5THE COAST GUARDD’ordinaire à cette saison, le soleil inondait les plaines autour de Faralonn et à travers tout Sgathân, mais la substance aqueuse qui envahissait à présent leur monde contraignait l’Élite à s’orienter dans l’obscurité. Hors de question pour eux de se munir de torches, les flammes seraient visibles de loin et auraient mis leurs vies en danger.Leurs montures étaient solides et ils progressaient au rythme des flashs qui bombardaient le ciel et illuminaient la vallée. Durant tout leur voyage, ils ne croisèrent personne. Plusieurs jours et de longues nuits sans même croiser âme qui vive, provoqua une angoisse supplémentaire dont ils se seraient volontiers passés. Leur monde semblait déjà mort. Lorsqu’ils pénétrèrent dans ce que fut Minandas avant l’invasion par l’armée de Hurgals commandée par Lord Wallamzen, une profonde tristesse les enveloppa. Le souvenir de ce qu’avait été leur village fa
6UNE REINE POUR UNE CLÉAvant de se rendre au pub, elles s’empressèrent de nettoyer au mieux leurs tenues et Léa ôta sa veste qu’elle noua autour de sa taille ; un frisson la parcourut lorsqu’elle sentit le vent frais sur ses épaules. Son bustier brodé aux armoiries de Faralonn mettait en valeur ses formes et la rendait plus femme, son pantalon de cuir lui donnait un côté rock qui, elle l’espérait, n’attirerait pas trop les regards. Satine la copia, son manteau long noué sur ses hanches traînait presque sur le sol et Léa lui fit remarquer que son corset aux armatures métalliques ne passerait pas inaperçu, mais n’ayant rien d’autre de plus discret à se mettre, elles n’eurent pas trop le choix.Plus elles avançaient et se rapprochaient de la terrasse du pub, plus elles sentaient les regards fixés sur elles. Tête baissée, elles traversèrent la terrasse et déjà elles purent entendre quelques murmures les conce
7BUCKINGHAMUne fois qu’elles eurent rejoint leurs compagnons au pied de la falaise, Léa leur proposa de faire une pause sur les galets à l’abri des regards. Sur la plage ils déplièrent la carte que l’homme derrière le bar leur avait offerte. D’après leur position, ils réalisèrent que la route serait longue pour rejoindre la capitale. Londres était à environ 140 kilomètres. Au loin, les deux garçons jouaient toujours avec leur chienne.—Nous ne pouvons pas faire tout ce chemin à pied, cela prendrait beaucoup trop de temps.—Tu as raison, Léa, mais il faut également que nous trouvions des habits plus adaptés à ce monde.—Ce n’est pas le plus important, Rus’Och.L’Huspalim la dévisagea, que pouvait-il y avoir de plus impor
8L’ARMÉE DE FARALONNDans les ruelles du palais de Faralonn, tous les habitants, et ce malgré la menace qui planait au-dessus de leur tête, étaient sortis de chez eux pour encourager et souhaiter bonne chance à Drarion et son équipe. Ils partaient pour une mission de la plus haute importance et avaient pour ambition de rallier à leur cause un maximum de personnes. Drarion s’était mis en tête de convaincre ceux qui furent, il y avait peu encore, les alliés des Déusumbraé. Les nouvelles allant bon train, le bruit courait que les alliés des forces de l’ombre, d’ordinaire si sûrs d’eux, se terraient à présent, cachés dans les recoins les plus infâmes de Sgathân. Eux pourtant si fiers, eux qui scandaient leur dévotion aux forces de l’ombre, désormais, craignaient le courroux de leur nouveau maître.Tout comme l’Élite, personne ne savait ce qui se tramait au sein de la forteresse, seul le nuage sombre qui envahi
9INVERTEROAu cœur de la forteresse, Zoà n’en pouvait plus de voir Wallamzen faire les cent pas et arpenter les lieux de long en large. L’ancien directeur de Tanaël n’était pas aussi démonstratif que son ami alors qu’au fond de lui il était dans le même état. Les rugissements provenant des entrailles du temple mettaient leurs nerfs à rude épreuve et lorsqu’ils sortaient pour tenter de chasser l’angoisse qui les rongeait, le supplice de leur constat était pire encore.La matière maléfique qui s’échappait depuis la plus haute tour d’onyx avait maintenant envahi Sgathân qui se retrouvait plongé dans l’obscurité, seuls les éclairs qui transperçaient l’épais manteau leur permettaient d’appréhender l’étendue de leurs actes.L’un comme l’autre se blâmait pour ce qui était en train de se produire. Ils savaient très bien que le seul moyen d’arrêter tout cela aurait été de raisonner Lady Any
10LE SORTILÈGE DE SOUMISSIONDover est une grande ville pluriculturelle, aussi Léa et son équipe n’avaient plus besoin de regarder leurs chaussures à chaque fois qu’ils croisaient quelqu’un. Les rôles venaient de s’inverser et Léa ne manqua pas de faire remarquer à Gabriel et Nolan que leur attitude n’avait rien à envier à celle des clients du pub sur la plage du village voisin.— Désolé, je pense que Nolan, tout comme moi, n’avions jamais vu de telles coiffures, en particulier leurs couleurs, est-ce naturel ?— Ce sont des punks, ils écoutent de la musique très… comment dire ? très rythmée et revendiquent un look décalé, mais au fond, ils sont comme vous et moi, et pour la couleur de leur crête, ils vont chez le coiffeur.— C’est quoi « chez le coiffeur ? » demanda le petit garçon.— Rus’Och, tu parles enfin ! C’est comme une taver
11SÉPARÉSTous fixaient à présent le ciel au-dessus de la forteresse noire, tétanisés de voir le nuage maléfique s’engouffrer, comme aspiré par les vortex que l’Invertero avait créés. Aucun d’eux ne savait exactement ce qui se passait à l’intérieur du repère des Déusumbraé, mais le phénomène au-dessus de leurs têtes n’était pas difficile à expliquer, tous avaient deviné que ces grands cercles lumineux qui avalaient la matière noire n’étaient autres que des portails magiques destinés à envahir les mondes.Sur les berges, face à la baie, Drarion affichait un petit sourire en coin que ses amis n’appréciaient guère. L’idée qu’il venait d’avoir et qu’il s’apprêtait à partager avec eux n’allait pas faire l’unanimité. Cependant la certitude qui se lisait déjà sur son visage quant à son plan, laissait entendre que ce qu’il allait leur annoncer était bien plus qu’une simple idée sur laquelle il faudrait débattre.
12LA FORTERESSE NOIRENokké, le géant des mers, n’était pas de ceux qui condamnent ou jugent, mais parfois il lui arrivait d’agir dans l’intérêt de tous. Il décela chez Zoà une forme de sincérité lorsque ce dernier lui affirma que tout ce qui était en train de se produire n’était pas son souhait. Compte tenu des circonstances, il proposa à l’ancien directeur de Tanaël de se joindre à l’armée qui affronterait, il l’espérait prochainement, cette chose, l’Invertero.— Mes pouvoirs n’auront aucun effet sur ce sortilège ni sur Anya. Tant que l’ordre des Déusumbraé sera unifié, je ne serai d’aucune utilité.— Alors il nous suffit d’en supprimer un et l’ordre suprême des dieux de l’ombre s’envolera avec l’âme de celui-ci.— Lady Anya est intouchable et Wallamzen, ce lâche, a fui.— Regarde !Nokké désigna l’horizon