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Auteur: RS WILD
last update Dernière mise à jour: 2025-03-06 01:31:10

Solèna arriva chez elle vers 21 heures. Son cœur battait un peu trop vite, et elle avait l’impression que son sang bouillonnait dans ses veines, une sensation qu’elle n’avait jamais ressentie jusqu’à ce soir-là. Quelque chose en elle semblait s’éveiller, mais elle n’arrivait pas à mettre un nom dessus.

Comme tous les mardis soir, son père, Alpha Marcus, aurait dû être à son club de tarot avec les membres de la communauté. Barkerville était leur fief, le lieu où leur clan avait établi son campement depuis des décennies. Mais quand elle gara sa petite Ford près de la maison, elle aperçut la voiture de son père dans l’allée du garage. Ça ne sentait pas bon. Et si Alpha Maximus avait dit la vérité ? Si son père avait vraiment consenti à cette union insensée ?

Elle coupa le moteur et descendit, ses pas lourds sur le gravier. L’air était humide et chaud en ce début août ; l’été caniculaire collait sa chemise à sa peau moite. Elle rêvait d’une douche fraîche pour se débarrasser de cette sensation poisseuse, mais avant tout, elle devait parler à son père.

Elle poussa la porte d’entrée. Il était là, assis dans le salon devant son assiette, une fourchette à la main. Il ne leva même pas la tête quand elle entra et se contenta de lâcher d’un ton sec :

— Tu es en retard, Solèna !

— Je sais, désolée, marmonna-t-elle, la gorge nouée.

— Être désolée ne te fera pas rattraper ton retard, grogna-t-il.

Il releva enfin les yeux, et son regard la transperça, chargé de colère. Puis il renifla l’air, et elle vit ses narines frémir. À cet instant, elle comprit : il savait. Il avait senti l’odeur d’Alpha Maximus sur elle, ce mélange de bois, de cuir et de tabac qui semblait encore imprégner ses vêtements.

— J’imagine qu’il t’a dit, ajouta-t-il, sa voix plus basse, presque menaçante.

Solèna resta debout, figée, comme si le sol s’était dérobé sous ses pieds. La vérité lui tombait dessus comme une pierre : tout ce qu’Alpha Maximus avait raconté était réel. Elle s’approcha lentement et s’assit à côté de son père, sur le canapé usé. Sa mère était là aussi, silencieuse, les observant depuis le coin de la pièce. Ses yeux doux ne trahissaient rien, mais Solèna savait qu’elle était au courant. Ses parents étaient trop complices pour qu’elle ignore une décision pareille.

— Et si je refuse ? demanda-t-elle, la voix tremblante mais déterminée.

Son père reposa sa fourchette et se tourna vers elle, son visage dur comme la pierre.

— Si tu refuses, il y aura la guerre de nouveau. Il a été clair : soit je te donnais, soit il nous massacrait tous. Toi, il te veut. Je ne sais pas pourquoi, enfin… au départ, il voulait ta sœur. On a réussi à le convaincre que tu ferais l’affaire. Ta vie contre celle de notre communauté, c’est pas cher payé, tu ne trouves pas ?

— Mais on parle de ma vie, papa ! s’écria-t-elle, les larmes lui montant aux yeux.

— Oui, je sais, rétorqua-t-il avec un petit rire sarcastique qui lui glaça le sang. Mais il ne compte pas te tuer, juste faire de toi sa compagne. La paix aura lieu entre nos deux clans, et personne ne mourra.

— Moi, je serai morte de l’intérieur, murmura-t-elle, la gorge serrée.

Son père ricana encore, un son amer qui résonna dans la pièce.

— Tu l’es déjà depuis que tu es née, Solèna. Tu n’es même pas capable de te transformer.

Elle sentit une douleur sourde lui tordre le ventre. Ces mots, il les avait déjà dits, mais ce soir, ils frappaient plus fort.

— Il le sait ? demanda-t-elle, presque dans un souffle.

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