. Chapitre 1 : Le Masque et la Mission
La pièce empestait la fumée et le whisky bon marché, comme d’habitude. Le silence était si pesant qu’on aurait pu entendre une mouche voler, si ce n’était pour le tic-tac lancinant de l’horloge accrochée au mur décrépi. Assise face à Jonas , mon "patron", je soutenais son regard sans ciller.
— "Tu sais pourquoi t’es là, Nina ?" demanda-t-il d’une voix grave qui résonnait comme un avertissement.
Je hochai la tête, les doigts serrés sur l’accoudoir de la chaise. Jonas n’était pas du genre à perdre du temps en politesses. Moi non plus, d’ailleurs.
— "Une nouvelle mission ?" soufflai-je.
Il esquissa ce sourire tordu qui le rendait à la fois fascinant et effrayant. Ses yeux noirs comme la nuit se fixèrent sur moi alors qu’il faisait glisser un dossier épais vers moi.
— "Pas n’importe quelle mission." Il marqua une pause, ses mots s’étirant lentement. "Samuel Moretti. Un poisson bien plus gros que d’habitude. Et bien plus riche."
Je dépliai le dossier sous son regard insistant. Des photos tombèrent sur la table : Moretti, un quinquagénaire tiré à quatre épingles, des cheveux gris savamment coiffés, le sourire carnassier des gens qui pensent avoir tout gagné.
— "Il cache quoi ?" demandai-je, mes yeux rivés sur l’une des photos où il serrait des mains à une réception luxueuse.
— "Tout ce que tu peux imaginer : argent liquide, bijoux, informations compromettantes. Le type est paranoïaque, mais il aime les apparences." Jonas tapota la surface de la table du bout des doigts, un tic nerveux. "Demain soir, il organise une réception privée chez lui. Il te faut entrer, charmer, et accéder à son bureau. J’ai besoin que tu trouves ce coffre, et que tu nous ramènes quelque chose de précieux."
Je relevai les yeux vers lui. Jonas ne rigolait jamais, mais ce soir, une lueur de méfiance semblait briller dans ses pupilles.
— "Et s’il me grille ?" lançai-je, provocatrice.
Son regard se durcit instantanément.
— "Nina, tu ne vas pas te faire griller. T’es la meilleure pour ce genre de boulot. Mais je te le dis clairement : tu échoues, t’es seule. Compris ?"
Je laissai planer un silence avant de sourire en coin.
— "Je n’échoue jamais, Jonas."
Un mensonge presque crédible.
De retour dans mon loft miteux, je balançai mes talons sur le parquet usé et laissai tomber le dossier sur mon lit défait. Moretti. Rien qu’un autre visage dans une longue liste d’hommes que j’avais trompés, manipulés, et dépouillés. Pourtant, cette mission sentait le danger à plein nez.
Je me levai, fouillant dans mon armoire à la recherche de la tenue parfaite. Pour une soirée privée dans un manoir de milliardaire, il me fallait quelque chose de remarquable mais stratégique. Une robe rouge carmin attira mon attention : fendue sur le côté, moulante, juste assez pour que les yeux de Moretti ne voient plus que moi.
— "Parfait," murmurai-je devant le miroir.
Je m’installai devant ma coiffeuse, une petite table couverte de maquillage, de faux cils et de parfums bon marché. Je m’appliquai à jouer l’artiste : des yeux charbonneux pour un regard fatal, une bouche rouge écarlate qui criait à la fois tentation et danger. Lorsque je me redressai, mon reflet me renvoya l’image de quelqu’un d’autre. Pas Nina , mais celle que je devenais quand le jeu commençait.
Je saisis un petit pistolet noir, léger comme une plume, et le glissai sous ma jarretière. Toujours prête. Toujours armée. La sécurité n’était qu’un mythe dans ce genre de mission.
Je pris une inspiration, jetant un dernier regard au miroir.
— "Allez, Nina, t’as vu pire."
Le manoir était illuminé comme un sapin de Noël au cœur de la nuit. Des voitures hors de prix s’alignaient sur l’allée pavée, tandis qu’une foule élégante se pressait sous les portes vitrées. Debout face à cette scène, un frisson me traversa l’échine. Pas de peur. De concentration.
Je descendis du taxi, le bruit de mes talons s’écrasant contre le sol humide. La robe rouge flottait autour de mes jambes alors que je m’avançais vers les portes.
Un garde à l’allure imposante me barra le chemin.
— "Nom ?" aboya-t-il.
Je sortis un carton d’invitation parfaitement falsifié, le présentant avec un sourire angélique.
— "Jade Delacroix. Je suis attendue."
L’homme fronça les sourcils, observa la carte, puis me jeta un dernier regard avant de s’écarter.
— "Passez."
Dans la salle principale, l’ambiance était irréelle. Des lustres de cristal scintillaient au plafond, la musique classique vibrait doucement dans l’air, et des serveurs passaient entre les invités avec des plateaux d’argent chargés de champagne.
Je m’avançai parmi la foule, laissant les regards glisser sur moi. Les hommes en smoking me détaillaient avec cet air avide qui m’était familier. Parfait. Je n’étais qu’une distraction de plus dans un monde rempli de faux-semblants.
Puis, je le vis. Samuel Moretti, debout dans un cercle d’hommes en costume. Il riait trop fort, le genre de rire qui masquait l’arrogance. Son verre de champagne à la main, il semblait intouchable. Je pris une profonde inspiration et me mis en mouvement.
Mais alors que je m’approchais, une chose inattendue se produisit. Un autre regard capta le mien.
Froid. Intense. Un regard qui semblait me traverser comme un couteau. Ce n’était pas Moretti. Non. Cet homme-là était assis plus loin, en retrait, comme s’il observait la salle tout entière. Son costume sombre, presque menaçant, et son air calme détonnaient avec l’extravagance autour de lui.
Je sentis mon cœur rater un battement. Qui était-il ? Pourquoi avais-je l’impression qu’il venait de voir au-delà de mon masque ?
Je fis semblant de l’ignorer et poursuivis mon chemin. Mais une chose était sûre : cette soirée venait de devenir beaucoup plus compliquée.
Je m’avançai vers Samuel Moretti d’un pas calculé, la tête haute et le sourire subtilement dessiné. Le genre de sourire qui invitait à la curiosité. Il me remarqua tout de suite, comme je l’avais prévu. Le regard d’un homme comme Moretti ne pouvait ignorer une robe rouge fendue et une démarche aussi assurée.
— "Mesdames et messieurs, les prédateurs tombent toujours dans le piège qu’ils ne voient pas venir."
Il s’interrompit en pleine conversation, levant les yeux vers moi comme si le reste du monde avait disparu. Ses compagnons suivirent son regard, mais je ne le quittai pas des yeux.
— "Bonsoir, messieurs," murmurai-je en me glissant près de lui. Ma voix était douce, mes mots soigneusement mesurés. "Je crois que je suis perdue…"
Moretti arqua un sourcil, un sourire amusé se dessinant sur ses lèvres.
— "Perdue ? Dans une pièce pleine d’invités ?"
— "Disons plutôt que je cherche… la bonne compagnie."
Il rit doucement, d’un rire de requin satisfait. Je savais que j’avais son attention. C’était toujours comme ça : les hommes riches et puissants aimaient croire qu’ils étaient choisis. Qu’ils étaient spéciaux.
— "Et vous êtes ?" demanda-t-il, sa voix aussi soyeuse que dangereuse.
Je lui tendis une main délicate.
— "Jade Delacroix. Une amie d’un invité. Mais je dois avouer que je m’ennuyais terriblement. Jusqu’à maintenant."
Il baisa ma main du bout des lèvres, une politesse vieille école qui me fit presque sourire.
— "Samuel Moretti. Vous êtes à la bonne place, Jade."
— "Je n’en doute pas," répondis-je, la voix chaude. Je m’approchai un peu plus, m’emparant d’une coupe de champagne déposée sur un plateau. "Dites-moi, Samuel… Vous avez l’air d’un homme qui cache de grands secrets."
Il fronça légèrement les sourcils, amusé et intrigué.
— "Les apparences sont trompeuses, ma chère. Et vous, que cachez-vous derrière ce regard ?"
Je ris légèrement, un son aussi travaillé que le reste de ma couverture.
— "Des pensées que vous seriez bien curieux de découvrir."
Il me dévorait des yeux, prisonnier du jeu que je maîtrisais à la perfection. Après quelques minutes d’échanges où chaque mot était une corde subtilement tirée, il finit par incliner la tête, ses pupilles brillantes.
— "Vous êtes fascinante, Jade. Et j’aime beaucoup les mystères…"
Sa voix baissa d’un ton.
— "Que diriez-vous d’un verre dans un endroit plus… intime ?"
Mon cœur accéléra d’un battement. Bingo.
— "Je vous suis, Samuel," murmurai-je.
Samuel me guida à travers des couloirs richement décorés, ses pas résonnant lourdement sur le parquet. Chaque mètre parcouru me rappelait ce qui était en jeu. Jonas avait raison : c’était un gros poisson, et je nageais en pleine mer.
La chambre était aussi somptueuse que le reste du manoir : des murs tapissés de velours, un lit king-size couvert d’un drap de soie, et une bibliothèque remplie de livres que je doutais qu’il ait lus.
— "Installez-vous," m’invita-t-il en désignant un fauteuil en cuir près d’un petit bar. "Un verre ?"
— "Avec plaisir," répondis-je, ma voix parfaitement calme malgré la tempête qui grondait en moi.
Je l’observai verser le whisky avec soin. Lorsque je m’assurai qu’il avait le dos tourné, je sortis discrètement la petite fiole cachée dans la doublure de ma pochette. Une goutte de liquide incolore glissa dans son verre lorsque j’eus l’occasion d’échanger discrètement nos verres.
Il se tourna avec un sourire satisfait, tendant le verre vers moi.
— "À la beauté des mystères."
Je levai le mien avec un sourire provocateur.
— "Et à ceux qui savent les percer."
Nous trinquâmes. Il but, et je feignis de boire en observant chaque seconde. Quelques minutes plus tard, sa tête bascula légèrement en arrière, et sa respiration ralentit. Le somnifère avait fait son effet.
— "Désolée, Samuel," murmurai-je en posant mon verre intact sur la table.
Je me mis rapidement au travail. Jonas m’avait appris à fouiller efficacement, sans laisser de traces. Je localisai d’abord le coffre : dissimulé derrière un tableau classique. Un code électronique. Bien sûr.
Mes doigts tremblèrent légèrement tandis que je sortais mon matériel de crochetage : un petit outil électronique capable de forcer des codes en quelques minutes. Chaque bip de l’appareil semblait hurler dans le silence de la pièce.
— "Allez, allez…" soufflai-je entre mes dents.
Après de longues secondes, un *clic* discret résonna. Le coffre s’ouvrit. Mon souffle se coupa à la vue de son contenu : des liasses de billets soigneusement empilés, des montres aux reflets dorés, et des bijoux sertis de pierres précieuses. Une fortune miniature.
Mes mains s’activèrent, jetant tout dans le sac que j’avais dissimulé sous ma robe. Chaque objet glissé me rappelait pourquoi j’étais là. Pourquoi je n’avais pas le droit d’échouer.
Mais la peur me tenaillait. Chaque bruit dans le manoir, chaque craquement du bois me faisait sursauter. Et si quelqu’un entrait ? Et si Samuel se réveillait ?
— "Respire, Nina. Tu t’en es toujours sortie," murmurai-je pour me rassurer.
Ma gorge était sèche, mes paumes moites, mais je continuai jusqu’à ce que le coffre soit vidé.
Lorsque je refermai le coffre et remis le tableau en place, je pris un instant pour respirer profondément. Mon cœur battait si fort qu’il me semblait qu’on pouvait l’entendre dans tout le manoir.
Je jetai un dernier regard à Samuel, profondément endormi sur le fauteuil. Un mélange de culpabilité et de triomphe m’envahit.
— "Un autre mensonge. Un autre loup berné."
Je remis ma robe en place, saisis mon sac, et sortis de la chambre en silence. Mais alors que je m’éloignais, une pensée fugace me traversa l’esprit :
"Et si cette fois-ci, le loup n’était pas aussi endormi que je le croyais ?"
Chapitre 2 : Le Prix du SilenceLa fraîcheur de la nuit me glaça les épaules alors que je m’éloignais du manoir. Le bruit assourdissant de mes talons sur le pavé résonnait comme un compte à rebours. Le sac serré contre moi, je jetai un dernier regard par-dessus mon épaule avant de disparaître dans une ruelle sombre où m’attendait une voiture noire aux vitres teintées. Je glissai sur la banquette arrière et déposai le sac sur mes genoux. La portière se referma dans un claquement sec, et la voiture démarra aussitôt. Personne ne parla durant le trajet. Le chauffeur, un des hommes de Jonas, avait pour consigne de garder le silence. Moi, je préférais repasser la soirée en boucle dans ma tête. La voix de Samuel, son regard intrigué… — "Il est hors-jeu, Nina. Tu as fait ce qu’il fallait."La voiture s’arrêta brusquement dans un entrepôt abandonné. Les phares illuminèrent l’intérieur poussiéreux, révélant Jonas assis nonchalamment sur une chaise, une cigarette entre les doigts. Il me reg
Chapitre 3 : Héritage SanguinaireLE POINT DE VUE D'ESPOIR La pièce puait la peur et la sueur froide. La lumière blafarde du néon clignotait, rendant l’atmosphère encore plus pesante. Je me tenais debout, mes poings endoloris par les coups que je venais d’asséner. Face à moi, l’homme était à genoux, son visage un amas de chair ensanglantée. Il toussa violemment, recrachant une gerbe de sang qui s’écrasa au sol, mêlée à quelques dents. Sa respiration était saccadée, presque inexistante. — "Je vais te poser la question une dernière fois," grognai-je, ma voix résonnant comme un coup de tonnerre. "Qui vous a envoyé fouiner dans mes affaires ?" Il releva la tête avec difficulté, ses yeux à moitié fermés par les ecchymoses. Malgré la douleur évidente, il n’articula qu’un mot, un murmure presque inaudible : — "Va… au diable…" Je serrai les poings, sentant ma colère bouillonner. Ce genre de loyauté était admirable dans d’autres circonstances, mais ici, c’était une provocation que j
Chapitre 4 : Les Derniers Vœux LE POINT DE d'Espoir Le lundi était arrivé avec une atmosphère lourde dans la maison familiale. La grande salle, autrefois remplie de rires et de souvenirs, était aujourd’hui le théâtre de tensions sous-jacentes. Nous étions tous là : moi, Espoir, ma sœur cadette Émilie, et mon frère Hector. L’avocat, un homme au visage impassible et aux gestes précis, s’était installé face à nous, des dossiers soigneusement rangés devant lui. — "Mes condoléances à tous," commença-t-il en ouvrant un épais classeur. "Aujourd’hui, nous sommes ici pour honorer les dernières volontés de votre père." Je restai silencieux, mes doigts tambourinant légèrement sur l’accoudoir de ma chaise. Émilie semblait nerveuse, triturant l’ourlet de sa robe. Hector, de son côté, affichait une expression neutre, mais je savais qu’il brûlait d’impatience. — "Votre père, un homme d’une grande rigueur et d’une vision claire pour chacun d’entre vous, a pris soin de répartir son patrimoine
Chapitre 5: La Nouvelle Mission Lorsque la voiture s’arrêta devant l’entrepôt délabré qui servait de quartier général à Jonas, je pris une profonde inspiration. L’endroit, avec ses murs couverts de graffitis et son odeur de métal rouillé, ne payait pas de mine, mais c’était ici que tout se décidait. Un homme ouvrit la porte avant même que je ne frappe. À l’intérieur, Jonas était installé sur son fauteuil en cuir usé, un verre de whisky à la main et un sourire satisfait sur les lèvres. — "Nina," dit-il en me voyant entrer, "la reine de la mission impossible." Je souris légèrement et m’avançai vers lui. — "Qu’est-ce que tu as pour moi cette fois, Jonas ?" demandai-je, curieuse. Il posa son verre sur la table basse et croisa les doigts. — "Une mission d’infiltration." — "Ah, j’aime déjà où ça va," répondis-je en croisant les bras, amusée. Jonas se redressa et m’indiqua de m’asseoir en face de lui. — "Écoute bien, Nina. Cette fois, on vise gros. Espoir, le chef de la m
Chapitre 6: Une Rencontre Éblouissante LE POINT DE VUE D'Espoir La musique du club résonnait doucement, un mélange de jazz et de rythmes sensuels qui se mariaient parfaitement avec l’atmosphère feutrée. Je venais de me rasseoir après avoir vidé mon verre, toujours perdu dans mes pensées. Puis, soudain, elle entra. Elle. C’était comme si le temps s’était arrêté un instant. Une jeune femme, élégante, gracieuse, traversait la pièce avec une assurance qui captait l’attention de tous. Ses longues jambes, mises en valeur par une robe noire fendue sur le côté, semblaient flotter sur le sol. La robe, ajustée à sa silhouette parfaite, dévoilait juste assez de peau pour intriguer sans être vulgaire. Ses cheveux sombres, lâchés en cascade sur ses épaules, brillaient sous la lumière tamisée, et ses lèvres, teintées d’un rouge profond, formaient un sourire à la fois mystérieux et captivant. Je restai figé, littéralement bouche bée. Mon esprit, pourtant habitué à analyser rapidement les
Chapitre 7: la rencontres familiale Je suis sortie de ma douche et ai enfilé un jean et un débardeur simple avant de me diriger vers l’entrepôt où Jonas m’attendait. Ce lieu était notre quartier général, un bâtiment discret en périphérie de la ville, que seuls les membres de notre gang connaissaient. En chemin, je passais en revue les moments marquants de ma rencontre avec Espoir. Quand j’arrivai, Jonas était déjà là, assis sur un fauteuil en cuir élimé, un cigare entre les doigts. Il releva la tête dès que j’entrai. — "Ah, Nina, ma meilleure recrue," dit-il en souriant. "Alors, raconte-moi. Comment ça s’est passé avec notre cher Espoir ?" Je m’assis face à lui, croisant les jambes avec désinvolture. — "Plutôt bien," répondis-je avec un sourire satisfait. "Je l’ai croisé au club comme prévu. Il était seul, pensif, comme tu l’avais dit. J’ai joué le jeu. Quelques regards, des mots bien choisis, et il a mordu à l’hameçon." Jonas exhala une longue bouffée de fumée, ses yeux pl
Chapitre 8: Une Confession qui Trouble LE POINT DE VUE DE Nina Cela faisait maintenant un mois que je travaillais à me rapprocher d’Espoir. Plus le temps passait, plus je m’enfonçais dans un bourbier émotionnel. Ce soir-là, il avait insisté pour que je le rejoigne dans un endroit qu’il appelait son sanctuaire : un jardin privé, discret, derrière l’un de ses clubs. Je ne savais pas pourquoi, mais j’avais accepté. Espoir était assis sur un banc en pierre, l’air pensif, les coudes posés sur ses genoux. Son costume impeccable contrastait avec l’air vulnérable qui émanait de lui. — Tu sais, Nina, tout le monde pense que ma vie est parfaite, commença-t-il, sans même lever les yeux vers moi. Je m’assis à côté de lui, intriguée. — L’argent, le pouvoir, les femmes… Tout ça, c’est censé être un rêve, non ? Il tourna enfin la tête vers moi. Dans ses yeux, je vis une fatigue que je n’attendais pas chez un homme comme lui. — Mais toi, tu ne le vois pas comme ça, fis-je, avec un sour
Chapitre : 9 Le Poids de la Trahison LE POINT DE VUE DE Nina Assise sur le bord de mon lit, je fixais mon téléphone. La conversation que j’avais entendue entre Espoir et son bras droit résonnait encore dans ma tête. Une cargaison d’ar*mes, trois cents fu*sils d’as*saut, des caisses de munit*ions… Tout ça était de l’or entre les mains de Jonas. Mais quelque chose en moi hésitait. Espoir n’était pas comme les autres cibles que j’avais manipulées par le passé. Lui, il avait ce regard… Ce mélange de force et de vulnérabilité qui me troublait plus que je ne voulais l’admettre. Mais je savais que Jonas ne tolérerait aucune faiblesse de ma part. Je pris une profonde inspiration et décrochai mon téléphone. — Jonas ? murmurai-je, la gorge serrée. — Nina ! Enfin des nouvelles ! Alors, dis-moi, t’as quelque chose ? Je fermai les yeux un instant, essayant de calmer le tumulte de mes pensées. C’est juste un job, me rappelai-je. Rien de plus. — Oui, répondis-je finalement. Espoir
Chapitre 53: c'est elle la tope LE POINT DE VUE D'ESPOIRJe fixais l'homme, le revolver encore dans ma main. Son visage ruisselait de sueur, et son regard fuyait le mien. Mais moi, je ne voyais que la vérité qui allait sortir de sa bouche. Une vérité que je n’étais pas prêt à entendre. — Alors, parle, dis-je d'une voix froide et maîtrisée, bien que mon cœur battait à tout rompre. Qui est-ce ? L'homme respira profondément, visiblement résigné. — Elle… c’est une femme, dit-il, la gorge sèche. Une belle femme… peau caramel, cheveux noirs longs… toujours bien habillée, élégante. Je sentis une tension familière monter en moi. Une femme ? Non, ça ne pouvait pas être elle. — Continue, ordonnai-je, les mâchoires serrées. — Elle a des yeux profonds, charmeurs… une voix douce, mais elle est dangereuse. Elle travaille pour Jonas. Je serrai les poings, mon souffle devenant plus lourd. — Un nom, dis-je en me penchant vers lui. Donne-moi son nom ! L'homme hésita un instant, regar
Chapitre 52 : la capture La nuit tombait doucement sur la ville, et les rues devenaient de plus en plus désertes. Les phares du SUV noir des hommes d’Espoir illuminaient la route devant eux. Ils revenaient d’une mission de routine en ville lorsqu’ils aperçurent une silhouette familière, un visage qui ne pouvait pas passer inaperçu. — C’est pas lui, là ? murmura l’un des hommes à l’avant, son regard fixant un homme qui marchait le long du trottoir. Le bras droit d’Espoir, assis à l’arrière, se redressa légèrement. Il plissa les yeux, observant l’homme en question à travers la vitre teintée. — Si, c’est bien lui, répondit-il calmement. Cet enfoiré travaille pour Jonas. Il esquissa un sourire glacial, puis se tourna vers le chauffeur. — Ralentis. On va le choper. Le SUV freina légèrement, glissant presque silencieusement le long du trottoir. L’homme de Jonas ne sembla pas remarquer qu’il était suivi. Il avançait tranquillement, sa capuche relevée, les mains dans les poches.
Chapitre 51 : l'échange LE POINT DE VUE DE NINA Je venais à peine de me calmer après ma discussion avec Clara, encore secouée par les nausées, lorsque mon téléphone vibra sur la table de chevet. En voyant le nom de Jonas s’afficher, mon cœur se serra. Je savais que cet appel n’annonçait rien de bon. Je pris une profonde inspiration et décrochai. — Allô ? fis-je d’une voix hésitante. Jonas, toujours aussi direct, ne perdit pas de temps avec les politesses. — Le prototype de ta bague est prêt. Je vais envoyer quelqu’un pour l’échanger contre l’original. Assure-toi que tout se passe bien. Ces mots tombèrent comme une enclume sur ma poitrine. J’avais espéré, peut-être naïvement, qu’il avait oublié cette idée insensée. Mais non. Il était déterminé. Je restai silencieuse, incapable de parler. Mon souffle s’accéléra, mes mains tremblaient, et mes yeux se remplirent de larmes. — Nina, tu m’écoutes ? insista Jonas, son ton tranchant. Je fermai les yeux, retenant un sanglot, e
Chapitre 50 : Des nausées inhabituelles LE POINT DE VUE DE NINA Je me retrouvais seule dans ma chambre avec Clara, une tasse de thé chaud entre les mains. Clara était assise sur le lit, en train de feuilleter distraitement un magazine, tandis que je jouais avec ma bague de fiançailles. — Alors, raconte-moi, Nina, dit Clara avec un sourire malicieux. Comment tu vois le mariage ? La fête, les invités, ta robe ? J’espère que tu prépares quelque chose de grandiose ! Son enthousiasme me fit sourire malgré moi. — Oh, je ne sais pas encore, répondis-je en haussant les épaules. Espoir et moi n’avons pas vraiment discuté des détails. Clara posa le magazine et se tourna complètement vers moi, son regard pétillant de curiosité. — Tu plaisantes ? C’est ton mariage, Nina ! Tu ne veux pas une grande fête avec des fleurs partout, une robe magnifique et une soirée qui dure jusqu’à l’aube ? Je ris doucement, mais mon sourire s’effaça rapidement. Mon regard se posa de nouveau sur ma bague
Chapitre 49: Je sors avec Clara LE POINT DE VUE D'ESPOIRJe discutais avec Hector dans mon bureau, une tasse de café à la main, et lui assis en face de moi avec ce sourire moqueur qu'il savait si bien afficher. Nous étions en plein débat sur les préparatifs du mariage, et comme toujours, il avait un avis sur tout. — Alors, frérot, tu as pensé à l’endroit ? demanda-t-il en s’adossant nonchalamment. Je réfléchissais encore. J’avais envisagé plusieurs options : une plage privée, un grand hôtel luxueux ou peut-être même un château en périphérie de la ville. — J’hésite entre une réception classique et quelque chose de plus… unique, dis-je. Tu sais que Nina aime les choses simples, mais je veux quand même que ce soit mémorable. Hector éclata de rire. — Simples ? Mon frère, tu te maries avec une femme magnifique, et tu veux que ce soit "simple" ? Si tu veux mon avis, il faut mettre le paquet. Invites des personnalités influentes, fais en sorte que tout le monde se souvienne de cet
Chapitre 48: La proposition de Jonas LE POINT DE VUE DE NINACe jour-là, je m'étais décidée à rendre visite à Jonas. Cela faisait un moment que je n’avais pas mis les pieds chez lui. L’idée de retourner là-bas me procurait un mélange étrange d’appréhension et de nostalgie. Je devais lui montrer que j’étais toujours en contrôle, que je n’avais pas oublié pourquoi j’étais là au départ. En arrivant devant sa maison, je remarquai que l’endroit avait changé. La façade semblait fraîchement repeinte, et de nouvelles plantes bordaient l’entrée. Jonas avait toujours ce goût pour le luxe ostentatoire. Je descendis de la voiture, pris une profonde inspiration, puis toquai à la porte. Quelques secondes plus tard, il apparut, vêtu de manière élégante comme toujours. — Nina ! s’exclama-t-il en souriant, ses bras ouverts comme s’il m’accueillait chez moi. Cela fait une éternité. — Oui, ça fait un bail, répondis-je avec un sourire. Nous échangeâmes des salutations habituelles avant qu’il m
Chapitre 47: l'euphorie LE POINT DE VUE DE NINAJe suis montée à l’étage, la bague scintillant toujours à mon doigt, incapable de contenir ma joie. Je voulais que Clara soit la première à la voir. Je frappai doucement à sa porte, et avant même qu’elle ne réponde, je débordais déjà d’enthousiasme. — Clara ! Regarde ça ! m’écriai-je en entrant dans sa chambre. Elle leva les yeux de son livre, surprise, avant de voir mon doigt tendu vers elle. Ses yeux s’élargirent instantanément. — Oh mon Dieu, Nina ! cria-t-elle en sautant du lit. C’est une bague de fiançailles ? Je hochai la tête en souriant, et elle me saisit la main pour examiner la bague de plus près. — C’est magnifique, murmura-t-elle, presque envieuse. Et tellement gros… Espoir sait vraiment comment faire les choses en grand. — Oui, il a mis le paquet, dis-je en riant. Clara poussa un soupir rêveur, mais je pouvais lire dans ses yeux une pointe d’envie. — Tu as de la chance, Nina, dit-elle en caressant doucement
Chapitre 46: le grand jour d'Espoir Espoir se tenait dans la cuisine, l'odeur agréable du chocolat chaud flottant dans l'air. Il avait mis au point chaque détail de sa surprise pour Nina, et tout semblait enfin prêt. La bague de fiançailles reposait dans sa poche, un secret bien gardé jusqu'au moment où il pourrait enfin la révéler. Il avait réfléchi longuement à la façon dont il pourrait lui poser la question, et après avoir discuté avec Hector, il avait trouvé l'idée parfaite : un dîner romantique, simple mais plein de signification.Il avait décidé de préparer un soufflé au chocolat. Il avait fait l’aménagement nécessaire pour cacher la bague au centre du dessert, créant ainsi une surprise aussi douce et délicate que leur relation. Le soufflé, une fois sorti du four, était doré à la perfection. Espoir l’observa, un sourire aux lèvres, son cœur battant un peu plus vite à chaque minute qui passait. Il dressa la table avec soin : des bougies allumées, une lumière tamisée, une ambianc
Chapitre 45: un rappel à l'ordreLE POINT DE VUE DE NINAJ’étais dans ma chambre, blottie sous un plaid en laine douce, une tasse de thé chaud fumant sur la table de chevet. Mes doigts parcouraient les pages d’un roman captivant, "Au cœur du plaisir : L'escorte d'une nuit." Une histoire d’amour torride, pleine de secrets et de désirs inavoués. Ce livre me transportait loin de la réalité chaotique de ma vie. Je savourais chaque mot, chaque détail des personnages, comme si leur monde pouvait m’absorber et me libérer, ne serait-ce qu’un instant, de mes propres tourments.Le silence régnait dans la maison. Espoir était parti depuis des heures, probablement encore en train de régler une affaire liée à sa mafia. C’était une de ces rares soirées où j’avais un peu de répit pour moi-même. Et pour une fois, je pouvais oublier que j’avais deux hommes qui, d’une manière ou d’une autre, tiraient les ficelles de ma vie. Juste au moment où je me sentais totalement immergée dans mon livre, le vibre