หน้าหลัก / Romance / LES CHAÎNES DU DESTIN / Chapitre 4 – Les Premiers Feux de la Tempête

แชร์

Chapitre 4 – Les Premiers Feux de la Tempête

ผู้เขียน: Déesse
last update ปรับปรุงล่าสุด: 2025-02-17 21:11:34

Gabriel de Montreuil

La nuit était lourde, presque suffocante, tandis que je regagnais Bellefontaine. Chaque pas résonnait dans l'air tiède comme un avertissement silencieux. Je savais que je venais de commettre une erreur—non pas d’avoir parlé, mais d’avoir laissé transparaître ce que je ressentais réellement.

Le regard de Charles Beauregard me hantait encore. Cet homme n’était pas un simple propriétaire de plantation. Il était un pilier du système esclavagiste, un homme dont les mains étaient couvertes du sang de ceux qu’il considérait comme des « biens ». En le provoquant, je ne m’étais pas seulement attiré des soupçons : je venais de signer mon entrée dans un jeu dangereux.

Lorsqu’enfin j’arrivai au manoir, je trouvai mon père debout sur le perron, une lampe à huile à la main.

— « Tu étais au village. »

Ce n’était pas une question, mais une accusation.

Je retins un soupir.

— « J’avais besoin de réfléchir. »

Auguste de Montreuil m’observa un instant, ses traits figés dans une expression indéchiffrable.

— « Charles Beauregard m’a envoyé un message. »

Je croisai les bras.

— « Bien sûr qu’il l’a fait. »

Mon père s’approcha lentement, son ombre dansante sous la lueur de la lampe.

— « Qu’est-ce qui ne va pas chez toi, Gabriel ? Tu es parti en France avec tout l’avenir devant toi. Tu aurais pu faire de Bellefontaine la plantation la plus puissante de la Louisiane. Mais au lieu de ça, tu reviens avec des idées absurdes, et tu joues avec le feu. »

Je serrai les poings.

— « Peut-être que ce feu mérite d’être allumé. »

Mon père secoua la tête, un mélange de colère et de résignation dans les yeux.

— « Tu es un Montreuil. Que tu le veuilles ou non. Et ici, on ne brise pas l’ordre des choses impunément. Tu crois pouvoir défier des hommes comme Beauregard ? Tu crois que tu peux sauver ces gens ? »

J’ouvris la bouche, prêt à répliquer, mais il me coupa.

— « Ils ne veulent pas être sauvés. »

Un silence s’abattit entre nous, plus lourd que jamais.

Je savais que c’était un mensonge. Je l’avais vu dans les regards, dans les murmures échangés quand les contremaîtres tournaient le dos. Mais mon père refusait d’admettre cette réalité, car cela signifierait remettre en question tout ce qu’il avait bâti.

Finalement, Auguste recula.

— « Demain, tu accompagneras les contremaîtres dans les champs. Tu observeras, et tu comprendras pourquoi nous faisons ce que nous faisons. Il est temps que tu assumes ton rôle. »

Puis, sans attendre de réponse, il tourna les talons et disparut dans l’obscurité du manoir.

☾☾☾

La nuit fut agitée, hantée par un mélange de colère et d’incertitude. Je ne voulais pas être un Montreuil comme mon père l’entendait, mais je ne savais pas encore comment être autre chose.

Au lever du jour, je m’habillai sobrement et rejoignis les contremaîtres. Un groupe d’hommes attendait déjà, certains à cheval, d’autres à pied. Leur chef, un certain Carter, me jaugea avec une moue sceptique.

— « Le fils Montreuil veut voir comment ça se passe ? Eh bien, vous allez être servi. »

Nous nous mîmes en route, longeant les vastes champs de canne à sucre où les esclaves travaillaient en silence. La chaleur était déjà écrasante, et chaque coup de faucille résonnait comme un battement de tambour.

Carter me montra plusieurs groupes, expliquant d’un ton détaché les punitions pour ceux qui ralentissaient, les méthodes pour « maintenir la discipline ». J’écoutais, mais chaque mot me révoltait un peu plus.

Puis nous arrivâmes devant une scène qui me glaça.

Un jeune garçon, à peine quinze ans, était agenouillé sur le sol, les poignets liés par une corde. Un contremaître se tenait au-dessus de lui, un fouet enroulé autour du poignet.

— « Il a été surpris en train de voler du sucre. » expliqua Carter. « On doit lui apprendre la leçon. »

Je sentis mon souffle se bloquer dans ma poitrine.

— « C’est un enfant. »

— « C’est un esclave. Et un voleur. Vous ne voulez pas que les autres pensent qu’ils peuvent faire pareil, n’est-ce pas ? »

Le contremaître leva le bras.

Je réagis sans réfléchir. Je me précipitai en avant et attrapai le poignet de l’homme avant que le fouet ne s’abatte.

Un silence choqué s’abattit sur l’assemblée.

Carter, d’abord figé, éclata ensuite de rire.

— « Vous plaisantez, n’est-ce pas ? Vous ne pouvez pas être sérieux. »

Mais j’étais sérieux. Mon regard était brûlant de colère.

— « Il ne sera pas puni. Laissez-le partir. »

Le contremaître hésita, jetant un regard à Carter, qui haussa les épaules.

— « Faites comme il dit. Mais vous venez de faire une erreur, Montreuil. »

Je regardai le garçon se relever, ses yeux écarquillés de peur et d’incompréhension. Puis il disparut entre les autres esclaves, courant se cacher parmi les siens.

Je savais que je venais de franchir un point de non-retour.

☾☾☾

Le soir, alors que j’errais à nouveau près des cabanes, je trouvai Aïda en train de ramasser du bois sec.

Lorsqu’elle me vit, elle s’arrêta, plissant les yeux.

— « On raconte que vous avez arrêté une punition aujourd’hui. »

Je hochai lentement la tête.

— « Oui. »

Elle me fixa longuement, comme si elle cherchait à comprendre ce qui se passait dans mon esprit.

— « Vous êtes fou. »

— « Peut-être. »

Elle soupira, secouant la tête, mais je crus voir une ombre d’admiration dans ses yeux.

— « Vous savez ce que ça signifie, n’est-ce pas ? On vous surveille déjà. »

— « Je sais. »

— « Et pourtant, vous continuez ? »

Je m’approchai lentement d’elle.

— « Parce que je refuse de détourner les yeux. Parce que je refuse d’être comme mon père. »

Un silence s’étira entre nous.

Puis Aïda prit une inspiration et murmura :

— « Alors soyez prêt. Parce que ce monde ne laisse pas de place aux hommes comme vous. »

Elle tourna les talons et s’éloigna dans la nuit.

Je restai immobile un long moment.

Je savais qu’elle avait raison.

Mais je savais aussi qu’il était trop tard pour reculer.

อ่านหนังสือเล่มนี้ต่อได้ฟรี
สแกนรหัสเพื่อดาวน์โหลดแอป

บทที่เกี่ยวข้อง

  • LES CHAÎNES DU DESTIN    Chapitre 5 – L’Engrenage

    Gabriel de MontreuilLa chaleur du matin écrasait déjà Bellefontaine lorsque je quittai le manoir. Mon père n’avait rien dit du scandale de la veille, mais son silence en disait long. Il attendait. Il observait. Il voulait voir si j’allais plier ou persister.Je savais que j’avais attiré l’attention, pas seulement celle des contremaîtres, mais aussi celle des esclaves. Un geste comme celui d’hier ne s’oubliait pas. Il semait quelque chose. Une rumeur, un espoir. Ou un avertissement.Lorsque je rejoignis les champs, Carter m’attendait, assis sur une barrière de bois, un brin d’herbe coincé entre ses dents.— « On dirait que vous avez fait sensation hier, Montreuil. »Je ne répondis pas. Il sauta de son perchoir et s’approcha.— « Votre père ne vous a pas encore mis dehors ? Étonnant. Mais vous devriez faire attention. Tout le monde parle de vous. Et pas en bien. »Je levai un sourcil.— « Vraiment ? Et qu’est-ce qui se dit ? »— « Que vous êtes trop tendre. Que vous n’avez pas la poign

    ปรับปรุงล่าสุด : 2025-02-17
  • LES CHAÎNES DU DESTIN    Chapitre 6 – L’Heure des Choix

    Gabriel de MontreuilLa brume du matin recouvrait Bellefontaine d’un voile fantomatique lorsque je quittai ma chambre. Mon esprit était agité, tiraillé entre l’ombre menaçante de mon père et l’écho des paroles de la veille."Jusqu’où êtes-vous prêt à aller ?"La question me hantait.Je traversai la cour, longeant les cabanes où les premiers travailleurs s’activaient déjà. Des silhouettes fatiguées, habituées à l’oppression, s’efforçaient de ne pas croiser mon regard. Pourtant, je sentais leur attention peser sur moi.Ils attendaient.Attendaient de voir si mes actes suivraient mes paroles.☾☾☾Un domestique vint me chercher en fin de matinée.— « Monsieur votre père vous demande à son bureau. »Je savais ce qui m’attendait.En entrant dans la pièce, je découvris que mon père n’était pas seul.Charles Beauregard était là, confortablement installé dans un fauteuil, un sourire presque amusé sur les lèvres. À ses côtés, Carter, debout, bras croisés, me jaugeait avec un mépris à peine voil

    ปรับปรุงล่าสุด : 2025-02-25
  • LES CHAÎNES DU DESTIN    Chapitre 7 – Les Braises du Soulèvement

    Gabriel de MontreuilLa nuit était lourde, chargée d’électricité. L’air sentait la terre humide et la cendre, comme si la tempête approchait déjà.Je fixai le couteau que Samuel m’avait tendu. Son poids était dérisoire dans ma main, mais sa signification pesait des tonnes.— « Il ne s’agit pas de tuer, » murmura Samuel. « Mais il faut être prêt à se défendre. »Je levai les yeux vers le groupe. Des visages tendus, inquiets, mais résolus. Aïda me scrutait, cherchant à lire ma réaction.— « Alors nous frappons les premiers, » déclarai-je.Un murmure parcourut l’assemblée.☾☾☾Cette nuit-là, nous n’attendîmes pas.Par petits groupes, nous nous glissâmes entre les cabanes, avançant vers l’entrepôt où étaient stockées les armes des contremaîtres.Le plan était simple :1. Neutraliser le garde.2. Prendre les fusils et les munitions.3. Saboter les chevaux et les charrettes pour empêcher une poursuite immédiate.Si nous réussissions, Bellefontaine ne serait plus sous contrôle au lever du so

    ปรับปรุงล่าสุด : 2025-02-26
  • LES CHAÎNES DU DESTIN    Chapitre 8– L'Incendie des Âmes

    Gabriel de MontreuilJe pris une grande inspiration et appuyai sur la gâchette.Le coup partit avec un fracas assourdissant.Le cheval de Carter se cabra violemment. L’animal hennit, désarçonnant son cavalier.— « À couvert ! » hurla un contremaître.Le chaos éclata.Des balles fusèrent dans tous les sens.Aïda surgit d’un buisson et lança une pierre sur un des hommes, lui fracassant le crâne.Samuel fonça sur un autre, le projetant au sol dans une lutte acharnée.Je rechargeai rapidement, me décalant derrière un tronc pour éviter un tir.Carter se releva, une rage pure dans les yeux.— « Montreuil ! » hurla-t-il.Je pivotai juste à temps pour voir son poing filer vers mon visage.L’impact me projeta en arrière, ma tête heurtant le sol violemment.Le monde vacilla.Je vis Carter lever son fouet, prêt à l’abattre sur moi.Un coup de feu retentit.Carter s’effondra, son bras ensanglanté.Aïda, le fusil encore fumant, se tenait là, le souffle court.Elle me tendit la main.— « Debout, Ga

    ปรับปรุงล่าสุด : 2025-02-26
  • LES CHAÎNES DU DESTIN    Chapitre 9– Le Poids des Cendres

    Gabriel de MontreuilL’odeur de fumée imprégnait encore l’air lorsque nous quittâmes Bellefontaine.La plantation n’était plus qu’un champ de ruines calcinées. Le feu avait tout dévoré : les champs, les entrepôts, et même une partie du manoir. Seule la structure principale avait tenu bon, mais elle était noircie, mutilée, vidée de sa splendeur d’autrefois.Mon père n’avait pas reparu depuis la veille. Il n’était ni mort ni captif, et quelque part, cela m’inquiétait plus que s’il avait péri dans l’incendie.Le combat était gagné, mais la guerre ne faisait que commencer.L’ExodeNous étions une trentaine maintenant. Certains esclaves libérés avaient décidé de partir vers le nord, mais d’autres nous suivaient, cherchant un refuge, une cause.Nous ne pouvions pas rester là.Samuel et Aïda marchaient à mes côtés tandis que nous nous enfoncions dans le bayou. La végétation humide nous enveloppait, et les moustiques nous assaillaient sans relâche.— « On ne peut pas juste errer dans les mara

    ปรับปรุงล่าสุด : 2025-02-26
  • LES CHAÎNES DU DESTIN    Chapitre 10 – L’Heure des Loups

    Gabriel de MontreuilL’aube peignait le ciel de rouge et d’or lorsque nous prîmes position.Dans le silence du matin, seuls les bruissements du bayou nous accompagnaient. Un vent tiède soulevait la brume au-dessus des eaux stagnantes, et les oiseaux, comme s’ils pressentaient l’orage, s’étaient tus.Je me tenais sur le rempart à demi effondré du vieux fort, mon fusil à la main, scrutant l’horizon.Ils arrivaient.À travers la brume, une colonne de cavaliers se dessinait lentement, avançant avec la certitude des chasseurs ayant déjà acculé leur proie.Carter menait la charge, le visage dur, les yeux plissés par la détermination. À sa droite, un homme portait le drapeau du régiment de la milice locale. Et derrière eux, une vingtaine de soldats, montés, armés, prêts à écraser la rébellion que nous étions devenus.— « Ils sont plus nombreux qu’on ne pensait… » murmura Samuel à mes côtés.— « Ils le sont toujours, » répondit Aïda.J’expirai lentement, resserrant ma prise sur mon fusil.Il

    ปรับปรุงล่าสุด : 2025-02-26
  • LES CHAÎNES DU DESTIN    Chapitre 11 – L’ombre et la braise

    Gabriel de MontreuilLe silence après la bataille était presque aussi oppressant que le combat lui-même.Autour de moi, la fumée flottait encore dans l’air du matin, teintée d’odeurs de poudre et de sang. Les cadavres gisaient sur le sol, visages figés dans la peur ou la douleur. Certains des nôtres pleuraient les leurs, d’autres fouillaient les corps ennemis à la recherche d’armes ou de provisions.Samuel passa une main sur son visage en sueur, son regard sombre balayait le carnage.— « Ils vont revenir. Avec plus d’hommes, plus de fusils. »Aïda, debout près de la palissade en partie effondrée, hocha lentement la tête.— « On a gagné cette fois, mais la Louisiane entière va apprendre ce qui s’est passé ici. Ils ne laisseront pas passer ça. »Je le savais déjà.Carter mort, la milice locale humiliée, nous venions de déclencher quelque chose qui nous dépassait. Nous n’étions plus seulement des esclaves en fuite. Nous étions une révolte. Une menace.Et ils allaient faire tout leur poss

    ปรับปรุงล่าสุด : 2025-02-27
  • LES CHAÎNES DU DESTIN    Chapitre 12 – La Marque du Sang

    Gabriel de MontreuilLa nuit était plus noire que l’encre lorsqu’ils nous retrouvèrent.Nous avions quitté le fort depuis trois jours, avançant sans relâche à travers le bayou. La boue, l’eau stagnante et les insectes nous ralentissaient, mais l’instinct de survie nous poussait à continuer.Nous ne laissions que peu de traces. Les anciens esclaves connaissaient la forêt mieux que n’importe quel soldat. Pourtant, ce n’était pas suffisant.Le silence de la nuit fut brisé par le hurlement d’un chien.Puis un autre.Mon cœur se serra.Aïda, qui marchait à mes côtés, se figea.— « Ils sont là. »Samuel, boitant légèrement à cause de sa blessure, jura entre ses dents.— « Combien de temps avant qu’ils nous tombent dessus ? »Un nouveau hurlement résonna, plus proche.— « Une heure, peut-être moins, » soufflai-je.Nous étions cernés par la nature hostile, mais nous connaissions le terrain. Si nous restions unis, si nous frappions au bon moment, nous avions une chance.Je me tournai vers les

    ปรับปรุงล่าสุด : 2025-02-27

บทล่าสุด

  • LES CHAÎNES DU DESTIN    Épilogue – Ceux que la mer n’oublie pas

    Récit d’un vieil homme, narrateur anonymeOn raconte qu’un jour, un capitaine a fait taire la mer.Pas par la peur. Pas par la guerre.Mais parce qu’il lui a tourné le dos.Parce qu’il a aimé plus fort que la mer ne le permet.Parce qu’il a choisi l’amour au lieu du vent, une main au lieu du sabre.Son nom ?Gabriel de Montreuil.Une légende.Une épine dans le flanc de l’Empire.Un spectre pour les galions espagnols.Un mythe pour les jeunes mousses qui rêvaient de fortune, de gloire, de liberté.Et puis… plus rien.Un matin, le Pavillon Noir n’est plus reparu à l’horizon.Plus de voiles. Plus de feu.Le capitaine s’est tu.Et avec lui, la mer a perdu quelque chose de sauvage, de furieux.Mais moi, je sais.Je sais ce qu’il est devenu.J’étais jeune mousse sur un brick marchand, à l’époque.On croisait au large d’îles sans nom, là où les cartes s’effacent dans le bleu, où le ciel et l’eau se confondent.Et un soir, juste avant que le soleil meure, je l’ai vu.Une barque.Deux silhouet

  • LES CHAÎNES DU DESTIN    Chapitre 195 – Sous la peau du silence

    Gabriel de MontreuilLe San Telmo dort dans le ventre de l’océan.Et nous, on flotte dans l’après.La plage est déserte, battue par le vent. Du sable blanc, du sel sur ma peau. Elle est là, allongée, la poitrine soulevée lentement, les yeux fermés.Je ne dis rien.Je la regarde respirer.AïdaJe sens son regard avant d’ouvrir les yeux.Je le connais. Il me brûle doucement, sans violence.Ses mains sont posées sur ses genoux. Il ne me touche pas. Pas encore.Je me redresse.Ma robe est en lambeaux, mais je m’en moque.Il est là. Et je suis vivante.— Tu comptes me regarder longtemps comme ça ?Il ne sourit pas. Il s’approche. Lentement.Je tends la main. Il l’attrape.Gabriel de MontreuilSon contact me brise.Je tombe à genoux devant elle, le front contre son ventre.— Je t’ai crue morte.— J’ai cru l’être aussi.Ses doigts glissent dans mes cheveux, et tout se tait.AïdaIl a tout perdu. Le navire. Le serment. La légende.Mais il m’a gardée.Ou peut-être que c’est moi qui l’ai gardé.

  • LES CHAÎNES DU DESTIN    Chapitre 194 – La Mer ne Pardonne Pas

    Gabriel de MontreuilJe tombe à genoux. Le pont du San Telmo vacille sous mes mains. L’air est saturé de sel, de magie ancienne, de douleur. Aïda gît là, dans les bras invisibles du navire, comme une offrande vivante, une prière hurlée à l’océan. Son corps est toujours là, mais son âme, je la sens glisser, tirée par des courants plus sombres que la mort elle-même.— Non… non, Aïda…Je me précipite, mais déjà la coque s’ouvre autour d’elle, comme une gueule vivante. Le bois craque, soupire, s’ouvre comme une plaie.DiegoJe m’élance après Gabriel. Il vacille, prêt à se jeter dans l’abîme pour la rejoindre. Je l’attrape par le bras au dernier instant.— Tu fais quoi, bordel ?!Il se débat, les yeux fous.— Elle a pris ma place, Diego ! C’est à moi ! C’était à moi !Il me frappe. Je le retiens. Je le frappe à mon tour. Le chaos autour de nous est si intense que personne ne voit. La mer hurle, la Gardienne récite des incantations dans une langue morte. Mais Gabriel ? Il se brise entre mes

  • LES CHAÎNES DU DESTIN    Chapitre 193 – Le Jugement des Profondeurs

    DiegoJe connais Gabriel depuis assez longtemps pour comprendre ce qu’il s’apprête à faire. Ce regard, cette foutue détermination glacée… Il croit qu’il n’a pas le choix. Mais il en a toujours un.— On peut trouver une autre issue, je lance. Il y a toujours un autre moyen.La Gardienne esquisse un sourire triste.— Vous ne comprenez pas. Ce navire ne navigue que sur le serment du sang.AïdaLe serment du sang.Tout s’effondre en moi. Mon souffle se coupe, mon cœur cogne contre mes côtes comme un tambour de guerre. Je comprends avant même que Gabriel parle.— C’est moi, murmuré-je. C’est moi le prix.Il détourne les yeux.Le silence qui suit est pire que n’importe quelle tempête.Gabriel de MontreuilAïda me fixe, les yeux brillants d’un mélange de peur et de rage. Je pourrais lui mentir. Lui dire qu’elle se trompe. Mais elle sait. Elle a toujours su.— Non, souffle-t-elle.Le San Telmo tangue violemment. L’eau noire s’agite sous nous, une houle surnaturelle, impatiente. Mon père reste

  • LES CHAÎNES DU DESTIN    Chapitre 192 – L’Éveil des Ombres

    Gabriel de MontreuilLe pont du San Telmo grince sous mes pas.Le bois est ancien, pourtant il semble respirer. Les voiles noires frémissent comme la peau d’une créature vivante. Un murmure serpente à travers l’air, une prière oubliée, un avertissement peut-être. Mais il est trop tard pour reculer.Je sens la présence de mes compagnons derrière moi. Diego inspecte le gréement, les traits tendus. M’Bala, silencieux, recharge son fusil, prêt à affronter l’inconnu. Aïda garde le médaillon serré dans sa main, son regard brillant d’une inquiétude qu’elle ne dissimule plus.Puis la Gardienne parle.— Le navire t’appartient, Gabriel de Montreuil. Il est le dernier témoin de ton sang, l’ultime vestige de ce qui fut et de ce qui doit être.Je tourne les yeux vers elle. Son voile d’or scintille sous la lueur irréelle qui baigne le vaisseau.— Où nous mènera-t-il ?Elle incline légèrement la tête.— Là où le pacte l’exige.Un frisson court le long de mon échine. Ce pacte… Je l’ai scellé sans en

  • LES CHAÎNES DU DESTIN    Chapitre 191 – L’Offrande du Sang

    Gabriel de MontreuilM’BalaJe plante mon coutelas dans la poitrine d’un des spectres.Il ne bronche pas.Ses mains se referment sur mon cou.Je suffoque.Puis, soudain, une lumière jaillit derrière moi.Je tombe à genoux, haletant.Le médaillon.Aïda s’est levée.Son regard est brûlant.Et le médaillon brille d’une lueur qui n’a rien de naturel.Les morts s’arrêtent.L’ombre, elle, avance.Gabriel de MontreuilLa jungle se déchire dans un rugissement de vent et de cendres.La silhouette cachée dans l’ombre révèle enfin son visage.Un visage que je connais.Mon père.Ou du moins, ce qu’il est devenu.Son regard est froid, inhumain.— Tu aurais dû rester en mer, Gabriel.Sa voix est un murmure de tempête, un écho de mille âmes perdues.Je serre les poings.— Pourquoi es-tu encore là ?Un sourire tordu se dessine sur son visage.— Parce que j’ai échoué.Un silence s’abat sur nous.Puis il lève la main.Et la terre tremble sous nos pieds.DiegoLe sol s’ouvre en un fracas assourdissant.

  • LES CHAÎNES DU DESTIN    Chapitre 190 – L’Appel du Néant

    Gabriel de MontreuilMon père me regarde, ou du moins… ce qui reste de lui.Son visage n’est qu’une ombre du souvenir que j’en avais, ses traits mangés par le temps et la mort. Pourtant, dans ses yeux vides, quelque chose brûle encore. Une lueur. Un avertissement.Le médaillon que j’ai ramassé pulse dans ma main, sa surface froide vibrant contre ma peau.Et derrière lui, la jungle change.Les arbres semblent se courber, leurs racines noires s’étirent comme des griffes prêtes à m’engloutir. Le sol lui-même palpite sous mes pieds. Quelque chose… non, quelqu’un m’observe.— Gabriel…La voix de mon père est un murmure brisé, un souffle venu d’un autre monde.Je serre les dents.— Tu es mort.Il incline lentement la tête, et un rictus tord ses lèvres décomposées.— Oui.Un frisson glacé parcourt mon échine.Puis il lève un doigt décharné et pointe mon cœur.— Mais toi… tu es en train de suivre mon chemin.Le médaillon pulse plus fort.Autour de moi, la jungle se resserre.Et soudain, une v

  • LES CHAÎNES DU DESTIN    Chapitre 189 – Le Cœur des Abysses

    Gabriel de MontreuilLa mer s’est tue.Les derniers vestiges des galions espagnols dérivent entre les vagues, des planches brisées, des voiles déchirées, et des cadavres flottants que la mer n’a pas encore engloutis. L’odeur du sel et du sang se mélange dans l’air. Le Pavillon Noir est toujours debout, mais il tangue, meurtri par la bataille et les fureurs des eaux maudites.Je serre la barre à m’en blanchir les jointures, le regard fixé sur l’horizon voilé d’une brume épaisse.Derrière moi, Diego s’appuie contre le bastingage, la main sur ses côtes blessées. M’Bala surveille le pont d’un œil attentif, prêt à bondir à la moindre menace.Et Aïda…Aïda respire encore.À chaque inspiration laborieuse qui s’échappe de ses lèvres, je sens une étincelle de rage et d’espoir s’allumer en moi.— Terre en vue !Le cri vient du nid de pie.Je lève les yeux.Devant nous, une masse sombre se découpe lentement dans la brume.Une île.Notre seule chance de survie.Mais aussi notre plus grande menace

  • LES CHAÎNES DU DESTIN    Chapitre 188 – Les promesses du sang

    Gabriel de MontreuilAïda s’accroche à la vie.Elle respire difficilement, allongée sur le pont du Pavillon Noir, son sang s’infiltrant entre les planches de bois comme une promesse maudite. Ses yeux sont mi-clos, sa peau, plus pâle que je ne l’ai jamais vue.Je presse ma main contre la plaie, ignorant le chaos qui nous entoure.— Tiens bon, Aïda. Tu m’entends ?Sa main tremble, se referme sur mon bras.— Gabriel…Sa voix est un souffle. Faible. Trop faible.M’Bala s’agenouille à côté de moi, son visage d’ordinaire impassible déformé par l’angoisse.— Il faut la descendre à la cabine. Vite.J’acquiesce, incapable de parler.Je la soulève avec précaution. Son corps est léger contre le mien, mais je sens la chaleur de son sang qui s’imprègne dans ma chemise. Je descends d’un pas rapide l’escalier menant à ma cabine, Diego à mes trousses, son bras toujours serré contre ses côtes blessées.À peine la pose-t-on sur la couchette qu’un cri résonne sur le pont.— L’ennemi revient !Je me fige

สำรวจและอ่านนวนิยายดีๆ ได้ฟรี
เข้าถึงนวนิยายดีๆ จำนวนมากได้ฟรีบนแอป GoodNovel ดาวน์โหลดหนังสือที่คุณชอบและอ่านได้ทุกที่ทุกเวลา
อ่านหนังสือฟรีบนแอป
สแกนรหัสเพื่ออ่านบนแอป
DMCA.com Protection Status