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Les Larmes de l’Obsidienne
Les Larmes de l’Obsidienne
Auteur: Déesse

Chapitre 1 – L’éveil de l’obsidienne

Auteur: Déesse
last update Dernière mise à jour: 2025-02-25 18:21:57

Naïa

Le silence du musée n’est troublé que par le souffle ténu de la climatisation et le frottement délicat de mon pinceau contre la pierre noire. L’obsidienne repose devant moi, massive et obscure, un éclat de nuit figé dans le verre protecteur. Mes doigts tremblent légèrement lorsque je passe la lumière sur sa surface polie. Quelque chose dans cette pièce me dérange. Ce n’est pas la pierre en elle-même, ni même les gravures effacées qui serpentent le long de ses contours. C’est… autre chose. Une impression viscérale d’être observée.

Je m’appelle Naïa Valverde, restauratrice d’œuvres d’art et passionnée d’artefacts anciens. Depuis trois jours, je travaille sur cet étrange bijou – une bague ornée d’une obsidienne d’une noirceur inhabituelle, découverte dans les ruines d’un temple effondré. Les experts n’ont pas su en déterminer l’origine exacte, mais tous s’accordent sur un point : elle ne devrait pas exister. Sa pureté défie la logique géologique. Pourtant, elle est là, posée sous mes yeux, irradiante d’une présence presque tangible.

Je frémis. L’air semble plus lourd, chargé d’une électricité impalpable. Un frisson me parcourt l’échine lorsque mes doigts frôlent le métal du bijou. La salle de restauration est vide à cette heure tardive, mais un écho sourd résonne dans mes oreilles, un murmure indistinct que je ne parviens pas à identifier. Mon cœur bat plus vite. Ce n’est qu’une bague, me dis-je. Rien de plus. Mais pourquoi ai-je l’impression qu’elle me regarde en retour ?

La sonnerie de mon téléphone me fait sursauter. L’écran affiche le nom de mon amie, Anna.

— Tu es encore au musée ? demande-t-elle d’une voix lasse. — Oui, je voulais avancer un peu sur la restauration. — Naïa, tu travailles trop. Viens boire un verre. Cette bague ne va pas disparaître.

Je ris doucement. Si seulement elle savait. Cette chose me hante depuis que je l’ai vue. Mais comment expliquer ce sentiment irrationnel ?

— Une autre fois, Anna. Je veux finir au moins l’analyse des gravures ce soir.

Elle soupire, puis raccroche, résignée. Je repose mon téléphone et me replonge dans l’étude du bijou. Sous la lumière rasante, les motifs gravés apparaissent plus nettement : des entrelacs, des spirales… et une inscription en latin. Mon souffle se suspend tandis que je déchiffre les mots effacés par le temps.

“Amor vincit omnia. Et moriuntur amantes.”

L’amour triomphe de tout. Et les amants meurent.

Une drôle de sensation s’installe dans ma poitrine, un mélange d’appréhension et de fascination. Un coup de vent inexplicable balaie la salle, éteignant la lampe de mon bureau. Je me fige, mes yeux s’habituant à l’obscurité soudaine. Mon regard retourne instinctivement vers la bague.

Elle luit faiblement.

Un cri meurt dans ma gorge. Ce n’est pas possible. Ce n’est qu’une pierre. Une simple pierre. Mais, dans le reflet du verre, une ombre passe derrière moi. Une silhouette indistincte, fugace, mais bien réelle.

Je me retourne d’un bond. Rien. Juste le silence oppressant du musée déserté.

Mon cœur cogne contre ma poitrine. L’air vibre autour de moi. Je ne suis pas seule.

Et cette bague… cette bague me regarde.

Raven

Le vent siffle à travers les ruelles sombres alors que j’observe la façade du musée. Mon souffle est calme, mais une tension sourde me ronge de l’intérieur. Je le sens. L’obsidienne s’est éveillée. Et elle l’a touchée.

Naïa Valverde. Ce nom résonne en moi comme une note dissonante, un écho d’une mélodie oubliée. Je ne voulais pas la revoir, je ne devrais pas. Mais la malédiction est têtue, et le destin n’offre jamais de répit.

Je ferme les yeux un instant, laissant mes souvenirs refaire surface. Des siècles ont passé, et pourtant, la sensation de ce bijou maudit entre mes doigts est toujours aussi brûlante. Il vole la vie. Il condamne ceux qui l’aiment. Et moi, je suis son dernier témoin.

Je me fonds dans l’ombre, pénétrant sans bruit dans l’enceinte du musée. Les caméras ne me voient pas. Elles ne peuvent pas. Une protection ancienne me dissimule à leur regard artificiel.

Naïa est là, dans la salle de restauration, son regard rivé sur la bague. Ses doigts tremblent. Elle sent sa présence, je le sais. Le lien s’est déjà refermé sur elle.

Je devrais partir. La laisser tranquille. Mais alors qu’elle effleure la pierre une seconde fois, une onde invisible parcourt la pièce. Un frisson me traverse. Trop tard.

Je serre les poings et murmure dans l’obscurité :

— Naïa, ne touche plus à cette bague.

Elle sursaute, tourne la tête vers moi. Ses yeux s’écarquillent.

Je suis là, devant elle. Et je sais que tout recommence.

Naïa

Ma respiration se bloque dans ma gorge. L’homme qui se tient devant moi n’a rien d’ordinaire. Une silhouette élancée, un visage taillé dans l’ombre, et ces yeux… noirs comme l’obsidienne.

Mon cœur martèle ma poitrine alors que je recule d’un pas.

— Qui êtes-vous ?

Il ne répond pas tout de suite. Son regard glisse vers la bague sur la table.

— Tu ne devrais pas être ici, Naïa.

Le son de ma voix est plus faible que je ne le voudrais :

— Comment connaissez-vous mon nom ?

Il esquisse un sourire triste.

— Parce que je te connais depuis longtemps.

Une vague de froid s’abat sur moi. Ce n’est pas possible. Je ne l’ai jamais vu de ma vie. Et pourtant, au fond de moi, quelque chose murmure une vérité insaisissable. Une reconnaissance primitive. Comme si je l’avais déjà rencontré… ailleurs.

Il s’avance, et je recule encore, mes doigts cherchant instinctivement la bague sur la table. Dès que ma peau effleure la pierre, une douleur fulgurante explose dans mon crâne.

Des images surgissent. Des fragments de souvenirs. Une époque révolue. Une main qui serre la mienne dans l’obscurité. Une promesse murmurée sous un ciel étoilé.

Je lâche un cri et recule brusquement, le souffle court. L’homme devant moi me fixe avec intensité.

— Tu te souviens, n’est-ce pas ?

Non. C’est impossible. Ce n’est qu’un c

auchemar. Un mirage.

Mais alors pourquoi ai-je l’impression que ce n’est que le début ?

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