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Chapitre 2

Author: Plume de Vent
Élise Charmaine serrait le drap d'une main crispée, y laissant des plis anarchiques.

Même dans ce moment de désarroi, ses pensées fusaient, tranchantes et implacables : « Mais pourquoi, cette fille qui traînait dehors – celle que Julien Courtois chantait comme un môme de comptoir – ne faisait-elle pas son boulot ? Aujourd'hui, il se contentant de m'embrasser comme un adolescent en chaleur ! »

Son visage affichait un calme glacé, dissimulant un dégoût profond ; étendue comme un poisson mort sur le drap, elle observait Julien exécuter ses caprices, convaincue qu'en dépit de tous ses efforts, il ne parviendrait jamais à la pousser à concevoir un enfant.

Au début, Julien, amusé par les piques douces-amères de son épouse, se laissait aller à une excitation timide. Mais maintenant, Élise restait immobile, aussi inerte qu'un bout de bois dérivant dans la rivière.

Un spectacle qui finirait par écœurer n'importe quel homme. Entre des mèches de sueur perlantes sur ses cheveux corbeaux et son visage rougi qui trahissait sa fatigue, Julien soufflait d'un ton rauque : « Pourquoi tu n'en as plus envie ? »

Ils ne connaissaient pas la douceur d'un mariage idyllique : quelques jours par mois suffisaient à nourrir l'ambition obscure de loger un héritier dans son giron. Élise Charmaine levait les yeux vers lui – cet homme qu'elle poursuivait depuis quatre longues années… Épuisée par la vie et usée par ses propres concessions, elle aspirait désormais à vivre pour elle-même.

Julien, aveuglé par une soif insatiable de pouvoir, ne comprenait rien. Il s'acharnait à lui demander pourquoi elle refusait de partager l'intimité conjugale et rejetait l'idée de créer un héritier qui consoliderait sa montée dans le monde impitoyable des affaires.

D'un geste à la fois tendre et tranchant, elle effleurait la joue de Julien d'un doigt léger avant de déclarer, d'un ton à peine voilé : « Julien Courtois, divorçons. »

À ces mots, le visage de Julien se crispait un instant avant qu'il ne refoule sa colère.

« Pour Camille, c'est ça ? Je t'avais déjà dit que c'était qu'une fille d'un ancien. Si elle te déplaisait, j'avais déjà géré en la refilant ailleurs… »

Élise pensait froidement : « Franchement ? La fille d'un aîné mérite-t-elle qu'on la bichonne dans sa villa toute seule ? Et puis quoi encore, faut-il aussi que l'on la prenne dans les bras dès qu'elle fait un pas ? »

Néanmoins, elle a gardé ces paroles pour elle. Les articuler à haute voix aurait été s'abaisser. Elle a ouvert alors le tiroir de chevet, en a sorti l'accord de divorce et l'a tendu d'un geste sec à Julien.

Sa voix était ferme, presque dédaigneuse : « En plus de l'épargne et des biens immobiliers, je veux aussi la moitié des parts de Garchon. »

Julien a haussé un sourcil, visiblement surpris : « La moitié des parts de Garchon ? T'exagères pas un peu, Madame Courtois ? »

Il a ricané de ce jargon bien affûté, typique d'un homme d'affaires aguerri, ignorant que chaque syllabe laissait en Élise un frisson de froideur.

Julien ne saura jamais que ce coup qu'elle a pris pour lui a ôté à Élise la possibilité de devenir mère. Mais elle n'allait pas s'apitoyer : elle avait accepté l'amour comme une offrande à la défaite, sans regret et sans retour.

Adossée à la tête de lit, son visage encore doux malgré les blessures, elle a déclaré, calculatrice et résolue : « Après le divorce, tu pourras donner un nom à ta petite dernière, et moi, je m'en vais avec mes parts. Chacun y trouve son compte. » Son ton sérieux et implacable révélait qu'elle ne jouait pas. C'était une décision longuement mûrie.

Le regard de Julien se faisait sombre, ses yeux noirs semblaient vouloir avaler l'âme d'Élise. Après un silence, il a déclaré d'un ton glacial : « Laisse tomber cette idée, tout de suite ! On ne divorce pas, Élise. Nous sommes liés par des intérêts communs, et tu le sais. »

Elle ne doutait pas de lui. Pourtant, à cet instant précis, elle refusait de jouer le jeu. Un silence pesant s'est installé. Julien, agacé, s'est levé brusquement, a enfilé son peignoir et s'est dirigé vers la chambre d'amis, convaincu qu'Élise avait besoin de se calmer.

Demain, elle reviendrait à la raison, retrouverait le goût de se faire appeler Madame Courtois, de régner dans le groupe Garchon, juste sous lui. Julien a ricané : « Élise Charmaine, t'es toujours comme ça… »

Pourtant, derrière lui, une voix à peine audible s'est élevée, aussi douce et naïve qu'elle l'était il y a quatre ans : « Julien Courtois, séparons-nous à l'amiable ! J'en peux plus de toi. »

À ces mots, le corps de Julien s'est raidi. Après un long moment de silence, il a regagné la chambre et, d'un ton étonnamment bas, a déclaré : « Quand tu m'as épousé, tu savais pertinemment que chez les Courtois, il n'y aurait pas d'amour. Je m'en fous royalement, et tu ferais mieux d'accepter la réalité… ça te facilitera la vie. »

D'un geste brusque, il a jeté l'accord de divorce, qui s'éparpillait sur le sol comme des flocons de neige errants.

Le lendemain, à huit heures, Julien a descendu les escaliers dans son costume noir et blanc impeccable.

Jusqu'à ce qu'il remarque l'absence criante de sa compagne dans la salle à manger vide. D'un ton désinvolte, il a demandé au domestique, en prenant une gorgée de café : « Où est madame ? »

La demeure, encore sous le choc de la violente dispute de la veille, semblait muette. Le serviteur, avec une prudence mesurée, a répondu : « Madame est partie tôt pour le Groupe. »

Furieux, Julien a claqué sa tasse sur la table, tandis que son appétit s'évaporait sous un ressentiment grandissant.

Une demi-heure plus tard, il a pris la route en direction du Groupe Garchon. Dans le parking, sa fidèle secrétaire Louise l'attendait. À bord d'un Bentley noir étincelant, Louise a ouvert la portière et a résumé, d'un ton familier, les points essentiels de la réunion du jour.

Julien ajustait soigneusement son costume en l'écoutant, chacun de ses gestes trahissant sa maîtrise froide et son assurance. Dans l'ascenseur privé, Louise s'est tue un instant, et puis a murmuré : « Pour le Plan Méga, Madame Charmaine a placé ses propres turcos. »

Jetant un coup d'œil aux chiffres rouges affichés sur la porte de l'ascenseur, Julien a laissé échapper un rire moqueur : « Elle a enfin du mordant… »

Pendant la réunion, le conflit a éclaté entre Julien et Élise. Ils étaient mari et femme, mais surtout des complices d'affaires, et désormais des adversaires dans une joute acerbe sous le regard étonné des hauts cadres du Groupe Garchon.

Au crépuscule, Élise regagnait son bureau et s'affalait sur un canapé en cuir, massant doucement ses tempes.

Annie a déposé un verre d'eau sur la table basse en murmurant : « L'avocat perso de Julien vous demande de le rejoindre au café du rez-de-chaussée. Vous acceptez ? » Intriguée, elle murmurait : « Gaston Durand ? »

Gaston Durand, avocat redouté et pilier du prestigieux cabinet Moci & Associés, n'était pas seulement le conseiller de Julien – il était aussi un allié précieux qui compensait les failles que son boss, orgueilleux, préférait ignorer.

Inutile de dire que, si le divorce se concrétisait, Julien ne romprait jamais ses liens avec Gaston. Ce rendez-vous signifiait une chose : il voulait éviter que leur séparation ne fasse scandale.

Après une courte hésitation, Élise acquiesçait. Dix minutes plus tard, elle descendait par l'ascenseur privé jusqu'au café.

Gaston était assis près de la baie vitrée. Son costume trois-pièces épousait parfaitement sa carrure ; ses traits nets, son regard sévère lui donnaient l'allure d'un prédateur calculateur.

Jamais il n'avait vu Élise sous cet angle : elle était souvent parée de ses costards de créatrice, impeccable aux côtés de Julien, la rumeur voulait pourtant qu'il n'ait jamais eu d'amour pour elle, son cœur déjà captif d'une autre.

Aujourd'hui, Élise Charmaine arborait un pull léger, légèrement délaissé, moulant ses formes en toute simplicité ; ses cheveux noirs, habituellement raides, se dévoilaient en boucles souples et retombaient mollement sur ses épaules, formant une cascade de douceur troublante.

S'asseyant en face de lui, son visage empreint d'un calme glacé, elle déclarait d'une voix posée : « Julien vous a filé des instructions ? »

Retrouvant toute sa contenance, Gaston sortait délicatement un document de sa mallette et le lui tendait : « D'après ce contrat prénuptial, si vous tenez absolument à divorcer, vous risquez d'y perdre beaucoup. »

Feuilletant lentement le document, elle s'est arrêtée sur un détail précis – une faille subtile laissée par Julien il y a quatre ans – et c'était comme si un doute salvateur venait ébranler ses certitudes.

Après un moment de silence lourd de sens, elle a murmuré, à peine audible : « Même si je perds, je veux divorcer. Monsieur Durand, oubliez "Madame Courtois". Appelez-moi Élise Charmaine. »

Gaston, endurci par les innombrables divorces qui exposaient leur trame sous les feux des projecteurs, sirotait son café d'un air blasé et a répliqué : « Pourquoi ce revirement ? Vous n'étiez pas folle de Julien ? Dans notre milieu, ces embrouilles sentimentales, ce n'est pas rare… »

Élise a détourné son regard en esquissant un sourire amer. Tout le monde croyait qu'elle aimait follement Julien – sauf peut-être lui. Ou peut-être le savait-il, mais n'en avait jamais eu cure.

À cet instant, Élise dégageait une beauté fragile qui a frappé Gaston. À ses yeux, elle surpassait largement Camille. Mais soudain, la porte du café s'est ouverte brusquement. Un homme grand et imposant a pénétré dans l'établissement – Julien Courtois lui-même.

Dès qu'il est entré, il a distingué Gaston Durand, fixé sur son épouse, absorbé, plongé dans une rêverie silencieuse.

Et, sans qu'il sache pourquoi, quelque chose en lui s'est serré.
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