MicahLe sous-sol du pub puait la peur et le sang, un mélange qui me rappelait trop de nuits où j’avais dû jouer les bêtes pour survivre. Darius était là, dos au mur, mon flingue collé à sa tempe, son sourire de serpent toujours vissé à sa gueule. Autour de nous, ses hommes gisaient dans leur propre merde – morts pour les chanceux, gémissants pour les autres. Ethan saignait d’une entaille au bras, mais il tenait debout, son couteau dégoulinant dans sa main. Cendrillon, elle, serrait sa bouteille brisée comme une arme, ses yeux brûlant d’une rage que je connaissais bien. On avait gagné cette manche, mais ce connard de Darius avait encore un as dans sa manche, je le sentais.— Parle, ordonna-t-elle, sa voix claquant comme un fouet.Putain, j’étais fier d’elle. Elle tremblait plus, ma princesse. Elle avançait vers lui, et moi, je reculai juste assez pour le garder en joue, laissant Ethan l’attraper par le col pour le tenir en place. Darius ricana, un son qui me donnait envie de lui explo
MICAHLes premiers hommes arrivèrent, armes dégainées, et le chaos explosa. Je tirai, visant la tête, et un type s’effondra. Ethan plongea sur un autre, son couteau trouvant une gorge. Cendrillon couvrit son père, tirant maladroitement mais touchant un bras. Le bruit des balles et des cris remplit la cave, et moi, je riais presque – c’était ma guerre, ma putain de danse.Mais y’en avait trop. Un coup me frappa à l’épaule, et je grognai, le sang chaud coulant sous ma veste. Ethan prit une balle dans la jambe, tombant à moitié. Cendrillon cria, et son père la poussa derrière lui, frappant un type avec son bout de métal. On était foutus, mais je voyais pas encore la fin.Et puis, une détonation plus forte éclata dehors, suivie d’un hurlement. Les hommes de Darius hésitèrent, et une silhouette descendit l’escalier, un revolver fumant à la main. Marie. Putain, Marie, avec Roland derrière elle, une carabine dans les mains tremblantes.— Bougez vos culs ! cria-t-elle, abattant un autre type.
CENDRILLONOn arriva au bar-hôtel au petit matin, le ciel gris perlant de pluie fine. Les planches sur les fenêtres donnaient à l’endroit un air de bunker, mais c’était toujours debout, toujours à nous. Marie gara la voiture en travers du parking, et on sortit péniblement, comme des soldats rentrant d’une guerre qu’on avait pas vraiment voulue. Ethan boitait, soutenu par Roland. Mica grognait en tenant son épaule, refusant l’aide de quiconque. Moi, je guidai mon père, son bras autour de mes épaules, son poids léger mais pesant sur mon cœur.À l’intérieur, ça sentait encore la bière et le bois, mais y’avait une odeur de cendres aussi, un souvenir de l’incendie qu’on avait éteint avant de partir. On s’effondra tous autour d’une table, un tas de corps cassés mais vivants. Marie sortit une bouteille de whisky de sous le comptoir et servit des verres sans demander, même à mon père, qui trembla en prenant le sien.— À nous, dit-elle, levant son verre. Les emmerdeurs qui survivent.On trinqu
CENDRILLON 💋J’étais assise devant mon ordinateur, plongée dans mes révisions, quand la porte s’ouvrit brusquement, faisant sauter ma concentration. Ma belle-mère entra dans ma chambre comme une furie, ses yeux rouges de larmes et son visage défiguré par la panique. Elle se jeta sur moi, m’attrapant violemment par les épaules. Sa prise était si ferme qu’elle me fit presque vaciller sous le poids de sa frayeur.Sa voix, tremblante et déchirée, s’échappa dans un cri qui me fit sauter sur place : — Cendrillon, qu’allons-nous devenir ? Ton père est mort !Un instant, le monde sembla se figer autour de moi. Je restai figée, les yeux écarquillés, incapable de saisir la gravité de ses paroles. Mon père… mort ? Cela ne pouvait pas être possible. Je cherchai des signes dans ses yeux, un indice qui me dirait qu’elle plaisantait, mais rien. Rien que du vide, de la peur et de la douleur. Je sentis une vague de chagrin m’envahir, comme si le sol venait de se dérober sous mes pieds. Mais avant qu
La mort de mon père chéri avait ouvert une porte sur un avenir que je n’étais pas prête à affronter. Je savais au fond de moi que tout allait changer de manière irrémédiable, mais à cet instant précis, ce qui m’occupait pleinement, c’était l’enterrement de cet homme que j’avais aimé et qui m’avait protégée. C'était une épreuve qui semblait bien trop lourde à porter, surtout dans de telles circonstances. Qui allait me protéger de sa femme et de ses filles !Nous étions, en effet, dans une situation financière désastreuse. La perte de mon père avait non seulement laissé un vide incommensurable dans mon cœur, mais elle avait également plongé notre famille dans une spirale de dettes auxquelles nous ne pouvions échapper. C’est avec une grande honte que nous avons dû nous rendre aux services sociaux de la mairie pour qu’ils nous aident à financer un enterrement décent. Le seul acte d’amour qui nous restait envers lui, c’était de lui offrir une dernière demeure digne.Le jour des obsèques fut
Cendrillon En arrivant à destination, je pris une profonde inspiration pour me ressaisir. L’adresse indiquée était celle d’un grand manoir, imposant et sombre, entouré de jardins magnifiques mais étrangement silencieux, comme figés dans une perfection irréelle. Les haies taillées avec soin et les roses rouges qui bordaient l’allée semblaient presque trop belles, trop artificielles. Je me demandai ce que ma belle-mère avait en tête en m’envoyant ici. Était-ce un piège tordu, une de ses manigances habituelles, ou une véritable opportunité ? Avec elle, on ne savait jamais à quoi s’attendre. Elle avait ce don pour transformer les situations les plus banales en cauchemars imprévisibles.Je n’avais d’autre choix que de le découvrir.Je descendis de mon vieux vélo rouillé, les jambes encore tremblantes de la longue route, et m’approchai de la porte d’entrée massive en bois sculpté. Mon cœur battait la chamade, un tambour désordonné dans ma poitrine, mais je me forçai à rester calme, à respir
ETHANMon frère jumeau Micah et moi, sur nos motos, roulions à toute allure en direction du château du comte de Montaigne. Le vent fouettait nos visages, et le grondement des moteurs se mêlait à l'écho des roues frappant le pavé. La route sinueuse semblait interminable, mais nous savions que chaque seconde nous rapprochait du but, chaque accélération était un pas de plus vers notre objectif.Les paysages défilaient à une vitesse folle, mais nos esprits étaient concentrés sur ce qui nous attendait. Le château se dessinait à l'horizon, imposant et majestueux, mais à la fois menaçant. Nous n'avions pas le luxe de nous y rendre à un rythme plus calme. Ce soir-là, tout devait être parfait.Micah, à mes côtés, ne disait rien, ses yeux fixés sur la route, mais je pouvais sentir son intensité à travers chaque mouvement qu'il faisait. Il savait, comme moi, que cette mission était cruciale. Nos vies, et peut-être même plus, en dépendaient.Le message que nous avions reçu était clair et précis :
Ethan En arrivant près du château, nous avons garé nos motos à l’abri des regards indiscrets, dans un bosquet dense où les branches basses formaient une voûte naturelle. Le ronronnement des moteurs s’est tu, remplacé par le bruissement des feuilles mortes sous nos bottes. Nous avons enfilé nos tenues de camouflage avec des gestes précis : masques blancs anonymes, casques de moto noirs, gants en cuir usés par des années d’usage. Nous étions prêts à nous fondre dans l’ombre. La fin d’automne approchait, et le ciel virait déjà au gris profond, annonçant une nuit précoce. Au loin, les lumières du château scintillaient comme des étoiles tombées sur terre, projetant des ombres mouvantes qui allaient devenir nos alliées.Nous avons contourné le bâtiment par l’arrière, longeant les murs de pierre froide, évitant soigneusement les flaques de lumière des projecteurs et les yeux perçants des caméras de surveillance. Chaque pas était calculé, chaque souffle retenu. Une fois à l’intérieur, nous av
CENDRILLONOn arriva au bar-hôtel au petit matin, le ciel gris perlant de pluie fine. Les planches sur les fenêtres donnaient à l’endroit un air de bunker, mais c’était toujours debout, toujours à nous. Marie gara la voiture en travers du parking, et on sortit péniblement, comme des soldats rentrant d’une guerre qu’on avait pas vraiment voulue. Ethan boitait, soutenu par Roland. Mica grognait en tenant son épaule, refusant l’aide de quiconque. Moi, je guidai mon père, son bras autour de mes épaules, son poids léger mais pesant sur mon cœur.À l’intérieur, ça sentait encore la bière et le bois, mais y’avait une odeur de cendres aussi, un souvenir de l’incendie qu’on avait éteint avant de partir. On s’effondra tous autour d’une table, un tas de corps cassés mais vivants. Marie sortit une bouteille de whisky de sous le comptoir et servit des verres sans demander, même à mon père, qui trembla en prenant le sien.— À nous, dit-elle, levant son verre. Les emmerdeurs qui survivent.On trinqu
MICAHLes premiers hommes arrivèrent, armes dégainées, et le chaos explosa. Je tirai, visant la tête, et un type s’effondra. Ethan plongea sur un autre, son couteau trouvant une gorge. Cendrillon couvrit son père, tirant maladroitement mais touchant un bras. Le bruit des balles et des cris remplit la cave, et moi, je riais presque – c’était ma guerre, ma putain de danse.Mais y’en avait trop. Un coup me frappa à l’épaule, et je grognai, le sang chaud coulant sous ma veste. Ethan prit une balle dans la jambe, tombant à moitié. Cendrillon cria, et son père la poussa derrière lui, frappant un type avec son bout de métal. On était foutus, mais je voyais pas encore la fin.Et puis, une détonation plus forte éclata dehors, suivie d’un hurlement. Les hommes de Darius hésitèrent, et une silhouette descendit l’escalier, un revolver fumant à la main. Marie. Putain, Marie, avec Roland derrière elle, une carabine dans les mains tremblantes.— Bougez vos culs ! cria-t-elle, abattant un autre type.
MicahLe sous-sol du pub puait la peur et le sang, un mélange qui me rappelait trop de nuits où j’avais dû jouer les bêtes pour survivre. Darius était là, dos au mur, mon flingue collé à sa tempe, son sourire de serpent toujours vissé à sa gueule. Autour de nous, ses hommes gisaient dans leur propre merde – morts pour les chanceux, gémissants pour les autres. Ethan saignait d’une entaille au bras, mais il tenait debout, son couteau dégoulinant dans sa main. Cendrillon, elle, serrait sa bouteille brisée comme une arme, ses yeux brûlant d’une rage que je connaissais bien. On avait gagné cette manche, mais ce connard de Darius avait encore un as dans sa manche, je le sentais.— Parle, ordonna-t-elle, sa voix claquant comme un fouet.Putain, j’étais fier d’elle. Elle tremblait plus, ma princesse. Elle avançait vers lui, et moi, je reculai juste assez pour le garder en joue, laissant Ethan l’attraper par le col pour le tenir en place. Darius ricana, un son qui me donnait envie de lui explo
On débarqua à l’aube, et putain, cette ville puait la pluie et le désespoir. Le ciel était gris, lourd, comme s’il allait nous tomber sur la tronche. Marie nous avait filé une adresse – un entrepôt pourri dans l’est, près des docks. Je garai la bagnole le long d’un mur tagué, à l’abri des curieux, et on sortit dans l’air froid qui vous mordait la gueule. Cendrillon resserra son manteau, Ethan planqua son flingue dans sa ceinture, et moi, je scrutai les environs.— Ça pue la merde, marmonnai-je. Trop calme.— C’est les docks, répondit Ethan, toujours calme comme un moine. C’est toujours mort à cette heure.Je grognai, pas convaincu. Les docks, ouais, mais y’avait un truc qui clochait. Trop de silence, trop d’ombres. L’entrepôt se dressait là, une ruine de ferraille avec des fenêtres explosées qui vous fixaient comme des yeux crevés. La porte grinçait dans le vent, et je vis Cendrillon serrer les poings. Elle avança d’un coup, sans attendre.— Allons-y, dit-elle, et elle fila vers l’entr
CENDRILLONOn passa l’après-midi à préparer nos affaires. Quelques vêtements, des armes que les jumeaux avaient gardées de leur passé, et un plan griffonné sur une serviette en papier. Londres. Darius. Le serpent et la couronne. Chaque mot pesait comme une pierre dans ma poitrine, mais je refusais de flancher. Pas avec Ethan et Mica à mes côtés. Pas avec ce bébé qui me donnait une raison de plus de me battre.Vers le soir, alors qu’on chargeait la voiture, je pris une seconde pour regarder le bar. Notre refuge, notre rêve. Les planches sur les fenêtres lui donnaient l’air d’une forteresse, mais il restait debout. Comme nous.— Prête ? demanda Ethan, sa voix douce derrière moi.— Ouais, murmurai-je. Prête.Mica klaxonna depuis le volant, un sourire sauvage aux lèvres.— Alors bouge, princesse. On a un roi à décapiter.Je montai dans la voiture, le cœur battant, et alors qu’on s’éloignait dans la nuit, je sentis une étrange certitude s’installer. Peu importe ce qui nous attendait, on af
CENDRILLON— Et nous ? demanda Ethan, ses yeux sombres fixés sur elle.— Vous sécurisez cet endroit, répondit-elle. Barricadez les fenêtres, vérifiez les clients. Si les hommes de Valerian veulent jouer, ils viendront ici. C’est votre château, protégez-le.Roland releva enfin la tête, ses mains agrippant sa canne comme s’il puisait sa force dans le bois usé.— Je reste avec vous, murmura-t-il. Si c’est ma faute, je vais pas vous laisser seuls.— T’es sûr que t’es en état ? lâcha Mica, sans filtre. T’as l’air d’un mort qui marche, Roland.— Mica ! sifflai-je, mais il me coupa d’un regard.— Quoi ? C’est vrai. On a besoin de combattants, pas de poids morts.Roland esquissa un sourire triste, presque amer.— T’as raison, petit. Mais j’ai encore un ou deux tours dans mon sac. Laissez-moi une chance de me racheter.Le silence revint, lourd, chargé de tout ce qu’on ne disait pas. Marie écrasa sa cigarette à moitié fumée et se leva.— Reposez-vous ce soir, ordonna-t-elle. Demain, on entre en
Marie et Roland arrivèrent deux heures plus tard, la vieille camionnette de Marie crachant une fumée noire sur le parking. Roland descendit en premier, le visage creusé par la fatigue, une canne dans la main droite. Il avait l’air d’un homme qui portait le poids du monde sur ses épaules. Marie suivit, une cigarette au coin des lèvres, ses cheveux gris en bataille. Elle avait cette allure de guerrière usée mais indomptable qui me fascinait toujours.— Montrez-moi ça, dit-elle en jetant son mégot par terre.Ethan lui tendit la photo et le mot. Elle les examina en silence, ses yeux plissés comme si elle lisait un code invisible. Roland s’assit lourdement sur une chaise, son regard fixé sur la table.— Ça te dit quelque chose ? demanda Mica, croisant les bras.Marie releva la tête, son expression sombre.— Ouais, dit-elle enfin. Ça pue la pègre à plein nez. Ces messages cryptiques, ces vieilles photos… c’est leur façon de dire qu’ils vous ont dans le viseur.— Mais qui ? insistai-je. Mon
Cendrillon— Cendrillon… murmura Ethan, ses doigts effleurant mon épaule.Je ne répondis pas. Mes yeux étaient rivés sur le papier plié que Mica déplia lentement. Quelques mots griffonnés à l’encre noire, d’une écriture tremblante mais lisible : « Les contes finissent mal quand on oublie les dettes. »Un silence glacial s’abattit sur nous. Le bar, pourtant encore bruyant, sembla s’effacer autour de moi. Je sentis une sueur froide couler dans mon dos, et mes jambes vacillèrent. Mica froissa le papier dans son poing, ses jointures blanchissant sous la pression.— C’est quoi cette merde ? grogna-t-il, ses yeux lançant des éclairs.Ethan, plus calme mais tout aussi tendu, ramassa la photo et l’examina de près.— Quelqu’un sait que t’es ici, dit-il doucement. Quelqu’un qui connaît ton passé.— Mon père est mort, articulai-je, la voix tremblante. Et ma belle-mère… Marie l’a vendue à des mafieux après ses aveux. Qui pourrait…Je m’interrompis, incapable de finir ma phrase. Les dettes. Ce mot
CendrillonLe bar-hôtel de Roland bourdonnait comme un essaim d’abeilles en pleine saison. Les rires des clients ricochaient sur les murs en bois, les verres s’entrechoquaient dans un tintement joyeux, et l’odeur de bière fraîche se mêlait à celle des frites tout juste sorties de la friteuse. C’était une soirée comme je les aimais : bruyante, vivante, un chaos organisé où je me sentais enfin chez moi. Un an s’était écoulé depuis ce jour où Ethan et Mica avaient scellé notre union sous les étoiles, un an depuis que j’avais dit oui à deux hommes qui avaient transformé ma vie de cendres en quelque chose de lumineux. Et pourtant, ce soir-là, alors que je servais une pinte à un habitué, une sensation étrange me nouait l’estomac.Je posai la main sur mon ventre, instinctivement. Rien ne se voyait encore – pas de courbe, pas de rondeur – mais je savais. Depuis quelques jours, un pressentiment grandissait en moi, confirmé ce matin par un test discret acheté à la pharmacie du coin. Deux petites