Gabriel Moretti – Le goût du contrôle
Et elle le sait.
Elle lutte, elle se débat, mais au fond, elle sent déjà les chaînes invisibles se refermer autour d’elle.
Et moi, je les resserre lentement.
— Patrone.
Je lève les yeux vers Luca, mon bras droit. Il se tient à l’entrée, impassible comme toujours.
— Quoi ?
— Nos hommes ont intercepté un message. Carlo Ricci est en train de rassembler des mercenaires.
Je souris légèrement.
Bien sûr qu’il ne va pas abandonner.
— Combien ?
— Assez pour une frappe. Il veut la récupérer rapidement.
Je tapote le bord de mon cigare, pensif.
— Et il sait qu’elle est ici ?
Luca secoue la tête.
— Pas encore. Mais il fouille. Et s’il continue, il finira par faire le lien.
Je hoche la tête lentement.
Carlo Ricci pense pouvoir marcher sur mon territoire et m’arracher ce qui m’appartient ?
Il se trompe.
— Renforce la sécurité. Double les gardes.
— Déjà fait.
Un silence s’installe. Luca me fixe, attendant quelque chose.
— Tu veux dire quelque chose ?
Il hésite. Ce n’est pas dans ses habitudes.
— Cette femme… Elle en vaut la peine ?
Je me redresse lentement.
— Tu doutes de mes décisions, Luca ?
Il secoue immédiatement la tête.
— Jamais, patron. Mais je me demande si elle ne va pas te coûter plus cher que prévu.
Je souris, amusé.
— Tout ce qui vaut vraiment la peine a un prix.
Luca ne répond pas. Il me connaît trop bien pour insister.
Je le congédie d’un geste, et il quitte la pièce.
Puis, je me lève, ma main serrant légèrement mon verre de whisky.
Alba pense encore pouvoir m’échapper.
Mais bientôt, elle comprendra.
Bientôt, elle verra qu’il n’y a pas de sortie.
Parce que moi, Gabriel Moretti, je ne perds jamais ce que je désire.
Et ce que je désire… c’est elle.
Alba Ricci – Frissons dans l’ombre
Je n’arrive pas à dormir.
Ce n’est pas la chambre luxueuse qui me dérange. Ni les draps trop soyeux, ni le silence pesant de cette maison.
C’est cette sensation.
Comme si je n’étais pas seule.
Je me redresse lentement, mes sens en alerte.
Puis je l’entends.
Un bruit, à peine perceptible.
Je tends l’oreille, mon cœur battant plus vite.
Quelqu’un est là.
Je me lève doucement, pieds nus sur le parquet froid. Chaque pas est mesuré, contrôlé.
J’attrape le petit couteau caché sous mon oreiller – un réflexe de survie que j’ai développé depuis longtemps – et avance vers la porte.
Je l’ouvre lentement.
Le couloir est plongé dans l’ombre.
Rien.
Mais mon instinct me hurle que quelque chose ne va pas.
Je serre mon couteau, prête à frapper, et me glisse dehors.
Un frisson me parcourt.
Puis, une main attrape mon poignet.
Je réagis immédiatement, tournant la lame vers mon assaillant –
— C’est comme ça que tu remercies ton hôte ?
Sa voix.
Gabriel.
Je lâche un souffle tremblant, mon cœur battant encore à toute vitesse.
— Tu es fou ?!
Il me lâche lentement, mais son regard ne me quitte pas.
— Tu croyais que c’était qui ?
Je ne réponds pas.
Je ne veux pas lui avouer que, oui, j’ai cru que c’était quelqu’un d’autre. Que je me suis sentie traquée, piégée.
Il croise les bras, me scrutant.
— Tu es nerveuse.
— Tu m’espionnes, maintenant ?
Il rit doucement.
— Je te protège.
— Ça revient au même.
Son regard s’assombrit.
— Si je voulais t’espionner, Alba, tu ne t’en rendrais même pas compte.
Je frémis malgré moi.
Il me domine, même dans le simple espace de ce couloir.
— Dors.
Sa voix est un ordre déguisé en conseil.
— Je dors si je veux.
Il sourit, amusé.
— Très bien. Reste éveillée, alors. Mais sache que si quelqu’un essaie de t’arracher à moi cette nuit…
Il se penche, et son souffle frôle mon oreille.
— Je les tuerai avant qu’ils ne puissent t’atteindre.
Un frisson glisse le long de ma colonne.
Je le hais pour ce qu’il me fait ressentir.
Mais ce soir, une certitude s’impose.
Les murs de cette cage se referment autour de moi.
Et le pire… c’est qu’une part de moi commence à s’y habituer.
Alba Ricci
Je ne dors pas.
Même après le départ de Gabriel, l’adrénaline pulse encore dans mes veines.
Son souffle brûlant sur ma peau. Son regard qui me traverse comme une lame. Ses menaces déguisées en promesses.
Je hais la façon dont il s’impose dans mon espace, dont il me force à ressentir chaque mouvement, chaque mot, chaque silence.
Mais je hais encore plus cette partie de moi qui ne peut s’empêcher de réagir à lui.
Je ferme les yeux un instant, mais les souvenirs reviennent, implacables.
Un cri dans la nuit.
Des mains ensanglantées.
Un nom que je n’ai pas prononcé depuis des années.
Luca.
Un frisson me parcourt. Pas Luca, le bras droit de Gabriel. Un autre Luca. Celui qui a failli me détruire.
Je me lève, incapable de rester allongée plus longtemps.
L’air de la chambre est trop lourd.
J’ouvre la fenêtre. L’air frais de la nuit caresse ma peau nue.
Je devrais être loin d’ici.
Mais je suis coincée.
Et ce n’est pas seulement à cause de Gabriel.
C’est parce que je sais qu’au-delà de ces murs, il y a quelque chose de pire qui m’attend.
Gabriel Moretti – Protéger ce qui est à moi
Je suis de retour dans mon bureau, mais cette fois, je ne suis pas seul.
Luca, Adriano et quelques autres hommes sont là, silencieux, attendant mes ordres.
— Parle.
Adriano se racle la gorge avant de poser une feuille sur mon bureau.
— On a capté une conversation entre deux hommes de Ricci. Ils parlent d’un rendez-vous ce soir. Quelque chose d’important.
Je prends la feuille, parcourant les informations. Un entrepôt. Un échange.
— Qu’est-ce qu’ils trafiquent ?
— On ne sait pas encore. Mais c’est assez gros pour que Ricci envoie ses hommes les plus fidèles.
Je souris légèrement.
Parfait.
— On y va.
Luca hoche la tête, mais Adriano hésite.
— Et la fille ?
Je lève les yeux.
— Quoi, la fille ?
— Si Ricci prépare quelque chose d’important, il va peut-être aussi essayer de la récupérer ce soir.
Je me redresse lentement.
— Alors, on va s’assurer qu’il ne puisse pas.
Alba Ricci – Une vérité douloureuse
Le sommeil finit par m’emporter, mais ce n’est pas un repos paisible.
Je rêve.
Des éclats de voix.
Des pleurs.
Et cette odeur de sang qui ne me quitte jamais.
— C’est de ta faute, Alba.
Je me retourne, mais je ne vois rien. Juste une silhouette dans l’ombre.
— Tu as tout détruit.
Non.
Je veux courir, fuir, mais mes pieds sont ancrés au sol.
La silhouette s’approche.
Et quand elle sort de l’ombre, je suffoque.
Luca.
Son visage, son regard vide.
Et cette plaie béante sur sa gorge.
Je me réveille en sursaut, mon cœur tambourinant contre ma poitrine.
Non. Ce n’est qu’un rêve.
Mais c’est toujours le même.
Le même cauchemar qui me hante depuis cette nuit-là.
Je prends une grande inspiration, essayant de calmer les tremblements dans mes mains.
Puis, une sensation étrange me traverse.
Quelqu’un est là.
Je le sens.
Je tends la main sous mon oreiller, mais cette fois, le couteau n’est plus là.
Je me fige.
Et c’est à ce moment-là que la porte s’ouvre.
Gabriel Moretti – Chasse nocturne
L’entrepôt est plongé dans l’obscurité.
Nous sommes cinq. Armés, silencieux, invisibles dans la nuit.
Je me glisse entre les caisses, mon arme prête.
Devant moi, Ricci et ses hommes.
Ils ne savent pas que nous sommes là.
Pas encore.
— D’ici cinq minutes, on frappe.
Luca hoche la tête. Adriano vérifie son chargeur.
Tout est sous contrôle.
Mais une seconde avant que je donne le signal, mon téléphone vibre.
Un message.
Un seul mot.
Alba.
Mon sang se glace.
Et sans hésiter, je change les plans.
— On s’en va.
Luca me regarde, incrédule.
— Quoi ?!
— Ils peuvent attendre.
— Mais…
Je
le fusille du regard, et il comprend.
Je tourne les talons.
Je rentre.
Parce que si quelqu’un a osé toucher à ce qui est à moi…
Alors ce soir, il va mourir.
Alba Ricci – Dans la gueule du loup
La silhouette dans l’ombre ne bouge pas.
Je suis figée, le souffle court.
Puis, la voix retentit.
— On se retrouve enfin, princesse.
Et mon monde s’écroule.
Alba RicciL’air se fige.Je le reconnais instantanément. Cette voix. Ce ton faussement suave, venimeux sous sa douceur.Mon cœur s’emballe, mes muscles se tendent, mais je ne bouge pas. Je refuse de lui montrer ma peur.L’homme avance d’un pas, laissant la lumière effleurer son visage.Lorenzo Ricci.Mon oncle.Sa silhouette imposante barre l’entrée de ma chambre. Son costume est impeccable, son sourire aussi froid que l’acier d’une lame.— Tu as bien grandi, Alba.Ma gorge se serre.Mon oncle, l’ombre de mon père. Le chien fidèle qui exécute ses ordres sans poser de questions.S’il est là…Alors, je suis déjà piégée.Je me redresse lentement, cachant mes tremblements.— Que fais-tu ici ?Il sourit, un rictus qui m’a toujours mise mal à l’aise.— Tu crois vraiment que tu pouvais nous échapper éternellement ?Mon sang se glace.— Gabriel…Il lève une main.— Ne compte pas sur lui ce soir. Il est occupé ailleurs.Je serre les dents. Mensonge. Je le vois à ses yeux. Mais ça signifie une
Gabriel MorettiElle se débat, essayant de se libérer.Lorenzo hurle des ordres, mais le chaos l’engloutit.Je le vois reculer, tirant Alba avec lui.Je le vise.Une seconde d’hésitation.Puis, j’appuie sur la détente.Une balle.Juste entre les deux yeux.Lorenzo s’effondre.Je cours vers elle, tranchant ses liens.Elle tombe dans mes bras, haletante.Ses doigts s’accrochent à ma chemise.Et je murmure contre ses cheveux :— Personne ne t’arrachera à moi.L’air nocturne est lourd, chargé de l’odeur du sang et de la poudre.Alba descend de la voiture avec une lenteur maîtrisée, comme si elle testait la solidité de ses jambes. Je la regarde faire, impassible.Je devrais être soulagé. Elle est en vie.Mais ma mâchoire reste contractée.Elle s’est laissée prendre.Ils ont osé la toucher.Et malgré tout, elle se tient là, droite, le menton levé, les yeux durs comme l’acier.J’avance derrière elle, lentement, chaque pas mesuré. Autour de nous, mes hommes attendent, scrutent. Pas un mot ne
Gabriel MorettiLa porte claque.Le silence s’abat comme une lame tranchante.Alba vient de disparaître à l’étage, me laissant seul avec mes hommes et ce foutu goût de cendre dans la gorge.Je serre les dents.Je devrais la suivre.La forcer à me faire face, la briser et lui rappeler qui je suis.Mais pas devant eux.Pas devant ces témoins qui absorbent chaque mouvement, chaque intonation, chaque brèche.Je sens le regard d’Adriano qui me scrute depuis le canapé. Lorenzo s’appuie contre un pilier, bras croisés, son éternel sourire en coin plaqué sur ses lèvres.— Elle est plus coriace que prévu, souffle-t-il.Je pivote lentement vers lui.— Quelque chose à ajouter, Lorenzo ?Il se redresse, faussement détendu.— Rien, boss. Juste une constatation.Je l’observe une seconde de trop.Il sait que je ne tolère pas les remarques. Pas sur elle.Luca intervient, coupant court aux sous-entendus.— On doit parler des hommes de Romano.Je hoche la tête, repoussant ma rage froide au fond de mon c
Gabriel Il s’approche.Son regard glisse sur ma peau marquée, sur les contusions qui commencent à virer au violet.Je le laisse faire.Parce que je sais qu’il a besoin de voir.De constater par lui-même que je suis encore là.— Je vais bien, Gabriel.Il ne répond pas.Il s’approche encore, trop près.Je pourrais reculer, mais je ne le fais pas.Son regard accroche le mien, intense.— Ne me mens pas.Je serre les dents.Parce que ce n’est pas une demande.C’est un ordre.Je déteste ça.Mais ce soir, je n’ai pas la force de me battre.Alors je baisse la garde, juste un instant.— Je suis fatiguée.Il hoche la tête.Puis, sans prévenir, il lève la main.Ses doigts frôlent ma joue, remontent lentement jusqu’à ma tempe.Je retiens mon souffle.— Dors, Alba.Je devrais le repousser.Lui rappeler que je ne suis pas à lui.Mais au lieu de ça, je ferme les yeux.Et pour la première fois depuis longtemps, je me laisse aller.Juste un instant.Juste cette nuit.Avant que tout recommence.Alba R
Alba RicciLa lumière de l’aube filtre à travers les rideaux.J’ai à peine dormi.Mon corps proteste à chaque mouvement, mais ce n’est pas la douleur qui me maintient éveillée.C’est l’attente.L’attente d’un coup de fil, d’une explosion, d’un coup fatal porté dans le dos.Gabriel le sait aussi.Je l’ai vu, cette nuit, sur ce balcon, une cigarette entre les doigts, le regard perdu sur la ville. Ce moment de silence n’avait rien d’un répit. C’était un battement de cœur avant la guerre.Et elle arrive.Je le sens dans l’air.J’inspire profondément et me redresse. Je suis encore dans sa veste. Son odeur imprègne le tissu, un mélange de tabac, de whisky et de quelque chose d’indéfinissable. Un parfum qui m’agace autant qu’il m’obsède.Je me lève, traverse la chambre et ouvre la porte.Le couloir est désert.Trop désert.Je marche lentement, en silence, mes pas résonnant à peine sur le parquet. Quelque chose cloche.J’accélère.En bas, dans le salon, plusieurs hommes sont rassemblés. Des v
Alba RicciLe port sent le sel et le danger.Gabriel ne parle pas. Il se contente d’observer, les yeux rivés sur l’agitation qui, en surface, paraît normale. Mais je le connais. Il ne se fie jamais aux apparences.Je me tiens à côté de lui, les bras croisés, le vent s’engouffrant sous mon manteau trop grand. Autour de nous, les dockers chargent et déchargent les cargaisons, les moteurs vrombissent, les conversations se mêlent aux cris des mouettes. Rien d’anormal, en apparence.Mais Gabriel a raison.Quand tout semble trop calme, c’est qu’une tempête approche.Je serre les dents. L’attente me rend nerveuse.— Tu comptes rester planté là encore longtemps ?Il esquisse un sourire en coin.— T’es impatiente ?— Je déteste attendre que la mer monte. Si on sait que l’ennemi prépare quelque chose, pourquoi ne pas frapper avant ?Gabriel détourne enfin les yeux du port pour les poser sur moi. Il m’observe un instant, son regard sombre perçant à travers le vent salé.— Parce que frapper sans
Gabriel MorettiLa nuit est lourde, pesante comme un mauvais présage.Le port s’est vidé, laissant derrière lui l’écho des vagues et l’odeur du sel mêlée au gasoil. Quelques silhouettes traînent encore, des dockers fatigués, des contrebandiers discrets. Rien d’anormal, en apparence.Mais je le sais.Quelque chose bouge dans l’ombre.Je suis appuyé contre la voiture, le regard fixé sur Alba qui marche devant moi. Son pas est rapide, tendu. Elle est en train d’analyser, d’assembler les pièces du puzzle. Elle ne dit rien, mais je la connais. Elle cogite.— T’es trop silencieuse, Ricci.Elle s’arrête et se tourne vers moi, les bras croisés.— J’essaie de comprendre à quel point on est dans la merde.Je souris légèrement.— Profondément.— Ça, je m’en doute. Mais ce que je veux savoir, c’est pourquoi maintenant ? Pourquoi eux ?J’inspire lentement, mes yeux parcourant les containers alignés, les grues figées sous la lune.— Parce que l’équilibre est fragile. Trop de morts, trop de pertes.
Lucí Un rire amer m’échappe.— Une trêve ? Après avoir envoyé tes chiens contre nous ?— Ce n’était pas moi.— Tu nous prends pour des cons ?Il soupire, visiblement lassé.— Tu crois que j’ai besoin de me salir les mains ? Quelqu’un profite du chaos pour foutre la merde. Et ce n’est pas moi.Silence.Je jette un coup d’œil à Gabriel. Il ne bouge pas, mais je sais qu’il analyse chaque mot.— Qui alors ? demandé-je.Luca expire une bouffée de fumée.— Une faction indépendante. Peut-être des anciens, peut-être des nouveaux. Ce que je sais, c’est qu’ils veulent nous voir tomber, toi, moi, Moretti.Mon cœur bat plus vite.Une faction indépendante.Gabriel parle enfin.— T’as des preuves ?Luca esquisse un sourire.— Peut-être.Il tend une enveloppe.Gabriel ne bouge pas.— Ouvre-la, ordonné-je.Il le fait, lentement.À l’intérieur, des photos. Des hommes armés. Des visages connus, d’autres inconnus.Et au centre d’une image, un symbole.Une marque gravée sur un mur.Je frissonne.Parce q
Gabriel22h00 – Le poids de l’éternitéLe ciel est sombre, une couverture d’étoiles éparpillées à travers les cieux. La ville s’est calmée, son bourdonnement s’estompe avec les heures qui passent. Tout est paisible, presque trop paisible après tout ce que nous avons traversé. Je suis assis près de la fenêtre avec Alba, sa tête reposant sur mon épaule, nos mains entrelacées. Nous n’avons pas besoin de mots en cet instant ; le simple fait d’être ensemble suffit.Mais je sais que le silence entre nous porte un poids plus grand—quelque chose d’important. Ce soir, c’est comme si le monde retenait son souffle. Comme si tout ce qui nous avait menés ici, à cet instant précis, n’avait été qu’une longue préparation.Alba bouge légèrement, ses doigts effleurant les miens. Je sens son regard peser sur moi avant même de me tourner vers elle. Quand je le fais, ses yeux sont remplis d’une émotion que je peine à identifier—de la douceur, de la vulnérabilité, mais aussi une force tranquille.— « Je ne
Gabriel22h00 – Un instant de répitLa pièce est baignée par la douce lueur de la lune qui filtre à travers les rideaux, projetant des ombres mouvantes sur le sol. Alba est allongée à côté de moi, sa tête posée sur mon torse, sa main traçant de lents cercles sur ma peau. Il y a une tension dans l’air, quelque chose qui s’est accumulé entre nous depuis des jours et qui, maintenant, semble enfin se libérer.Le silence n’est pas vide. Il est chargé de tout ce que nous n’avons pas encore dit, de ces émotions que nous avons trop longtemps redouté d’affronter. Mais ce soir, il n’y a plus de peur. Ce soir, tout semble à sa place.Je tends la main pour repousser une mèche de cheveux derrière son oreille, effleurant sa peau au passage. Elle bouge légèrement, lève les yeux vers moi. Son regard est sombre, empreint d’une intensité que je ne parviens pas à nommer—du désir, de la passion, mais aussi quelque chose de plus fragile, de plus brut.— Je n’aurais jamais cru ressentir ça à nouveau, murmu
Gabriel23 h 30 – Tension SilencieuseLe silence de la nuit nous enveloppe comme un manteau, doux et chaud. Après le dîner, après tous les mots échangés et ceux restés en suspens, il ne reste plus que notre présence. Alba est là, juste à côté de moi. Je sens le léger mouvement de sa respiration, la chaleur de son corps si proche du mien. Nous avons parlé, nous nous sommes confiés, et maintenant… maintenant, la suite semble inévitable.Mais rien n’est précipité. Il n’y a ni urgence, ni pression. Ce n’est pas le besoin qui nous pousse, mais quelque chose de plus profond. Une connexion qui s’est tissée entre nous, silencieuse, mais indéniable. Ce soir n’a rien à voir avec le chaos d’avant. Ce soir parle de ce que nous avons construit, de ce que nous avons trouvé l’un en l’autre, au milieu des ruines.Je baisse les yeux vers elle et, un instant, je vois sa vulnérabilité. Elle ne la cache plus, pas comme avant. Elle s’est ouverte, pas totalement, mais suffisamment pour que je distingue la
Gabriel19h00 – Mise en scèneLa ville s’est calmée, le soleil n’est plus qu’un souvenir lointain alors que la nuit étend son étreinte fraîche sur tout ce qui l’entoure. Le silence est revenu, ce genre d’accalmie qui suit une tempête. La tension dans l’air s’est dissipée, ne laissant qu’un calme presque irréel.J’ai prévu quelque chose pour ce soir. Alba mérite un moment spécial, quelque chose qui soit rien qu’à nous. Après tout ce que nous avons traversé, elle mérite de se sentir… appréciée. Je ne peux pas effacer le passé, mais peut-être que je peux lui offrir une soirée sans le poids du monde sur ses épaules.Je me tiens dans la petite cuisine de l’appartement que nous avons pris pour la nuit, la pièce baignée par la lueur douce des bougies que j’ai disposées. La table est simple—rien d’extravagant—mais suffisamment soignée pour donner de l’importance à ce moment. Une bouteille de vin rouge trône au centre, les verres déjà à moitié remplis, attendant l’instant opportun. Une musique
Gabriel7h00 – Un nouveau jourLa lumière du soleil traverse la fenêtre, projetant de longues ombres dans la pièce. Je suis encore allongé à côté d’Alba, mon bras autour d’elle, sa tête posée sur ma poitrine. La chaleur de son corps contre le mien me semble être une bouée de sauvetage. C’est étrange, à quel point tout a changé en si peu de temps, comment, il y a encore quelques heures, nous n’étions pas sûrs de ce que l’avenir nous réservait. Mais maintenant, sous cette lumière douce du matin, tout semble différent. Comme si nous avions entamé un nouveau chapitre de notre vie, même si nous ignorons encore où il nous mènera.Je ne veux pas bouger. Je ne veux pas troubler cette paix fragile que nous avons trouvée. Mais je sais que nous ne pouvons pas rester ici éternellement. Le monde extérieur nous attend, avec son chaos et son incertitude.Alba remue à côté de moi, sa main pressant légèrement ma poitrine alors qu’elle bouge. Elle n’ouvre pas les yeux, mais ses gestes sont lents, délib
Et quoi qu’il arrive, nous l’affronterons avec la même force qui nous a portés à travers nos jours les plus sombres.Parce que nous ne sommes plus seuls.Et ensemble, nous pouvons tout reconstruire.---1h00 – Un instant de calmeLa pièce est plongée dans l’obscurité, seulement éclairée par la lueur tamisée des lampadaires dehors. La pluie tombe toujours, créant une rythmique apaisante contre la fenêtre. Un calme étrange s’installe, celui qui semble irréel après des semaines de tension et de chaos. Comme un instant suspendu, volé à la réalité.Je suis assis au bord du lit, les coudes sur les genoux, observant Alba. Elle est installée dans le fauteuil près de la fenêtre, les jambes repliées contre sa poitrine, le regard perdu au-delà des gouttes de pluie. Elle semble fatiguée, pas seulement physiquement, mais profondément épuisée, vidée par tout ce qu’elle a dû traverser. Pourtant, elle reste droite, résiliente, comme si elle refusait de s’effondrer.Je devrais dire quelque chose. Bris
Gabriel22h00 – Le prix de la victoireL’après-coup est silencieux. La tempête est passée, mais la destruction qu’elle a laissée derrière elle est omniprésente. L’entrepôt est un cimetière de caisses brisées, de munitions éparpillées et de taches de sang sur le béton. Il ne reste aucune trace des soldats qui remplissaient ces lieux, seulement les vestiges de leur passage, des rappels du combat que nous venons de mener—et de gagner.Mais la victoire a un prix.Je regarde Alba. Son visage est fatigué mais déterminé, son corps couvert de bleus et d’entailles. Sa main est toujours fermement agrippée à son arme, mais son attitude s’est adoucie. L’adrénaline retombe, ne laissant derrière elle que le poids de tout ce que nous venons d’endurer.Elle croise mon regard et hoche la tête, comme pour confirmer ce que nous savons tous les deux. La bataille est terminée, mais la guerre en nous ne l’est pas. Pas encore.— Tu tiens le coup ? demandé-je, la voix rauque après des heures de lutte.Elle m
Gabriel19h00 – En plein brasierLe chaos nous engloutit. Les coups de feu résonnent dans l’entrepôt, noyant tous les autres sons. Des explosions projettent des éclats de métal et de bois dans les airs, et l’odeur âcre de la fumée et du fer brûlé sature l’atmosphère. Notre monde est devenu un champ de bataille.J’entraîne Alba derrière un pilier d’acier, le sifflement des balles vrillant mes tympans. Elle se déplace avec une précision implacable, son regard perçant scrutant chaque recoin, chaque ombre. Je peux lire la détermination sur son visage. Elle ne se bat pas seulement pour sa survie. Elle se bat pour autre chose. Pour elle-même. Pour nous.Nous sommes allés trop loin pour reculer maintenant.Je croise son regard, mon souffle court sous l’effort.— On doit bouger. Vite.Elle n’a pas besoin de m’entendre pour comprendre. Déjà, elle est debout, arme levée, sondant le couloir devant nous. Je la suis de près, chaque muscle tendu, chaque nerf à vif.L’entrepôt semble se refermer sur
Gabriel18h00 – Au cœur de la batailleLe monde se meut au ralenti. Mes sens sont exacerbés, chaque bruit amplifié. L’air est chargé de tension, et je sens la sueur couler le long de mon dos tandis que je tiens ma position. Les pas derrière moi se rapprochent, pressants, et je sais que cette fois, il n’y aura pas d’échappatoire.Ils nous attendaient. Tous.Nico. Adriano. Leurs hommes. Ils ont tout planifié dans les moindres détails. L’entrepôt n’est plus un simple bâtiment—c’est un champ de bataille. Un lieu où nous ferons face ou où nous serons engloutis par l’ombre qui nous poursuit depuis trop longtemps.Je jette un regard à Alba, juste à côté de moi. Son visage est pâle, mais son expression est résolue. Je ne sais pas ce qui traverse son esprit, mais une chose est sûre—elle ne reculera pas. Elle ne fuira pas.Nous avons trop avancé pour faire demi-tour.Je lève mon arme, vérifie une dernière fois la sécurité, puis lui fais signe d’avancer. Nous n’avons plus une seconde à perdre.L