement. »

Une vague de colère monta en moi.

— « Ce que tu dis est ignoble. »

— « Ce que je dis est la vérité. Une vérité que ton sang a bâtie, que tes ancêtres ont protégée. Si tu es incapable d’accepter cela, alors tu n’es pas un Montreuil. »

Le silence s’installa, tendu.

Je compris que c’était un ultimatum. Mon père m’offrait un choix : rentrer dans le rang ou être rejeté.

Je détournai les yeux et serrai les poings.

— « Je suis fatigué. Nous parlerons demain. »

Sans attendre de réponse, je quittai la pièce, le laissant seul avec son verre de brandy.

Cette nuit-là, je ne trouvai pas le sommeil.

J’errai dans ma chambre, m’arrêtant devant la grande fenêtre qui donnait sur les champs. Sous la lueur pâle de la lune, je voyais encore les cabanes, les ombres des hommes et des femmes qui dormaient après une journée de labeur.

Quelque part, Aïda dormait aussi.

Je pensai à ses yeux sombres, à sa voix posée mais pleine de feu. À la façon dont elle m’avait défié sans crainte.

Je me demandai combien de

temps je pourrais ignorer ce que je ressentais déjà.

Et combien de temps avant que cela ne devienne dangereux.

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