(Laurie)Mon reflet dans le miroir de la salle de bain est un désastre – lèvres gonflées, joues rouges, cheveux en bataille. Je me passe de l’eau froide sur le visage, mais ça efface pas la brûlure du baiser d’Alexander, ce moment dans les archives où tout a basculé. Je veux le haïr pour ça, pour m’avoir touchée comme si j’étais à lui, pour avoir reculé comme si j’étais une erreur. Mais mon cœur bat encore trop fort, et mes doigts tremblent en serrant le bord du lavabo. Je suis furieuse, contre lui, contre moi, contre cette faiblesse qui me pousse à vouloir plus, malgré tout ce qu’il m’a fait. Je ferme les yeux, revois ses lèvres sur les miennes, son souffle rauque, et je grogne, frappant le mur du plat de la main. Reprends-toi, Laurie.Je retourne à mon bureau, évitant les regards des collègues, mon tailleur froissé comme une preuve de ma déroute. Alexander est introuvable, probablement enfermé dans son QG au dernier étage, à jouer les rois intouchables. Tant mieux. Je veux pas le vo
Il tressaille, comme si mes mots étaient un coup porté à bout portant, et pendant une seconde, je crois qu’il va se refermer, comme il le fait toujours, barricadant son cœur derrière ce mur d’acier qu’il a perfectionné avec les années. Mais il ne le fait pas. Pas cette fois. Il soupire, un son rauque, presque animal, qui semble arraché du fond de sa poitrine, et s’appuie lourdement contre le mur, la tête basse, ses cheveux sombres tombant en mèches désordonnées sur son front. Dans la pénombre du couloir, sa silhouette semble plus fragile qu’à l’ordinaire, comme si le poids de ce qu’il porte menaçait de l’écraser.— Parce que je savais pas comment, Laurie, murmure-t-il, sa voix éraillée, comme s’il luttait pour faire sortir chaque mot. Amadeus… il m’a pris, il m’a façonné, et j’étais juste un gamin qui voulait survivre. Un gosse paumé, qui connaissait rien d’autre que la peur et la faim. Mais toi… toi, t’étais partout, tout le temps. Dans ma tête, dans mes rêves, dans chaque foutu coin
LAURIEJe m'approche des portes vitrées de Knight Enterprises, et mon cœur cogne si fort sous ma veste que je me demande si quelqu'un peut l'entendre. Deux entretiens déjà dans la poche, passés haut la main, mais aujourd'hui, c'est une autre guerre. Le grand face-à-face. Alexander Knight, le PDG en personne, celui qui tient ma vie entre ses mains. Il peut me propulser dans ce monde de luxe ou me balancer dehors comme une vieille chaussette. Cette pensée me hante depuis des jours, me réveille la nuit, trempée de sueur. Je ne peux pas foirer. Pas maintenant, pas après tout ce que j'ai traversé.J'ai pas eu une vie en cadeau. Rien n'a été facile, chaque pas a été une bataille. Je m'appelle Laurie Brunel, j'ai 26 ans, et si je tiens encore debout, c'est parce que j'ai appris à encaisser les coups dès le berceau. Née dans une bagnole qui s'est fracassée sur une route glissante, ma mère a clamsé quelques minutes après m'avoir poussée dans ce monde. Mon père, brisé par l'accident, cloué dans
LaureiL'hôtesse m'a lâché son « dernier étage » comme un ordre, et je pivote vers le couloir, le cœur qui cogne toujours aussi fort sous ma veste. Pas le temps de traîner. Je traverse le hall, mes escarpins claquants sur le marbre, chaque pas un défi lancé à ce monde qui me hurle que je ne suis pas à ma place. Mais je suis là, et je vais pas me dégonfler. Pas maintenant. Pas face à lui – Alexander Knight, le nom qui fait trembler les murs de cette tournée, celui qui va décider si je grimpe ou si je m'écraser.Je jette un coup d'œil autour de moi, juste assez pour ajuster mon armure. Mon tailleur noir, mon miracle à dix euros, tient le coup, mais je sens la sueur perler dans mon dos. Mes cheveux châtains sont tirés en un chignon si serré qu'il tire sur mon cuir chevelu – strict, pro, peut-être un peu trop sévère pour mes 26 ans. Mes yeux bleus, soulignés d'un trait discret de mascara, brillent d'une lueur que j'espère assurée. Je passe une main sur mes lèvres, vérifiez la teinte rouge,
LaurieAlexander Knight se plante devant moi, et je me sens violer d'un coup. Il doit faire plus d'1m90, une tour humaine qui me domine malgré mes talons. Mes yeux grimpent pour croiser les siens, et je prends toute sa carrure en pleine face – épaules larges, posture droite, un mur de muscles moulés dans un costume sombre taillé au scalpel. On dirait qu'il passe autant de temps à soulever de la fonte qu'à diriger son empire. Minuscule, voilà ce que je suis à côté de lui, une fourmi face à un géant.Son visage me frappe encore plus. Des traits durs, angulaires, une mâchoire carrée qui lance l'autorité. Sa peau, légèrement bronzée, trahit des heures dehors, pas le genre de mec cloîtré dans un bureau à longueur de journée. Ses cheveux bruns, presque noirs, sont coupés court, impeccables, pas une mèche qui dépasse – tout chez lui respire le contrôle. Mais ses yeux… Putain, ses yeux. Gris acier, froids comme une lame, ils me transpercent sans pitié. Ils analysent tout – mes lunettes, mon ta
Alexandre )Je laisse Mademoiselle Brunel passer devant moi, et son stress me saute aux narines comme une odeur de sueur froide. Elle tremble sous son tailleur ajustée, mais elle le cache bien – presque. Son CV est une surprise, pourtant. À même pas trente ans, elle aligne plus de diplômes que moi, des lignes de prestige qui brillent sur le papier. Moi ? J'ai jamais eu besoin de ça. Amadeus Knight m'a ramassé, modelé, et martelé une seule vérité : je serais son héritier, son bras droit, le prochain à tenir les rêves de son empire. L'école, c'était juste un moyen, pas une fin. Lui, il a bâti tout ça à la force des poings, avec du culot, un peu de chance, et des deals pas toujours nets. Il m'a jamais caché les ombres de son jeu.Gamin, je voyais des types louches défiler à la maison. Des soirées poker au sous-sol, des fumées épaisses qui montaient jusqu'à l'étage, pendant que ma mère adoptive me collait devant un film avec du popcorn trop salé. Ou des réunions dans son bureau, portes
AlexanderElle entre dans mon bureau, Mademoiselle Brunel, et je lui fais signe de s'asseoir d'un geste sec. La chaise en face de moi l'attend, froide, comme tout le reste ici. Je vais pas tourner autour du pot – quelques questions, directes, précises, puis je trancherai dans un jour ou deux. Mon père n' est plus là pour tenir les rêves, mais son ombre plan encore. Je lui balancerai mon ressenti, comme toujours, avant de signer quoi que ce soit. Un CV, ça se truque, mais pas chez nous. Mes détectives fouillent tout – stages, écoles, passés louches. Rien ne passe entre les mailles. Elle a tenu le coup jusque-là, mais on verra si elle craque face à moi.« Voulez-vous un café ? » je lâche, histoire de briser la glace – ou de la tester encore. Elle hésite, une seconde de trop, puis se redresse d'un coup, ses yeux bleus plantés dans les miens. « Volontiers. »Un coin de ma bouche tique – pas vraiment un sourire, juste une réaction. Elle se détend, croit que je baisse la garde. Erreur. J
Laurie Je sors de Knight Enterprises, et mes jambes pèsent comme du plomb, comme si j'avais laissé un bout de moi là-dedans. Les portes vitrées claquent derrière moi, un bruit sec qui cogne dans ma tête. Je jette un œil à ma montre – moins de vingt minutes. Vingt putain de minutes pour torpiller mes espoirs. Je savais que ça allait mal se passer, mais aussi rapide, aussi brutal ? Ça me laisse un goût amer, une truc qui gratte la gorge et refuse de partir.La déception s'infiltre, sournoise, et mes épaules s'affaissent d'un coup. Une brise froide me frôle le visage, mais je la sens à peine, coincée dans ce brouillard de stress et de frustration. Mon souffle s'alourdit, mes yeux piquent – des larmes que je ravile, parce que hors de question de craquer ici, sur ce trottoir glacial. Tant pis. À quoi je m'attendais, franchement ? Un miracle ? Ce poste, c'était trop beau, trop grand. Knight Enterprises, un rêve que je traîne depuis des années, un mirage qui s'éloigne encore plus maintenan
Il tressaille, comme si mes mots étaient un coup porté à bout portant, et pendant une seconde, je crois qu’il va se refermer, comme il le fait toujours, barricadant son cœur derrière ce mur d’acier qu’il a perfectionné avec les années. Mais il ne le fait pas. Pas cette fois. Il soupire, un son rauque, presque animal, qui semble arraché du fond de sa poitrine, et s’appuie lourdement contre le mur, la tête basse, ses cheveux sombres tombant en mèches désordonnées sur son front. Dans la pénombre du couloir, sa silhouette semble plus fragile qu’à l’ordinaire, comme si le poids de ce qu’il porte menaçait de l’écraser.— Parce que je savais pas comment, Laurie, murmure-t-il, sa voix éraillée, comme s’il luttait pour faire sortir chaque mot. Amadeus… il m’a pris, il m’a façonné, et j’étais juste un gamin qui voulait survivre. Un gosse paumé, qui connaissait rien d’autre que la peur et la faim. Mais toi… toi, t’étais partout, tout le temps. Dans ma tête, dans mes rêves, dans chaque foutu coin
(Laurie)Mon reflet dans le miroir de la salle de bain est un désastre – lèvres gonflées, joues rouges, cheveux en bataille. Je me passe de l’eau froide sur le visage, mais ça efface pas la brûlure du baiser d’Alexander, ce moment dans les archives où tout a basculé. Je veux le haïr pour ça, pour m’avoir touchée comme si j’étais à lui, pour avoir reculé comme si j’étais une erreur. Mais mon cœur bat encore trop fort, et mes doigts tremblent en serrant le bord du lavabo. Je suis furieuse, contre lui, contre moi, contre cette faiblesse qui me pousse à vouloir plus, malgré tout ce qu’il m’a fait. Je ferme les yeux, revois ses lèvres sur les miennes, son souffle rauque, et je grogne, frappant le mur du plat de la main. Reprends-toi, Laurie.Je retourne à mon bureau, évitant les regards des collègues, mon tailleur froissé comme une preuve de ma déroute. Alexander est introuvable, probablement enfermé dans son QG au dernier étage, à jouer les rois intouchables. Tant mieux. Je veux pas le vo
De retour au bureau après Londres, je me noie dans le travail pour fuir les souvenirs. Alexander, son bras autour de moi, sa voix rauque disant « T’es pas seule ». Ces mots me hantent, me déchirent. Je ne peux pas craquer, pas pour lui, pas après ses accusations, ses doutes. Alors je l’évite, me cache derrière mon tailleur gris, mes lunettes, mes dossiers. Mais la photo me poursuit, implacable.Cette femme. Son regard glacial, son lien avec l’orphelinat. J’ai passé la nuit à fouiller des archives en ligne, et un nom a surgi : Elena Kessler. Assistante d’Amadeus, disparue dans les années 90 après un scandale. Rien de solide, mais assez pour me convaincre qu’elle est au cœur de tout – peut-être liée à Stahl, peut-être à moi. Je veux en parler à Alexander, mais Londres m’a laissée à vif. Sa chaleur, son souffle – c’est trop risqué. Alors je creuse seule, un secret comme une forteresse.Ce midi, je m’enferme aux archives, un sous-sol où la poussière étouffe tout. Je fouille des boîtes, ch
Je prends mon téléphone, hésite. Je devrais appeler Marc, lui parler d’Elena, mais mes doigts tremblent. Alexander. Je revois ses yeux, sa colère, sa chaleur. Il sait quelque chose, lui aussi, mais il ne me fait pas confiance. Et moi, est-ce que je peux lui faire confiance ? Pas après ce baiser, pas après cette trahison.Je repose le téléphone, me lève, et retourne aux archives. Seule. Si Elena est la clé, je la trouverai, avec ou sans lui. Mais au fond, je sais que ce n’est pas juste Elena qui me pousse. C’est l’orphelinat. C’est moi. Et quelque part, dans ce chaos, Alexander est devenu une partie de l’équation, que je le veuille ou nonLe ciel de Paris est un linceul gris, un miroir de la tempête qui fait rage en moi. De retour au bureau après Londres, je me noie dans le travail pour fuir les souvenirs de cette nuit. Alexander, son bras autour de moi, sa voix murmurant « T’es pas seule ». Ces mots me hantent, me terrifient. Je ne peux pas me permettre de craquer, pas pour lui, pas a
LAURIEParis s’étend sous un ciel gris, un voile de plomb qui reflète le chaos dans ma tête. De retour au bureau après Londres, je me noie dans le travail pour échapper aux souvenirs de cette nuit. Alexander, sa chaleur, sa voix rauque murmurant « T’es pas seule ». Ces mots tournent en boucle, me terrifient. Je ne peux pas craquer, pas pour lui, pas après ses accusations, ses regards qui me dissèquent. Alors je l’évite, me barricade derrière mon tailleur gris, mes lunettes, mes dossiers. Knight Enterprises est mon armure, mais elle craque sous le poids de la photo.Cette femme. Son regard froid, ses traits gravés dans ma mémoire. Elena Kessler. J’ai passé des heures sur Internet, fouillant des archives poussiéreuses en ligne. Assistante d’Amadeus dans les années 90, disparue après un scandale financier. Un fantôme, mais un fantôme lié à l’orphelinat, à Stahl, peut-être à moi. Je veux en parler à Alexander, mais Londres m’a brûlée. Sa proximité, son souffle contre ma peau – c’est trop.
AlexanderL’adresse que Marc avait envoyée était à une heure de route, un entrepôt désaffecté à la périphérie de la ville. Laurie et moi roulions en silence, la tension entre nous presque palpable. Les phares de la voiture perçaient l’obscurité, mais ils ne pouvaient pas éclairer les ombres dans nos esprits. Je jetais des coups d’œil dans le rétroviseur, guettant des signes de poursuite. Marc avait raison – nous étions suivis. Je le sentais, un instinct primal qui me hurlait de rester sur mes gardes.Laurie, à côté de moi, serrait ses mains sur ses genoux, ses yeux fixés sur la route. Elle avait enfilé un pull sombre et attaché ses cheveux, mais je voyais encore la fragilité de tout à l’heure, cachée sous cette armure qu’elle s’était forgée. Je voulais lui dire quelque chose, n’importe quoi pour briser ce silence, mais les mots me manquaient. Qu’est-ce qu’on dit à quelqu’un qui pourrait être à la fois ton alliée et ton ennemie ?— Tu as déjà tué quelqu’un ? demanda-t-elle soudain, sa v
AlexanderLe silence entre nous était lourd, chargé d’une tension que ni elle ni moi n’osions nommer. Laurie restait blottie contre moi, sa respiration encore irrégulière, comme si elle luttait pour chasser les fantômes de son cauchemar. Je sentais la chaleur de son corps, la fragilité de ce moment, et pourtant, mon esprit tournait à plein régime. La photo. L’orphelinat. Stahl. Chaque mot qu’elle avait lâché ouvrait une porte sur un passé que je n’étais pas sûr de vouloir affronter.— Parle-moi, dis-je enfin, ma voix plus douce que je ne l’aurais voulu. Cette femme… qui est-elle pour toi ?Laurie se redressa légèrement, s’écartant juste assez pour que je sente le vide là où elle était. Elle passa une main dans ses cheveux, évitant mon regard.— Je ne sais pas, avoua-t-elle, la voix basse. Pas vraiment. Mais quand j’ai vu la photo, quelque chose… quelque chose a cliqué. Comme un souvenir que je ne peux pas attraper.Elle se leva, marcha vers la fenêtre, ses bras croisés contre sa poitri
Partie 1 : La confrontation (800 mots)Les portes de l’ascenseur se refermèrent avec un chuintement, m’isolant dans un silence oppressant. Laurie. Son nom pulsait dans ma tête, syncopé avec le battement de mon cœur. Hier, je l’avais surprise, penchée sur ce dossier, ses doigts tremblants effleurant une photo qu’elle avait glissée dans sa poche comme un voleur. Elle croyait que je n’avais rien vu. Elle se trompait. Kessler – un nom que Marc avait lâché au téléphone – ne signifiait rien pour moi, mais Amadeus, ce spectre insaisissable, était le fil rouge de cette tempête. J’avais promis à Marc de creuser, mais Laurie était ma première piste. Elle savait quelque chose, et je n’allais pas attendre qu’elle daigne parler.Le dîner était une mascarade. Le restaurant, avec ses lustres en cristal et ses serveurs en gants blancs, ne masquait pas la tension qui nous enchaînait. Laurie triturait son risotto, ses yeux fuyants, perdus quelque part où je n’avais pas accès. Moi, je faisais semblant d
Alexander)Londres est un brouillard gris ce matin, une bruine collante qui s’infiltre sous mon col et me met les nerfs à vif. Je suis dans une salle de conférence vitrée, au dernier étage d’un gratte-ciel qui surplombe la Tamise, face à Hargrove et ses investisseurs – une bande de vautours en costard qui dissèquent chaque mot, chaque chiffre. Le contrat est sur la table, des millions en jeu, et je devrais être à fond, mon masque de PDG bien en place, chaque réponse calibrée pour les écraser. Mais je suis ailleurs. Mes yeux glissent sans cesse vers Laurie, assise à l’autre bout de la table, son tailleur gris impeccable, ses lunettes perchées sur son nez, tapant des notes avec une précision qui frôle l’obsession. Elle est là, vivante, intacte, mais je peux pas m’empêcher de revoir cette moto, ce flingue, son visage blême quand je l’ai relevée dans la cour.Je me force à me concentrer, réponds à une question sur les délais – « Quatre mois, garanti, avec une équipe renforcée » – et Hargro