Share

Chapitre 8

Author: Plume de Vent

Élise avait croisé Gaston dans le parking, où les lumières tamisées baignaient l'atmosphère d'une certaine intimité clandestine.

Quand il l'avait vue, un léger étonnement avait traversé le visage de Gaston, immédiatement suivi d'une curiosité intense. Il lui avait fallu un bref instant pour rassembler ses pensées, puis il s'était avancé vers elle, son regard pénétrant croisant le sien d'une manière à la fois familière et pourtant nouvelle. « Tu quittes vraiment le Groupe Garchon ? » avait-il demandé, sa voix suave et pourtant pleine d'une certaine appréhension.

Élise avait répondu par un faible « mhm », comme une note subtile jouée sur un piano désaccordé. « Oui, je m'apprête à partir », avait-elle dit, un sourire léger aux lèvres.

D'un geste résolu mais gracieux, elle avait déposé la boîte qu'elle tenait à la main dans le coffre de sa voiture, refermant le hayon avec un sentiment de finalité, puis s'était tournée de nouveau vers Gaston, ses yeux brillants d'une lueur indéchiffrable. D'une voix douce et apaisante, elle avait prononcé : « Merci pour cette nuit-là. »

Les traits de Gaston s'étaient adoucis lorsqu'il avait plongé dans l'exploration du visage d'Élise – ce visage qu'il connaissait si bien, avec sa sérénité énigmatique et sa gestuelle délicate, caractéristiques d'une Élise éternellement insaisissable. Cette nuit-là, sa beauté fragile s'était mêlée à une aura mystérieuse, semblable à un rêve fugace d'été dans les paisibles contrées du sud.

Gaston, ses yeux voilés d'une mélancolie insondable, avait acquiescé lentement. « Ce n'est vraiment rien », avait-il murmuré, comme pour se convaincre autant qu'elle.

Même si le masque d'indifférence qu'il portait restait imperméable, il ne pouvait s'empêcher de réfléchir.

Il était huit heures du soir lorsqu'Élise était rentrée au Quartier d'Imperivue.

Alors qu'Élise était sortie de sa voiture, une fragrance envoûtante de fleur d'osmanthus lui était parvenue au visage, pénétrant ses sens avec une fraîcheur enivrante.

En entrant dans sa demeure majestueuse, le domestique s'était avancé vers elle, son attitude mesurée et empreinte d'un respect presque solennel : « Madame, souhaitez-vous dîner seule ce soir ou attendre le retour de Monsieur pour dîner ensemble ? La cuisine est à votre disposition. Un simple coup de sauteuse suffit pour tout réchauffer. »

Après un moment de réflexion, Élise avait répondu d'une voix ferme et tranquille : « À partir d'aujourd'hui, ne préparez plus mes repas. » Le domestique, interloqué, avait ouvert la bouche pour demander des précisions, mais Élise avait déjà traversé le seuil du salon, et monté les escaliers avec une grâce désarmante.

Sur le palier du deuxième étage, les lumières brillaient d'un éclat doux. Élise avait ralenti, ses yeux caressant avec une tendresse presque douloureuse chaque détail de ce couloir richement décoré. Chaque pas la ramenait dans le passé, à ces souvenirs avec Julien, à ce chemin peuplé d'aspirations, de souffrances indélébiles et de moments ineffaçables…

Dans le souffle du vent, elle percevait des réminiscences, presque des murmures qui semblaient surgir du fond de l'oubli : « Julien, tu veux le pouvoir, je vais t'aider. » « Julien, on ne sera pas toujours dans cette galère, hein ? » « Julien, je souffre, j'ai mal au bide… » « Désolée, Madame Courtois ! Après examen, vos chances de grossesse sont très infimes. Pensez à l'adoption ! »

Ce couloir de dix mètres, si court et pourtant si long, semblait contenir toute la vie d'Élise, tout l'amour qu'elle avait enfoui pour Julien.

À l'orée de la nuit, une froideur presque polaire habillait le visage d'Élise d'un voile de résilience. Elle avait ouvert la porte de sa chambre et allumé la lampe murale, diffusant une lumière douce et dorée qui adoucissait les contours de la pièce.

Le centre de son univers, quatre ans durant, Julien avait été cette étoile autour de laquelle elle gravitait sans cesse. Elle l'avait regardé monter au firmament du pouvoir, rayonnant de cette vitalité qui lui était propre, tandis qu'elle-même s'était effacée progressivement, ne se reconnaissant plus.

Heureusement, elle était enfin libre.

En pénétrant dans son dressing, Élise avait sorti plusieurs valises volumineuses et avait commencé à emballer ses affaires, triant avec minutie les vêtements précieux et les bijoux qui avaient orné les jours et les nuits de son passé. Elle ne laisserait rien à Julien, rien qui puisse témoigner de ce qu'elle avait été pour lui.

Alors qu'elle avait presque terminé, son regard s'était posé sur une toile accrochée au mur. C'était une œuvre d'Élise elle-même, représentant Julien dans sa jeunesse. Un jeune homme éclatant de lumière. Mais l'amour s'était depuis longtemps transformé en une cendre glacée.

D'un geste brusque empreint de détermination, Élise avait sorti un rouge à lèvres carmin de son sac et l'avait tracé avec force sur la toile, y imprimant de larges traits de rouge vif, comme pour faire saigner l'effigie de Julien, miroir de la plaie qu'il avait ouverte en elle.

Bientôt, le portrait avait perdu toute forme, le visage de Julien se dissolvant dans un chaos de couleurs torturées. Là où autrefois elle avait offert un amour sans limite, elle déposait désormais une colère brûlante, implacable.

Mais elle ne s'était pas arrêtée là. Elle s'était attaquée aux photos de mariage, ces reliques ternies d'un passé qu'elle croyait heureux, lacérées de coups de couteau rageurs. Les photos brisées crissaient sous ses pieds, symboles d'une union désormais anéantie…

Épuisée, Élise avait laissé tomber le couteau, sa main tremblant encore de la fureur désespérée qui l'animait. Brusquement, elle avait étreint son visage entre ses mains, ses yeux débordant de larmes, brûlant de toute la douleur refoulée, de la vie envolée, de cet amour perdu…

Finalement, Élise avait quitté la chambre telle une ombre silencieuse, la laissant vide de toute trace de sa présence. Sur la table de chevet, un unique diamant brillait encore, témoin silencieux d'un amour jadis brillant, maintenant glacé.

Plus tard, dans le parking du rez-de-chaussée, le domestique n'était pas parvenu à arrêter Élise. Il l'avait regardée s'éloigner sans rien pouvoir faire, les yeux écarquillés. Alors que le silence s'était installé, il s'était résigné à prendre son téléphone pour prévenir Julien.

À l'Hôpital Charité, dans une aile prestigieuse où la brise nocturne soupirait à travers les fenêtres ouvertes, Julien, se tenant grand et impérieux, avait répondu à l'appel avec irritation. « Monsieur, Madame est partie », avait déclaré la voix du domestique qui tremblait, teintée d'angoisse.

Julien avait froncé les sourcils, un geste familier de mécontentement : « Elle a dit où elle allait ? » avait-il demandé. Il était convaincu qu'Élise devait être d'humeur changeante, qu'une simple sortie suffisait à dissiper la gêne – elle était, après tout, allée boire un verre l'autre jour, non ?

Il avait reproché au domestique d'en faire tout un plat. Mais les mots du domestique résonnaient : « Madame ne dit rien, elle a emporté plusieurs valises, et tous ses bijoux et vêtements habituels. La chambre ressemble à un champ de bataille. Monsieur, vous devriez venir voir par vous-même. »

Une inquiétude sourde s'était insinuée dans le cœur de Julien. Il avait raccroché, stupéfait, et s'était hâté vers l'ascenseur. Le corridor flambait sous les projecteurs froids, illuminant son visage empreint d'une détermination nouvelle.

Il était rentré au Quartier d'Imperivue précipitamment. La nuit se faisait déjà plus noire et lourde. En montant les marches, il avait ouvert la porte avec précaution, découvrant un chaos dévastateur.

Le cadre nuptial, jadis privilégié parmi leurs souvenirs, gisait en pièces brisées sur la moquette moelleuse, des fragments poignants de ce que leur vie commune avait jadis été. L'image même de leur complicité amoureuse était réduite à une ombre irrésolue.

Julien avançait prudemment dans le dressing, s'arrêtant devant le placard arraché, désormais déserté par l'absence d'Élise. Ses vêtements, bijoux, tout avait été vidé, emporté dans son sillage de désillusion.

Face à lui, la toile. Cette œuvre chère à Élise, emplie de promesses éternelles, témoignait d'une douce folie amoureuse vouée à une fin tragique. Chaque marquage rouge racontait sans dire un mot l'histoire d'un amour déliquescent, sacrifié sur l'autel de l'ambition.

Julien tremblait sous l'impact de cet amour vidé de sens. Comment un rêve vivant, comment ce sommet atteint pouvait-il résulter en un vide aussi abyssal ?

Saisissant son téléphone, désespéré, il cherchait à joindre Élise. Il était persuadé qu'elle jouait, qu'il suffirait d'un mot pour la ramener. Il pensait qu'elle faisait juste un caprice, qu'elle voulait attirer son attention. Contre toute attente, son téléphone avait sonné — et Élise avait répondu rapidement. Dans le combiné, Julien avait interrogé sa femme d'un ton accusateur. Il lui avait dit que cette agitation ferait jaser, que le monde extérieur porterait des jugements sur leur couple, que cela nuirait à la réputation du Groupe Garchon.

Julien avait ordonné à Élise de rentrer. Il avait dit : « Il y a des limites à l'égoïsme ! Élise, tu dois penser à l'intérêt général ! »

Cependant, sa voix, aussi froide que l'acier, le perçait jusqu'au cœur : « Julien, j'ai déjà entamé la procédure de divorce. Bientôt, tu recevras l'assignation au tribunal. »

Julien, stupéfait, avait murmuré : « Qu'est-ce que tu veux dire ? » Élise, impassible, avait répondu : « Cela n'a rien de complexe. Julien, c'est la fin. » Et la ligne s'était éteinte. Il avait tenté en vain de la rappeler, mais le vide lui avait répondu : « Désolé, le numéro que vous avez composé est éteint… »

Atterré, Julien était resté dans la pénombre de sa chambre, tandis qu'à la porte, le domestique avait dit avec circonspection : « Mademoiselle Blanchet a appelé, elle souhaite vous parler, Monsieur. »

Julien, à bout de nerfs, avait répondu d'une voix cassante : « Dites-lui d'aller se faire foutre ! »

Élise s'en était allée. Elle ne voulait plus de lui, de ces mensonges, de ces faux-semblants. Elle avait juré d'être à ses côtés pour toujours…

Retenant son souffle, cherchant à contenir sa fureur, son regard s'était posé sur un papier jauni, caché sous le lit. Avec hésitation, il s'était penché pour le ramasser. Ce qu'il avait découvert l'avait glacé sur place…

Un diagnostic de maternité.

Nom du patient : Élise Charmaine.

Continue to read this book for free
Scan code to download App

Related chapters

  • Le salaud a blanchi ses cheveux en une nuit après mon départ   Chapitre 9

    Ce bout de papier, chargé de mots qui scellaient un destin, hantait Julien. Il le relisait sans cesse, inlassablement, jusqu'à ce que ses yeux se ferment de fatigue. Soudain, une lumière s'était posée dans son esprit, il avait perçu enfin la douleur d'Élise, la profondeur de ses larmes.C'était alors qu'il avait compris pourquoi, cette nuit-là dans le parking, entre halètement et désespoir, Élise lui avait crié : « Julien, pourquoi tu ne me consacres même pas cinq minutes ? T'es vraiment encore le même Julien que je connaissais avant ? »La révélation était tombée comme un couperet, sa chère Élise ne pouvait plus concevoir d'enfant. Pourtant, il se répétait, en vain, qu'il n'aimait pas Élise. Mais comment nier que ces quatre années lui avaient coûté son roc, celle qui l'avait soutenu dans ses pires creux, et qui avait vu naître son ascension dans le pouvoir ?Lorsqu'ils s'étaient mariés, ils s'étaient juré deux horizons, deux enfants – Inès et Hugo – autant d'espoirs à bâtir ensembl

  • Le salaud a blanchi ses cheveux en une nuit après mon départ   Chapitre 10

    Julien exposait dans ses yeux une lueur indéniablement virile. Élise, quant à elle, s'était montrée franchement agacée ; elle n'avait aucune envie de croiser son chemin. Leur divorce était en pleine négociation chez l'avocat, et elle se jura de ne pas lui accorder une minute de plus.Elle voulut fermer la porte sur lui, mais Julien, vif et déterminé, la devança d'un pas assuré et se glissa à l'intérieur sans prévenir.À peine la porte refermée, brusquement, elle se retrouva captive dans ses bras. Julien la serra par la taille, l'attirant à lui avec une intensité presque déraisonnable, et l'embrassa dans un élan désespérément passionné.Élise se débattait, mais la vigueur de Julien l'emportait, et le couple vacillait pathétiquement vers le canapé.Ce canapé moelleux était alors devenu le théâtre où Julien laissait éclater sa fougue. Jamais il ne s'était montré si audacieux, mais sous les lumières crues et la présence ensorcelante d'Élise, il avait perdu pied. Ce n'était que lorsqu'i

  • Le salaud a blanchi ses cheveux en une nuit après mon départ   Chapitre 11

    Élise avait perçu que quelque chose clochait chez Julien. Il était évident qu'il venait de vivre une rupture comme un secret mal caché.Pourtant, elle savait qu'elle n'avait aucun droit de s'immiscer dans l'intimité de son futur ex-mari. Ce recul, c'était, à ses yeux, le signe d'une femme posée et sensée.Elle n'était pas arrivée à se détacher de lui, et se moquait éperdument de le voir fumer comme un pompier. Les cheveux trempés, elle les avait attachés en un chignon rapide avec une pince, avait glissé ses pieds dans des chaussons confortables et s'était échappée vers la cuisine, le terrain intime où elle retrouverait le simple plaisir d'un bol de nouilles nature.Élise, autrefois chef culinaire hors pair, avait été privée de cette passion lorsqu'elle avait épousé Julien. Maintenant qu'elle vivait en solo, elle reprenait goût aux plaisirs simples, se dorlotant avec des plats faits maison.Bientôt, un parfum envoûtant d'échalotes saisies avait empli l'air, enveloppé par la douceur

  • Le salaud a blanchi ses cheveux en une nuit après mon départ   Chapitre 12

    Au petit matin, le tout premier arroseur de la ville passait devant l'immeuble. Il diffusait une mélodie que tout le monde connaissait dans le quartier, mais qui avait une saveur particulière pour Élise : « Reconnais comme inconnus ».Les mots flottaient dans l'air frais de l'aube, et une lueur pâle s'infiltrait dans la chambre, faisant danser les rideaux avec une douceur presque irréelle. Mais Julien n'était plus là.La nuit dernière, il ne l'avait pas forcée. Pas de paroles agressives, pas de disputes, rien qui venait gâcher l'instant. Il s'était réveillé sans cesse et l'avait embrassée encore et encore...Des baisers fragiles, parfois hésitants, qui semblaient dire tout ce qu'il ne pouvait pas dire autrement. Élise sentait sa retenue, comme un désir retenu trop longtemps. Et pourtant, dans ce langage muet, elle croyait discerner quelques mots qu'il glissait entre deux souffles, « Éli, on recommence à zéro. »Ces quatre mots trottaient dans sa tête. Leur douceur lui donnait une i

  • Le salaud a blanchi ses cheveux en une nuit après mon départ   Chapitre 13

    Elle s'est demandé alors, en silence : « Combien d'amour fallait-il pour fermer les yeux sur tous ces ragots ? » Élise a détourné le regard, lasse, et s'apprêtait à s'éclipser quand une voix douce, presque timide, l'interpellait derrière elle : « Madame Courtois ! »Interloquée, Élise s'était retournée et était tombée sur un couple. Camille enlaçait Julien comme si elle cherchait à se réfugier dans ses bras. La jeune femme, le regard flamboyant, s'empressait de protester : « Madame Courtois, il n'y a rien entre Julien et moi ! J'ai pas été au mieux de ma forme, c'est tout… Il m'a juste soutenue. »Avant qu'Élise n'ait pu formuler la moindre réponse, une voix polie mais tranchante surgissait : « Vous êtes bien Madame Courtois, n'est-ce pas ? Camille et Julien se connaissent depuis toujours. Alors, s'il vous plaît, ne voyez rien de déplacé dans leur proximité… »Madame Blanchet s'avançait d'un pas, sa posture rigide et son regard froid. Élise, les sourcils légèrement froncés, interrog

  • Le salaud a blanchi ses cheveux en une nuit après mon départ   Chapitre 14

    Il était tard dans la nuit, presque suffocant sous un ciel sans étoiles, quand Élise était rentrée chez elle. Avec une habitude presque machinale, elle avait stationné sa voiture avec soin, avait coupé le moteur et avait décroché sa ceinture.Pourtant, un gel soudain, comme un souffle d'hiver en plein printemps, l'avait immobilisée. Elle avait levé les yeux, son regard accroché à une scène qui lui avait serré la gorge.Face à elle, sous le grand platane dont les branches lourdes dissimulaient la lumière des réverbères, la voiture de Julien s'était imposée, sombre et familière. Il était là, adossé à l'élégance de son véhicule, vêtu de noir comme la nuit, une clope coincée entre les lèvres.L'air chargé de murmures invisibles, il avait tiré une longue bouffée, avec cette lenteur presque théâtrale qui l'avait toujours caractérisé, avant de relever la tête, ses cheveux en désordre encadrant un visage que la brise avait effleuré, presque en douce.La fumée bleuâtre s'était élevée paress

  • Le salaud a blanchi ses cheveux en une nuit après mon départ   Chapitre 15

    Élise ne l'aimait plus. Mais depuis quand, exactement, Julien avait-il perdu l'affection de sa femme ? Cette question tournait en boucle dans sa tête, sans réponse claire.Trois jours plus tard, dans le vaste bureau qu'il occupait au dernier étage du Groupe Garchon, Julien ne se portait guère mieux.Sur la surface lisse et impeccable de son majestueux bureau reposait une enveloppe crispante, une assignation officielle. Élise demandait le divorce et la répartition des biens.Affalé dans son fauteuil en cuir, Julien avait allongé ses jambes, les avait croisées avec une nonchalance maîtrisée, et avait attrapé de ses longues mains le pli de convocation. Il n'avait montré aucune véritable réaction.Fixant l'enveloppe quelques instants, il avait enfin levé les yeux vers Louise, assise discrètement non loin de lui. D'une voix feutrée, il s'était adressé à elle : « Louise, dis-moi... elle a engagé un avocat ? »La jeune femme ne s'était pas fait attendre pour répondre, d'un ton direct et

  • Le salaud a blanchi ses cheveux en une nuit après mon départ   Chapitre 16

    Ce matin-là, Gaston a enfilé avec une minutie presque cérémonielle son costume noir, surmonté d'une chemise d'un bleu profond qui a rehaussé ses yeux.La cravate, d'un noir d'encre, a parachevé son allure de dignité un peu mystérieuse, telle qu'on l'attendait d'un ténor du barreau. En croisant le regard d'Élise, il a lancé, d'une voix à la fois posée et complice : « Cela vous dirait-il que nous partagions un café ? »L'invitation était simple, presque banale, mais subtilement empreinte d'une familiarité qu'ils avaient cultivée au cours de leurs discussions passées.Après un bref instant de réflexion, Élise a répondu, son sourire aussi doux qu'un rayon de lune : « Bien sûr, pourquoi pas. »Ayant déposé sa mallette avec précaution, Gaston a pris place. À peine était-il installé que un serveur est venu à eux, professionnel jusqu'au bout des ongles, pour l'interroger sur son choix : « Monsieur, vous avez choisi ? »Gaston, ayant pianoté légèrement sur la table avec l'assurance d'un homme h

Latest chapter

  • Le salaud a blanchi ses cheveux en une nuit après mon départ   Chapitre 30

    Après le départ d'Élise, Julien s'est dirigé d'un pas lourd vers le toit de l'Immeuble Valdor. La nuit, glaciale et impitoyable, hurlait sous l'assaut d'un vent déchaîné. Les bourrasques fouettaient les visages et faisaient voler les manteaux sombres des deux hommes, donnant à leurs silhouettes l'allure menaçante de rapaces nocturnes s'apprêtant à fondre sur leur proie.Sous ce ciel d'un noir d'encre, Julien a allumé une cigarette d'un blanc immaculé. La flamme de son briquet vacillait sous le souffle du vent, mais il en a tiré une longue bouffée avec une détermination froide. Son visage mince se creusait encore davantage sous l'effort, ses pommettes saillaient durement, rendant ses traits à la fois inquiétants et fascinants.Silencieux d'abord, il a fumé la moitié de sa clope avant de planter son regard, aussi acéré qu'une lame, dans les yeux de Gaston. Sa voix, glaciale comme la nuit environnante, a fendu l'air : « Annule la coopération. Quant au divorce entre Élise et moi… Laisse

  • Le salaud a blanchi ses cheveux en une nuit après mon départ   Chapitre 29

    Élise savait pertinemment ce qui se tramait. Quand Julien avait mis cette proposition sur la table, elle n'avait pas dit un « non » catégorique. Sérieusement, qui refuserait une telle somme d'argent ? Mais de là à se jeter tête baissée…Élise n'était pas née de la dernière pluie. Le fric chez Julien, ce n'était jamais gratuit. Avec ce petit sourire en coin qu'elle maîtrisait à la perfection, elle s'est penchée légèrement vers lui et a osé : « Et qu'est-ce que tu attends en retour ? »Julien a soutenu son regard quelques secondes avant de lâcher brutalement : « Tu travailles sur le projet Méga… et tu couches avec moi. »Élise a cillé à peine. Pourtant, l'impact de cette phrase était bien réel. Elle a rétorqué d'une voix légèrement tremblante : « Julien, tu as perdu l'esprit ! »Mais lui, imperturbable, a haussé simplement les épaules avant de répondre, comme s'il discutait d'un contrat sans importance : « J'ai des besoins d'homme, Élise. »Un silence s'est installé. Elle n'a donné

  • Le salaud a blanchi ses cheveux en une nuit après mon départ   Chapitre 28

    Julien a entraîné Élise jusqu'à la suite de l'hôtel et a ouvert la lourde porte d'un geste vif. C'était la première fois qu'ils séjournaient dans un hôtel, où chaque détail respirait une opulence presque étrangère à leur quotidien.À l'intérieur, les lumières tamisées étaient éteintes, laissant l'obscurité envahir chaque recoin. Et dans cette pénombre étouffante, leurs sens semblaient s'être soudain aiguisés.Avant même qu'Élise n'ait eu le temps de reprendre son souffle, elle s'est retrouvée plaquée contre la porte, incapable de résister au baiser impérieux de Julien. L'odeur mêlée de tabac frais et d'après-rasage est devenue presque un étau invisible, s'insinuant en elle avec une intensité brutale. Étourdie par l'ardeur de cet échange, elle a chancelé, ses jambes tremblantes peinant à la maintenir debout.Ils ont trébuché maladroitement jusqu'au canapé. Julien, sans une once d'hésitation, a retiré son pardessus d'un geste sec et a glissé ses mains habiles sur les bas d'Élise, les

  • Le salaud a blanchi ses cheveux en une nuit après mon départ   Chapitre 27

    Ce jour-là, Gaston avait eu l'envie irrépressible de serrer une femme dans ses bras pour la toute première fois.— Pas par amour.Non. Il voulait simplement la réconforter, essuyer ses larmes, peut-être même effleurer ses lèvres rouges qui tremblaient, juste pour y mettre fin.Dans le silence, Gaston a murmuré à nouveau, sa voix calme : « Pourquoi veux-tu divorcer ? »Près de la porte, Julien s'est retourné avec Élise à ses côtés. Son regard, glacé comme une lame, a fusillé son ancien ami.Quand sa voix tranchante a résonné, elle semblait pouvoir découper le silence en morceaux : « Gaston, tu sais vraiment ce que tu fais ? Si t'es perdu dans ta tête, tu ferais mieux d'aller à l'hôpital, histoire de te remettre les ides en place. »Gaston s'est levé lentement, méthodiquement. Il a planté ses yeux dans ceux de Julien, pas une trace d'hésitation : « Je suis parfaitement lucide... Je l'ai toujours été. Et toi, t'es lucide, Jules ? Parce que, si c'est le cas, tu devrais savoir qu'Élise

  • Le salaud a blanchi ses cheveux en une nuit après mon départ   Chapitre 26

    Dans un coin tamisé de la pièce, Julien a écrasé nonchalamment le reste de sa cigarette dans un cendrier de cristal. Une élégance rare émanait de son profil acéré, sublimée par ses doigts longs et précis qui réalisaient ce geste banal avec une grâce presque déroutante.Il s'est redressé avec assurance, et d'un pas calculé, est allé vers Élise. Sa silhouette imposante projetait une ombre longue dans la lumière diffuse. Arrivé à hauteur de la jeune femme, il a posé sa main sur son épaule, le geste teinté d'une douceur feinte : « Élise, on rentre. »Le salon privé, jusque-là animé d'une insouciance mondaine, est tombé dans un silence pesant. Personne n'avait anticipé ce brusque élan de possessivité. Julien, homme réputé pour son détachement envers Élise, venait soudain de briser les codes tacites de leur cercle. N'était-il pas censé être indifférent à Élise ?Gaston, avec sa légèreté habituelle, n'avait pourtant fait qu'une plaisanterie à demi-mot. Rien qui justifierait l'attitude glac

  • Le salaud a blanchi ses cheveux en une nuit après mon départ   Chapitre 25

    Julien s'est réfugié dans le salon privé, adossé au canapé dans un recoin sombre. Vêtu tout de noir, il semblait se fondre à l'obscurité qui l'enveloppait.Pourtant, même dans ce cadre quasi spectral, il émanait de lui une aura étonnamment noble, presque irréelle, comme s'il appartenait à un autre univers, bien éloigné du vacarme ambiant.Ses yeux, insondables et pleins de mystère, se fixèrent sur Élise, qui venait de franchir la porte avec une grâce désarmante.Élise portait une robe en soie gris-bleu, légère et vaporeuse. Une fine ceinture dessinait sa taille avec subtilité, tandis qu'un long collier de nacre blanche se déposait sur sa poitrine comme une vague délicate.À ses oreilles, de discrètes pampilles en diamant se balançaient au rythme de ses mouvements, captant la lumière et les regards. Elle était tout simplement étincelante. Son sac à main et sa montre parfaitement assortis ajoutaient une touche raffinée à cette image presque irréelle.Mais plus que son allure, c'étai

  • Le salaud a blanchi ses cheveux en une nuit après mon départ   Chapitre 24

    Une semaine plus tard, Élise a finalement décroché la devanture qu'elle convoitait tant. Avec un emplacement rêvé et un loyer plutôt raisonnable dans un contexte économique morose, elle a saisi l'opportunité sans hésiter.En quelques signatures bien alignées sur le bail de cinq ans et une liasse de chèques remis, c'était fait. Le propriétaire, rayonnant d'avoir sécurisé un locataire fiable, paraissait soulagé de ce coup de chance.Cependant, une « urgence » imprévue l'a amené à partir précipitamment, marmonnant quelques excuses au passage. Élise est alors restée seule, son café tiédissait devant elle, comme souvent. Elle avait pris l'habitude de laisser ses pensées vagabonder en ces moments de calme, le regard perdu dans les nervures de la table.Soudain, une voix claire et pétillante l'a fait sursauter : « Élise ! »Surprise, elle a levé les yeux. Là, devant elle, se tenait Jade Durand, la jeune sœur de Gaston. Jade, fraîchement sortie des amphis de l'université, affichait cet ent

  • Le salaud a blanchi ses cheveux en une nuit après mon départ   Chapitre 23

    Élise est rentrée de l'hôpital, et Julien, comme une ombre, l'a suivie jusqu'à son immeuble. Elle a garé sa petite voiture à côté du grand platane, sa ramure imposante projetant des ombres capricieuses sous la lumière blafarde du soir. Mais lui, il était déjà là, adossé à sa berline sombre.Lorsqu'elle est sortie du véhicule, il s'est approché d'un pas décidé et lui a barré le chemin : « Faut qu'on parle », a-t-il annoncé d'une voix grave, son regard planté dans le sien, presque suppliant.Élise a esquissé une moue, a contourné ses épaules sans hésitation et s'est dirigée vers l'entrée de l'ascenseur, son sac à la main.« Julien, sérieusement... y'a rien à dire. On se verra au tribunal », a-t-elle lancé sèchement, à peine en tournant la tête.Il l'a suivie. Jusqu'à son étage, il a insisté. Mais une fois derrière la porte de son appartement, elle lui a claqué l'accès au nez sans une concession. Lâchant un soupir tremblé, Élise s'est adossée contre le battant, son cœur battant à tout

  • Le salaud a blanchi ses cheveux en une nuit après mon départ   Chapitre 22

    Élise n'avait absolument pas envie de se retrouver nez à nez avec lui. Faisant mine d'avoir un besoin urgent, elle se réfugia dans les toilettes. Appuyée contre le mur, elle espérait de tout cœur que Julien finirait par se lasser et repartir seul.Après une dizaine de minutes, la porte grinçait, laissant passer un filet de lumière blafarde. Puis Julien entrait, glissant doucement à l'intérieur.Dans la pénombre presque silencieuse, ils se retrouvaient seuls, liés pourtant par le mariage. Élise maintenait la tête baissée, refusant tout échange de regards. Julien avançait vers elle, son imposante stature semblant la cerner.Il tendait doucement la main et effleurait sa joue, sa voix grave et tendre résonnant : « Ça te fait encore mal ? »Élise tournait aussitôt la tête. Elle exécrait ce contact et ne s'en cachait pas. Julien, toutefois, n'était pas du genre à céder si facilement. Il se rapprochait, s'interposant entre ses jambes, lui pinçant le menton d'une main tout en caressant sa

Explore and read good novels for free
Free access to a vast number of good novels on GoodNovel app. Download the books you like and read anywhere & anytime.
Read books for free on the app
SCAN CODE TO READ ON APP
DMCA.com Protection Status