2

D'accord, apparemment la nouvelle ne s'était pas répandue aussi vite que je le pensais.

Je rajustai ma chemise tandis que Howl expédiait les annonces ennuyeuses à mourir sur le club d'échecs et d'autres conneries du genre.

Si seulement tout le monde avait un harem, ils seraient trop occupés pour le club d'échecs. Quoique, je suis sûre qu'ils trouveraient de meilleures utilisations pour les pièces.

Je m'extirpai de ce fantasme érotique aussi vite que possible. Je n'avais pas besoin que mon esprit s'égare, surtout avec le dieu du sexe Howl qui me faisait des clins d'œil suggestifs.

— C'est tout pour aujourd'hui, conclut Howl, me tirant heureusement l'esprit du caniveau. Des questions ?

Je me crispai, jetant des regards furtifs autour de moi en pariant mentalement sur qui allait se manifester en premier. Il n'y eut que des murmures de non, ou des hochements de tête silencieux tandis que les élèves continuaient de griffonner sur leurs papiers.

Qu'est-ce que c'était que ce bordel ? Où étaient la stupéfaction, le soulagement surpris ? Je regardai Howl d'un air interrogateur, mais le gars restait bouche cousue, secouant la tête en se dirigeant vers l'endroit où je rassemblais rapidement mes affaires.

— Qu'est-ce qui se passe ? demandai-je dans un chuchotement aussi discret que possible, Scarlet et les jumeaux félins se dirigeant déjà vers nous.

— On nous a ordonné de ne pas parler de ce qui s'est passé, dit Howl avec un grognement, nous conduisant tous vers la porte. Je suppose qu'il n'avait plus cours avec Saenger en première période non plus.

— De ne pas en parler ? répéta Evan en imitant Howl. Enfin, un Howl dégoûté.

— Comment les gens sauront-ils pour le fromage carbonisé ? renchérit Owen sur le même ton.

— Le fromage carbonisé survit, dit Howl, alors que nous nous précipitions tous dans le couloir vers la salle de classe. Ils n'ont pas pu étouffer ça. Tout le reste...

Howl s'arrêta net, se tournant pour nous faire face à l'intersection de deux couloirs.

— Je n'en parlerais pas si j'étais vous, les gars, dit Howl, passant ses mains dans ses cheveux avant de m'attirer contre lui, cette proximité envoyant un frisson à travers moi, ma louve se détendant. Je n'avais même pas réalisé que j'étais si tendue.

Mon Dieu, ce truc de contact entre compagnons était vraiment réel. Ma louve grogna de contentement. Je me blottis contre lui, reconnaissante quand son bras entoura ma taille.

— Je ne sais pas ce qui se passe, poursuivit Howl comme si des loups heureux étaient tout à fait normaux. Mais ce n'est rien de bon. Tout le week-end, mon père était absent, je n'ai vu ni Selene, ni Jackson, aucun d'entre eux. Pas avant ce matin quand il m'a donné le décret de silence.

— Le décret de silence ? Je grimaçai et les mains de Howl parcoururent ma colonne vertébrale. Ça sonne sinistre.

— Ça l'est, confirma Owen, qui n'était plus dégoûté par son manque de célébrité due au fromage carbonisé. Si c'est ce qui s'est passé, alors Howl a raison. On doit se faire discrets. Enfin, vous devez vous faire discrets. Il nous désigna, Howl, Scarlet et moi.

— Owen et moi sommes innocents. Pas de punitions pour nous, ajouta Evan. Et avant que quiconque puisse intervenir, les jumeaux étaient partis. Nous laissant tous les trois seuls. Scarlet avait l'air sur le point de faire pipi dans sa culotte.

— Ce n'est pas si terrible, leur cria Howl, mais ils étaient déjà loin. Il ne restait plus que nous et quelques élèves perplexes qui ne comprenaient pas pourquoi Howl criait. Soyez juste prudents. Je chercherai Saxon plus tard. Mais prévoyez une réunion.

J'acquiesçai, Scarlet tremblait, et Howl se pencha, pressant ses lèvres contre les miennes, les entrouvrant avant de remonter pour m'embrasser sur le nez.

— Fais-moi savoir si tu as besoin de moi, il m'embrassa à nouveau sur le nez, je serai là en un instant.

Je l'embrassai une dernière fois avant qu'il ne parte, Scarlet et moi restant au milieu du couloir comme des caniches tremblants.

— Si je finis par vivre comme un renard en mangeant des rats pour le reste de ma vie à cause de ça, je ne te le pardonnerai jamais.

Je levai les yeux au ciel face au mélodrame de Scarlet.

— Tu ne vas pas avoir à manger des rats pour le reste de ta vie. Je secouai la tête et attrapai son bras, la traînant derrière moi. Ils ne veulent pas que les gens sachent à quel point ils sont une bande de losers bizarres. Je veux dire, on leur a totalement botté le cul !

— Mais pourquoi étouffer l'affaire ? chuchota Scarlet alors que la dernière sonnerie retentissait. À moins qu'ils ne veuillent pas que quiconque sache pourquoi Nicky s'est fait virer.

— Hmm, dans ce cas, on devra peut-être laisser filtrer l'info.

Ce semestre, Scarlet et moi avions Économie juste après la période d'accueil. Qui sait ce que les métamorphes avaient à voir avec l'économie, mais j'étais déjà trop en retard pour le découvrir. Nous nous précipitâmes dans les escaliers et vers la classe, faisant toutes les deux irruption par la porte alors que le professeur était sur le point de commencer. Ignorant le regard noir de la vieille dame, je me laissai tomber sur mon siège et tendis la main vers mon sac, qui n'était plus seulement rempli de vieux manuels ennuyeux, mais contenait aussi un morceau de papier bleu clair. Mon cœur fit un bond.

Baise-moi deux fois et appelle-moi jolie. Je savais de qui venait ce mot.

Un gars qui m'avait effectivement baisée deux fois et appelée jolie.

Je ne m'étais jamais considérée comme une fille fleur bleue, mais putain, nous y voilà.

J'allais ouvrir le mot, prête à ignorer le discours d'ouverture du professeur et à me perdre dans l'écriture élégante de Finn quand la lourde porte métallique de la salle de classe s'ouvrit brusquement et environ cinq personnes entrèrent en trombe.

Nicky ouvrait la marche.