Tout se passa cette journée-là. Andréa avait atterri à l'aéroport de Corse : Aéroport de Bastia Poretta. Un taxi l'y attendait. Elle se rendait dans une localité du nom de "Solgiato" , une déformation de soleggiato, qui veut dire ensoleillé en italien. Le soleil lui disait bonjour et elle sourit, ce qui n'était pas arrivé depuis quelque temps déjà.
24 juillet
Elle se souvient encore de ce jour, elle avait finalement décroché un travail après son stage qui a suivi ses études universitaires. Et dans une des meilleures agences de marketing de sa ville ! Elle voulait le jeter avec Théo, son petit ami. Elle lui avait envoyé un message lui demandant de l'attendre, ce soit, pour fêter ca, a deux, autour d'un dîner.
Il ne travaillait pas encore non plus, il serait sans doute content pour elle ! Ils sont ensemble depuis si longtemps.
Elle est arrivée chez elle et s'est changée. Theo ne l'avait pas rappelé. Il dormait sans doute. Elle alla chez lui et ouvrit la porte dont elle avait la clé. Il y avait des bouteilles au sol. Rien d'alarmant, Théo est très désordonné. Des posters de Jimmy Hendrix, Kurt Cobain et Travis Scott sont accrochés au mur du salon.
Le petit appartement est composé d'un salon/cuisine, deux chambres et une toilette. Le colocataire de Théo s'est enfui sans payer son dû, laissant le jeune homme dans une détresse terrible.
Elle remit tout à sa place et se dirigea vers la chambre de son petit ami. Il était là, endormi, comme elle le pensait.
-Théo.
Il ne bougea pas. Plus elle s'avançait, plus elle craignait qu'il ne soit ivre, comme certaines fois.
-Théo, mon chéri.
Elle le découvrit. Il était torse-nu, ses tatouages étaient plus sexy que jamais se disait Andrea. La rose épineuse pour sa mère, une paire d'ailes pour son petit frère James, mort il y a 5 ans, une tête-de-mort comme rappel qu'on a tous une fin commune, un moyen de remettre les pieds sur terre ; et une multitude de petits tatouages qui ne signifiaient rien en particulier.
La peau ébène du jeune homme contraste avec les draps blancs, ses cheveux noirs sont rasés derrières et sur les côtés, laissant une petite hauteur sur le haut de son crâne, ce qui témoigne de la tendance actuelle des jeunes de leur âge pour les coupes de cheveux.
Elle s'assit sur le lit et passa une main dans les cheveux de son petit ami. Il bougea et ouvrit un peu les yeux.
-Marzia ?
Marzia... Andréa ne connaissait qu'une seule Marzia et elle était loin dans leur passé a eux deux.
-Andrea, Théo, c'est Andrea. Pourquoi tu as dit Marzia ?
Recouvrant un semblant de bon sens, Théo ne lui répondit pas. Il mit la main sous son oreiller et en sortit un joint déjà entamé. Il s'assit près d'elle et l'alluma. Ce qui était choquant, c'est qu'il ne fumait pas lui non plus.
Théo se leva et prit une bouteille de Vodka qui traînait. Il la vida et la jeta sur le lit, tout prêt d'Andrea, qui ne comprenait plus rien.
-Theo.
Elle s'approcha de lui et le força à la regarder. Les pupilles noires du jeune homme était complètement dilatées et il sentait l'herbe et l'alcool fort.
-Théo, qu'est ce qui te prend ?
-Andrea ?
-Oui, c'est Andrea.
-On doit parler. J'ai des choses à te dire.
Il semblait reprendre ses esprits. Il la guida vers le lit, Andréa obéi sans parler. Théo faisait les cent pas dans la chambre, consumant son joint et en frottant frénétiquement son corps. Ce n'était clairement pas la première fois qu'il était dans cet état. Ses abdos qui autrefois étaient la plus belle vue de son corps pour Andrea sont maintenant, un point très insignifiant de la situation, malgré qu'il soit torse-nu.
-Depuis quand tu fumes ?
-Depuis un bout de temps.
-Depuis quand est-ce que tu me confonds avec Marzia?
-Arrête avec tes questions et va t'asseoir... S'il te plaît.
Elle n'en revenait toujours pas. Théo, son petit ami depuis plus de 4 ans. Son Theo, doux, amoureux, pacifique.
Les dures explications commencent. Théo était devenu un junkie accro à la marijuana et à l'alcool fort. Il avait abandonné ses cours d'ingénierie depuis plus de 6 mois. Elle n'en savait rien.
Il avait revu Marzia, il y a un an environ, dans un club, un soir où il était sorti avec ses amis. Marzia était son ex, une mauvaise fréquentation dont il a su se débarrasser, grâce à elle, Andrea.
Marzia avait entraîné Théo dans les bas-fonds de la dépendance, comme elle avait essayé de le faire avant.
Le jeune homme savait qu'il ferait du mal à sa copine mais il lui devait bien ça. Elle a tout fait pour lui durant ces dernières années.
Il lui dit tout. La rencontre, les autres rencontres plus intimes qui ont suivi. La cocaïne, l'alcool, l'abandon de ses cours. Marzia l'avait complètement achevé. Il est devenu un pantin.
Andréa n'en croyait pas ses oreilles et elle espérait que cela ne soit qu'un rêve, cauchemar serait mieux choisis.
Ses yeux étaient rouges, et elle avait une soudaine migraine qui l'empêchait d'avoir des pensées correctes. Son maquillage avait coulé et elle avait oublié pour quelle raison elle était venue chez Theo.
S'emparant du peu de courage qu'il lui restait, elle retira la bague qu'il lui avait offert pour leur second anniversaire, la mit sur la table et partit sans un mot.
Elle prit un taxi qui la conduit chez elle. Personne n'était là, heureusement.
Réserver ce vol pour la Corse a fait mal à son compte en banque, mais ca a fait du bien à son moral. Elle ne donnait plus signe de vie a personne d'extérieur à sa famille, et même eux s'inquiétaient pour elle. Il fallait qu'elle se ressource avant de commencer son nouveau travail. Andréa le savait, car en ce moment, c'est ce qui compte pour elle : son travail. Il fut un temps, Théo occupait cette place.
La Corse lui disait bonjour et son âme qui guérissait à peine répondait avec timidité. Le soleil caressait sa peau noire et semblait lui aussi, lui souhaiter la bienvenue sur cette terre de paix.Son gros afro servait de radar pour toutes les personnes qui voulaient lui parler. Son piercing au nez lui avait valu des regards condescendants de la part de certains vieux du port. Elle portait des chemises colorées et des jeans taille hautes avec des Doc Martens noirs. Cette personnalité si atypique ne passait pas inaperçue à Solgiato. Une jeune fille vint la complimenter dans un anglais incertain sur la pureté de sa peau.Andréa aimait bien regarder les mouettes dans le ciel bleu du haut de son balcon.
Andréa se décide à descendre. Il était 3 heures du matin. Le changement de fuseau agissait toujours sur elle. Et elle n'aimait pas ça. Elle s'empara de son portable et de ses écouteurs.En bas, les lampadaires semblaient s'éclairer encore plus sur son passage au fil des mots qu'elle reprenait. Deux, trois, et bientôt une dizaine de chansons défilaient dans ses oreilles, certains chanteurs déversent leur rage de l’amour en ramassant leur cœur en miette, d’autre la louaient pour ce qu’elle a fait dans leur vie. Et enfin, quelques-un disaient se suffire à eux-mêmes en ce bas monde.<Though I walk through the darkest valley I will fear no love. Oh my smile my mind reassure me I don't need no one>, chantait-ell
Après un croissant au chocolat, quelques biscuits secs et une tasse de thé, Andréa redescendit, cette fois, avec une tenue singulière : cheveux retenus en deux nattes, lunettes de soleil bleu en forme de nuages, boucles d'oreille créoles, chemise en flanelle rouge-sang ouverte jusqu'au haut de sa poitrine, short jaune moutarde et sandales de plage noires. Elle n'était accompagnée que d'un vieux livre à la couverture rabougrie. Sans portable. Sans écouteurs.Andréa repéra une chaise vide, sans l'ombre d'un occupant sous un parasol rouge avec des pois blancs. Elle l'ajuste sur sa tête, s'assit confortablement et se mit à lire. Il était 10 heures.Au milieu du livre, elle se dit que s'en est assez de lire les pensées d'un per
Andréa se demandait ce que ça fait d'être un poisson... Voyager de plage en plage, voire, de continent en continent. Sans attache.Elle ouvrit enfin son téléphone et se connecte au réseau de la localité. Il était lent, mais il marchait : sa sœur l'avait traité d'irresponsable. Son frère lui avait dit de lui rapporter des coquillages. Son ex lui avait dit qu'elle lui manquait...Pourquoi ne pas rester ici ? Loin des problèmes. Loin des trouble-fêtes. Loin du méli-mélo quotidien de remontrances que sa famille lui servait comme pain quotidien.Aujourd'hui, elle n'avait pas son afro : deux nattes ont suffi pour dompter sa tignasse. Elle avait mis un maillot orange à
Andréa marchait dans les rues de la Corse en prenant des photos par-ci, par là avec son téléphone. Elle les fera imprimer pour les mettre sur son mur.En arrivant, elle avait fait changer quelques dollars et maintenant, elle pouvait s'acheter une glace à la cerise. Elle se sentait conne devant le marchand à utiliser des gestes pour s'exprimer.- "Je peux t’aider Miss ?"Elle se retourna et tomba sur un jeune homme, d'à peu près son âge ou peut-être plus âgé, qui lui souriait en la regardant dans les yeux.- "Oui, j’aimerais acheter une glace" dit-elle en désignant le marchand de glace qui
Dans son lit, Andréa repensait au jeune homme qui lui avait vendu la glace : beau comme un dieu grec, mais pas son genre : il est trop tout. Sa simple nacelle ne saurait pas garder un poisson aussi gros. Il s'en irait ou bien d'autres prédateurs plus féroces viendront s'emparer de sa prise, les femmes célibataires sont plus coriaces qu’un groupe de lions affamés.Dans tous les cas, la glace était rafraîchissante. Demain, elle irait en ville, pour une autre glace."Merci Seigneur pour ce voyage et cette expérience. Amen."Et elle s'endormit.Vers 5 heures du matin, un orage éclata, réveillant Andréa de son sommeil. V
Ses valises sont bouclées. Quelle tristesse. Theo a essayé de la joindre. Encore. En arrivant, elle changera de numéro, se dit-elle.Elle descendit de sa chambre, alla remettre la clé à Sylvie, la petite dame qui lui avait loué sa chambre avec le balcon.Elle partit vers la plage. Dans un petit sachet, elle ramasse des coquillages pour son frère, elle n'allait pas l'oublier celui-là. Elle dit au revoir à la plage : au sable doré, à la mer azur et aux mouettes blanches.Elle retourna au bistrot où elle prit son dernier café. Cela faisait du bien. Certains lui ont souhaité un bon retour. D'autres se sont contenté d'un hochement de tête.
“Quand la vie te donne des citrons, fais-en de la limonade!”C’est ce que la mère de Idriss lui disait a chaque fois qu’il venait lui parler de ses problèmes étant plus jeune. C’est d’ailleurs pour ça qu'il déteste la limonade aujourd’hui.A même pas quinze ans, il a dû changer de pays et apprendre une toute nouvelle langue parce que sa mère voulait changer d’air.Le voilà aujourd’hui. Et à dix-huit ans, lorsqu’il lui a demandé de payer sa scolarité pour aller en école de médecine, elle lui a dit non: “Pourquoi tu veux t'emmerder avec ça hein? C’est bien trop dur la médecine! Tu peux travaill