13SE FONDRE DANS LA MASSEÀ travers la brume des campagnes anglo-saxonnes, le train filait à vive allure. Rus’Och et Nolan n’avaient pas l’air d’apprécier leur baptême, leur teint était livide et les haut-le-cœur qui les secouaient écœuraient Léa et Satine. Gabriel, lui, était cramponné à l’accoudoir de son siège, il espérait que le voyage ne durerait pas trop longtemps. Il n’avait pas détourné son regard de la porte du wagon à l’autre bout de l’allée centrale et s’inquiéta de voir un homme pénétrer dans la voiture.L’uniforme de ce dernier et son attitude ne rassurèrent personne, hormis Léa qui décida de s’en amuser.—Pas de quoi paniquer, c’est un contrôleur, Gabriel va nous en débarrasser vite fait. N’est-ce pas ? lui ordonna-t-elle, en plus de lui offrir son regard le plus méprisant.Agacé par son sarcasme, Gabriel
14LA GARDE ROYAL AUX TROUSSESLorsque les grilles du palais s’ouvrirent aux visiteurs, Satine tendit les billets d’une main tremblante. Ils suivirent le groupe qui s’extasiait déjà et canardait tout ce qui bougeait avec leurs appareils. Une femme d’apparence très joviale vint à leur rencontre et se présenta comme étant leur guide pour le reste de l’après-midi.— Nous commencerons la visite par la grande galerie aux tableaux.À peine la visite eut-elle commencé que Léa et ses amis cherchèrent un moyen de se faufiler hors du groupe pour aller fouiner. Satine se souvenait que lorsqu’elle avait fait son reportage, la Souveraine avait reçu son équipe dans le salon jaune à l’étage.En essayant de paraître le plus naturels possible, ils empruntèrent l’imposant escalier tandis que le groupe suivait leur guide. Une fois à l’étage, Satine dut s’arrêter quelques secon
15DE RETOUR DE L’ESTJubanis n’était pas très rassurée alors qu’elle pénétrait dans la forêt. Le domaine du roi des Elfes majeurs n’était plus très loin et déjà elle se sentait épiée. Elle dut puiser au plus profond d’elle-même pour trouver le courage de continuer. Elle se souvenait très bien de leur dernière visite dans cette contrée alors qu’avec l’Élite ils volaient au secours de Nolan. Bien que sa venue soit de la plus haute importance, elle ne serait sûrement pas la bienvenue.Les arbres se faisaient plus hauts, plus beaux et le parfum des fleurs qui envahissaient peu à peu les lieux au fur et à mesure qu’elle se rapprochait, l’enivrait. C’est sans surprise aucune qu’une escouade lui tomba dessus et lui barra la route. Menaçants, les Elfes des forêts pointaient sur elle leurs lances pour la dissuader de faire un pas de plus, mais sa détermination passa outre leur mise en garde. Elle savait qu’elle se
16ARRESTATIONLéa et ses compagnons d’armes traversèrent la cour de Buckingham palace à toute vitesse sans prendre le temps de s’excuser auprès des passants qu’ils bousculaient. Les touristes criaient leur colère contre l’Élite, mais aussi contre la garde royale qui les avait pris en chasse et qui ne s’occupait pas de savoir s’il y avait des civils sur leur chemin.Léa bifurqua brusquement sur sa gauche ; au loin, elle avait aperçu la Tamise, le souffle coupé elle cria à ses amis de la suivre. Longer les berges était pour elle la meilleure solution, ils y trouveraient bien un endroit pour se cacher. Depuis le bord du fleuve, dans leur course effrénée, ils distinguaient parfaitement les gyrophares toute sirène hurlante sur les bolides de la police nationale qui surgissaient à chaque coin de rue, sur chaque pont. Ils devaient vite trouver refuge, car bientôt ils seraient pris au piège. C’est sur une péniche
17UNE AMIE VENUE DE LOINLe vol de la compagnie aérienne en provenance directe du Canada se posa sur le tarmac et la grande prêtresse n’attendit pas que les signaux lumineux s’éteignent pour empoigner son sac qu’elle avait gardé sur les genoux et se diriger vers la porte d’où l’hôtesse la regardait d’un sale œil.Passer les douanes, sauter dans un taxi et après une heure d’embouteillages dans les rues de Londres, le chauffeur la déposa devant les grilles de Buckingham Palace. Elle demanda à tous les gardes de bien vouloir la laisser entrer leur indiquant même que ce qu’elle avait à dire à la Reine était de la plus haute importance. Elle n’obtint aucune réaction de leur part, tous restaient de marbre et la grande prêtresse, éprouvée par son long voyage, ne savait plus que faire pour qu’on lui prête attention. Assise sur son sac de voyage, elle fixait les grilles, réfléchissant à un moyen d’entrer, mais aucu
18LE TEMPS PRESSEAu palais originel, le portail magique s’était ouvert dans la grande salle du trône et les dizaines d’apprentis Maîtres de l’Art pénétraient pour la première fois à Faralonn. Mikka avait tout organisé et les guidait jusqu’à leur camp qu’il avait fait établir dans les jardins du palais, non loin des serres. Les professeurs étaient logés dans des chambres et à peine le vortex se referma-t-il, qu’ils se réunirent pour débattre du programme de formations des plus jeunes et les diviser en groupe.Mikka préférait de loin assister le professeur Alfar, il était plus à l’aise avec une épée et préférait cela à la magie qu’il ne maîtrisait que très peu. Insouciants face aux heures sombres qui les menaçaient, les apprentis étaient survoltés et d’un tempérament d’acier, ils donnaient l’impression d’être invincibles. Lady Dule, la dernière directrice de Tanaël, s’attristait en les regardant se prendre
19LONDRES EN PÉRILLa voiture immaculée roulait à vive allure dans les rues de Londres, précédée par l’escorte de motards qui lui ouvrait la route. La Reine et la grande prêtresse constataient avec une frayeur non dissimulée le chaos qui régnait dans les rues. La population avait pourtant été priée de ne pas sortir et de rester à l’abri, mais beaucoup avaient choisi de fuir et les premiers embouteillages déjà, asphyxiaient le centre-ville. Le Tower bridge était inaccessible et les klaxons mélangés aux hurlements des sirènes amplifiaient cette peur qui c’était emparée de la ville. L’invertero avait plongé Londres dans les ténèbres et les premiers éclairs en frappant le sommet des buildings, faisaient exploser leurs parois de verres qui blessaient les innocents en contre-bas dans leur fuite.Depuis le téléphone de sa voiture, la souveraine ordonna que l’Élite qui venait d’être faite prisonnière soit immédiat
20DOULOUREUSES RETROUVAILLESLes images de Londres sens dessus dessous les hantaient encore et leur retour à Faralonn, qui dans d’autres circonstances se serait voulu victorieux et festif, n’avait pas le même goût qu’à l’ordinaire. La masse sombre qui menaçait à présent la terre marquait le point de non-retour, la bataille était inévitable, mais dans tous les esprits la crainte de ce qu’ils devraient affronter se faisait de plus en plus grande. Combattre contre des hommes ou des créatures les aurait bien moins effrayés que de devoir affronter l’Invertero, cette masse obscure et immatérielle face à laquelle personne n’avait la moindre idée sur la manière de s’y prendre ni quel contre-sort utiliser pour venir à bout de ce maléfice. L’Élite restait effrayée par ce qu’ils avaient constaté dans le ciel londonien et bien que leurs préoccupations ne fussent pas des moindres à Faralonn, leurs pensées étaient aussi dédiées à tous ces pauvr