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Author: Fabien Saint-Val
last update Huling Na-update: 2024-10-29 19:42:56

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LES PLAIES DU CŒUR

Les heures défilaient puis les jours qui devinrent des semaines et sous le regard impuissant de ses compagnons de l’Élite, alors que le nuage maléfique s’étendait sans ménagement à travers tout le royaume, Léa restait cloîtrée et passait son temps à pleurer.

Elle n’avait pas quitté sa chambre depuis le départ de Kalon, partagée entre l’amour qu’elle lui portait et ce sentiment pourtant familier d’avoir été abandonnée encore une fois. L’Élite quant à elle était divisée face à son état ; certains faisaient preuve de compassion et de compréhension tandis que l’autre moitié n’admettait pas son attitude qu’elle jugeait indigne au regard de son statut. D’aucuns ne comprenaient pas qu’il leur faille subir les caprices d’une princesse en plein chagrin d’amour. Le seul point sur lequel tous étaient d’accord était qu’il devenait urgent de la faire réagir, car sans elle, leur mission était vouée à l’échec, mais comment faire pour qu’enfin elle reprenne part à cette quête ?

Elle et Drarion étaient tous deux indispensables, la prophétie était très claire à ce sujet ; et pendant que le temps s’écoulait, le mal lui, progressait sans que rien ni personne n’interfère.

— Je dois lui parler, la secouer !

— Ça va encore mal se terminer, Drarion, et tu vas une fois de plus devoir t’en remettre aux bons soins des Bihan-Avel pour soigner tes blessures.

— Ne dis pas de bêtises, Satine, ce qui s’est passé la semaine dernière était un accident… j’ai trébuché.

— Elle t’a surtout mis une bonne raclée, se moquèrent Nolan et Mikka.

— Moi au moins, j’ai essayé, vous ne pouvez pas en dire autant, se vexa Drarion.

— Nous sommes apparemment plus sensés que toi, voilà tout.

— Tant pis pour elle, cette fois-ci je riposterai.

— Vas-y doucement quand même, lui conseilla Neimus.

Alors que, déterminé, Drarion se levait pour tenter de faire entendre raison à Léa, le reste de L’Élite ne bougea pas le petit doigt. Dans la grande salle des Trônes, face aux immenses fenêtres qui s’ouvraient sur le royaume, ils observaient la progression de la masse sombre qui bombardait le paysage de ses effluves électriques et qui bientôt envelopperait Sgathân.

Vous ne venez pas m’aider ?

Pas là, non ! lui répondit Rus’Och sans même prendre la peine de le regarder.

Lorsqu’il entra dans sa chambre, Léa ne bougea pas d’un cil, il la trouva dans la même position que la veille ; recroquevillée sur elle-même, elle semblait observer elle aussi par sa fenêtre le nuage, mais en s’approchant, Drarion constata que son regard s’était perdu dans le lointain, un vide qu’elle seule percevait. Il pensa que des milliers d’images empreintes de mélancolie douloureuse devaient défiler dans ce néant qui la coupait du reste du monde et il hésita quelques secondes de plus avant de la déranger.

— Léa ?

— Oui ! répondit-elle impassible.

— Faut que je te parle.

— Je t’écoute.

Malgré son apparente désinvolture, Drarion avait confiance, car la semaine précédente elle ne lui avait pas permis de terminer sa phrase et l’avait envoyé s’écraser contre la porte au fond de la pièce d’un simple revers de la main. C’était bon signe, pensa-t-il. Il déglutit et prit son courage à deux mains pour poursuivre.

— Léa, tu ne peux pas continuer à te terrer comme tu le fais, les choses vont très mal dehors et nous avons besoin de toi, nous n’y arriverons jamais seuls.

— Je sais !

Son ton placide commençait à exaspérer Drarion qui haussa la voix tout en sachant que cela pourrait les conduire à une querelle qui ferait plus ou moins de dégâts.

ALORS, BOUGE-TOI LE CUL ! BORDEL !

Elle attendit la fin de sa phrase avant de le fixer droit dans les yeux avec son regard le plus noir. Drarion comprit qu’il allait encore faire un vol plané et traverser la chambre avec perte et fracas. Malgré son intention de contrecarrer le sort de sa cousine, elle fut plus rapide encore et il s’écrasa une nouvelle fois contre la porte.

Le temps pour lui de reprendre ses esprits et de se relever, Léa était déjà face à lui et les expressions sur son visage n’annonçaient rien de bon.

— NE ME PARLE PLUS JAMAIS COMME TU VIENS DE LE FAIRE ! grogna-t-elle.

— Désolé, Léa, c’est juste que je m’inquiète pour toi, mais également pour notre mission.

— Je sais bien et je te comprends, toi et tous les autres, mais essayez aussi de concevoir que j’avais besoin de ces quelques jours pour faire le point.

— Tu abuses un peu, non ? Ça fait bientôt trois semaines, Léa.

— Tant que ça ? Je ne me suis pas rendu compte.

— Je ne minimise pas ce que tu vis, loin de là, et je me demande comment je réagirais si Jubanis me quittait ainsi du jour au lendemain, mais le temps effacera tes douleurs contrairement à ce qui nous attend dehors si nous ne faisons rien.

— J’ai conscience de tout ce que tu me dis, Drarion. Il est grand temps, allons-y.

— Mais tu fais quoi ? Tu vas où ? la stoppa-t-il tandis qu’elle s’apprêtait à ouvrir la porte de sa chambre.

— Je vais rejoindre les autres, je leur dois quelques explications et peut-être même quelques excuses.

— NON ! Tu ne peux pas y aller comme ça, je leur ai dit qu’aujourd’hui c’était moi qui te mettrais une raclée, ils vont encore croire que tu as eu le dessus sur moi et se payer ma tête.

— C’est pourtant ce qui s’est passé Drarion, J’AI eu le dessus sur toi, non ?

Drarion la regarda, dépité. Il ne savait pas quoi lui répondre et son regard de chien battu en disait long sur sa déception.

— Bon, c’est d’accord, attrape le gros vase qui est là-bas et brise-le contre la porte pour que ça fasse un maximum de bruit et je dirai « aïe ! ».

— Tu te paies ma tête, là ?

— Un peu, oui.

— Qu’est-ce que tu peux être chiante parfois, tu sais ! Tant pis, passe devant, allons rejoindre les autres.

Kaugnay na kabanata

  • Faralonn Saison 4   2

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  • Faralonn Saison 4   3

    3L’ÂME DU GRIMOIRELes évènements terrifiants qui se déroulaient à l’extérieur n’assombrissaient plus la grande salle des Trônes. L’Élite était à nouveau réunie et ce plaisir partagé se lisait sur presque tous les visages, car malgré les apparences, vraisemblablement trompeuses, Satine comme Neimus, n’étaient pas dupes. L’attitude rayonnante de Léa leur était suspicieuse. Elle donnait l’impression, ou tout au moins c’est ce qu’elle voulait leur faire croire, de s’être totalement remise du départ de Kalon. Les stigmates de son état dépressif de ces dernières semaines avaient complètement disparu et cela, Satine n’y croyait pas. Avec le temps elle avait appris à la connaître et le petit jeu de Léa ne fonctionnait pas avec elle. Satine décida alors secrètement de l’avoir à l’œil.Une fois les équipes formées, Léa s’éclipsa quelques instants et revint avec son grimoire sous le bras. Elle ne s’étonna pas de con

  • Faralonn Saison 4   4

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  • Faralonn Saison 4   5

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  • Faralonn Saison 4   6

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  • Faralonn Saison 4   7

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  • Faralonn Saison 4   8

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  • Faralonn Saison 4   9

    9INVERTEROAu cœur de la forteresse, Zoà n’en pouvait plus de voir Wallamzen faire les cent pas et arpenter les lieux de long en large. L’ancien directeur de Tanaël n’était pas aussi démonstratif que son ami alors qu’au fond de lui il était dans le même état. Les rugissements provenant des entrailles du temple mettaient leurs nerfs à rude épreuve et lorsqu’ils sortaient pour tenter de chasser l’angoisse qui les rongeait, le supplice de leur constat était pire encore.La matière maléfique qui s’échappait depuis la plus haute tour d’onyx avait maintenant envahi Sgathân qui se retrouvait plongé dans l’obscurité, seuls les éclairs qui transperçaient l’épais manteau leur permettaient d’appréhender l’étendue de leurs actes.L’un comme l’autre se blâmait pour ce qui était en train de se produire. Ils savaient très bien que le seul moyen d’arrêter tout cela aurait été de raisonner Lady Any

Pinakabagong kabanata

  • Faralonn Saison 4   32

    32 PEUT-ÊTRE PAS LA FIN Pendant les quelques jours qui suivirent leur réveil, Léa et Drarion durent rester en observation, mais au bout du quatrième jour, Ameline leur annonça qu’ils avaient l’autorisation de faire une sortie dans les jardins de l’hôpital. Un bon bol d’air frais leur ferait le plus grand bien. Leur première bouffée d’oxygène leur tourna un peu la tête et le soleil les aveugla quelque peu, mais la gêne ne dura que quelques secondes. Les jardins étaient fleuris et beaucoup de patients se promenaient tout comme ils s’apprêtaient à le faire. Depuis leur réveil, ils ne parlaient que de ça, et la même question revenait toujours sur le tapis, qu’était-il advenu de cette année qu’ils avaient passée à Faralonn et de leurs amis ? Dans les jardins, la plupart des bancs

  • Faralonn Saison 4   31

    31UNE SECONDE CHANCEElle peinait à s’éveiller et sentait que son corps ne répondait plus. De vagues bruits sourds grondaient autour d’elle et lui martelaient le crâne. Elle dut fournir un effort inhumain pour ouvrir les yeux, et ce, malgré la douleur qu’elle ressentait, comme si la lame d’un scalpel glacé lui ouvrait les paupières. Un voile blanchâtre lui gâchait la vision, mais derrière cette brume opaque elle distinguait tout de même quelques formes en mouvance au son de voix méconnaissable.— Léa… elle se… docteur !Des bribes de mots harcelaient ses tympans. Clouée sur son lit, incapable de faire le moindre mouvement, Léa sentit la panique l’envahir.« Qu’est-ce qui m’arrive ? Où suis-je et pourquoi est-ce que je me sens si mal ? » se questionnait Léa.Une puissante lumière blanche transperçait à présent le voile qui lui masqua

  • Faralonn Saison 4   30

    30LE CŒUR D’HABASKLorsqu’ils poussèrent les portes de la salle des Trônes, l’émerveillement s’empara d’eux. Ce n’était ni plus ni moins qu’un miracle, pensèrent Léa et Drarion sur l’instant. À l’autre bout de la salle, Elvène les attendait en compagnie des deux gardiens. Celui de la tour du Sud n’était visiblement pas ravi d’avoir été contraint de restituer le dernier fragment du cœur d’Habask qui était en sa possession et son regard en disait long sur ses pensées. Pour lui, Léa et Drarion ne méritaient pas qu’il leur soit restitué de cette manière, il ne les considérait pas dignes d’en être à nouveau les protecteurs, mais de ses états d’âme, les élus n’en avaient que faire.Le morceau de cristal irradiait toute la salle et projetait sa lumière pourpre qui dansait sur les murs de pierre.— Mon fils ! Léa ! Il n’y a plus de temps à perdre !Drarion contempl

  • Faralonn Saison 4   29

    29L’ARMÉE DE VEELAL’Invertero était partout, il voyait et entendait tout et c’est sans surprise que Tan et le Simorgh durent éviter ses attaques. Les deux créatures eurent beaucoup de mal à éviter ses assauts et plus d’une fois ils passèrent de justesse à côté d’effluves électriques meurtriers qui leur frôlaient les plumes ou de cette brume maudite qui tentait de les capturer. Mais Tan et le Simorgh n’étaient pas d’humeur à jouer et malgré les contestations de Léa et Drarion, ils voulurent donner à l’exterminateur, une petite leçon. Ils s’apprêtaient à survoler Faralonn et le risque était trop grand, ils ne voulaient pas attirer l’Invertero jusqu’au palais. Depuis le ciel, l’enceinte fortifiée paraissait calme. Les grandes portes étaient fermées, les rues du village étaient désertes et les volets des maisons clos, mais à l’intérieur, tapi dans la peur, battait le cœur de centaines d’innocents qu’ils devaient à tout prix protéger.

  • Faralonn Saison 4   28

    28L’AUTRE FRAGMENTProtégés derrière les remparts de Faralonn, les plus jeunes et les plus faibles se terraient dans le silence. Le vent qui soufflait portait jusqu’à eux ce douloureux écho qui leur coupait le souffle, l’insoutenable cacophonie de cette guerre qui se préparait. Les Gnomines s’activaient pour calmer ces innocents pris de panique et qui s’inquiétaient pour le père, le fils ou la mère, partis se battre. Dans leur laboratoire, les Bihan-Avel se hâtaient de préparer leurs potions explosives, car pour sûr, les troupes en manqueraient rapidement.Dans la salle des Trônes, Elvène, en compagnie de Doum, se faisait un sang d’encre pour Gabriel et son fils. Elle faisait les cent pas devant les grandes fenêtres d’où elle pouvait imaginer l’enfer qui se déroulait sur la baie et sur les plages de Sgathân. Doum, le mini-troll, faisait de son mieux pour la rassurer, mais toutes ses tentatives étaient vain

  • Faralonn Saison 4   27

    27LES ALLIÉS DE NOKKÉL’armée qui unifiait tous les peuples de Sgathân avait envahi les berges qui encerclaient la baie. Depuis leur position, l’Élite ne distinguait que des masses fourmillantes au-dessus desquelles flottaient les étendards de chacun des clans ayant répondu présents à leur appel.Au cœur de cette vaste étendue d’eau glacée que défigurait une houle incessante siégeaient les ruines de la forteresse noire. Au milieu des blocs d’Onyx brisés, le corps de lady Anya continuait inlassablement de cracher son courroux et l’Invertero qui se nourrissait de sa haine, assiégeait les mondes un à un. Qu’attendait Neimus pour donner le signal que tous attendaient ? Ils étaient tous là, fin prêts à se lancer dans cette guerre qui pour beaucoup d’entre eux serait la dernière. Dans les rangs, les rugissements de leur courage, de leur détermination, faisaient trembler le sol. D’où ils se trouvaient, Neimus et

  • Faralonn Saison 4   26

    26L’ESPOIR SOUS L’ÉTENDARDLe manteau obscur et nébuleux de l’Invertero devenait de plus en plus menaçant et si sur la terre ferme les troupes étaient fin prêtes, le ténébreux l’était tout autant. L’armée de Faralonn, guidée par l’Élite, avançait au pas cadencé et chaque pas qui frappait le sol faisait résonner l’hymne de leur détermination. Au loin, sur les rives qui bordaient la baie et enclavaient le rocher sur lequel siégeait, il y avait peu de temps encore la forteresse noire, les étendards des peuples ayant répondu à l’appel de l’Élite flottaient sous le vent tels de gigantesques cerfs-volants. Léa eut des frissons lorsqu’elle en aperçut un en particulier. Bien qu’elle fût loin, elle distingua nettement l’emblème qui y était brodé, un désert de dunes. Gabriel qui l’observait lui adressa un sourire qu’elle lui rendit, il avait tenu sa promesse et même si elle ne savait pas encore comment il avait fait, elle lui en était recon

  • Faralonn Saison 4   25

    25LE GRIMOIRE NE RÉPOND PLUSC’est peut-être là le propre de cette espèce, être au pied du mur, proche de la fin, au point de non-retour pour que l’humain réussisse à faire table rase du passé. Qu’il oublie sa rancœur et sa colère pour pardonner, mais à quel prix ? Sans aucun doute, sa prise de conscience du temps qui passe et qui restera perdu à jamais. C’est ce que Léa réalisait tandis que Kalon repartait s’occuper d’armer tous ceux qui seraient en mesure de se battre le moment venu, elle lui avait tout pardonné. Avant qu’elle-même ne retourne dans les jardins du palais pour apporter son soutien au plus grand nombre, elle voulut, une dernière fois, prendre conseil auprès de son amie invisible. Sur son lit, dans sa chambre elle ouvrit son coffret et sortit son grimoire qui s’illumina dès qu’elle le toucha.Un instant de nostalgie l’envahit tandis qu’elle tournait les pages ; avec un sourire empli d’émotio

  • Faralonn Saison 4   24

    24PRÉPARER LES PLUS FAIBLESDrarion avait besoin de se changer les idées et de mettre de côté ce qu’il venait de vivre dans la chambre de sa mère. Lorsqu’il sortit dans les jardins du palais, il retrouva ses esprits et ses motivations ; celles qui l’avaient poussé à quitter brusquement le chevet d’Elvène reprirent le dessus. Dans les jardins du palais originel, il trouva ce qu’il était venu chercher, ses amis, sa famille. Tous étaient tenus par leurs tâches respectives et Drarion n’attendait plus qu’une chose, leur prêter main-forte, car cela lui éviterait de penser à ce qu’il ressentait. Il s’étonna d’entendre des rires d’enfants et comprit rapidement ce qui les rendait si joyeux. À l’écart, au fond du parc, Gwénaël et Tan faisaient les pitres pour la plus grande joie de ces petits êtres innocents. Tan s’était transformé en Dragon et les laissait jouer sur son dos pendant que Gwénaël bondissait et disparaissait en projetant de fa

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