Soléna plissa les yeux, serrant les poings inconsciemment, tandis qu’il collait son visage contre ses joues, plongeant son nez dans ses cheveux et la humant une nouvelle fois, avec une sensualité effrayante. Elle pouvait sentir la chaleur de sa peau contre la sienne, une pression presque insupportable.
– Tu seras totalement à moi, et rien qu’à moi. Ma chose, si j’ai envie...
Des larmes coulèrent sur le visage de Soléna, mais elle ne fit rien pour les retenir. Lorsqu’il lui lécha la joue, une vague de nausée monta en elle. Elle ferma les yeux, essayant de repousser cette sensation dégoûtante qui envahissait ses sens.
– Tu es déjà à moi !
Ces mots résonnèrent comme un coup de tonnerre dans son esprit. Elle n’eut même pas le temps de réagir avant qu’il ne s’éloigne un peu. Une partie d’elle voulait fuir, se libérer de cette emprise, mais son corps restait figé. Une part de sa volonté résista, mais une autre, plus profonde, commençait à se poser des questions. Elle se haïssait pour cela. Pourquoi, malgré l’humiliation, sentait-elle encore ce petit élan de... curiosité ?
Elle se ressaisit en un instant, serrant les dents. Non. Je ne suis pas une chose. Pas pour lui.
Il se dirigea de nouveau vers le canapé, mais avant d’y arriver se retourna.
– Va donc trouver son père si tu ne me crois pas ! Mais sache que c’est la seule et unique fois où je te laisserai me traiter de menteur !
– Je...
Elle bafouilla, sentant la colère qui émanait de lui comme une pression étouffante. Il sourit soudainement, et elle entendit dans sa tête :
“Entends-tu la voix de ton maître, Luna ?”
Son cœur s’emballa, et elle sentit ses mains devenir moites. Elle plissa le front mais ne répondit pas.
Il ne pouvait pas réussir à pénétrer dans son esprit aussi facilement, même si elle savait qu’il était un Alpha puissant, issu d’une longue lignée de leaders.
Soléna resta figée, ses pensées tourbillonnant dans sa tête comme une tempête qu’elle ne pouvait arrêter. Elle savait que Maximus n’était pas un Alpha ordinaire. Ce n’était pas seulement son rang ou son pouvoir qui le rendait dangereux. Il venait d’une lignée ancienne, une lignée d’Alpha qui remontait à des siècles, des générations d’hommes et de femmes qui avaient régné sur des meutes puissantes et cruelles.
Les Alphas de sa lignée étaient réputés pour leur domination et leur capacité à prendre le contrôle non seulement sur leur meute, mais aussi sur les autres meutes, les autres clans. Leur force mentale était légendaire. Ce n’était pas simplement une question de puissance physique ou de charisme. Ils avaient cette capacité étrange, presque surnaturelle, de pénétrer l’esprit des autres, de les manipuler, de les dominer, de les plier à leur volonté. Les anciens racontaient que les ancêtres de Maximus étaient capables de contrôler l’esprit d’autres Alpha, de détruire des volontés, de faire plier même les plus résistants. Ce pouvoir, bien que redouté et craint, était l’essence même de la lignée des Alpha Maximus.
Soléna avait entendu ces histoires, ses parents en parlaient rarement, mais elle savait que tout cela faisait partie du passé, un passé que Maximus semblait décidé à raviver. Il avait hérité de ce pouvoir et l’utilisait avec une maîtrise terrifiante. Mais ce qu’elle ignorait, c’était si elle serait capable de résister à lui ou si, comme tant d’autres avant elle, elle finirait par se soumettre à cette force.
Elle serra les poings, mais son cœur battait toujours à toute allure, ses pensées troublées par l’idée que, peut-être, ce pouvoir de l’esprit serait ce qui allait la détruire ou, au contraire, ce qui pourrait lui offrir une chance de le maîtriser.
“Je suis plus forte que ça”, se dit-elle, bien que l’incertitude s’infiltre dans chaque recoin de son esprit. Mais avant qu’elle n’ait le temps de réfléchir davantage, une voix résonna dans sa tête, encore plus forte, plus présente :
“Tu ne pourras pas m’échapper, Luna. Personne ne peut.”
Elle tressaillit sous l’impact mental, une sensation glacée la parcourut, mais elle se redressa, refusant de céder à la peur.
Solèna arriva chez elle vers 21 heures. Son cœur battait un peu trop vite, et elle avait l’impression que son sang bouillonnait dans ses veines, une sensation qu’elle n’avait jamais ressentie jusqu’à ce soir-là. Quelque chose en elle semblait s’éveiller, mais elle n’arrivait pas à mettre un nom dessus.Comme tous les mardis soir, son père, Alpha Marcus, aurait dû être à son club de tarot avec les membres de la communauté. Barkerville était leur fief, le lieu où leur clan avait établi son campement depuis des décennies. Mais quand elle gara sa petite Ford près de la maison, elle aperçut la voiture de son père dans l’allée du garage. Ça ne sentait pas bon. Et si Alpha Maximus avait dit la vérité ? Si son père avait vraiment consenti à cette union insensée ?Elle coupa le moteur et descendit, ses pas lourds sur le gravier. L’air était humide et chaud en ce début août ; l’été caniculaire collait sa chemise à sa peau moite. Elle rêvait d’une douche fraîche pour se débarrasser de cette sensa
Sa mère esquissa un sourire, un peu triste, un peu résigné.— Nous avons été honnêtes avec Alpha Maximus. On ne voulait pas qu’il se venge sur nous, ou pire, qu’il raconte à tout le monde qu’on était des menteurs et des tricheurs. Tu devrais être bien avec ton nouveau clan. Et puis, tu pourras venir nous voir de temps en temps.Solèna secoua la tête, ses cheveux bruns balayant ses épaules. Elle avait l’impression qu’on lui arrachait le peu qu’elle avait.— Je peux pas… Je peux pas me sacrifier pour…— Tais-toi, Solèna ! coupa son père, son ton tranchant comme une lame. C’est pas comme si tu avais vraiment le choix. Tu veux avoir la mort de ta mère, la mienne, et celle de tout le clan sur la conscience ? Si tu refuses, même si tu fuis, il nous tuera tous et te traquera pour te ramener chez lui. C’est fini, tu comprends ?Elle sentit ses jambes trembler sous elle, mais elle resta droite, les poings serrés. Sa mère détourna le regard, comme si elle ne pouvait pas supporter de voir la dét
Le lendemain matin, Solèna se réveilla avec une lourdeur inhabituelle dans le cœur. Elle se préparait à partir pour son travail, une routine qui lui était familière depuis des années. Chaque matin, elle suivait les mêmes gestes mécaniques : se lever, se doucher, s’habiller, et avaler un petit-déjeuner rapide avant de quitter la maison. Mais aujourd’hui, chaque mouvement semblait peser plus lourdement sur ses épaules, comme si un poids invisible l’accablait. Déjà elle n'avait pas faim, tout appétit était partit la veille devant les révélations de son pere.Elle n'avait qu'une envie , aller travailler.Elle travaillait à la mairie, un poste qu’elle avait toujours apprécié. Elle aimait l’idée de contribuer au bien-être de sa communauté, de faire une différence, même minime, dans la vie des gens. Mais ces derniers temps, cette satisfaction s’était estompée, remplacée par une angoisse sourde qui ne la quittait plus. Comme un présentiment qui s'avérait réel . L'annonce que quelques chose de
Elle sursauta. Alpha Maximus était là, entre elle et la voiture. Il était apparu en un instant, d’une rapidité déconcertante. Était-il possible qu’en prenant forme humaine, il puisse se déplacer aussi vite ? Il la regardait de toute sa hauteur, un léger sourire étirant ses lèvres. Un sourire qui lui glaça le sang.– Alors, Luna, ton père, l’alpha Marcus, t’a parlé de notre accord.– Solèna, corrige a-t-elle d’une voix ferme, bien qu’un peu tremblante. Je suis Solèna, et oui, il m’a dit que tu avais menacé de tuer tout le monde...– Où est ta valise ? l’interrompit il brusquement, sans la laisser terminer sa phrase.Je n’ai pas encore pris ma décision, répliqua-t-elle, se redressant pour lui tenir tête. Mais, en voyant son visage se durcir, un frisson d’appréhension parcourut son corps et elle perdit un peu de son assurance. Il fit un pas vers elle, menacant.– Tu n’as pas a prendr de decision, nous l’avons prit pour toi, femelle béta, alors où est ta valise ? Je te ramène dans ma meute,
Pendant qu’elle attrapait sa valise dans l’entrée, Soléna s’arrêta un instant, les doigts crispés sur la poignée usée. Un frisson d’hésitation la traversa. Elle tourna la tête et jeta un dernier regard vers le salon. Là, dans la pénombre, ses parents étaient assis, immobiles comme des statues. Sa mère tricotait mécaniquement, ses aiguilles cliquetant dans un rythme monotone, les yeux fixés sur son ouvrage sans jamais se lever. Son père, avachi dans son fauteuil, feuilletait un journal jauni, le visage fermé, indifférent au monde autour de lui. Les ombres s’étiraient sur le parquet, et la lumière pâle qui filtrait par la fenêtre donnait à la pièce une teinte froide, presque irréelle. Pas un mot, pas un regard. Juste ce silence lourd, suffocant, qui pesait sur elle comme une condamnation.Son cœur se serra, une douleur aiguë lui vrillant la poitrine. Elle aurait voulu courir vers eux, tomber à leurs pieds, les supplier de la retenir, de lui dire qu’elle n’avait pas à partir. Elle aurait
Soléna roulait à bonne distance de la moto d’Alpha Maximus. Elle se dirigeait vers sa nouvelle vie comme si elle avançait dans le couloir de la mort, chaque kilomètre renforçant cette sensation oppressante qui lui serrait la poitrine.Elle jeta un coup d’œil à sa montre. C’était bon, tout le clan devait être au courant de son départ. En général, lorsqu’elle était en retard, son chef l’appelait, sa voix trahissant une inquiétude qu’il masquait mal derrière son ton autoritaire.Mais là, aucun coup de fil. Rien. Le silence pesait comme une menace invisible.Elle roula une cinquantaine de kilomètres jusqu’à la ville voisine, la ville de Cerbère, nommée d’après le clan d’Alpha Maximus, un nom qui résonnait comme un grondement sourd dans les légendes anciennes.Cette ville existait depuis la nuit des temps. La famille d’Alpha Maximus avait toujours régné sur Cerbère, vivant dans un château sombre qui se dressait comme un gardien silencieux au sommet d’une colline escarpée. Ses murailles de
Le hall d’entrée s’ouvrit devant eux, immense et oppressant. Des tentures élimées pendaient aux murs, leurs motifs délavés évoquant des scènes de chasse anciennes. Des chandelles crépitaient dans des candélabres de fer, jetant des ombres mouvantes sur les dalles usées. Alpha Maximus avançait d’un pas assuré, désignant les lieux avec une autorité froide.— Ici, la salle des banquets, marmonna-t-il en pointant une arche massive. Là, les quartiers des meutes. Tu peux y aller, si tu veux mendier leur pitié.Il gravit un escalier en colimaçon, ses bottes claquant sur la pierre. Soléna le suivait, les muscles tendus, observant les portes closes qu’il ne mentionnait pas. Il s’arrêta devant une double porte bardée de fer, ornée de gravures représentant des loups hurlants.— Ça, c’est interdit, dit-il sans se retourner. Les archives du clan. Si tu y mets un pied, tu le regretteras.— Pourquoi ? insista-t-elle, sa voix tremblant légèrement mais chargée de défi. Qu’est-ce que tu caches là-dedans
Alpha Maximus s’éloigna de quelques pas, ses bottes claquant doucement sur le sol de pierre polie, laissant Soléna seule au centre de la vaste salle. Son souffle était encore court, irrégulier, comme si l’air lui-même s’était raréfié sous le poids de ses paroles. « Tu es mienne, que tu le veuilles ou non » résonnait dans son esprit, un écho persistant, entêtant, qui s’enroulait autour de ses pensées comme une chaîne invisible, à la fois pesante et insaisissable. Elle voulut riposter, lui jeter au visage une réplique cinglante, un défi qui prouverait qu’elle n’était pas une proie docile. Mais quelque chose dans la façon dont il avait prononcé ces mots – cette assurance brute mêlée d’une étrange tendresse – l’avait désarçonnée. Elle détestait cette sensation, ce frémissement de faiblesse qui s’insinuait en elle comme une traîtresse, ce doute qu’elle refusait de nommer et encore moins d’accepter.Il s’arrêta près de la porte massive, ses larges épaules se découpant dans l’encadrement de
La belle-mère retourna s’asseoir entre son mari et l’un de ses fils, son sourire satisfait savourant chaque seconde de cette mise à mort sociale. Soléna, elle, savait qu’elle devait rester forte – pour elle-même, pour percer la vérité sur Maximus, et pour comprendre le destin qui grondait en elle, tapi comme une louve prête à surgir.Le silence dans la salle à manger était étouffant, seulement brisé par le cliquetis des couverts et les rires étouffés des frères de Maximus. Soléna restait agenouillée près de son bol, chaque bouchée avalée comme un acte de défi muet. La belle-mère, satisfaite de son triomphe, s’était rassisée, lançant des regards narquois à son mari, l’ancien Alpha, qui observait la scène avec une froide indifférence.Puis, la belle-mère se pencha vers Maximus, qui triturait son repas sans un mot, ses doigts croustillants sur sa fourchette.— Profite bien de ton repas, mon fils, lâcha-t-elle, son ton mielleux dégoulinant de venin. Peut-être le dernier, si ce chien d’Eli
— Tu penses vraiment mériter une place à notre table ? demanda la mère de Maximus, sa voix douce comme du miel empoisonné, mais saturée d’un mépris qui semblait suinter de chaque mot. Après tout ce que t’as fait ? Retourner fouiner dans nos archives, remuer des secrets qui ne t’appartiennent pas… Tu crois qu’on est aveugles, petite bêta ? Que ton petit jeu passe inaperçu ?Soléna garda le silence, la gorge si nouée qu’elle craignait que le moindre son ne se transforme en sanglot. Répondre, c’était tendre une corde pour qu’ils la serrent autour de son cou. Toute justification serait tordue, déformée pour nourrir leur mépris. Elle serra les poings, ses ongles mordant la chair tendre de ses paumes, la douleur devenant un point d’ancrage pour ne pas vaciller. Les regards de la famille pesaient sur elle, lourds comme des chaînes – certains froids, d’autres curieux, quelques-uns franchement railleurs, comme si elle n’était qu’un divertissement, une bête curieuse exposée pour leur amusement.
Soléna releva le menton, ses doigts crispés sur le tissu rêche de sa robe, comme si ce geste pouvait ancrer le peu de courage qui lui restait. Les mots lui échappèrent avant qu’elle ne puisse les retenir, portés par une impulsion qu’elle ne comprenait pas elle-même.— Et si tu me faisais confiance, au lieu de me frapper ? murmura-t-elle, sa voix tremblante mais claire, chaque syllabe vibrant d’une audace qui lui brûlait la gorge.Maximus éclata d’un rire sec, rauque, un son qui claqua comme un fouet dans l’air confiné de la chambre. Ses yeux dorés s’enflammèrent à nouveau, retrouvant cette lueur tranchante qui la faisait toujours reculer.— Confiance ? À une femelle de ton clan de menteuses ? ricana-t-il, son ton dégoulinant de mépris. T’es naïve ou juste stupide ? Va à table. Ma mère n’a plus une once de patience pour toi, et moi non plus.Il tourna les talons, ses bottes martelant le plancher avec une brutalité qui fit vibrer les murs. La porte claqua derrière lui, laissant Soléna s
Après que Capucine eut laissé Soléna seule dans la chambre pour s’habiller, des pas lourds firent vibrer le plancher du couloir. La porte s’ouvrit d’un coup, sans un bruit d’annonce, et Maximus envahit l’espace. Sa silhouette massive bloqua la lumière pâle qui filtrait du dehors, projetant une ombre écrasante sur le sol usé. Soléna, encore drapée dans sa serviette humide, se figea. Son pouls s’emballa, martelant ses tempes. Un frisson glacé remonta sa colonne vertébrale, comme si l’air s’était chargé d’une menace prête à éclater.— Habille-toi, grogna-t-il. Sa voix, rauque et profonde, semblait râper contre les murs, mais elle n’avait pas ce tranchant qui d’habitude la faisait trembler. Il traversa la pièce d’un pas raide, ses bottes claquant sur le bois, et s’arrêta près de la fenêtre. Ses larges épaules se découpaient contre le ciel gris, lourd de nuages qui s’amoncelaient au-delà des murailles. Il fixait l’horizon, immobile, ses poings serrés si fort que ses griffes éraflaient le r
Soléna leva les yeux, son regard voilé par la douleur qui pulsait encore dans son corps. Malgré l’épuisement qui alourdissait ses membres, une lueur d’intrigue perça dans ses prunelles sombres. Capucine, assise près d’elle, sembla hésiter un instant, son visage marqué par une gravité inhabituelle. Elle prit une profonde inspiration, comme pour puiser le courage de dévoiler un secret trop longtemps gardé.— Il y a longtemps, commença-t-elle d’une voix basse, presque un murmure, Maximus devait s’unir à une femme qu’il aimait plus que tout. Elle s’appelait Cléa, une Alpha guerrière, fière et indomptable, issue de ton propre clan. Leur lien était si fort qu’on disait qu’il aurait défié les étoiles elles-mêmes pour elle. Mais… elle l’a trahi.Soléna tressaillit légèrement, ses doigts se crispant sur le tissu usé de la couverture qui l’enveloppait. Les larmes qui avaient coulé sur ses joues commençaient à sécher, laissant des traces salées sur sa peau pâle. Elle écoutait, suspendue aux mots
Au cœur des réticences de Soléna se trouvait le lien sacré qu’Alpha lui avait été imposé par la Déesse de la Lune, un lien mystique qui transcendait ses sentiments personnels. Un lien surnaturel qui l’unissait à Alpha Maximus, et qui ferait de sa mort une rupture de sa propre identité.Dans leur tradition, ce lien était un poids spirituel, la mort de l’un pouvant déséquilibrer l’autre, pouvant entraîner un effondrement psychologique ou physique.Pour Soléna, cela signifiait que la perte de Maximus pourrait briser la structure fragile de son existence, surtout compte tenu de son isolement et de son manque de pouvoir au sein du clan.— Il ne t’aimera jamais, se moqua Luna au fond d’elle-même, et tandis qu’elle pleurait à moitié couchée sur la table, elle vit qu’Alpha restait debout à côté d’elle. Il s’était réajusté et la regardait sans parler, son visage sévère.Il sut de suite qu’il avait entendu leur discussion, entre elle et sa louve...Ses traits si durs habituellement se radoucire
Soléna referma le registre d’un coup sec, le cœur battant à tout rompre. Les mots dansaient encore dans sa tête – Cerbère, Luna, vengeance – et sa louve hurlait, un grondement sauvage qui vibrait dans ses os. Il est là ! Elias était plus qu’un jardinier, plus qu’un homme. Il était le spectre à trois têtes revenu pour tout brûler, et elle… elle portait Luna, sa louve rousse, quelque part en elle. La prophétie la frappa comme un coup de poing.Des pas lourds dévalèrent l’escalier. Trop tard pour fuir. La porte s’ouvrit à la volée, et Maximus surgit, sa silhouette massive bloquant la lumière, ses yeux dorés flamboyants de rage. Il tenait la pelle d’Elias dans une main, tachée de terre fraîche, comme s’il venait de s’en servir.— Toi, dans les archives ? rugit-il, avançant vers elle à grandes enjambées. T’as volé la clé, femelle ? Tu cherches quoi ?Soléna recula, le registre serré contre sa poitrine, mais il fut sur elle en un éclair. Sa main massive s’abattit sur son poignet, la forçant
Son pouls s’accélèra. Pendant que Danielle quittait le ureau une seconde fois et s’éloignait vers la cuisine, Soléna attrapa la clé, la glissant dans sa manche d’un geste rapide. Sa louve hurla –" Vas-y ! "– et elle ne réfléchit pas plus.Elle fila dans le couloir, toujours comptant – 1, 2, 3… – pour calmer ses nerfs, et monta l’escalier vers les archives. La porte céda sous la clé volée, grinçant comme une plainte. À l’intérieur, l’obscurité l’avala, chargée d’odeurs de moisi et de secrets. Elle se mir a chercher le registre de la veille et le trouva presque de suite, sur la table ronde, un registre marqué d’un symbole – trois têtes de loup entrelacées. Cerbère.Elle l’ouvrit, le cœur battant. Les pages jaunes racontaient une histoire :L’Histoire de la ville et de la naissance du clanIl y a des siècles, avant que la ville ne porte son nom, naquit Cerbère – un Alpha monstrueux, une aberration de la nature. Un seul corps puissant, mais trois têtes de loup, chacune avec des yeux brûlan
Elias se tenait face à Maximus, sa peau plantée dans le sol, un sourire narquois aux lèvres. Ses yeux verts scintillaient, défiant l’Alpha.— Un duel, Maximus, lâcha-t-il, sa voix tranchante. Toi contre moi, ce soir à la nuit tombée, sous la vieille chênaie. Pas de règles, juste du sang. T’as peur de perdre ta couronne ?Maximus éclata d’un rire rauque, ses poings serrés faisant craquer ses jointures.— Te réduire en poudre, jardinier ? grogna-t-il. J’accepte. Ce soir, je te fais bouffer la terre avant de pisser sur ton cadavre.Elias haussa les épaules, moqueur, et sortit sans un mot, laissant un silence lourd. Soléna, figée derrière son bureau, sentit sa louve hurler – Cerbère ! Elle compte en silence – 1, 2, 3… – pour tenir la bête à distance. Maximus pivota vers elle, ses yeux dorés la clouant sur place.— Reste ici, femelle, ordonna-t-il avant de claquer la porte. Et il partit comme un boulet de canon.Mais elle ne pouvait pas. Pas avec ce duel. Pas avec cette voix qui murmurait