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Chapitre 2 – Les échos du destin

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-02-25 18:22:46

Raven

Le silence s'étire entre nous, aussi tendu qu'une corde prête à se rompre. Je lis la peur dans ses yeux, mais aussi autre chose. Un trouble plus profond, plus ancien. Elle lutte contre une vérité qu'elle ne veut pas accepter. Je la comprends. Moi aussi, il y a longtemps, j’ai refusé d’y croire.

Je garde mes distances. Trop proche, je pourrais déclencher quelque chose d’irréversible. La magie de l’obsidienne ne dort jamais complètement.

— Tu as vu quelque chose, n’est-ce pas ?

Naïa ne répond pas. Son souffle est court, ses doigts crispés sur le rebord de la table. Son regard oscille entre moi et la bague, comme si elle cherchait un échappatoire.

— Ce n’est qu’un rêve… murmure-t-elle, plus pour elle-même que pour moi.

— Non.

Elle sursaute à la fermeté de ma voix.

— Ce sont des souvenirs, Naïa. Des fragments d’un passé que tu as oublié.

Elle secoue la tête, recule, trébuche contre une chaise. Son dos heurte la vitrine derrière elle et le verre vibre sous l’impact.

— C’est impossible…

Je soupire. J’aurais voulu lui laisser plus de temps, mais nous n’en avons pas. Déjà, je sens la présence qui s’éveille. Une force ancienne, tapie dans les ombres, prête à la revendiquer.

Je fais un pas vers elle. Elle tressaille.

— Écoute-moi, dis-je d’une voix plus douce. Je ne suis pas ton ennemi. Mais cette bague… elle va te changer. Si tu continues à la toucher, tu n’auras plus le choix.

Ses lèvres tremblent.

— Me changer ?

Je hoche lentement la tête.

— Elle t’appartient. Depuis toujours. Et elle te réclame.

Naïa

Les mots résonnent en moi, distordus par la panique. Tout mon corps crie de rejeter ce qu’il dit, de refuser cette absurdité. Mais une partie plus profonde, plus ancienne, sait qu’il dit vrai. Je l’ai vu. Je l’ai ressenti.

Je serre mes bras autour de moi, tentant d’éloigner le froid qui s’insinue en moi.

— Pourquoi moi ?

Il hésite.

— Parce que tu l’as déjà été.

Mon souffle se coupe.

— Déjà été… quoi ?

— Liée à elle. Et à moi.

Un frisson me traverse. Je ne veux pas entendre la suite. Mais il continue.

— Naïa… nous avons été amants autrefois.

Le monde bascule. Une vague de chaleur m’envahit, mêlée à un vertige puissant. Des images affluent, floues mais intenses. Une main dans la mienne. Un baiser sous la lumière vacillante des torches. Une douleur insoutenable…

Je m’accroche au bord de la table, haletante.

— Non… ce n’est pas moi.

Mais Raven me fixe, et dans son regard, je lis la certitude absolue.

— Si. Et c’est pour ça que tu dois choisir, Naïa.

Il approche encore, sa main tendue vers moi.

— Soit tu acceptes cette vérité… soit elle te détruira.

Un grondement sourd résonne dans l’air, comme si les murs du musée frissonnaient sous une force invisible.

Je regarde la bague, posée sur la table. Et je sais que ce choix, je ne peux plus le fuir.

Raven

Le grondement sourd résonne toujours, invisible et oppressant. Je sens l’énergie qui sature l’air, un avertissement. L’obsidienne a reconnu Naïa, elle l’appelle, et si elle ne prend pas garde, elle sera engloutie par ce lien ancestral.

Elle vacille légèrement, son regard perdu dans une tempête intérieure que je ne peux qu’imaginer. C’est toujours ainsi. Le retour des souvenirs est un choc.

— Naïa, il faut partir d’ici. Maintenant.

Elle relève la tête, les pupilles dilatées, la respiration erratique.

— Où ? Pourquoi ? Je ne comprends rien !

Je serre les poings. Il est difficile d’expliquer l’inexplicable. Le passé n’est pas une ligne droite, c’est un cercle vicieux qui nous emprisonne.

— Parce qu’ils vont venir, murmuré-je.

Un frisson la traverse.

Naïa

Quelque chose en moi sait qu’il dit vrai. Je ne peux pas l’expliquer, mais je le ressens. Une menace tapie dans l’ombre, attendant que je sois trop faible pour résister.

— Qui… ? demandai-je, d’une voix à peine audible.

— Ceux qui veulent la bague. Ceux qui ne laisseront aucun obstacle se dresser entre eux et elle.

Un vertige me prend. Je devrais fuir, refuser d’écouter ces absurdités, mais mon corps reste figé. Mes jambes refusent de bouger. L’écho des souvenirs m’enlace, me piège.

Je vois du sang. Des cris. Des flammes dévorant un temple que je n’ai jamais vu. Et au milieu du chaos, une silhouette. Moi.

Je secoue la tête violemment, repoussant l’image.

— Ce n’est pas moi !

— Si, Naïa. Tu as déjà vécu cela. Tu as déjà fui. Mais cette fois, nous devons affronter ce qui arrive.

Je fixe Raven, cherchant une faille dans son assurance. Il n’y en a pas. Il sait. Il se souvient de moi.

Et une partie de moi commence à se souvenir de lui.

Raven

L’air autour de nous devient électrique. Ils arrivent.

Je prends la main de Naïa sans réfléchir. Sa peau est glacée sous mes doigts. Elle ne proteste pas, trop troublée pour refuser.

— Fais-moi confiance, soufflé-je.

Je l’entraîne hors de la salle, nos pas résonnant dans le silence du musée. Nous n’avons que quelques secondes d’avance.

Les lumières clignotent, une ombre glisse entre les statues immobiles. Un murmure s’élève, sinistre et impatient.

Naïa resserre ses doigts autour des miens.

Nous courons.

Mais le passé ne nous laissera pas fuir aussi facilement.

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