Gabriel MorettiElle se débat, essayant de se libérer.Lorenzo hurle des ordres, mais le chaos l’engloutit.Je le vois reculer, tirant Alba avec lui.Je le vise.Une seconde d’hésitation.Puis, j’appuie sur la détente.Une balle.Juste entre les deux yeux.Lorenzo s’effondre.Je cours vers elle, tranchant ses liens.Elle tombe dans mes bras, haletante.Ses doigts s’accrochent à ma chemise.Et je murmure contre ses cheveux :— Personne ne t’arrachera à moi.L’air nocturne est lourd, chargé de l’odeur du sang et de la poudre.Alba descend de la voiture avec une lenteur maîtrisée, comme si elle testait la solidité de ses jambes. Je la regarde faire, impassible.Je devrais être soulagé. Elle est en vie.Mais ma mâchoire reste contractée.Elle s’est laissée prendre.Ils ont osé la toucher.Et malgré tout, elle se tient là, droite, le menton levé, les yeux durs comme l’acier.J’avance derrière elle, lentement, chaque pas mesuré. Autour de nous, mes hommes attendent, scrutent. Pas un mot ne
Gabriel MorettiLa porte claque.Le silence s’abat comme une lame tranchante.Alba vient de disparaître à l’étage, me laissant seul avec mes hommes et ce foutu goût de cendre dans la gorge.Je serre les dents.Je devrais la suivre.La forcer à me faire face, la briser et lui rappeler qui je suis.Mais pas devant eux.Pas devant ces témoins qui absorbent chaque mouvement, chaque intonation, chaque brèche.Je sens le regard d’Adriano qui me scrute depuis le canapé. Lorenzo s’appuie contre un pilier, bras croisés, son éternel sourire en coin plaqué sur ses lèvres.— Elle est plus coriace que prévu, souffle-t-il.Je pivote lentement vers lui.— Quelque chose à ajouter, Lorenzo ?Il se redresse, faussement détendu.— Rien, boss. Juste une constatation.Je l’observe une seconde de trop.Il sait que je ne tolère pas les remarques. Pas sur elle.Luca intervient, coupant court aux sous-entendus.— On doit parler des hommes de Romano.Je hoche la tête, repoussant ma rage froide au fond de mon c
Gabriel Il s’approche.Son regard glisse sur ma peau marquée, sur les contusions qui commencent à virer au violet.Je le laisse faire.Parce que je sais qu’il a besoin de voir.De constater par lui-même que je suis encore là.— Je vais bien, Gabriel.Il ne répond pas.Il s’approche encore, trop près.Je pourrais reculer, mais je ne le fais pas.Son regard accroche le mien, intense.— Ne me mens pas.Je serre les dents.Parce que ce n’est pas une demande.C’est un ordre.Je déteste ça.Mais ce soir, je n’ai pas la force de me battre.Alors je baisse la garde, juste un instant.— Je suis fatiguée.Il hoche la tête.Puis, sans prévenir, il lève la main.Ses doigts frôlent ma joue, remontent lentement jusqu’à ma tempe.Je retiens mon souffle.— Dors, Alba.Je devrais le repousser.Lui rappeler que je ne suis pas à lui.Mais au lieu de ça, je ferme les yeux.Et pour la première fois depuis longtemps, je me laisse aller.Juste un instant.Juste cette nuit.Avant que tout recommence.Alba R
Alba RicciLa lumière de l’aube filtre à travers les rideaux.J’ai à peine dormi.Mon corps proteste à chaque mouvement, mais ce n’est pas la douleur qui me maintient éveillée.C’est l’attente.L’attente d’un coup de fil, d’une explosion, d’un coup fatal porté dans le dos.Gabriel le sait aussi.Je l’ai vu, cette nuit, sur ce balcon, une cigarette entre les doigts, le regard perdu sur la ville. Ce moment de silence n’avait rien d’un répit. C’était un battement de cœur avant la guerre.Et elle arrive.Je le sens dans l’air.J’inspire profondément et me redresse. Je suis encore dans sa veste. Son odeur imprègne le tissu, un mélange de tabac, de whisky et de quelque chose d’indéfinissable. Un parfum qui m’agace autant qu’il m’obsède.Je me lève, traverse la chambre et ouvre la porte.Le couloir est désert.Trop désert.Je marche lentement, en silence, mes pas résonnant à peine sur le parquet. Quelque chose cloche.J’accélère.En bas, dans le salon, plusieurs hommes sont rassemblés. Des v
Alba RicciLe port sent le sel et le danger.Gabriel ne parle pas. Il se contente d’observer, les yeux rivés sur l’agitation qui, en surface, paraît normale. Mais je le connais. Il ne se fie jamais aux apparences.Je me tiens à côté de lui, les bras croisés, le vent s’engouffrant sous mon manteau trop grand. Autour de nous, les dockers chargent et déchargent les cargaisons, les moteurs vrombissent, les conversations se mêlent aux cris des mouettes. Rien d’anormal, en apparence.Mais Gabriel a raison.Quand tout semble trop calme, c’est qu’une tempête approche.Je serre les dents. L’attente me rend nerveuse.— Tu comptes rester planté là encore longtemps ?Il esquisse un sourire en coin.— T’es impatiente ?— Je déteste attendre que la mer monte. Si on sait que l’ennemi prépare quelque chose, pourquoi ne pas frapper avant ?Gabriel détourne enfin les yeux du port pour les poser sur moi. Il m’observe un instant, son regard sombre perçant à travers le vent salé.— Parce que frapper sans
Gabriel MorettiLa nuit est lourde, pesante comme un mauvais présage.Le port s’est vidé, laissant derrière lui l’écho des vagues et l’odeur du sel mêlée au gasoil. Quelques silhouettes traînent encore, des dockers fatigués, des contrebandiers discrets. Rien d’anormal, en apparence.Mais je le sais.Quelque chose bouge dans l’ombre.Je suis appuyé contre la voiture, le regard fixé sur Alba qui marche devant moi. Son pas est rapide, tendu. Elle est en train d’analyser, d’assembler les pièces du puzzle. Elle ne dit rien, mais je la connais. Elle cogite.— T’es trop silencieuse, Ricci.Elle s’arrête et se tourne vers moi, les bras croisés.— J’essaie de comprendre à quel point on est dans la merde.Je souris légèrement.— Profondément.— Ça, je m’en doute. Mais ce que je veux savoir, c’est pourquoi maintenant ? Pourquoi eux ?J’inspire lentement, mes yeux parcourant les containers alignés, les grues figées sous la lune.— Parce que l’équilibre est fragile. Trop de morts, trop de pertes.
Lucí Un rire amer m’échappe.— Une trêve ? Après avoir envoyé tes chiens contre nous ?— Ce n’était pas moi.— Tu nous prends pour des cons ?Il soupire, visiblement lassé.— Tu crois que j’ai besoin de me salir les mains ? Quelqu’un profite du chaos pour foutre la merde. Et ce n’est pas moi.Silence.Je jette un coup d’œil à Gabriel. Il ne bouge pas, mais je sais qu’il analyse chaque mot.— Qui alors ? demandé-je.Luca expire une bouffée de fumée.— Une faction indépendante. Peut-être des anciens, peut-être des nouveaux. Ce que je sais, c’est qu’ils veulent nous voir tomber, toi, moi, Moretti.Mon cœur bat plus vite.Une faction indépendante.Gabriel parle enfin.— T’as des preuves ?Luca esquisse un sourire.— Peut-être.Il tend une enveloppe.Gabriel ne bouge pas.— Ouvre-la, ordonné-je.Il le fait, lentement.À l’intérieur, des photos. Des hommes armés. Des visages connus, d’autres inconnus.Et au centre d’une image, un symbole.Une marque gravée sur un mur.Je frissonne.Parce q
Alba RicciL’odeur du cuir, du métal et du parfum boisé de Gabriel flotte dans l’espace confiné du jet privé.Je devrais me détendre. Profiter du calme avant la tempête. Mais impossible.Milan.Chaque kilomètre qui nous rapproche de cette ville resserre un étau invisible autour de ma poitrine.Je ne suis jamais revenue depuis ma fuite. Depuis la nuit où tout a changé.Je sens le regard de Gabriel sur moi. Il est assis en face, une main posée sur son menton, l’autre jouant distraitement avec la montre à son poignet.— Tu veux me dire pourquoi cette ville te met dans cet état ?Je redresse les épaules.— Ce n’est pas Milan. C’est ce que j’y ai laissé.Il ne répond pas tout de suite. Il observe, jauge, comme il le fait toujours.Puis il lâche :— Ton père.Je serre les dents.— Entre autres.Un silence.Puis Gabriel se lève et s’approche. Il pose une main sur l’accoudoir de mon fauteuil et plonge son regard dans le mien.— Il est hors de question que je te laisse seule là-bas.— Je sais.
Gabriel22h00 – Le poids de l’éternitéLe ciel est sombre, une couverture d’étoiles éparpillées à travers les cieux. La ville s’est calmée, son bourdonnement s’estompe avec les heures qui passent. Tout est paisible, presque trop paisible après tout ce que nous avons traversé. Je suis assis près de la fenêtre avec Alba, sa tête reposant sur mon épaule, nos mains entrelacées. Nous n’avons pas besoin de mots en cet instant ; le simple fait d’être ensemble suffit.Mais je sais que le silence entre nous porte un poids plus grand—quelque chose d’important. Ce soir, c’est comme si le monde retenait son souffle. Comme si tout ce qui nous avait menés ici, à cet instant précis, n’avait été qu’une longue préparation.Alba bouge légèrement, ses doigts effleurant les miens. Je sens son regard peser sur moi avant même de me tourner vers elle. Quand je le fais, ses yeux sont remplis d’une émotion que je peine à identifier—de la douceur, de la vulnérabilité, mais aussi une force tranquille.— « Je ne
Gabriel22h00 – Un instant de répitLa pièce est baignée par la douce lueur de la lune qui filtre à travers les rideaux, projetant des ombres mouvantes sur le sol. Alba est allongée à côté de moi, sa tête posée sur mon torse, sa main traçant de lents cercles sur ma peau. Il y a une tension dans l’air, quelque chose qui s’est accumulé entre nous depuis des jours et qui, maintenant, semble enfin se libérer.Le silence n’est pas vide. Il est chargé de tout ce que nous n’avons pas encore dit, de ces émotions que nous avons trop longtemps redouté d’affronter. Mais ce soir, il n’y a plus de peur. Ce soir, tout semble à sa place.Je tends la main pour repousser une mèche de cheveux derrière son oreille, effleurant sa peau au passage. Elle bouge légèrement, lève les yeux vers moi. Son regard est sombre, empreint d’une intensité que je ne parviens pas à nommer—du désir, de la passion, mais aussi quelque chose de plus fragile, de plus brut.— Je n’aurais jamais cru ressentir ça à nouveau, murmu
Gabriel23 h 30 – Tension SilencieuseLe silence de la nuit nous enveloppe comme un manteau, doux et chaud. Après le dîner, après tous les mots échangés et ceux restés en suspens, il ne reste plus que notre présence. Alba est là, juste à côté de moi. Je sens le léger mouvement de sa respiration, la chaleur de son corps si proche du mien. Nous avons parlé, nous nous sommes confiés, et maintenant… maintenant, la suite semble inévitable.Mais rien n’est précipité. Il n’y a ni urgence, ni pression. Ce n’est pas le besoin qui nous pousse, mais quelque chose de plus profond. Une connexion qui s’est tissée entre nous, silencieuse, mais indéniable. Ce soir n’a rien à voir avec le chaos d’avant. Ce soir parle de ce que nous avons construit, de ce que nous avons trouvé l’un en l’autre, au milieu des ruines.Je baisse les yeux vers elle et, un instant, je vois sa vulnérabilité. Elle ne la cache plus, pas comme avant. Elle s’est ouverte, pas totalement, mais suffisamment pour que je distingue la
Gabriel19h00 – Mise en scèneLa ville s’est calmée, le soleil n’est plus qu’un souvenir lointain alors que la nuit étend son étreinte fraîche sur tout ce qui l’entoure. Le silence est revenu, ce genre d’accalmie qui suit une tempête. La tension dans l’air s’est dissipée, ne laissant qu’un calme presque irréel.J’ai prévu quelque chose pour ce soir. Alba mérite un moment spécial, quelque chose qui soit rien qu’à nous. Après tout ce que nous avons traversé, elle mérite de se sentir… appréciée. Je ne peux pas effacer le passé, mais peut-être que je peux lui offrir une soirée sans le poids du monde sur ses épaules.Je me tiens dans la petite cuisine de l’appartement que nous avons pris pour la nuit, la pièce baignée par la lueur douce des bougies que j’ai disposées. La table est simple—rien d’extravagant—mais suffisamment soignée pour donner de l’importance à ce moment. Une bouteille de vin rouge trône au centre, les verres déjà à moitié remplis, attendant l’instant opportun. Une musique
Gabriel7h00 – Un nouveau jourLa lumière du soleil traverse la fenêtre, projetant de longues ombres dans la pièce. Je suis encore allongé à côté d’Alba, mon bras autour d’elle, sa tête posée sur ma poitrine. La chaleur de son corps contre le mien me semble être une bouée de sauvetage. C’est étrange, à quel point tout a changé en si peu de temps, comment, il y a encore quelques heures, nous n’étions pas sûrs de ce que l’avenir nous réservait. Mais maintenant, sous cette lumière douce du matin, tout semble différent. Comme si nous avions entamé un nouveau chapitre de notre vie, même si nous ignorons encore où il nous mènera.Je ne veux pas bouger. Je ne veux pas troubler cette paix fragile que nous avons trouvée. Mais je sais que nous ne pouvons pas rester ici éternellement. Le monde extérieur nous attend, avec son chaos et son incertitude.Alba remue à côté de moi, sa main pressant légèrement ma poitrine alors qu’elle bouge. Elle n’ouvre pas les yeux, mais ses gestes sont lents, délib
Et quoi qu’il arrive, nous l’affronterons avec la même force qui nous a portés à travers nos jours les plus sombres.Parce que nous ne sommes plus seuls.Et ensemble, nous pouvons tout reconstruire.---1h00 – Un instant de calmeLa pièce est plongée dans l’obscurité, seulement éclairée par la lueur tamisée des lampadaires dehors. La pluie tombe toujours, créant une rythmique apaisante contre la fenêtre. Un calme étrange s’installe, celui qui semble irréel après des semaines de tension et de chaos. Comme un instant suspendu, volé à la réalité.Je suis assis au bord du lit, les coudes sur les genoux, observant Alba. Elle est installée dans le fauteuil près de la fenêtre, les jambes repliées contre sa poitrine, le regard perdu au-delà des gouttes de pluie. Elle semble fatiguée, pas seulement physiquement, mais profondément épuisée, vidée par tout ce qu’elle a dû traverser. Pourtant, elle reste droite, résiliente, comme si elle refusait de s’effondrer.Je devrais dire quelque chose. Bris
Gabriel22h00 – Le prix de la victoireL’après-coup est silencieux. La tempête est passée, mais la destruction qu’elle a laissée derrière elle est omniprésente. L’entrepôt est un cimetière de caisses brisées, de munitions éparpillées et de taches de sang sur le béton. Il ne reste aucune trace des soldats qui remplissaient ces lieux, seulement les vestiges de leur passage, des rappels du combat que nous venons de mener—et de gagner.Mais la victoire a un prix.Je regarde Alba. Son visage est fatigué mais déterminé, son corps couvert de bleus et d’entailles. Sa main est toujours fermement agrippée à son arme, mais son attitude s’est adoucie. L’adrénaline retombe, ne laissant derrière elle que le poids de tout ce que nous venons d’endurer.Elle croise mon regard et hoche la tête, comme pour confirmer ce que nous savons tous les deux. La bataille est terminée, mais la guerre en nous ne l’est pas. Pas encore.— Tu tiens le coup ? demandé-je, la voix rauque après des heures de lutte.Elle m
Gabriel19h00 – En plein brasierLe chaos nous engloutit. Les coups de feu résonnent dans l’entrepôt, noyant tous les autres sons. Des explosions projettent des éclats de métal et de bois dans les airs, et l’odeur âcre de la fumée et du fer brûlé sature l’atmosphère. Notre monde est devenu un champ de bataille.J’entraîne Alba derrière un pilier d’acier, le sifflement des balles vrillant mes tympans. Elle se déplace avec une précision implacable, son regard perçant scrutant chaque recoin, chaque ombre. Je peux lire la détermination sur son visage. Elle ne se bat pas seulement pour sa survie. Elle se bat pour autre chose. Pour elle-même. Pour nous.Nous sommes allés trop loin pour reculer maintenant.Je croise son regard, mon souffle court sous l’effort.— On doit bouger. Vite.Elle n’a pas besoin de m’entendre pour comprendre. Déjà, elle est debout, arme levée, sondant le couloir devant nous. Je la suis de près, chaque muscle tendu, chaque nerf à vif.L’entrepôt semble se refermer sur
Gabriel18h00 – Au cœur de la batailleLe monde se meut au ralenti. Mes sens sont exacerbés, chaque bruit amplifié. L’air est chargé de tension, et je sens la sueur couler le long de mon dos tandis que je tiens ma position. Les pas derrière moi se rapprochent, pressants, et je sais que cette fois, il n’y aura pas d’échappatoire.Ils nous attendaient. Tous.Nico. Adriano. Leurs hommes. Ils ont tout planifié dans les moindres détails. L’entrepôt n’est plus un simple bâtiment—c’est un champ de bataille. Un lieu où nous ferons face ou où nous serons engloutis par l’ombre qui nous poursuit depuis trop longtemps.Je jette un regard à Alba, juste à côté de moi. Son visage est pâle, mais son expression est résolue. Je ne sais pas ce qui traverse son esprit, mais une chose est sûre—elle ne reculera pas. Elle ne fuira pas.Nous avons trop avancé pour faire demi-tour.Je lève mon arme, vérifie une dernière fois la sécurité, puis lui fais signe d’avancer. Nous n’avons plus une seconde à perdre.L