Share

2

last update Dernière mise à jour: 2021-11-15 15:32:29

2

INCONTRÔLABLE

La substance aqueuse qui fuyait depuis le sommet de la plus haute tour d’onyx de la forteresse répandait sa fureur dans le ciel de Sgathân qui s’obscurcissait un peu plus chaque jour.

À des lieues à la ronde, certaines contrées n’avaient pas revu le soleil ni une once de ciel bleu depuis le jour de la réunification des nouveaux Dieux de l’Ombre.

De Minandas jusqu’à l’autre bout de Sgathân, ceux qui furent jadis des alliés loyaux envers Gabriel, se terraient à présent dans la peur.

La force maléfique déployée par lady Anya et ses acolytes était si puissante que tous avaient pu la ressentir. Chacun d’eux avait été instantanément frappé par d’horribles visions qui laissaient deviner l’issue de ce qui se tramait. Alors qu’ils avaient tous soutenu Gabriel dans son délire destructeur, se souvenant de ce qui les avait poussés à vouer leur vie à servir le mal en échange de promesses qui leur garantissaient un fragment de pouvoir et de richesse, quelque chose d’indescriptible les avait ramenés à la raison. Ils pressentaient tous que le nouvel ordre des Déusumbraé les conduirait à leur perte. Tout avait changé et plus rien ne serait comme avant. Cette petite lumière qui les avait tous foudroyés au même instant perturbait le mal qui les imprégnait et diffusait dans la moindre de leurs cellules une nausée de remords. Ils représentaient le néfaste et s’étaient employés à honorer leur engagement chaque jour que la vie leur avait accordée. Cependant, lorsqu’Anya réunifia le trio des Déusumbraé ils réalisèrent combien leur monde était beau et à quel point leur vie était sacrée, comme celle de tous les êtres vivants dans ce monde. La seule chose que l’avenir leur laissait percevoir à présent était le néant, le noir absolu, la mort de tout ce qui vit et existe, y compris ce monde, leur monde, et cela, même eux n’arrivaient pas à le concevoir.

À l’intérieur de la forteresse noire également, le même phénomène se produisit, chaque créature maléfique ou non, chaque esclave ou autre serviteur asservi avait déserté et les trois derniers occupants n’étaient autres que lady Anya, Zoà et Wallamzen. Le Lord ne parvenait pas à dissimuler ses récentes inquiétudes. Il ne reconnaissait pas celle qu’il aimait secrètement depuis tant d’années. Jamais Wallamzen n’aurait soupçonné qu’elle puisse être animée par autant de haine et de soif de vengeance. Durant toutes ces années, alors qu’elle enseignait à Tanaël, elle avait su cacher aux yeux de tous la souffrance qui la rongeait.

Ce banal accident de la vie, cette écorchure que les cœurs ne peuvent cicatriser s’était infectée et avait contaminé la moindre parcelle de son âme de femme. Ce cœur si fragile qu’un homme avait brisé.

Le Lord commençait à regretter ce qu’il avait mis tant d’années à manigancer et à mettre en place. Malgré son côté sombre, il avait fait tout ça par amour, dans le seul et unique but de servir sur un plateau à celle qui berçait ses rêves inavouables, son vœu le plus cher, celui de régner sur Sgathân. Il avait longtemps rêvé de faire d’elle une reine, mais à la place il avait élevé et donné naissance à un démon. Son souhait était pourtant de réparer ce qu’il percevait comme une injustice, mais à défaut il en créa une plus terrible encore.

Zoà et lui n’avaient pas revu Anya depuis le rituel de réunification qu’elle avait officié. Juste après la dernière onde de choc qui avait inondé leur monde, elle les avait chassés du temple et s’y était enfermée. Au fil des jours qui passaient inlassablement, Wallamzen s’inquiétait de plus en plus pour elle. Avec Zoà ils sortaient régulièrement pour scruter le ciel et constater l’ampleur des dégâts, le résultat de leurs actes, de leur stupidité.

À plusieurs reprises, l’homme épris, s’était aventuré dans les sous-sols de la forteresse noire dans l’espoir de raisonner Anya, mais une fois devant les portes du temple, il se ravisait, car les bruits terrifiants qui les faisaient vibrer le tétanisaient. Des échos de râles, des rugissements suivis de cris larmoyants s’échappaient du temple et résonnaient en échos contre le cristal noir.

Le poing serré, prêt à frapper, Wallamzen restait pétrifié. Ce qui se trouvait derrière ces portes semblait déceler sa présence et les grognements de colère se faisant plus forts, l’homme s’enfuyait en courant à chaque fois, emportant avec lui le sentiment de culpabilité dû à son incapacité à lui venir en aide.

Zoà était quant à lui en admiration face à la puissance de leur associée et ses effets dévastateurs. Seul, le brin de lucidité qui subsistait en lui le mettait face aux conséquences désastreuses qui en découleraient. Cela durait depuis trop longtemps maintenant et l’ancien directeur de Tanaël se décida à partager ses craintes avec Wallamzen.

— T’es encore descendu, n’est-ce pas ?

— Oui, Zoà, et c’est à chaque fois plus terrifiant encore. C’est comme si Anya n’était plus dans le temple, mais qu’une créature démoniaque l’avait remplacée.

— Je n’ai nul besoin de descendre pour m’en assurer, cela fait des nuits que je n’ai pas fermé l’œil et je t’avouerai que je me suis fait la même réflexion, ce qui se cache là-dessous m’effraie aussi.

— Je ne sais plus quoi faire, Zoà. Si nous n’intervenons pas, si nous n’arrivons pas à la raisonner, autant nous jeter immédiatement dans les bras de la grande faucheuse. Tout ça n’aurait jamais dû se passer ainsi, ce n’est pas ce que j’avais prévu.

— Que croyais-tu qu’il se passerait pour te repentir de la sorte ?

— J’espérais simplement lui offrir ce qui lui revenait de droit, le trône de Faralonn.

— Ce n’est pas elle que le roi Ethann a choisie, mais sa sœur, Jade ; le trône ne lui revenait donc pas de droit.

— C’était elle la plus apte à tenir ce rôle, tout aurait été différent alors. Ethann serait devenu le maître incontesté des Déusumbraé et Anya, ma reine. Gabriel n’aurait pas été chassé et… peu importe après tout, car tout aurait été différent.

— Mais tu l’aurais perdue à jamais…

— J’aurais préféré la savoir heureuse dans les bras d’un autre.

— Tu l’aimais tant que ça ?

— Plus que tu ne peux l’imaginer et aujourd’hui, je ne sais plus qui elle est et…

— Et quoi, Wall ?

— Je me rends compte maintenant que je n’ai rien entrepris pour apaiser ses souffrances, je n’ai rien tenté pour lui offrir cette vie qu’elle méritait. Au lieu de ça, je n’ai fait qu’entretenir sa haine et attiser sa soif de vengeance. J’ai agi en égoïste.

— Tu as fait ce que ton cœur te dictait.

— Non, sans m’en rendre compte, je l’ai utilisée pour assouvir et réaliser mes propres ambitions, je n’ai pensé qu’à moi, je l’ai détruite.

— Et maintenant ?

— Je dois réparer ce que j’ai fait, mais je dois me rendre à l’évidence, même avec ton aide, nous ne sommes pas de taille contre elle.

— Que proposes-tu, Wallamzen ?

— Nous devons trouver de l’aide, Zoà.

— Nous n’avons plus un seul allié, nous sommes seuls.

Les deux hommes voués au mal se toisaient et tandis que les souvenirs de leurs ambitions communes ressurgissaient, ils découvraient en l’autre, l’ébauche d’une amitié sincère.

Au pied de la forteresse noire, sur le quai qui avait pour habitude d’accueillir de nombreux navires plus ou moins somptueux, sur lequel allaient et venaient leurs alliés les plus loyaux, Zoà et Wallamzen prenaient pleinement conscience de l’isolement dans lequel ils se trouvaient. Ils scrutaient l’horizon de la baie obscurcie par la matière maléfique qui flottait au-dessus de leur tête, Sgathân était plongé dans le noir. Les effluves électriques qui bombardaient le ciel éclairaient par flashs les eaux houleuses qui s’écrasaient avec violence contre le récif. Tous deux se demandaient comment ils avaient pu en arriver là. Il leur fallut être confrontés à ce point de non-retour pour réaliser combien ce monde était beau et méritait d’être épargné. Par leur faute, tout basculerait bientôt dans l’infini rien, pour l’éternité. La culpabilité commençait à les ronger.

Les éclairs qui couraient sous le manteau aqueux s’intensifiaient et Wallamzen fut attiré par une ombre à la surface des eaux pourtant agitées de la baie. C’était très certainement quelque chose d’imposant pour qu’il réussisse à le distinguer, compte tenu de la distance qui semblait le séparer de ce point obscur. Zoà le remarqua également et malgré les embruns qui leur fouettaient le visage, ils ne lâchèrent pas du regard cette présence inquiétante. L’ombre, soudain, fit un bond au cœur des éléments déchaînés et plongea dans les eaux profondes de la baie. Le seul détail qui ne leur échappa ni à l’un ni à l’autre fut cette gigantesque queue recouverte d’écailles émeraude que les éclairs avaient illuminée.

Related chapter

  • Faralonn Saison 4   3

    3L’ÂME DU GRIMOIRELes évènements terrifiants qui se déroulaient à l’extérieur n’assombrissaient plus la grande salle des Trônes. L’Élite était à nouveau réunie et ce plaisir partagé se lisait sur presque tous les visages, car malgré les apparences, vraisemblablement trompeuses, Satine comme Neimus, n’étaient pas dupes. L’attitude rayonnante de Léa leur était suspicieuse. Elle donnait l’impression, ou tout au moins c’est ce qu’elle voulait leur faire croire, de s’être totalement remise du départ de Kalon. Les stigmates de son état dépressif de ces dernières semaines avaient complètement disparu et cela, Satine n’y croyait pas. Avec le temps elle avait appris à la connaître et le petit jeu de Léa ne fonctionnait pas avec elle. Satine décida alors secrètement de l’avoir à l’œil.Une fois les équipes formées, Léa s’éclipsa quelques instants et revint avec son grimoire sous le bras. Elle ne s’étonna pas de con

    Dernière mise à jour : 2021-11-15
  • Faralonn Saison 4   4

    4L’ENTRÉE SE TROUVE À LA SORTIEDrarion resta coi et ses traits trahissaient son incompréhension quant aux derniers mots de Léa. « Elle t’embrasse ».De qui parlait-elle ?L’Élite était rassemblée autour de la fontaine sur la petite place déserte du village. Quelques volets s’entrouvrirent ; leur présence, malgré toute cette terreur qui se mouvait au-dessus de leur tête, suscitait une certaine curiosité. L’eau de la fontaine qui jaillissait des naseaux du dragon sculpté dans la pierre prit une place importante à cet instant, presque envoûtante. Les remous du bassin qui l’entourait étaient comme une douce musique qui venait briser le silence oppressant qui s’était installé dans le bourg. Une certaine inquiétude s’emparait de chacun. Drarion observait son fidèle compagnon, Tan, aux côtés de Gwénaël. Tous les deux étaient assis sur le rebord de la fontaine, ils toisaient le dragon et

    Dernière mise à jour : 2021-11-15
  • Faralonn Saison 4   5

    5THE COAST GUARDD’ordinaire à cette saison, le soleil inondait les plaines autour de Faralonn et à travers tout Sgathân, mais la substance aqueuse qui envahissait à présent leur monde contraignait l’Élite à s’orienter dans l’obscurité. Hors de question pour eux de se munir de torches, les flammes seraient visibles de loin et auraient mis leurs vies en danger.Leurs montures étaient solides et ils progressaient au rythme des flashs qui bombardaient le ciel et illuminaient la vallée. Durant tout leur voyage, ils ne croisèrent personne. Plusieurs jours et de longues nuits sans même croiser âme qui vive, provoqua une angoisse supplémentaire dont ils se seraient volontiers passés. Leur monde semblait déjà mort. Lorsqu’ils pénétrèrent dans ce que fut Minandas avant l’invasion par l’armée de Hurgals commandée par Lord Wallamzen, une profonde tristesse les enveloppa. Le souvenir de ce qu’avait été leur village fa

    Dernière mise à jour : 2021-11-15
  • Faralonn Saison 4   6

    6UNE REINE POUR UNE CLÉAvant de se rendre au pub, elles s’empressèrent de nettoyer au mieux leurs tenues et Léa ôta sa veste qu’elle noua autour de sa taille ; un frisson la parcourut lorsqu’elle sentit le vent frais sur ses épaules. Son bustier brodé aux armoiries de Faralonn mettait en valeur ses formes et la rendait plus femme, son pantalon de cuir lui donnait un côté rock qui, elle l’espérait, n’attirerait pas trop les regards. Satine la copia, son manteau long noué sur ses hanches traînait presque sur le sol et Léa lui fit remarquer que son corset aux armatures métalliques ne passerait pas inaperçu, mais n’ayant rien d’autre de plus discret à se mettre, elles n’eurent pas trop le choix.Plus elles avançaient et se rapprochaient de la terrasse du pub, plus elles sentaient les regards fixés sur elles. Tête baissée, elles traversèrent la terrasse et déjà elles purent entendre quelques murmures les conce

    Dernière mise à jour : 2021-11-15
  • Faralonn Saison 4   7

    7BUCKINGHAMUne fois qu’elles eurent rejoint leurs compagnons au pied de la falaise, Léa leur proposa de faire une pause sur les galets à l’abri des regards. Sur la plage ils déplièrent la carte que l’homme derrière le bar leur avait offerte. D’après leur position, ils réalisèrent que la route serait longue pour rejoindre la capitale. Londres était à environ 140 kilomètres. Au loin, les deux garçons jouaient toujours avec leur chienne.—Nous ne pouvons pas faire tout ce chemin à pied, cela prendrait beaucoup trop de temps.—Tu as raison, Léa, mais il faut également que nous trouvions des habits plus adaptés à ce monde.—Ce n’est pas le plus important, Rus’Och.L’Huspalim la dévisagea, que pouvait-il y avoir de plus impor

    Dernière mise à jour : 2021-11-15
  • Faralonn Saison 4   8

    8L’ARMÉE DE FARALONNDans les ruelles du palais de Faralonn, tous les habitants, et ce malgré la menace qui planait au-dessus de leur tête, étaient sortis de chez eux pour encourager et souhaiter bonne chance à Drarion et son équipe. Ils partaient pour une mission de la plus haute importance et avaient pour ambition de rallier à leur cause un maximum de personnes. Drarion s’était mis en tête de convaincre ceux qui furent, il y avait peu encore, les alliés des Déusumbraé. Les nouvelles allant bon train, le bruit courait que les alliés des forces de l’ombre, d’ordinaire si sûrs d’eux, se terraient à présent, cachés dans les recoins les plus infâmes de Sgathân. Eux pourtant si fiers, eux qui scandaient leur dévotion aux forces de l’ombre, désormais, craignaient le courroux de leur nouveau maître.Tout comme l’Élite, personne ne savait ce qui se tramait au sein de la forteresse, seul le nuage sombre qui envahi

    Dernière mise à jour : 2021-11-15
  • Faralonn Saison 4   9

    9INVERTEROAu cœur de la forteresse, Zoà n’en pouvait plus de voir Wallamzen faire les cent pas et arpenter les lieux de long en large. L’ancien directeur de Tanaël n’était pas aussi démonstratif que son ami alors qu’au fond de lui il était dans le même état. Les rugissements provenant des entrailles du temple mettaient leurs nerfs à rude épreuve et lorsqu’ils sortaient pour tenter de chasser l’angoisse qui les rongeait, le supplice de leur constat était pire encore.La matière maléfique qui s’échappait depuis la plus haute tour d’onyx avait maintenant envahi Sgathân qui se retrouvait plongé dans l’obscurité, seuls les éclairs qui transperçaient l’épais manteau leur permettaient d’appréhender l’étendue de leurs actes.L’un comme l’autre se blâmait pour ce qui était en train de se produire. Ils savaient très bien que le seul moyen d’arrêter tout cela aurait été de raisonner Lady Any

    Dernière mise à jour : 2021-11-15
  • Faralonn Saison 4   10

    10LE SORTILÈGE DE SOUMISSIONDover est une grande ville pluriculturelle, aussi Léa et son équipe n’avaient plus besoin de regarder leurs chaussures à chaque fois qu’ils croisaient quelqu’un. Les rôles venaient de s’inverser et Léa ne manqua pas de faire remarquer à Gabriel et Nolan que leur attitude n’avait rien à envier à celle des clients du pub sur la plage du village voisin.— Désolé, je pense que Nolan, tout comme moi, n’avions jamais vu de telles coiffures, en particulier leurs couleurs, est-ce naturel ?— Ce sont des punks, ils écoutent de la musique très… comment dire ? très rythmée et revendiquent un look décalé, mais au fond, ils sont comme vous et moi, et pour la couleur de leur crête, ils vont chez le coiffeur.— C’est quoi « chez le coiffeur ? » demanda le petit garçon.— Rus’Och, tu parles enfin ! C’est comme une taver

    Dernière mise à jour : 2021-11-15

Latest chapter

  • Faralonn Saison 4   32

    32 PEUT-ÊTRE PAS LA FIN Pendant les quelques jours qui suivirent leur réveil, Léa et Drarion durent rester en observation, mais au bout du quatrième jour, Ameline leur annonça qu’ils avaient l’autorisation de faire une sortie dans les jardins de l’hôpital. Un bon bol d’air frais leur ferait le plus grand bien. Leur première bouffée d’oxygène leur tourna un peu la tête et le soleil les aveugla quelque peu, mais la gêne ne dura que quelques secondes. Les jardins étaient fleuris et beaucoup de patients se promenaient tout comme ils s’apprêtaient à le faire. Depuis leur réveil, ils ne parlaient que de ça, et la même question revenait toujours sur le tapis, qu’était-il advenu de cette année qu’ils avaient passée à Faralonn et de leurs amis ? Dans les jardins, la plupart des bancs

  • Faralonn Saison 4   31

    31UNE SECONDE CHANCEElle peinait à s’éveiller et sentait que son corps ne répondait plus. De vagues bruits sourds grondaient autour d’elle et lui martelaient le crâne. Elle dut fournir un effort inhumain pour ouvrir les yeux, et ce, malgré la douleur qu’elle ressentait, comme si la lame d’un scalpel glacé lui ouvrait les paupières. Un voile blanchâtre lui gâchait la vision, mais derrière cette brume opaque elle distinguait tout de même quelques formes en mouvance au son de voix méconnaissable.— Léa… elle se… docteur !Des bribes de mots harcelaient ses tympans. Clouée sur son lit, incapable de faire le moindre mouvement, Léa sentit la panique l’envahir.« Qu’est-ce qui m’arrive ? Où suis-je et pourquoi est-ce que je me sens si mal ? » se questionnait Léa.Une puissante lumière blanche transperçait à présent le voile qui lui masqua

  • Faralonn Saison 4   30

    30LE CŒUR D’HABASKLorsqu’ils poussèrent les portes de la salle des Trônes, l’émerveillement s’empara d’eux. Ce n’était ni plus ni moins qu’un miracle, pensèrent Léa et Drarion sur l’instant. À l’autre bout de la salle, Elvène les attendait en compagnie des deux gardiens. Celui de la tour du Sud n’était visiblement pas ravi d’avoir été contraint de restituer le dernier fragment du cœur d’Habask qui était en sa possession et son regard en disait long sur ses pensées. Pour lui, Léa et Drarion ne méritaient pas qu’il leur soit restitué de cette manière, il ne les considérait pas dignes d’en être à nouveau les protecteurs, mais de ses états d’âme, les élus n’en avaient que faire.Le morceau de cristal irradiait toute la salle et projetait sa lumière pourpre qui dansait sur les murs de pierre.— Mon fils ! Léa ! Il n’y a plus de temps à perdre !Drarion contempl

  • Faralonn Saison 4   29

    29L’ARMÉE DE VEELAL’Invertero était partout, il voyait et entendait tout et c’est sans surprise que Tan et le Simorgh durent éviter ses attaques. Les deux créatures eurent beaucoup de mal à éviter ses assauts et plus d’une fois ils passèrent de justesse à côté d’effluves électriques meurtriers qui leur frôlaient les plumes ou de cette brume maudite qui tentait de les capturer. Mais Tan et le Simorgh n’étaient pas d’humeur à jouer et malgré les contestations de Léa et Drarion, ils voulurent donner à l’exterminateur, une petite leçon. Ils s’apprêtaient à survoler Faralonn et le risque était trop grand, ils ne voulaient pas attirer l’Invertero jusqu’au palais. Depuis le ciel, l’enceinte fortifiée paraissait calme. Les grandes portes étaient fermées, les rues du village étaient désertes et les volets des maisons clos, mais à l’intérieur, tapi dans la peur, battait le cœur de centaines d’innocents qu’ils devaient à tout prix protéger.

  • Faralonn Saison 4   28

    28L’AUTRE FRAGMENTProtégés derrière les remparts de Faralonn, les plus jeunes et les plus faibles se terraient dans le silence. Le vent qui soufflait portait jusqu’à eux ce douloureux écho qui leur coupait le souffle, l’insoutenable cacophonie de cette guerre qui se préparait. Les Gnomines s’activaient pour calmer ces innocents pris de panique et qui s’inquiétaient pour le père, le fils ou la mère, partis se battre. Dans leur laboratoire, les Bihan-Avel se hâtaient de préparer leurs potions explosives, car pour sûr, les troupes en manqueraient rapidement.Dans la salle des Trônes, Elvène, en compagnie de Doum, se faisait un sang d’encre pour Gabriel et son fils. Elle faisait les cent pas devant les grandes fenêtres d’où elle pouvait imaginer l’enfer qui se déroulait sur la baie et sur les plages de Sgathân. Doum, le mini-troll, faisait de son mieux pour la rassurer, mais toutes ses tentatives étaient vain

  • Faralonn Saison 4   27

    27LES ALLIÉS DE NOKKÉL’armée qui unifiait tous les peuples de Sgathân avait envahi les berges qui encerclaient la baie. Depuis leur position, l’Élite ne distinguait que des masses fourmillantes au-dessus desquelles flottaient les étendards de chacun des clans ayant répondu présents à leur appel.Au cœur de cette vaste étendue d’eau glacée que défigurait une houle incessante siégeaient les ruines de la forteresse noire. Au milieu des blocs d’Onyx brisés, le corps de lady Anya continuait inlassablement de cracher son courroux et l’Invertero qui se nourrissait de sa haine, assiégeait les mondes un à un. Qu’attendait Neimus pour donner le signal que tous attendaient ? Ils étaient tous là, fin prêts à se lancer dans cette guerre qui pour beaucoup d’entre eux serait la dernière. Dans les rangs, les rugissements de leur courage, de leur détermination, faisaient trembler le sol. D’où ils se trouvaient, Neimus et

  • Faralonn Saison 4   26

    26L’ESPOIR SOUS L’ÉTENDARDLe manteau obscur et nébuleux de l’Invertero devenait de plus en plus menaçant et si sur la terre ferme les troupes étaient fin prêtes, le ténébreux l’était tout autant. L’armée de Faralonn, guidée par l’Élite, avançait au pas cadencé et chaque pas qui frappait le sol faisait résonner l’hymne de leur détermination. Au loin, sur les rives qui bordaient la baie et enclavaient le rocher sur lequel siégeait, il y avait peu de temps encore la forteresse noire, les étendards des peuples ayant répondu à l’appel de l’Élite flottaient sous le vent tels de gigantesques cerfs-volants. Léa eut des frissons lorsqu’elle en aperçut un en particulier. Bien qu’elle fût loin, elle distingua nettement l’emblème qui y était brodé, un désert de dunes. Gabriel qui l’observait lui adressa un sourire qu’elle lui rendit, il avait tenu sa promesse et même si elle ne savait pas encore comment il avait fait, elle lui en était recon

  • Faralonn Saison 4   25

    25LE GRIMOIRE NE RÉPOND PLUSC’est peut-être là le propre de cette espèce, être au pied du mur, proche de la fin, au point de non-retour pour que l’humain réussisse à faire table rase du passé. Qu’il oublie sa rancœur et sa colère pour pardonner, mais à quel prix ? Sans aucun doute, sa prise de conscience du temps qui passe et qui restera perdu à jamais. C’est ce que Léa réalisait tandis que Kalon repartait s’occuper d’armer tous ceux qui seraient en mesure de se battre le moment venu, elle lui avait tout pardonné. Avant qu’elle-même ne retourne dans les jardins du palais pour apporter son soutien au plus grand nombre, elle voulut, une dernière fois, prendre conseil auprès de son amie invisible. Sur son lit, dans sa chambre elle ouvrit son coffret et sortit son grimoire qui s’illumina dès qu’elle le toucha.Un instant de nostalgie l’envahit tandis qu’elle tournait les pages ; avec un sourire empli d’émotio

  • Faralonn Saison 4   24

    24PRÉPARER LES PLUS FAIBLESDrarion avait besoin de se changer les idées et de mettre de côté ce qu’il venait de vivre dans la chambre de sa mère. Lorsqu’il sortit dans les jardins du palais, il retrouva ses esprits et ses motivations ; celles qui l’avaient poussé à quitter brusquement le chevet d’Elvène reprirent le dessus. Dans les jardins du palais originel, il trouva ce qu’il était venu chercher, ses amis, sa famille. Tous étaient tenus par leurs tâches respectives et Drarion n’attendait plus qu’une chose, leur prêter main-forte, car cela lui éviterait de penser à ce qu’il ressentait. Il s’étonna d’entendre des rires d’enfants et comprit rapidement ce qui les rendait si joyeux. À l’écart, au fond du parc, Gwénaël et Tan faisaient les pitres pour la plus grande joie de ces petits êtres innocents. Tan s’était transformé en Dragon et les laissait jouer sur son dos pendant que Gwénaël bondissait et disparaissait en projetant de fa

Scanner le code pour lire sur l'application
DMCA.com Protection Status