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Chapitre 3 – L’éveil des ombres

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-02-25 18:23:48

Naïa

L’air est épais, saturé d’une énergie invisible qui fait vibrer ma peau. Mes jambes peinent à suivre Raven, mais il ne me lâche pas. Ses doigts sont solides, une ancre dans ce chaos qui menace de nous engloutir.

Nous traversons les couloirs du musée comme des ombres fugitives, glissant entre les statues figées qui semblent nous observer. Chaque battement de mon cœur résonne dans mes tempes, un tambour de guerre pressentant l’inévitable.

Soudain, un craquement.

Raven s’arrête net. Je le percute presque, haletante, avant de voir ce qui l’a figé. Devant nous, l’obscurité prend forme. Une silhouette se détache de la pénombre, ses contours fluctuants, mouvants, comme si elle n’existait qu’à moitié dans notre réalité.

Une voix chuchotée s’élève, glaciale :

— Vous ne pouvez pas fuir.

Raven

Je me place devant Naïa, mon bras tendu pour la garder en arrière. La créature est là, un vestige du passé que je connais trop bien. Ils nous ont trouvés bien plus vite que je ne l’avais prévu.

— Reste derrière moi, ordonné-je d’un ton bas.

Naïa tremble, mais elle ne proteste pas. Je ressens sa peur, sa confusion, et cette étrange résonance entre nous qui s’intensifie.

L’ombre avance d’un pas fluide. Ses contours frémissent comme de la fumée retenue par une force invisible.

— L’obsidienne t’appartient, Naïa, continue la voix. Tu ne peux nier ce que tu es.

Elle tressaille, sa main se crispant sur ma manche.

— Ne l’écoute pas, murmuré-je.

Mais la créature sourit – du moins, c’est ce que je crois voir dans ce vide mouvant. Elle lève une main, et un frisson me parcourt.

Une douleur fulgurante explose dans mon crâne. Un flot de souvenirs, d’images, de voix oubliées me transperce.

Je tombe à genoux.

Naïa

— Raven !

Je me jette vers lui alors qu’il s’effondre, sa main quittant la mienne dans un vertige brutal. Ses yeux sont clos, son souffle erratique. Je sens l’énergie noire qui l’englobe, l’attire.

— Non… non… laisse-le !

La silhouette ne répond pas, mais sa présence s’intensifie. Quelque chose en moi se brise. Ou peut-être s’éveille.

Mes doigts s’élèvent, et avant même de comprendre ce que je fais, une chaleur brûlante explose dans ma paume. Une lumière vive fend l’obscurité.

La créature recule, sifflante.

Raven rouvre les yeux, son regard brûlant croisant le mien.

— Naïa…

Je ne suis plus la même.

Et eux le savent.

Raven

L’air est lourd, saturé de magie ancienne. Chaque inspiration est un combat, chaque seconde qui passe une menace. Je me redresse lentement, mes muscles encore engourdis par l’attaque de l’ombre. Mon regard se fixe sur Naïa.

Elle est différente. Sa posture, son aura… quelque chose en elle s’est éveillé.

Elle fixe la créature avec une intensité nouvelle, et pour la première fois, c’est elle qui inspire la crainte.

— Qu’as-tu fait ? soufflé-je.

Naïa ne répond pas. Ses doigts tremblent légèrement, mais une lumière pulsatile danse encore autour d’elle, crépitant comme des braises.

La créature recule, hésitante. Un frisson me parcourt. Elles ne reculent jamais.

— Ce n’est pas… possible, murmure l’ombre, sa voix sifflante brisée par la stupeur.

Un silence. Puis un rire rauque, sinistre.

— Alors c’est vrai, souffle-t-elle. L’héritière revient toujours.

Naïa

Je ne comprends rien. Mon corps tremble encore sous l’effet de cette force qui m’a traversée. Mais je sais une chose : je ne suis plus celle que j’étais il y a une heure.

Quelque chose en moi sait ce qu’il faut faire.

— Pars, dis-je d’une voix qui ne m’appartient pas.

L’ombre ricane, mais elle ne s’approche pas.

— Tu crois que tu peux me commander ? Tu ne fais qu’effleurer ton pouvoir.

Un battement de cœur. Puis un autre. Quelque chose monte en moi, une vague de souvenirs, des fragments de vie que je n’ai pas vécus. Une incantation oubliée me brûle les lèvres.

Je lève une main.

— Je ne le répéterai pas.

Le vent se lève brutalement, sifflant autour de nous. L’ombre gronde, comme une bête acculée.

Puis elle disparaît.

Un silence assourdissant s’abat sur le musée. Seul le bruit de ma respiration brisée remplit l’espace.

Raven

Naïa s’effondre. Je la rattrape juste avant qu’elle ne touche le sol. Son corps est brûlant, sa peau frémissante d’une force qu’elle ne maîtrise pas encore.

— Ça va aller, soufflé-je.

Mais je mens. Rien ne va.

Car si elle a éveillé ce pouvoir, alors il est déjà trop tard.

Ils savent où nous sommes. Et ils viendront la chercher.

Je la serre contre moi, mon esprit bouillonnant.

Nous devons fuir. Et vite.

Naïa

L’air est lourd, saturé d’électricité. Mon corps me trahit, tremblant sous le poids de cette force qui s’éveille en moi. Raven me serre contre lui, mais je sens qu’il est aussi perdu que moi. Son cœur bat fort, irrégulier, une tempête contenue sous sa peau.

— On doit partir, murmure-t-il.

Ma gorge est sèche, mes muscles endoloris. Pourtant, une énergie brûlante danse encore sous ma peau, une fièvre nouvelle. Je hoche la tête faiblement.

Raven me soulève, m’entraîne hors du musée. Chaque pas est un défi, une lutte entre la fatigue et l’adrénaline.

— Ils arrivent, dis-je sans réfléchir.

Il ne demande pas comment je le sais. Il sait que j’ai raison.

Raven

L’instinct hurle, chaque fibre de mon être tendue comme une corde prête à rompre. Nous traversons les rues désertes, faufilant nos ombres entre les lampadaires mourants.

Puis, un frisson.

Je m’arrête net, tirant Naïa derrière moi.

— Qu’est-ce que… commence-t-elle, mais je l’interromps d’un geste.

Un silence oppressant s’abat.

Et alors, je les vois.

Dans l’obscurité, des silhouettes émergent, fluides, leurs mouvements trop lisses pour être naturels. Ils nous encerclent sans bruit, leurs yeux d’un noir abyssal braqués sur nous.

— Cours !

Je pousse Naïa en avant, dégaine mon arme sans hésiter. Une lame d’ombre fuse vers moi. J’esquive de justesse, le froid me frôlant comme une promesse funeste.

Naïa hésite, mais son regard croise le mien. Elle comprend.

Elle court.

Naïa

Mon souffle se brise dans ma poitrine. Chaque pas est une explosion de douleur, mais je continue. Derrière moi, Raven combat. Les ombres sifflent, grondent, se tordent autour de lui.

Je dois l’aider.

Je m’arrête, me retourne. Mon corps vibre d’une énergie inconnue. Une voix murmure en moi, une langue ancienne qui m’est pourtant familière.

Je lève les mains.

La lumière jaillit.

Un hurlement strident déchire la nuit. Les créatures reculent, vacillent sous l’éclat de mon pouvoir.

Raven profite de l’ouverture. Son épée fend l’air, tranchant une ombre en deux. Un frisson traverse mon âme. Je sens leur rage, leur haine.

Ils ne reculeront pas.

— On ne peut pas les vaincre tous, crie Raven. On doit fuir !

Je le rejoins en titubant.

Et nous courons, encore et encore, dans une ville qui ne nous offrira aucun refuge.

La traque ne fait que commencer.

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