9INVERTEROAu cœur de la forteresse, Zoà n’en pouvait plus de voir Wallamzen faire les cent pas et arpenter les lieux de long en large. L’ancien directeur de Tanaël n’était pas aussi démonstratif que son ami alors qu’au fond de lui il était dans le même état. Les rugissements provenant des entrailles du temple mettaient leurs nerfs à rude épreuve et lorsqu’ils sortaient pour tenter de chasser l’angoisse qui les rongeait, le supplice de leur constat était pire encore.La matière maléfique qui s’échappait depuis la plus haute tour d’onyx avait maintenant envahi Sgathân qui se retrouvait plongé dans l’obscurité, seuls les éclairs qui transperçaient l’épais manteau leur permettaient d’appréhender l’étendue de leurs actes.L’un comme l’autre se blâmait pour ce qui était en train de se produire. Ils savaient très bien que le seul moyen d’arrêter tout cela aurait été de raisonner Lady Any
10LE SORTILÈGE DE SOUMISSIONDover est une grande ville pluriculturelle, aussi Léa et son équipe n’avaient plus besoin de regarder leurs chaussures à chaque fois qu’ils croisaient quelqu’un. Les rôles venaient de s’inverser et Léa ne manqua pas de faire remarquer à Gabriel et Nolan que leur attitude n’avait rien à envier à celle des clients du pub sur la plage du village voisin.— Désolé, je pense que Nolan, tout comme moi, n’avions jamais vu de telles coiffures, en particulier leurs couleurs, est-ce naturel ?— Ce sont des punks, ils écoutent de la musique très… comment dire ? très rythmée et revendiquent un look décalé, mais au fond, ils sont comme vous et moi, et pour la couleur de leur crête, ils vont chez le coiffeur.— C’est quoi « chez le coiffeur ? » demanda le petit garçon.— Rus’Och, tu parles enfin ! C’est comme une taver
11SÉPARÉSTous fixaient à présent le ciel au-dessus de la forteresse noire, tétanisés de voir le nuage maléfique s’engouffrer, comme aspiré par les vortex que l’Invertero avait créés. Aucun d’eux ne savait exactement ce qui se passait à l’intérieur du repère des Déusumbraé, mais le phénomène au-dessus de leurs têtes n’était pas difficile à expliquer, tous avaient deviné que ces grands cercles lumineux qui avalaient la matière noire n’étaient autres que des portails magiques destinés à envahir les mondes.Sur les berges, face à la baie, Drarion affichait un petit sourire en coin que ses amis n’appréciaient guère. L’idée qu’il venait d’avoir et qu’il s’apprêtait à partager avec eux n’allait pas faire l’unanimité. Cependant la certitude qui se lisait déjà sur son visage quant à son plan, laissait entendre que ce qu’il allait leur annoncer était bien plus qu’une simple idée sur laquelle il faudrait débattre.
12LA FORTERESSE NOIRENokké, le géant des mers, n’était pas de ceux qui condamnent ou jugent, mais parfois il lui arrivait d’agir dans l’intérêt de tous. Il décela chez Zoà une forme de sincérité lorsque ce dernier lui affirma que tout ce qui était en train de se produire n’était pas son souhait. Compte tenu des circonstances, il proposa à l’ancien directeur de Tanaël de se joindre à l’armée qui affronterait, il l’espérait prochainement, cette chose, l’Invertero.— Mes pouvoirs n’auront aucun effet sur ce sortilège ni sur Anya. Tant que l’ordre des Déusumbraé sera unifié, je ne serai d’aucune utilité.— Alors il nous suffit d’en supprimer un et l’ordre suprême des dieux de l’ombre s’envolera avec l’âme de celui-ci.— Lady Anya est intouchable et Wallamzen, ce lâche, a fui.— Regarde !Nokké désigna l’horizon
13SE FONDRE DANS LA MASSEÀ travers la brume des campagnes anglo-saxonnes, le train filait à vive allure. Rus’Och et Nolan n’avaient pas l’air d’apprécier leur baptême, leur teint était livide et les haut-le-cœur qui les secouaient écœuraient Léa et Satine. Gabriel, lui, était cramponné à l’accoudoir de son siège, il espérait que le voyage ne durerait pas trop longtemps. Il n’avait pas détourné son regard de la porte du wagon à l’autre bout de l’allée centrale et s’inquiéta de voir un homme pénétrer dans la voiture.L’uniforme de ce dernier et son attitude ne rassurèrent personne, hormis Léa qui décida de s’en amuser.—Pas de quoi paniquer, c’est un contrôleur, Gabriel va nous en débarrasser vite fait. N’est-ce pas ? lui ordonna-t-elle, en plus de lui offrir son regard le plus méprisant.Agacé par son sarcasme, Gabriel
14LA GARDE ROYAL AUX TROUSSESLorsque les grilles du palais s’ouvrirent aux visiteurs, Satine tendit les billets d’une main tremblante. Ils suivirent le groupe qui s’extasiait déjà et canardait tout ce qui bougeait avec leurs appareils. Une femme d’apparence très joviale vint à leur rencontre et se présenta comme étant leur guide pour le reste de l’après-midi.— Nous commencerons la visite par la grande galerie aux tableaux.À peine la visite eut-elle commencé que Léa et ses amis cherchèrent un moyen de se faufiler hors du groupe pour aller fouiner. Satine se souvenait que lorsqu’elle avait fait son reportage, la Souveraine avait reçu son équipe dans le salon jaune à l’étage.En essayant de paraître le plus naturels possible, ils empruntèrent l’imposant escalier tandis que le groupe suivait leur guide. Une fois à l’étage, Satine dut s’arrêter quelques secon
15DE RETOUR DE L’ESTJubanis n’était pas très rassurée alors qu’elle pénétrait dans la forêt. Le domaine du roi des Elfes majeurs n’était plus très loin et déjà elle se sentait épiée. Elle dut puiser au plus profond d’elle-même pour trouver le courage de continuer. Elle se souvenait très bien de leur dernière visite dans cette contrée alors qu’avec l’Élite ils volaient au secours de Nolan. Bien que sa venue soit de la plus haute importance, elle ne serait sûrement pas la bienvenue.Les arbres se faisaient plus hauts, plus beaux et le parfum des fleurs qui envahissaient peu à peu les lieux au fur et à mesure qu’elle se rapprochait, l’enivrait. C’est sans surprise aucune qu’une escouade lui tomba dessus et lui barra la route. Menaçants, les Elfes des forêts pointaient sur elle leurs lances pour la dissuader de faire un pas de plus, mais sa détermination passa outre leur mise en garde. Elle savait qu’elle se
16ARRESTATIONLéa et ses compagnons d’armes traversèrent la cour de Buckingham palace à toute vitesse sans prendre le temps de s’excuser auprès des passants qu’ils bousculaient. Les touristes criaient leur colère contre l’Élite, mais aussi contre la garde royale qui les avait pris en chasse et qui ne s’occupait pas de savoir s’il y avait des civils sur leur chemin.Léa bifurqua brusquement sur sa gauche ; au loin, elle avait aperçu la Tamise, le souffle coupé elle cria à ses amis de la suivre. Longer les berges était pour elle la meilleure solution, ils y trouveraient bien un endroit pour se cacher. Depuis le bord du fleuve, dans leur course effrénée, ils distinguaient parfaitement les gyrophares toute sirène hurlante sur les bolides de la police nationale qui surgissaient à chaque coin de rue, sur chaque pont. Ils devaient vite trouver refuge, car bientôt ils seraient pris au piège. C’est sur une péniche