Chapitre 5
– Sienna
J’arrache mes talons dès que la porte de mon appartement se referme derrière moi.
Je les laisse tomber avec un bruit sec sur le sol en marbre, puis j’avance à grands pas vers la cuisine, le cœur encore en vrac. Une fois devant le frigo, je l’ouvre d’un geste brusque et attrape la première bouteille de vin rouge qui me tombe sous la main.
J’ai besoin d’un verre.
Ou deux.
Ou toute la foutue bouteille.
La soirée me colle encore à la peau. Le satin de ma robe me gratte, mes boucles d’oreilles me tirent les lobes, et mes joues me brûlent à force de sourire pour les photographes. Tout dans mon corps me hurle de me débarrasser de cette soirée, de cette façade, de **lui**.
Je remplis un grand verre à ras bord, puis m’affale sur le canapé, robe toujours sur le dos, chignon toujours tiré, maquillage intact. Parfaitement figée dans cette version de moi que je déteste.
La Sienna White mondaine. La femme qu’ils veulent que je sois.
Je prends une longue gorgée de vin et ferme les yeux.
Adrian.
Même dans le silence de mon appartement, je sens encore sa voix. Son parfum. Son regard brûlant sur ma peau.
Il n’avait pas le droit.
Pas le droit de me regarder comme ça, pas le droit de s’approcher, pas le droit de me troubler.
Et pourtant…
Je pose le verre et m’enfonce davantage dans le canapé. Mon cœur bat encore trop vite. Pas à cause de la foule, pas à cause des flashs. À cause de lui.
Il a cette manière de me regarder comme si… comme si j’étais un puzzle qu’il adore démonter. Une énigme qu’il refuse de résoudre trop vite. Il joue. Il manipule. Et je tombe encore dans le piège.
Je le déteste pour ça.
Et je me déteste encore plus pour ne pas réussir à l’ignorer.
Mon téléphone vibre sur la table basse. Un message.
Maman.
_"Vous étiez magnifiques ce soir. Je suis si fière de toi. Tu fais honneur à la famille."_
Je laisse tomber le téléphone sans répondre.
Elle ne comprend pas. Personne ne comprend.
Ils voient une alliance parfaite, une fusion stratégique entre deux empires. Ils voient le pouvoir, la fortune, la stabilité.
Ils ne voient pas la guerre.
Adrian et moi, on est des champs de mines ambulants. À chaque pas, à chaque mot, c’est une explosion potentielle. On s’est fait la guerre toute notre vie, sur les bancs de l’école, dans les concours, les projets, les réunions. Et maintenant, on veut nous faire croire que cette guerre peut devenir un mariage ?
Je ris, amère.
Je me lève et me dirige vers la salle de bain. J’ai besoin de me débarrasser de cette soirée, de me laver de son regard, de son aura.
Sous la douche brûlante, je ferme les yeux et laisse l’eau couler sur mon visage. Mais rien ne s’efface. Ses mots me reviennent en boucle.
"Tu m’as manqué, Sienna."
Il mentait. Bien sûr qu’il mentait. C’est Adrian. Le roi des phrases toxiques, des regards ambigus, des pièges sucrés. Il ne me veut pas. Il veut gagner.
Et moi, je ne suis pas une victoire qu’on empoche.
Je suis une guerre qu’on regrette d’avoir commencée.
Je sors de la douche, j’enfile un peignoir en soie, m’essuie le visage. Mes traits sont tirés, mes yeux rougis. Une image bien différente de celle que j’ai donnée ce soir.
Et pourtant, c’est celle-là que je préfère.
La Sienna honnête. Fragile. Fatiguée.
Mon regard croise celui de mon reflet dans le miroir. Et soudain, une question me traverse.
Et si tu étais en train de perdre ?
Je secoue la tête. Non. Je n’ai pas perdu. Je suis juste… perturbée. Épuisée. Ce n’est qu’une réaction chimique, une tension due à la situation. Rien d’émotionnel. Rien de sincère.
Je retourne dans le salon, récupère mon verre. Le vin a un goût plus âpre maintenant, mais je le bois quand même. Par habitude. Par besoin d’oublier.
Un bruit m’arrête.
Un battement sec contre ma porte.
Je fronce les sourcils. Il est presque minuit.
Je pose le verre, m’approche lentement, et jette un coup d’œil par le judas.
Je retiens un juron.
Adrian.
Je ne bouge pas.
Il frappe de nouveau, plus doucement cette fois.
— Sienna, je sais que tu es là. Ouvre.
Je pourrais l’ignorer. Je devrais l’ignorer.
Mais ma main agit avant que ma raison ne m’arrête.
Je déverrouille. La porte s’ouvre.
Il est là. Toujours impeccable. Costard sombre, regard direct, mâchoire serrée.
— Qu’est-ce que tu fais ici ? je demande, sèche.
— Je n’ai pas fini de te parler.
— Moi si.
Je veux refermer, mais il pose sa main contre la porte.
— Juste cinq minutes.
Je croise les bras.
— Tu as deux.
Il entre, regarde autour de lui. Il n’est jamais venu chez moi. Et ça se voit : il balaye l’espace du regard comme s’il voulait tout analyser, tout comprendre.
— J’aime bien, dit-il. C’est… toi.
— C’est-à-dire froid et imprenable ?
— Non. Élégant et maîtrisé.
Je roule des yeux.
— Tu n’es pas venu pour faire de la décoration intérieure. Parle.
Il me regarde. Longuement.
— Ce soir, tu as été brillante.
— C’est tout ce que tu voulais dire ? Tu pourrais l’envoyer par mail.
— Et tu m’as détesté encore un peu plus, n’est-ce pas ?
Je ne réponds pas.
— Tu me détestes parce que je te vois, dit-il.
— Tu ne vois rien, Adrian.
— Je vois une femme qui se bat pour tout contrôler, même quand elle est en train de se noyer.
Mes poings se serrent.
— Tu es venu ici pour m’attaquer ?
— Non. Pour te dire que je suis prêt à faire ça… sans guerre. Si tu le veux aussi.
Je reste figée.
— Faire quoi ?
— Ce mariage. Cette mascarade. On peut se haïr en paix, ou on peut décider de jouer intelligemment.
Je le fixe.
— Et toi, tu veux quoi ?
Il s’approche.
— Je veux que tu sois de mon côté. Ne serait-ce qu’en façade. Le reste… on verra.
Je ris. Ironique.
— Tu veux que je sois ton alliée ? Alors que tu es mon plus vieil ennemi ?
— Tu oublies quelque chose, murmure-t-il. Les meilleurs ennemis font parfois les alliances les plus puissantes.
Je ne sais pas quoi répondre.
Et pour la première fois depuis longtemps, je ne suis pas certaine de détester cette idée.
Chapitre 6 – AdrianElle ne parle pas.Elle ne m’a pas encore mis dehors non plus, ce qui, venant de Sienna White, est pratiquement un miracle.Je suis debout, à deux pas d’elle, dans ce salon immaculé qui lui ressemble. Chaque détail est précis, chaque objet à sa place. Une beauté froide, calculée, contrôlée. Comme elle.Mais je sais que sous cette surface, ça bouillonne.Je le vois dans sa posture tendue, dans la façon dont ses doigts se crispent légèrement contre le tissu de son peignoir. Et surtout dans son silence. Sienna ne se tait jamais sans raison. Quand elle ne parle pas, c’est qu’elle lutte.Je décide d’attendre. De lui laisser l’espace de répondre. Je n’ai pas besoin de précipiter les choses. Pas avec elle.Et puis, elle souffle, les yeux plantés dans les miens :— Pourquoi maintenant ?Je hausse un sourcil.— Pourquoi je viens te proposer une alliance ce soir ?Elle hoche lentement la tête, méfiante.— Parce que ce soir, tu m’as prouvé que tu étais prête à faire ce qu’il
Chapitre 7 – SiennaLe bourdonnement incessant de mon téléphone me tire du sommeil.Je grogne, aveuglée par la lumière du matin, puis je tends la main à tâtons jusqu’à l’attraper sur la table de nuit. Quinze notifications. Dix messages. Trois appels manqués.Je cligne des yeux.Maman Julia (assistante)Bureau de presse White Corp. Et surtout…Une alerte Google News.Je me redresse d’un coup dans le lit, le cœur déjà en alerte. Mon instinct ne me trompe jamais, surtout quand il s’agit de mauvaises nouvelles. Je clique."Sienna White et Adrian De Luca fiancés en secret ?""L’empire White fusionne avec la dynastie De Luca : le mariage de l’année confirmé ?""Rumeurs d’un contrat de mariage entre deux héritiers ennemis"Mon souffle se bloque.Putain.Je bondis hors du lit, pieds nus sur le parquet, robe de chambre à moitié ouverte. Mon téléphone sonne. Encore.C’est Julia, ma fidèle assistante. Elle sait que je ne réponds jamais à la première sonnerie. Mais là, je décroche à la deuxiè
Chapitre 1 – Le piègeSienna White Je sens encore le goût du champagne sur ma langue quand mon monde s’effondre.Assise dans le salon glacé de mon père, entourée de murs de marbre et de silence, je regarde fixement le contrat que l’on vient de poser devant moi. C’est un document officiel, imprimé sur un papier si épais qu’on pourrait s’en servir comme arme. Chaque ligne est une menace. Chaque mot, une trahison.— C’est une blague, je murmure, le regard figé sur la dernière clause.Et pourtant, personne ne rit.Mon père est debout, le dos droit, les bras croisés. Il a ce regard froid, impénétrable, celui qu’il réserve aux conseils d’administration et aux situations de crise. À sa droite, ma mère évite soigneusement mon regard, ses doigts crispés sur sa coupe de vin blanc. Elle sait. Elle savait. Et elle ne m’a rien dit.— Tu es sérieusement en train de me dire que je dois épouser Adrian De Luca ? Ce... ce requin en costard ?!Ma voix monte, trahit la panique qui m’envahit. Je me lève
Chapitre 2 – L’ennemie parfaiteAdrian De Luca Je l’ai vue trembler. Rien qu’un instant. Un battement de cils. Une hésitation infime. Mais c’était là.Sienna White.Toujours aussi féroce. Toujours aussi fière. Toujours aussi magnifique dans sa rage.Je descends les escaliers de la villa White en silence, un sourire discret aux lèvres. J’entends encore le claquement de ses talons sur le marbre, sa voix pleine de colère et de mépris. Elle croit que c’est moi qui ai gagné.Mais ce n’est pas un jeu. Pas encore.C’est un test.Et je vais le réussir, comme toujours.Le chauffeur m’attend devant la voiture. Je monte à l’arrière sans un mot. Je déteste cette ville. Trop de souvenirs, trop d’odeurs étouffantes, trop de visages qui veulent vous poignarder avec un sourire. Mais je suis ici pour une raison. Et elle commence par un nom : White Industries.Mon père pense qu’il m’a piégé. Il croit que ce mariage arrangé va me forcer à rentrer dans les rangs, à jouer au bon héritier, à m’assagir. Il
Chapitre 3 – SiennaJe serre ma coupe de champagne si fort que mes doigts commencent à engourdir. Si quelqu’un me regarde de loin, il doit penser que je suis parfaitement à l’aise. Robe noire ajustée, cheveux tirés en un chignon parfait, sourire poli vissé sur les lèvres. L’héritière modèle.Mais à l’intérieur, je bouillonne.— Sienna, darling, tu es resplendissante ce soir.Je me retourne à moitié, découvrant le visage poudré de Marianne Langford, une amie de ma mère et surtout une commère professionnelle. Elle m’embrasse sur les deux joues comme si nous étions les meilleures amies du monde.— Merci, Marianne. Tu es ravissante également.Hypocrisie, quand tu nous tiens.Elle jette un coup d’œil vers l’autre bout de la salle, où une silhouette familière attire déjà tous les regards.— Et ce fiancé… comment résister à ce regard de braise, hm ?Je manque de m’étouffer avec mon champagne.— Ce n’est pas encore officiel.Elle sourit, faussement innocente.— Mais ça ne saurait tarder, n’e
Chapitre 4 – AdrianJe sens encore la chaleur de sa main dans la mienne.Elle tremblait légèrement. Presque imperceptiblement. N’importe qui d’autre aurait cru à un frisson passager, une réaction au contact, ou au froid de la salle. Mais moi, je sais.Sienna White tremble rarement.Et quand elle le fait, ce n’est jamais à cause du froid.Elle s’est tenue à mes côtés pendant dix minutes exactement. Assez longtemps pour alimenter les rumeurs, capturer quelques regards, faire naître les premiers articles de blog. J’ai vu les flashs crépiter autour de nous, entendu les murmures dans les coins. Et elle, elle souriait. Un sourire coupant comme une lame bien aiguisée.Parfaitement maîtrisé. Comme tout ce qu’elle fait.Mais son regard, lui… il disait autre chose.Elle me hait.Et c’est parfait.Parce qu’on ne peut pas haïr sans passion.Je me penche contre le mur du balcon, ma coupe de champagne à moitié vide dans la main. La réception continue à l’intérieur. Rires, musique, discours creux.
Chapitre 7 – SiennaLe bourdonnement incessant de mon téléphone me tire du sommeil.Je grogne, aveuglée par la lumière du matin, puis je tends la main à tâtons jusqu’à l’attraper sur la table de nuit. Quinze notifications. Dix messages. Trois appels manqués.Je cligne des yeux.Maman Julia (assistante)Bureau de presse White Corp. Et surtout…Une alerte Google News.Je me redresse d’un coup dans le lit, le cœur déjà en alerte. Mon instinct ne me trompe jamais, surtout quand il s’agit de mauvaises nouvelles. Je clique."Sienna White et Adrian De Luca fiancés en secret ?""L’empire White fusionne avec la dynastie De Luca : le mariage de l’année confirmé ?""Rumeurs d’un contrat de mariage entre deux héritiers ennemis"Mon souffle se bloque.Putain.Je bondis hors du lit, pieds nus sur le parquet, robe de chambre à moitié ouverte. Mon téléphone sonne. Encore.C’est Julia, ma fidèle assistante. Elle sait que je ne réponds jamais à la première sonnerie. Mais là, je décroche à la deuxiè
Chapitre 6 – AdrianElle ne parle pas.Elle ne m’a pas encore mis dehors non plus, ce qui, venant de Sienna White, est pratiquement un miracle.Je suis debout, à deux pas d’elle, dans ce salon immaculé qui lui ressemble. Chaque détail est précis, chaque objet à sa place. Une beauté froide, calculée, contrôlée. Comme elle.Mais je sais que sous cette surface, ça bouillonne.Je le vois dans sa posture tendue, dans la façon dont ses doigts se crispent légèrement contre le tissu de son peignoir. Et surtout dans son silence. Sienna ne se tait jamais sans raison. Quand elle ne parle pas, c’est qu’elle lutte.Je décide d’attendre. De lui laisser l’espace de répondre. Je n’ai pas besoin de précipiter les choses. Pas avec elle.Et puis, elle souffle, les yeux plantés dans les miens :— Pourquoi maintenant ?Je hausse un sourcil.— Pourquoi je viens te proposer une alliance ce soir ?Elle hoche lentement la tête, méfiante.— Parce que ce soir, tu m’as prouvé que tu étais prête à faire ce qu’il
Chapitre 5 – SiennaJ’arrache mes talons dès que la porte de mon appartement se referme derrière moi.Je les laisse tomber avec un bruit sec sur le sol en marbre, puis j’avance à grands pas vers la cuisine, le cœur encore en vrac. Une fois devant le frigo, je l’ouvre d’un geste brusque et attrape la première bouteille de vin rouge qui me tombe sous la main.J’ai besoin d’un verre.Ou deux.Ou toute la foutue bouteille.La soirée me colle encore à la peau. Le satin de ma robe me gratte, mes boucles d’oreilles me tirent les lobes, et mes joues me brûlent à force de sourire pour les photographes. Tout dans mon corps me hurle de me débarrasser de cette soirée, de cette façade, de **lui**.Je remplis un grand verre à ras bord, puis m’affale sur le canapé, robe toujours sur le dos, chignon toujours tiré, maquillage intact. Parfaitement figée dans cette version de moi que je déteste.La Sienna White mondaine. La femme qu’ils veulent que je sois.Je prends une longue gorgée de vin et ferme l
Chapitre 4 – AdrianJe sens encore la chaleur de sa main dans la mienne.Elle tremblait légèrement. Presque imperceptiblement. N’importe qui d’autre aurait cru à un frisson passager, une réaction au contact, ou au froid de la salle. Mais moi, je sais.Sienna White tremble rarement.Et quand elle le fait, ce n’est jamais à cause du froid.Elle s’est tenue à mes côtés pendant dix minutes exactement. Assez longtemps pour alimenter les rumeurs, capturer quelques regards, faire naître les premiers articles de blog. J’ai vu les flashs crépiter autour de nous, entendu les murmures dans les coins. Et elle, elle souriait. Un sourire coupant comme une lame bien aiguisée.Parfaitement maîtrisé. Comme tout ce qu’elle fait.Mais son regard, lui… il disait autre chose.Elle me hait.Et c’est parfait.Parce qu’on ne peut pas haïr sans passion.Je me penche contre le mur du balcon, ma coupe de champagne à moitié vide dans la main. La réception continue à l’intérieur. Rires, musique, discours creux.
Chapitre 3 – SiennaJe serre ma coupe de champagne si fort que mes doigts commencent à engourdir. Si quelqu’un me regarde de loin, il doit penser que je suis parfaitement à l’aise. Robe noire ajustée, cheveux tirés en un chignon parfait, sourire poli vissé sur les lèvres. L’héritière modèle.Mais à l’intérieur, je bouillonne.— Sienna, darling, tu es resplendissante ce soir.Je me retourne à moitié, découvrant le visage poudré de Marianne Langford, une amie de ma mère et surtout une commère professionnelle. Elle m’embrasse sur les deux joues comme si nous étions les meilleures amies du monde.— Merci, Marianne. Tu es ravissante également.Hypocrisie, quand tu nous tiens.Elle jette un coup d’œil vers l’autre bout de la salle, où une silhouette familière attire déjà tous les regards.— Et ce fiancé… comment résister à ce regard de braise, hm ?Je manque de m’étouffer avec mon champagne.— Ce n’est pas encore officiel.Elle sourit, faussement innocente.— Mais ça ne saurait tarder, n’e
Chapitre 2 – L’ennemie parfaiteAdrian De Luca Je l’ai vue trembler. Rien qu’un instant. Un battement de cils. Une hésitation infime. Mais c’était là.Sienna White.Toujours aussi féroce. Toujours aussi fière. Toujours aussi magnifique dans sa rage.Je descends les escaliers de la villa White en silence, un sourire discret aux lèvres. J’entends encore le claquement de ses talons sur le marbre, sa voix pleine de colère et de mépris. Elle croit que c’est moi qui ai gagné.Mais ce n’est pas un jeu. Pas encore.C’est un test.Et je vais le réussir, comme toujours.Le chauffeur m’attend devant la voiture. Je monte à l’arrière sans un mot. Je déteste cette ville. Trop de souvenirs, trop d’odeurs étouffantes, trop de visages qui veulent vous poignarder avec un sourire. Mais je suis ici pour une raison. Et elle commence par un nom : White Industries.Mon père pense qu’il m’a piégé. Il croit que ce mariage arrangé va me forcer à rentrer dans les rangs, à jouer au bon héritier, à m’assagir. Il
Chapitre 1 – Le piègeSienna White Je sens encore le goût du champagne sur ma langue quand mon monde s’effondre.Assise dans le salon glacé de mon père, entourée de murs de marbre et de silence, je regarde fixement le contrat que l’on vient de poser devant moi. C’est un document officiel, imprimé sur un papier si épais qu’on pourrait s’en servir comme arme. Chaque ligne est une menace. Chaque mot, une trahison.— C’est une blague, je murmure, le regard figé sur la dernière clause.Et pourtant, personne ne rit.Mon père est debout, le dos droit, les bras croisés. Il a ce regard froid, impénétrable, celui qu’il réserve aux conseils d’administration et aux situations de crise. À sa droite, ma mère évite soigneusement mon regard, ses doigts crispés sur sa coupe de vin blanc. Elle sait. Elle savait. Et elle ne m’a rien dit.— Tu es sérieusement en train de me dire que je dois épouser Adrian De Luca ? Ce... ce requin en costard ?!Ma voix monte, trahit la panique qui m’envahit. Je me lève