Chapitre 1 – Le piège
Sienna White
Je sens encore le goût du champagne sur ma langue quand mon monde s’effondre.
Assise dans le salon glacé de mon père, entourée de murs de marbre et de silence, je regarde fixement le contrat que l’on vient de poser devant moi. C’est un document officiel, imprimé sur un papier si épais qu’on pourrait s’en servir comme arme. Chaque ligne est une menace. Chaque mot, une trahison.
— C’est une blague, je murmure, le regard figé sur la dernière clause.
Et pourtant, personne ne rit.
Mon père est debout, le dos droit, les bras croisés. Il a ce regard froid, impénétrable, celui qu’il réserve aux conseils d’administration et aux situations de crise. À sa droite, ma mère évite soigneusement mon regard, ses doigts crispés sur sa coupe de vin blanc. Elle sait. Elle savait. Et elle ne m’a rien dit.
— Tu es sérieusement en train de me dire que je dois épouser Adrian De Luca ? Ce... ce requin en costard ?!
Ma voix monte, trahit la panique qui m’envahit. Je me lève d’un bond, repoussant la table basse, les papiers tremblent mais restent là, comme une condamnation irrévocable.
— Sienna, ce n’est pas une demande. C’est une nécessité.
La voix de mon père est calme. Trop calme. Et c’est précisément ce qui me fait flancher. Ce n’est pas un caprice. Ce n’est pas une plaisanterie. C’est une décision prise depuis longtemps, dans des bureaux feutrés où les émotions n’ont pas leur place.
— Tu as toujours dit que tu voulais être à la tête de l’entreprise, continue-t-il. Voilà ce que ça implique. Tu veux le pouvoir ? Il a un prix.
Je ris, un rire sec, sans joie.
— Un prix ? C’est un sacrifice humain, ce que tu me demandes.
Je tourne en rond dans le salon comme une lionne en cage. Mes talons claquent sur le sol, mon cœur bat à tout rompre. J’ai passé ma vie à me battre pour mériter ma place, à faire mes preuves. Je suis diplômée de Yale, j’ai décroché des contrats que même mon frère n’aurait pas osé rêver, et maintenant ? Mon avenir se résume à une alliance en or blanc et un contrat de mariage ?
Et pas avec n’importe qui. Avec Adrian De Luca.
Ce nom me donne des sueurs froides.
Je revois son visage arrogant, ses yeux trop sombres, toujours moqueurs, toujours condescendants. Depuis l’enfance, il a toujours été là, sur mon chemin. Premier partout. Premier à me faire rager. Premier à me défier, à m’humilier. Et maintenant, il sera… mon mari ?
— Tu ne peux pas me forcer à faire ça.
— Tu es libre de refuser, répond mon père. Mais dans ce cas, tu renonces à ton siège au conseil. Et à tout ce qui vient avec.
Le coup de grâce.
Je me fige. L’air devient plus lourd. Mon nom, mon héritage, tout ce pour quoi je me suis battue… Je le perds si je dis non. Parce que dans ce monde, même moi, même la fille du grand Howard White, je suis remplaçable.
Et lui, Adrian, ce fils à papa avec son sourire de prédateur, il n’attend que ça. Il attend que je plie.
— Six mois, souffle ma mère. C’est tout ce qu’on vous demande. Six mois, et après, vous divorcez. Le contrat sera rempli. Et tu pourras tourner la page.
Je la fixe, trahie.
— Tourner la page ? Maman, tu me demandes de passer six mois mariée à un homme que je déteste. Ce n’est pas un feuilleton romantique, c’est une torture légale.
Elle ne répond pas. Elle baisse les yeux.
Je serre les poings. J’ai envie de hurler. De fuir. Mais je sais que ce n’est pas une option. Mon avenir, ma carrière, mon nom… tout est en jeu.
Je me laisse tomber sur le canapé. Ma main tremble légèrement alors que je prends le contrat à deux mains.
Et là, comme une apparition infernale, il entre.
— On parlait de moi ?
Sa voix est toujours aussi suave. Toujours aussi provocante.
Je relève la tête, et mes yeux croisent les siens. Adrian De Luca est là, debout dans l’embrasure de la porte, impeccablement vêtu, comme toujours. Costume gris anthracite sur mesure, cravate fine, cheveux bruns en bataille étudiée. Et ce sourire. Ce foutu sourire carnassier.
— Je suis flatté, vraiment. C’est rare qu’on parle autant de moi sans m’inviter à la fête.
Je me lève immédiatement. Mon cœur s’accélère. La haine me brûle la gorge.
— Ce n’est pas une fête. C’est une exécution.
— Ah, charmant. Et tu comptes me tuer avant ou après la nuit de noces ?
Je serre les dents si fort que ma mâchoire en craque.
— Rêve toujours, De Luca.
Il s’approche, lentement. Chaque pas est une provocation. Il s’installe en face de moi, attrape le contrat, le parcourt du regard avec un calme insolent.
— Six mois. Facile. Je pensais que ce serait plus difficile de te supporter.
— Je ne vais pas te supporter. Je vais te survivre.
— Ouh, piquante comme toujours. Tu sais que c’est ce que je préfère chez toi ?
Je détourne les yeux. Mon père toussote, visiblement mal à l’aise devant l’électricité qui sature l’air entre nous.
— Bien. Maintenant que vous êtes tous les deux là, je vais vous laisser discuter des détails.
Et sans attendre, il quitte la pièce. Ma mère le suit, non sans m’avoir lancé un dernier regard d’excuse que je refuse de pardonner.
Je me retrouve seule avec Adrian.
— Tu es heureux, hein ? je crache. C’est ton plan depuis le début ?
Il hausse un sourcil, faussement innocent.
— Mon plan ? Sienna, tu me surestimes. Ce n’est pas moi qui ai supplié mon père de fusionner nos empires. C’est lui qui a posé cette condition. Mais je ne suis pas contre l’idée.
Il me fixe avec intensité.
— T’épouser, ça me semble être un défi... divertissant.
Je me lève d’un bond et m’approche, le regard noir.
— Tu crois que je vais jouer les épouses dociles ? Oublie. Ce mariage est un mensonge. Une façade. Et je n’ai aucune intention de te faciliter la tâche.
Son sourire s’élargit.
— Parfait. Parce que moi non plus.
Un silence.
Un de ces silences où tout peut basculer. Où la tension devient palpable. Où la haine frôle autre chose, quelque chose de plus sombre, de plus dangereux.
Il s’approche encore. Trop près. Mon cœur rate un battement.
— On va s’amuser, toi et moi, souffle-t-il.
Et il sort de la pièce, me laissant seule avec ma rage. Et avec un contrat que je vais devoir signer.
Parce que je n’ai pas le choix.
Parce que dans six mois, tout sera fini.
Mais au fond de moi, une petite voix me murmure que rien ne sera jamais plus comme avant.
Chapitre 2 – L’ennemie parfaiteAdrian De Luca Je l’ai vue trembler. Rien qu’un instant. Un battement de cils. Une hésitation infime. Mais c’était là.Sienna White.Toujours aussi féroce. Toujours aussi fière. Toujours aussi magnifique dans sa rage.Je descends les escaliers de la villa White en silence, un sourire discret aux lèvres. J’entends encore le claquement de ses talons sur le marbre, sa voix pleine de colère et de mépris. Elle croit que c’est moi qui ai gagné.Mais ce n’est pas un jeu. Pas encore.C’est un test.Et je vais le réussir, comme toujours.Le chauffeur m’attend devant la voiture. Je monte à l’arrière sans un mot. Je déteste cette ville. Trop de souvenirs, trop d’odeurs étouffantes, trop de visages qui veulent vous poignarder avec un sourire. Mais je suis ici pour une raison. Et elle commence par un nom : White Industries.Mon père pense qu’il m’a piégé. Il croit que ce mariage arrangé va me forcer à rentrer dans les rangs, à jouer au bon héritier, à m’assagir. Il
Chapitre 3 – SiennaJe serre ma coupe de champagne si fort que mes doigts commencent à engourdir. Si quelqu’un me regarde de loin, il doit penser que je suis parfaitement à l’aise. Robe noire ajustée, cheveux tirés en un chignon parfait, sourire poli vissé sur les lèvres. L’héritière modèle.Mais à l’intérieur, je bouillonne.— Sienna, darling, tu es resplendissante ce soir.Je me retourne à moitié, découvrant le visage poudré de Marianne Langford, une amie de ma mère et surtout une commère professionnelle. Elle m’embrasse sur les deux joues comme si nous étions les meilleures amies du monde.— Merci, Marianne. Tu es ravissante également.Hypocrisie, quand tu nous tiens.Elle jette un coup d’œil vers l’autre bout de la salle, où une silhouette familière attire déjà tous les regards.— Et ce fiancé… comment résister à ce regard de braise, hm ?Je manque de m’étouffer avec mon champagne.— Ce n’est pas encore officiel.Elle sourit, faussement innocente.— Mais ça ne saurait tarder, n’e
Chapitre 4 – AdrianJe sens encore la chaleur de sa main dans la mienne.Elle tremblait légèrement. Presque imperceptiblement. N’importe qui d’autre aurait cru à un frisson passager, une réaction au contact, ou au froid de la salle. Mais moi, je sais.Sienna White tremble rarement.Et quand elle le fait, ce n’est jamais à cause du froid.Elle s’est tenue à mes côtés pendant dix minutes exactement. Assez longtemps pour alimenter les rumeurs, capturer quelques regards, faire naître les premiers articles de blog. J’ai vu les flashs crépiter autour de nous, entendu les murmures dans les coins. Et elle, elle souriait. Un sourire coupant comme une lame bien aiguisée.Parfaitement maîtrisé. Comme tout ce qu’elle fait.Mais son regard, lui… il disait autre chose.Elle me hait.Et c’est parfait.Parce qu’on ne peut pas haïr sans passion.Je me penche contre le mur du balcon, ma coupe de champagne à moitié vide dans la main. La réception continue à l’intérieur. Rires, musique, discours creux.
Chapitre 5 – SiennaJ’arrache mes talons dès que la porte de mon appartement se referme derrière moi.Je les laisse tomber avec un bruit sec sur le sol en marbre, puis j’avance à grands pas vers la cuisine, le cœur encore en vrac. Une fois devant le frigo, je l’ouvre d’un geste brusque et attrape la première bouteille de vin rouge qui me tombe sous la main.J’ai besoin d’un verre.Ou deux.Ou toute la foutue bouteille.La soirée me colle encore à la peau. Le satin de ma robe me gratte, mes boucles d’oreilles me tirent les lobes, et mes joues me brûlent à force de sourire pour les photographes. Tout dans mon corps me hurle de me débarrasser de cette soirée, de cette façade, de **lui**.Je remplis un grand verre à ras bord, puis m’affale sur le canapé, robe toujours sur le dos, chignon toujours tiré, maquillage intact. Parfaitement figée dans cette version de moi que je déteste.La Sienna White mondaine. La femme qu’ils veulent que je sois.Je prends une longue gorgée de vin et ferme l
Chapitre 6 – AdrianElle ne parle pas.Elle ne m’a pas encore mis dehors non plus, ce qui, venant de Sienna White, est pratiquement un miracle.Je suis debout, à deux pas d’elle, dans ce salon immaculé qui lui ressemble. Chaque détail est précis, chaque objet à sa place. Une beauté froide, calculée, contrôlée. Comme elle.Mais je sais que sous cette surface, ça bouillonne.Je le vois dans sa posture tendue, dans la façon dont ses doigts se crispent légèrement contre le tissu de son peignoir. Et surtout dans son silence. Sienna ne se tait jamais sans raison. Quand elle ne parle pas, c’est qu’elle lutte.Je décide d’attendre. De lui laisser l’espace de répondre. Je n’ai pas besoin de précipiter les choses. Pas avec elle.Et puis, elle souffle, les yeux plantés dans les miens :— Pourquoi maintenant ?Je hausse un sourcil.— Pourquoi je viens te proposer une alliance ce soir ?Elle hoche lentement la tête, méfiante.— Parce que ce soir, tu m’as prouvé que tu étais prête à faire ce qu’il
Chapitre 7 – SiennaLe bourdonnement incessant de mon téléphone me tire du sommeil.Je grogne, aveuglée par la lumière du matin, puis je tends la main à tâtons jusqu’à l’attraper sur la table de nuit. Quinze notifications. Dix messages. Trois appels manqués.Je cligne des yeux.Maman Julia (assistante)Bureau de presse White Corp. Et surtout…Une alerte Google News.Je me redresse d’un coup dans le lit, le cœur déjà en alerte. Mon instinct ne me trompe jamais, surtout quand il s’agit de mauvaises nouvelles. Je clique."Sienna White et Adrian De Luca fiancés en secret ?""L’empire White fusionne avec la dynastie De Luca : le mariage de l’année confirmé ?""Rumeurs d’un contrat de mariage entre deux héritiers ennemis"Mon souffle se bloque.Putain.Je bondis hors du lit, pieds nus sur le parquet, robe de chambre à moitié ouverte. Mon téléphone sonne. Encore.C’est Julia, ma fidèle assistante. Elle sait que je ne réponds jamais à la première sonnerie. Mais là, je décroche à la deuxiè
Chapitre 7 – SiennaLe bourdonnement incessant de mon téléphone me tire du sommeil.Je grogne, aveuglée par la lumière du matin, puis je tends la main à tâtons jusqu’à l’attraper sur la table de nuit. Quinze notifications. Dix messages. Trois appels manqués.Je cligne des yeux.Maman Julia (assistante)Bureau de presse White Corp. Et surtout…Une alerte Google News.Je me redresse d’un coup dans le lit, le cœur déjà en alerte. Mon instinct ne me trompe jamais, surtout quand il s’agit de mauvaises nouvelles. Je clique."Sienna White et Adrian De Luca fiancés en secret ?""L’empire White fusionne avec la dynastie De Luca : le mariage de l’année confirmé ?""Rumeurs d’un contrat de mariage entre deux héritiers ennemis"Mon souffle se bloque.Putain.Je bondis hors du lit, pieds nus sur le parquet, robe de chambre à moitié ouverte. Mon téléphone sonne. Encore.C’est Julia, ma fidèle assistante. Elle sait que je ne réponds jamais à la première sonnerie. Mais là, je décroche à la deuxiè
Chapitre 6 – AdrianElle ne parle pas.Elle ne m’a pas encore mis dehors non plus, ce qui, venant de Sienna White, est pratiquement un miracle.Je suis debout, à deux pas d’elle, dans ce salon immaculé qui lui ressemble. Chaque détail est précis, chaque objet à sa place. Une beauté froide, calculée, contrôlée. Comme elle.Mais je sais que sous cette surface, ça bouillonne.Je le vois dans sa posture tendue, dans la façon dont ses doigts se crispent légèrement contre le tissu de son peignoir. Et surtout dans son silence. Sienna ne se tait jamais sans raison. Quand elle ne parle pas, c’est qu’elle lutte.Je décide d’attendre. De lui laisser l’espace de répondre. Je n’ai pas besoin de précipiter les choses. Pas avec elle.Et puis, elle souffle, les yeux plantés dans les miens :— Pourquoi maintenant ?Je hausse un sourcil.— Pourquoi je viens te proposer une alliance ce soir ?Elle hoche lentement la tête, méfiante.— Parce que ce soir, tu m’as prouvé que tu étais prête à faire ce qu’il
Chapitre 5 – SiennaJ’arrache mes talons dès que la porte de mon appartement se referme derrière moi.Je les laisse tomber avec un bruit sec sur le sol en marbre, puis j’avance à grands pas vers la cuisine, le cœur encore en vrac. Une fois devant le frigo, je l’ouvre d’un geste brusque et attrape la première bouteille de vin rouge qui me tombe sous la main.J’ai besoin d’un verre.Ou deux.Ou toute la foutue bouteille.La soirée me colle encore à la peau. Le satin de ma robe me gratte, mes boucles d’oreilles me tirent les lobes, et mes joues me brûlent à force de sourire pour les photographes. Tout dans mon corps me hurle de me débarrasser de cette soirée, de cette façade, de **lui**.Je remplis un grand verre à ras bord, puis m’affale sur le canapé, robe toujours sur le dos, chignon toujours tiré, maquillage intact. Parfaitement figée dans cette version de moi que je déteste.La Sienna White mondaine. La femme qu’ils veulent que je sois.Je prends une longue gorgée de vin et ferme l
Chapitre 4 – AdrianJe sens encore la chaleur de sa main dans la mienne.Elle tremblait légèrement. Presque imperceptiblement. N’importe qui d’autre aurait cru à un frisson passager, une réaction au contact, ou au froid de la salle. Mais moi, je sais.Sienna White tremble rarement.Et quand elle le fait, ce n’est jamais à cause du froid.Elle s’est tenue à mes côtés pendant dix minutes exactement. Assez longtemps pour alimenter les rumeurs, capturer quelques regards, faire naître les premiers articles de blog. J’ai vu les flashs crépiter autour de nous, entendu les murmures dans les coins. Et elle, elle souriait. Un sourire coupant comme une lame bien aiguisée.Parfaitement maîtrisé. Comme tout ce qu’elle fait.Mais son regard, lui… il disait autre chose.Elle me hait.Et c’est parfait.Parce qu’on ne peut pas haïr sans passion.Je me penche contre le mur du balcon, ma coupe de champagne à moitié vide dans la main. La réception continue à l’intérieur. Rires, musique, discours creux.
Chapitre 3 – SiennaJe serre ma coupe de champagne si fort que mes doigts commencent à engourdir. Si quelqu’un me regarde de loin, il doit penser que je suis parfaitement à l’aise. Robe noire ajustée, cheveux tirés en un chignon parfait, sourire poli vissé sur les lèvres. L’héritière modèle.Mais à l’intérieur, je bouillonne.— Sienna, darling, tu es resplendissante ce soir.Je me retourne à moitié, découvrant le visage poudré de Marianne Langford, une amie de ma mère et surtout une commère professionnelle. Elle m’embrasse sur les deux joues comme si nous étions les meilleures amies du monde.— Merci, Marianne. Tu es ravissante également.Hypocrisie, quand tu nous tiens.Elle jette un coup d’œil vers l’autre bout de la salle, où une silhouette familière attire déjà tous les regards.— Et ce fiancé… comment résister à ce regard de braise, hm ?Je manque de m’étouffer avec mon champagne.— Ce n’est pas encore officiel.Elle sourit, faussement innocente.— Mais ça ne saurait tarder, n’e
Chapitre 2 – L’ennemie parfaiteAdrian De Luca Je l’ai vue trembler. Rien qu’un instant. Un battement de cils. Une hésitation infime. Mais c’était là.Sienna White.Toujours aussi féroce. Toujours aussi fière. Toujours aussi magnifique dans sa rage.Je descends les escaliers de la villa White en silence, un sourire discret aux lèvres. J’entends encore le claquement de ses talons sur le marbre, sa voix pleine de colère et de mépris. Elle croit que c’est moi qui ai gagné.Mais ce n’est pas un jeu. Pas encore.C’est un test.Et je vais le réussir, comme toujours.Le chauffeur m’attend devant la voiture. Je monte à l’arrière sans un mot. Je déteste cette ville. Trop de souvenirs, trop d’odeurs étouffantes, trop de visages qui veulent vous poignarder avec un sourire. Mais je suis ici pour une raison. Et elle commence par un nom : White Industries.Mon père pense qu’il m’a piégé. Il croit que ce mariage arrangé va me forcer à rentrer dans les rangs, à jouer au bon héritier, à m’assagir. Il
Chapitre 1 – Le piègeSienna White Je sens encore le goût du champagne sur ma langue quand mon monde s’effondre.Assise dans le salon glacé de mon père, entourée de murs de marbre et de silence, je regarde fixement le contrat que l’on vient de poser devant moi. C’est un document officiel, imprimé sur un papier si épais qu’on pourrait s’en servir comme arme. Chaque ligne est une menace. Chaque mot, une trahison.— C’est une blague, je murmure, le regard figé sur la dernière clause.Et pourtant, personne ne rit.Mon père est debout, le dos droit, les bras croisés. Il a ce regard froid, impénétrable, celui qu’il réserve aux conseils d’administration et aux situations de crise. À sa droite, ma mère évite soigneusement mon regard, ses doigts crispés sur sa coupe de vin blanc. Elle sait. Elle savait. Et elle ne m’a rien dit.— Tu es sérieusement en train de me dire que je dois épouser Adrian De Luca ? Ce... ce requin en costard ?!Ma voix monte, trahit la panique qui m’envahit. Je me lève