Gabriel Moretti
Le cuir brûlé, l’odeur du sang, la fumée noire qui s’élève dans la nuit.
J’ai mal. Une douleur sourde me vrille l’épaule, chaude et poisseuse. Je n’ai pas besoin de baisser les yeux pour savoir : la balle est entrée. Trop propre pour être un simple règlement de comptes, trop précis pour être un avertissement. On voulait me tuer.
Je plaque une main contre la blessure et me redresse contre la carcasse éventrée de ma voiture. Le métal est encore tiède, déformé par l’impact de l’explosion. Tout est allé trop vite. Un instant, nous roulions dans la nuit, Matteo au volant, trois de mes hommes en renfort. L’instant d’après, une gerbe de feu, la détonation, le crissement des pneus déchirant l’asphalte. Une embuscade. Millimétrée. Ils attendaient.
Mon souffle est court. Mes doigts tremblants glissent sur le cuir de ma veste, poisseux de sang. Je sens le liquide chaud couler lentement le long de mon bras, s’infiltrer sous le tissu. Je serre les dents. Pas maintenant. Pas ici.
Matteo rampe jusqu’à moi, son arme pressée contre sa poitrine. Son visage est tendu, une traînée de sang sur sa tempe.
— On doit bouger, capo.
Sa voix est basse, mais je perçois l’urgence sous le calme feint. Mes hommes sont éparpillés autour de nous, certains inertes, d’autres gémissants dans l’obscurité. Je n’ai pas besoin de compter. Je sais déjà que plusieurs ne se relèveront pas.
Je hoche la tête, tente de me redresser, mais une décharge de douleur explose dans mon épaule. Je grogne, serre la mâchoire. Chaque mouvement est une torture, chaque respiration un effort.
— La voiture ?
Matteo jette un regard vers la carcasse fumante.
— Foutue.
Évidemment. Mon regard balaie les ruelles sombres autour de nous. Je n’ai pas le luxe d’attendre des renforts. Si mes ennemis ont eu l’audace d’attaquer ici, c’est qu’ils savent ce qu’ils font. Ce n’est pas un avertissement, c’est une exécution manquée.
— Hôpital ? demande Matteo.
— Hors de question.
Pas de médecins. Pas de dossiers. Pas de preuves. Si je mets un pied dans un hôpital, il me faudra une armée pour en sortir vivant. Je dois disparaître avant que cette attaque ne devienne une déclaration de guerre officielle.
Mais il me faut un médecin. Et j’ai une option. Une qui ne me plaît pas.
Matteo me fixe, attendant une décision.
— J’ai quelqu’un.
Ses sourcils se froncent.
— Confiance ?
Je ne réponds pas immédiatement. Confiance ? Non. Mais elle est la seule qui puisse me rafistoler sans poser de questions.
Je recrache un filet de sang, inspire lentement. Ma voix est rauque, tranchante.
— Conduis-moi chez Alba Ricci.
Alba Ricci
Le silence de la nuit est un mensonge.
Dans l’obscurité de mon appartement, je tends l’oreille. J’ai appris à écouter au-delà du calme apparent. Un moteur qui ralentit trop près de mon immeuble. Des pas qui s’arrêtent devant ma porte. Une respiration retenue derrière un mur. Les signes avant-coureurs du danger sont souvent imperceptibles. Jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
Je referme ma main sur le manche du scalpel posé sur la table. Je ne dors jamais vraiment, pas profondément, pas depuis que j’ai fui ce qui devait être ma vie. La peur est une habitude, une vieille amie.
Puis, trois coups secs contre ma porte.
Pas un simple visiteur. Quelqu’un qui sait où me trouver.
Je ne bouge pas, la lame froide entre mes doigts.
— Alba. Ouvre.
La voix est rauque, basse, mais reconnaissable entre mille. Gabriel Moretti.
Mon cœur rate un battement. Il ne devrait pas être ici. Il n’a jamais mis les pieds chez moi. Il ne vient jamais en personne. Quand l’un de ses hommes est blessé, il envoie quelqu’un d’autre. Pourtant, il est là, derrière cette porte, et ça ne peut signifier qu’une chose : il est en sale état.
Je pose la lame et déverrouille la porte.
La première chose que je vois, c’est le sang.
Sa chemise noire est poisseuse, collée à son torse, un liquide sombre s’étendant du tissu à sa peau. Son bras droit pend légèrement, raide, inutilisable. Il a pris une balle. Son regard, froid comme l’acier, se plante dans le mien. Il est pâle, mais il tient debout. Je devrais être soulagée qu’il n’ait pas perdu connaissance. Je ne le suis pas.
Gabriel franchit le seuil d’un pas lourd.
— Ferme la porte.
Je referme derrière lui, croise les bras.
— Qui t’a fait ça ?
Son expression ne change pas.
— C’est important ?
Je soupire. Il ne me dira rien. Je ne pose pas de questions, c’est notre arrangement tacite.
Je le guide vers la table d’examen que j’utilise pour mes patients clandestins. Il s’y laisse tomber, une main crispée sur son épaule blessée.
— Enlève ta chemise.
Un sourire fugace tord ses lèvres, un éclat de défi dans ses yeux.
— Si tu voulais me voir torse nu, il suffisait de demander.
— Si je voulais te voir torse nu, je ne choisirais pas une nuit où tu pisses le sang sur mon parquet.
Son sourire s’efface, remplacé par un rictus de douleur lorsqu’il défait lentement les boutons de sa chemise. Il ne grimace pas, mais je vois la tension dans sa mâchoire, la façon dont il retient sa respiration. Il est habitué à la douleur.
Quand il écarte le tissu, la blessure se dévoile. Une plaie nette, une entrée propre. La balle est toujours logée dans sa chair. Je fronce les sourcils.
— T’as eu de la chance. C’est passé à côté d’une artère.
— Je suis toujours chanceux.
Je lève les yeux vers lui.
— C’est pas ce que ton état me dit.
Il ne répond pas. Son regard m’accroche, me défie de creuser plus loin. J’attrape une paire de gants et prépare m
on matériel. Il ne peut pas rester ici trop longtemps.
— Tu veux une anesthésie ?
Gabriel ricane.
— Fais vite.
Alba Bien sûr. Monsieur est trop fier pour avouer qu’il souffre. Je récupère une pince, approche la plaie. Il serre les dents quand je touche la peau, mais ne bouge pas. Lentement, méthodiquement, je sonde la blessure. La balle est profonde. Mon regard remonte vers son visage. Son front est perlé de sueur, mais il ne détourne pas les yeux.— Tu peux encore faire marche arrière, Moretti.— Et me traîner jusqu’à un hôpital pour qu’on me finisse ? Non merci.Je soupire et pince les lèvres. Il ne me facilitera pas la tâche.D’un geste précis, je fais glisser la pince et accroche le projectile. Gabriel se tend, ses muscles se contractent sous ma main. Il respire lentement, profondément, contrôlant la douleur. Je tire. Un frisson le parcourt, un son rauque s’échappe de sa gorge, mais il ne crie pas.La balle tombe dans le plateau en métal dans un tintement sourd.Je prends des compresses, nettoie le sang. Mon esprit me hurle de ne pas m’attarder sur sa peau brûlante sous mes doigts. Ce n’e
Alba RicciJe referme la porte derrière lui.Mes doigts restent crispés sur la poignée, les jointures blanchies par la tension. Je ferme les yeux un instant, inspire profondément. L’air de mon appartement est chargé d’un mélange de désinfectant et de sang séché. L’odeur s’accroche à ma peau, à mes vêtements, à mes pensées.Gabriel Moretti.Il est venu ici, blessé, vulnérable, et pourtant, il a réussi à prendre le contrôle. Toujours lui. Toujours ce fichu pouvoir qu’il exerce sans même essayer.Je relâche lentement la poignée et me détourne. Mon appartement est minuscule, un refuge sans luxe, sans attache. Juste un lit, une table d’examen, une étagère surchargée de fournitures médicales volées ou achetées sur le marché noir. Ce n’est pas une maison. Ce n’est qu’un abri.Mais ce soir, il est devenu quelque chose d’autre. Un champ de bataille invisible, où les mots ont tranché plus profondément que n’importe quelle lame.Je m’approche du lavabo, tourne le robinet et laisse l’eau couler s
Alba RicciJe me dirige vers la porte, enfile ma veste en cuir et récupère mon arme sous l’oreiller. Un simple Glock, léger, fiable. Je ne sors jamais sans.Les rues sont désertes à cette heure. Juste quelques âmes errantes, des ombres silencieuses qui ne cherchent pas d’ennuis.Je marche sans destination.Jusqu’à ce que je sente un frisson dans mon dos.Un instinct, une alerte viscérale. Quelqu’un me suit.Je ralentis légèrement, tendant l’oreille.Les pas sont feutrés, discrets, mais je les entends.Je m’engage dans une ruelle plus sombre, resserre ma prise sur mon arme.Puis je me retourne d’un coup, le canon pointé droit sur l’inconnu.L’homme s’arrête net. Un sourire narquois se dessine sur son visage.— Toujours aussi réactive, Ricci.Je reconnais immédiatement la voix.Mon sang se glace.— Toi.L’homme fait un pas en avant, son sourire s’élargit.— Ça faisait longtemps.Son ombre s’étire sous les réverbères.Je ne m’attendais pas à le revoir.Pas si tôt.Et surtout pas ici.La
Alba RicciJe déteste cette sensation.L’impression d’être acculée, enfermée dans une cage dont je ne vois pas encore les barreaux, mais dont je devine la forme.Gabriel Moretti se tient devant moi, imposant, imperturbable. Son regard brûle d’une intensité qui me cloue sur place, comme s’il avait déjà scellé mon sort avant même que je n’ouvre la bouche.— Pourquoi Carlo Ricci te cherche ?Son ton est calme, presque indifférent. Mais je ne suis pas idiote. Derrière cette façade impassible, il analyse chaque battement de mes cils, chaque tressaillement de mes doigts.Je croise les bras, me forçant à soutenir son regard.— Ça ne te regarde pas.Un silence. Puis un rictus étire ses lèvres.— Mauvaise réponse.Il fait un pas vers moi. Instinctivement, je recule d’un cran, mais je me heurte à la table derrière moi. Erreur. Son sourire s’élargit, comme un prédateur sentant la panique de sa proie.— Tu es dans ma ville, Alba.Sa voix est basse, menaçante.— Et tu es sous mon toit.Il pose une
Alba RicciIl esquisse un sourire.— Je n’ai jamais dit que je voulais ton obéissance, Alba.Il se lève lentement, son regard sombre rivé au mien.— Je veux ta coopération.Un ricanement m’échappe.— C’est la même chose.Il secoue la tête.— Non.Il s’approche, réduit la distance entre nous.— L’obéissance, c’est suivre sans réfléchir. Toi, tu es trop fière pour ça. Trop têtue.Sa main frôle mon bras, un contact presque imperceptible, mais suffisant pour envoyer une onde électrique dans mon corps.— Mais la coopération… Il se penche légèrement, son souffle effleurant ma peau. C’est choisir de rester, de marcher à mes côtés.Un frisson me parcourt, et je me hais pour ça.Je me hais de sentir cette attraction me tirer vers lui, comme une force gravitationnelle que je ne peux ignorer.Je me recule brusquement, brisant le contact.— Si tu crois que je vais travailler pour toi, tu es encore plus fou que je ne le pensais.Il ne se fâche pas. Il ne s’énerve jamais.Il analyse. Il attend.— T
Gabriel Moretti – Le goût du contrôleEt elle le sait.Elle lutte, elle se débat, mais au fond, elle sent déjà les chaînes invisibles se refermer autour d’elle.Et moi, je les resserre lentement.— Patrone.Je lève les yeux vers Luca, mon bras droit. Il se tient à l’entrée, impassible comme toujours.— Quoi ?— Nos hommes ont intercepté un message. Carlo Ricci est en train de rassembler des mercenaires.Je souris légèrement.Bien sûr qu’il ne va pas abandonner.— Combien ?— Assez pour une frappe. Il veut la récupérer rapidement.Je tapote le bord de mon cigare, pensif.— Et il sait qu’elle est ici ?Luca secoue la tête.— Pas encore. Mais il fouille. Et s’il continue, il finira par faire le lien.Je hoche la tête lentement.Carlo Ricci pense pouvoir marcher sur mon territoire et m’arracher ce qui m’appartient ?Il se trompe.— Renforce la sécurité. Double les gardes.— Déjà fait.Un silence s’installe. Luca me fixe, attendant quelque chose.— Tu veux dire quelque chose ?Il hésite. C
Alba RicciL’air se fige.Je le reconnais instantanément. Cette voix. Ce ton faussement suave, venimeux sous sa douceur.Mon cœur s’emballe, mes muscles se tendent, mais je ne bouge pas. Je refuse de lui montrer ma peur.L’homme avance d’un pas, laissant la lumière effleurer son visage.Lorenzo Ricci.Mon oncle.Sa silhouette imposante barre l’entrée de ma chambre. Son costume est impeccable, son sourire aussi froid que l’acier d’une lame.— Tu as bien grandi, Alba.Ma gorge se serre.Mon oncle, l’ombre de mon père. Le chien fidèle qui exécute ses ordres sans poser de questions.S’il est là…Alors, je suis déjà piégée.Je me redresse lentement, cachant mes tremblements.— Que fais-tu ici ?Il sourit, un rictus qui m’a toujours mise mal à l’aise.— Tu crois vraiment que tu pouvais nous échapper éternellement ?Mon sang se glace.— Gabriel…Il lève une main.— Ne compte pas sur lui ce soir. Il est occupé ailleurs.Je serre les dents. Mensonge. Je le vois à ses yeux. Mais ça signifie une
Gabriel MorettiElle se débat, essayant de se libérer.Lorenzo hurle des ordres, mais le chaos l’engloutit.Je le vois reculer, tirant Alba avec lui.Je le vise.Une seconde d’hésitation.Puis, j’appuie sur la détente.Une balle.Juste entre les deux yeux.Lorenzo s’effondre.Je cours vers elle, tranchant ses liens.Elle tombe dans mes bras, haletante.Ses doigts s’accrochent à ma chemise.Et je murmure contre ses cheveux :— Personne ne t’arrachera à moi.L’air nocturne est lourd, chargé de l’odeur du sang et de la poudre.Alba descend de la voiture avec une lenteur maîtrisée, comme si elle testait la solidité de ses jambes. Je la regarde faire, impassible.Je devrais être soulagé. Elle est en vie.Mais ma mâchoire reste contractée.Elle s’est laissée prendre.Ils ont osé la toucher.Et malgré tout, elle se tient là, droite, le menton levé, les yeux durs comme l’acier.J’avance derrière elle, lentement, chaque pas mesuré. Autour de nous, mes hommes attendent, scrutent. Pas un mot ne
Gabriel22h00 – Le poids de l’éternitéLe ciel est sombre, une couverture d’étoiles éparpillées à travers les cieux. La ville s’est calmée, son bourdonnement s’estompe avec les heures qui passent. Tout est paisible, presque trop paisible après tout ce que nous avons traversé. Je suis assis près de la fenêtre avec Alba, sa tête reposant sur mon épaule, nos mains entrelacées. Nous n’avons pas besoin de mots en cet instant ; le simple fait d’être ensemble suffit.Mais je sais que le silence entre nous porte un poids plus grand—quelque chose d’important. Ce soir, c’est comme si le monde retenait son souffle. Comme si tout ce qui nous avait menés ici, à cet instant précis, n’avait été qu’une longue préparation.Alba bouge légèrement, ses doigts effleurant les miens. Je sens son regard peser sur moi avant même de me tourner vers elle. Quand je le fais, ses yeux sont remplis d’une émotion que je peine à identifier—de la douceur, de la vulnérabilité, mais aussi une force tranquille.— « Je ne
Gabriel22h00 – Un instant de répitLa pièce est baignée par la douce lueur de la lune qui filtre à travers les rideaux, projetant des ombres mouvantes sur le sol. Alba est allongée à côté de moi, sa tête posée sur mon torse, sa main traçant de lents cercles sur ma peau. Il y a une tension dans l’air, quelque chose qui s’est accumulé entre nous depuis des jours et qui, maintenant, semble enfin se libérer.Le silence n’est pas vide. Il est chargé de tout ce que nous n’avons pas encore dit, de ces émotions que nous avons trop longtemps redouté d’affronter. Mais ce soir, il n’y a plus de peur. Ce soir, tout semble à sa place.Je tends la main pour repousser une mèche de cheveux derrière son oreille, effleurant sa peau au passage. Elle bouge légèrement, lève les yeux vers moi. Son regard est sombre, empreint d’une intensité que je ne parviens pas à nommer—du désir, de la passion, mais aussi quelque chose de plus fragile, de plus brut.— Je n’aurais jamais cru ressentir ça à nouveau, murmu
Gabriel23 h 30 – Tension SilencieuseLe silence de la nuit nous enveloppe comme un manteau, doux et chaud. Après le dîner, après tous les mots échangés et ceux restés en suspens, il ne reste plus que notre présence. Alba est là, juste à côté de moi. Je sens le léger mouvement de sa respiration, la chaleur de son corps si proche du mien. Nous avons parlé, nous nous sommes confiés, et maintenant… maintenant, la suite semble inévitable.Mais rien n’est précipité. Il n’y a ni urgence, ni pression. Ce n’est pas le besoin qui nous pousse, mais quelque chose de plus profond. Une connexion qui s’est tissée entre nous, silencieuse, mais indéniable. Ce soir n’a rien à voir avec le chaos d’avant. Ce soir parle de ce que nous avons construit, de ce que nous avons trouvé l’un en l’autre, au milieu des ruines.Je baisse les yeux vers elle et, un instant, je vois sa vulnérabilité. Elle ne la cache plus, pas comme avant. Elle s’est ouverte, pas totalement, mais suffisamment pour que je distingue la
Gabriel19h00 – Mise en scèneLa ville s’est calmée, le soleil n’est plus qu’un souvenir lointain alors que la nuit étend son étreinte fraîche sur tout ce qui l’entoure. Le silence est revenu, ce genre d’accalmie qui suit une tempête. La tension dans l’air s’est dissipée, ne laissant qu’un calme presque irréel.J’ai prévu quelque chose pour ce soir. Alba mérite un moment spécial, quelque chose qui soit rien qu’à nous. Après tout ce que nous avons traversé, elle mérite de se sentir… appréciée. Je ne peux pas effacer le passé, mais peut-être que je peux lui offrir une soirée sans le poids du monde sur ses épaules.Je me tiens dans la petite cuisine de l’appartement que nous avons pris pour la nuit, la pièce baignée par la lueur douce des bougies que j’ai disposées. La table est simple—rien d’extravagant—mais suffisamment soignée pour donner de l’importance à ce moment. Une bouteille de vin rouge trône au centre, les verres déjà à moitié remplis, attendant l’instant opportun. Une musique
Gabriel7h00 – Un nouveau jourLa lumière du soleil traverse la fenêtre, projetant de longues ombres dans la pièce. Je suis encore allongé à côté d’Alba, mon bras autour d’elle, sa tête posée sur ma poitrine. La chaleur de son corps contre le mien me semble être une bouée de sauvetage. C’est étrange, à quel point tout a changé en si peu de temps, comment, il y a encore quelques heures, nous n’étions pas sûrs de ce que l’avenir nous réservait. Mais maintenant, sous cette lumière douce du matin, tout semble différent. Comme si nous avions entamé un nouveau chapitre de notre vie, même si nous ignorons encore où il nous mènera.Je ne veux pas bouger. Je ne veux pas troubler cette paix fragile que nous avons trouvée. Mais je sais que nous ne pouvons pas rester ici éternellement. Le monde extérieur nous attend, avec son chaos et son incertitude.Alba remue à côté de moi, sa main pressant légèrement ma poitrine alors qu’elle bouge. Elle n’ouvre pas les yeux, mais ses gestes sont lents, délib
Et quoi qu’il arrive, nous l’affronterons avec la même force qui nous a portés à travers nos jours les plus sombres.Parce que nous ne sommes plus seuls.Et ensemble, nous pouvons tout reconstruire.---1h00 – Un instant de calmeLa pièce est plongée dans l’obscurité, seulement éclairée par la lueur tamisée des lampadaires dehors. La pluie tombe toujours, créant une rythmique apaisante contre la fenêtre. Un calme étrange s’installe, celui qui semble irréel après des semaines de tension et de chaos. Comme un instant suspendu, volé à la réalité.Je suis assis au bord du lit, les coudes sur les genoux, observant Alba. Elle est installée dans le fauteuil près de la fenêtre, les jambes repliées contre sa poitrine, le regard perdu au-delà des gouttes de pluie. Elle semble fatiguée, pas seulement physiquement, mais profondément épuisée, vidée par tout ce qu’elle a dû traverser. Pourtant, elle reste droite, résiliente, comme si elle refusait de s’effondrer.Je devrais dire quelque chose. Bris
Gabriel22h00 – Le prix de la victoireL’après-coup est silencieux. La tempête est passée, mais la destruction qu’elle a laissée derrière elle est omniprésente. L’entrepôt est un cimetière de caisses brisées, de munitions éparpillées et de taches de sang sur le béton. Il ne reste aucune trace des soldats qui remplissaient ces lieux, seulement les vestiges de leur passage, des rappels du combat que nous venons de mener—et de gagner.Mais la victoire a un prix.Je regarde Alba. Son visage est fatigué mais déterminé, son corps couvert de bleus et d’entailles. Sa main est toujours fermement agrippée à son arme, mais son attitude s’est adoucie. L’adrénaline retombe, ne laissant derrière elle que le poids de tout ce que nous venons d’endurer.Elle croise mon regard et hoche la tête, comme pour confirmer ce que nous savons tous les deux. La bataille est terminée, mais la guerre en nous ne l’est pas. Pas encore.— Tu tiens le coup ? demandé-je, la voix rauque après des heures de lutte.Elle m
Gabriel19h00 – En plein brasierLe chaos nous engloutit. Les coups de feu résonnent dans l’entrepôt, noyant tous les autres sons. Des explosions projettent des éclats de métal et de bois dans les airs, et l’odeur âcre de la fumée et du fer brûlé sature l’atmosphère. Notre monde est devenu un champ de bataille.J’entraîne Alba derrière un pilier d’acier, le sifflement des balles vrillant mes tympans. Elle se déplace avec une précision implacable, son regard perçant scrutant chaque recoin, chaque ombre. Je peux lire la détermination sur son visage. Elle ne se bat pas seulement pour sa survie. Elle se bat pour autre chose. Pour elle-même. Pour nous.Nous sommes allés trop loin pour reculer maintenant.Je croise son regard, mon souffle court sous l’effort.— On doit bouger. Vite.Elle n’a pas besoin de m’entendre pour comprendre. Déjà, elle est debout, arme levée, sondant le couloir devant nous. Je la suis de près, chaque muscle tendu, chaque nerf à vif.L’entrepôt semble se refermer sur
Gabriel18h00 – Au cœur de la batailleLe monde se meut au ralenti. Mes sens sont exacerbés, chaque bruit amplifié. L’air est chargé de tension, et je sens la sueur couler le long de mon dos tandis que je tiens ma position. Les pas derrière moi se rapprochent, pressants, et je sais que cette fois, il n’y aura pas d’échappatoire.Ils nous attendaient. Tous.Nico. Adriano. Leurs hommes. Ils ont tout planifié dans les moindres détails. L’entrepôt n’est plus un simple bâtiment—c’est un champ de bataille. Un lieu où nous ferons face ou où nous serons engloutis par l’ombre qui nous poursuit depuis trop longtemps.Je jette un regard à Alba, juste à côté de moi. Son visage est pâle, mais son expression est résolue. Je ne sais pas ce qui traverse son esprit, mais une chose est sûre—elle ne reculera pas. Elle ne fuira pas.Nous avons trop avancé pour faire demi-tour.Je lève mon arme, vérifie une dernière fois la sécurité, puis lui fais signe d’avancer. Nous n’avons plus une seconde à perdre.L