Mais malgré cela, Elias demeurait impassible. Son visage restait sans expression, ses yeux froids et vides de toute émotion. La souffrance, qu’elle soit physique ou mentale, ne devait pas passer par son regard. C’était une règle qu’il s’était imposée, et il n’allait pas y déroger. Tout ce qu'il voulait, c’était ne pas leur donner ce qu'ils attendaient : une réaction, un signe de faiblesse.
À l'intérieur, cependant, le feu de la douleur brûlait intensément. La peau de sa paume était rouge, gonflée, et la douleur semblait se diffuser jusqu’à ses os. Mais Elias savait que la moindre réaction de sa part offrirait une victoire à ses tortionnaires, et il n’était pas prêt à leur accorder cette satisfaction.
Les seconds passèrent comme des heures, et même lorsque Madeleine se détourna, qu’Adrien se lança dans une conversation banale avec Margaux, et que la pièce retrouva une certaine quiétude, Elias resta figé, la paume serrée, son regard toujours fixé sur le sol. Ses mains tremblaient légèrement sous le choc, mais rien n'apparaissait à l'extérieur. Il se forçait à respirer calmement, à ignorer la douleur, à se concentrer sur son but ultime : survivre à cette famille, et trouver un jour le moyen de se libérer de leur emprise.
Le silence s’installa brutalement dans la salle à manger lorsque Auguste Moreau fit son entrée. Son simple passage suffisait à imposer le respect. Patriarche de la famille, homme d’affaires redoutable et figure imposante malgré son âge avancé et la maladie qui l'affaiblissait, il était le seul à ne pas traiter Elias comme un indésirable.
D’un regard perçant, il observa la scène. Ses yeux fatigués, mais toujours aussi acérés, balayèrent la pièce avant de s’attarder sur la main rougie de son petit-fils. Une brûlure fraîche, une peau gonflée par la chaleur du liquide bouillant. Son expression se durcit.
— Que s’est-il passé ici ? demanda-t-il d’une voix grave.
Personne ne répondit immédiatement. Les domestiques baissèrent la tête, hésitant à parler, sachant que la vérité pourrait leur coûter leur place. Le silence s’étira, pesant, jusqu’à ce que Madeleine intervienne, son sourire froid aux lèvres.
— Un simple accident, père. Elias est un peu maladroit, vous savez…
Sa voix mielleuse cachait à peine son amusement. Elle savait qu’Auguste ne la croyait jamais vraiment, mais cela ne l’empêchait pas d’arranger la vérité à son avantage.
Auguste ne répondit pas immédiatement. Il se contenta de la fixer un instant avant de reporter son attention sur Elias. Ce dernier, fidèle à son rôle de sourd-muet, garda la tête baissée, ne laissant transparaître aucune émotion. Il devait rester invisible.
Mais Auguste n’était pas dupe. Il voyait au-delà du silence, au-delà des apparences.
Dans un geste aussi inattendu qu’inhabituel, il s’approcha et posa une main lourde et réconfortante sur l’épaule d’Elias. Un geste simple, mais porteur de tant de significations.
— Tu es un Moreau, Elias. Ne l’oublie jamais.
Le silence s’épaissit dans la pièce.
C’était la première fois qu’un membre de cette famille lui adressait un mot qui ne soit pas teinté de mépris.
Madeleine pinça légèrement les lèvres, mais garda son masque d’indifférence. Adrien et Margaux, eux, se jetèrent un regard, oscillant entre mécontentement et surprise.
Elias, quant à lui, ne réagit pas immédiatement. Pourtant, dans les tréfonds de son être, un frisson le parcourut. Ces quelques mots résonnèrent en lui avec une intensité qu’il n’aurait jamais cru possible.
Peut-être que quelqu’un, quelque part, ne l’avait pas totalement oublié.
La nuit était tombée sur le manoir Moreau, un silence lourd et suffocant enveloppant chaque recoin de la maison. Elias, enfermé dans sa chambre, se tenait face à un miroir, la lumière tamisée de la lampe de chevet dessinant des ombres sur ses traits. Ses doigts tremblaient légèrement lorsqu'il commença à défaire le bandage qui entourait sa main.
La douleur de la brûlure avait disparu, remplacée par un picotement, une sensation de gêne et d’agacement, mais cela ne l’affectait plus. Ce qui le préoccupait, c'était la douleur beaucoup plus profonde qui résidait dans son cœur, cette brûlure invisible, causée par l'humiliation constante qu’il subissait.
Elias n'était pas le jeune homme fragile qu'ils pensaient. Il n'était pas le sourd muet qu'il s'était efforcé d'être. Au contraire, il était parfaitement conscient de tout ce qui se passait autour de lui, des moqueries, des sous-entendus, des regards méprisants. Il entendait tout.
Les conversations en apparence anodines entre ses demi-sœurs, les éclats de rire faussement sincères de sa belle-mère, les commentaires cruels de son demi-frère Adrien. Ils croyaient qu’il était un mouton sans voix, une victime silencieuse qu’ils pouvaient manipuler à leur guise. Mais Elias savait qu'il n'était qu'un acteur dans un jeu de rôle qu'il avait choisi de mener, et ce jeu ne faisait que commencer.
Il ferma les yeux un instant, puis les rouvrit avec une détermination calme mais implacable. Il se leva et s’approcha de son bureau. Il y avait une lettre cachée sous un tas de papiers, un simple indice qui pourrait tout changer, un témoignage de ce qu’il savait sur les manœuvres secrètes de sa famille. Mais il n'était pas encore prêt à tout révéler. Non, il devait attendre le bon moment.
Dans l'obscurité de la nuit, il se permit un léger sourire. Si seulement ils savaient qu’il les observait, qu’il comprenait tout. Mais pour l'instant, il resterait dans l’ombre. L'homme qu'ils pensaient faible et sans défense avait un pouvoir qu’ils ignoraient.
Chaque mot qu'il retenait, chaque silence qu’il maintenait, serait un instrument pour sa révélation future, pour le moment où il pourrait faire tomber les murs de leur impunité. Et ce jour-là, il n’oublierait rien. Il les punirait de la même manière dont ils l'avaient traité.
Elias savait que la vengeance se nourrissait de patience. Il laissait volontairement couler chaque humiliation, chaque insulte, comme un poison lentement ingéré. Mais il n'était pas pressé. Le moment viendrait, et il serait prêt.
Elias Moreau aurait dû être l’héritier légitime de l’empire familial. Tout, depuis son enfance, l’avait préparé à cette position. Il était le fils de Marc Moreau, un homme respecté dans le monde des affaires, et son nom était synonyme de prestige et de pouvoir. Auguste Moreau, son grand-père, avait bâti l'empire à partir de rien, et il espérait secrètement que son petit-fils marcherait dans ses pas, continuant à faire croître la richesse et l’influence de la famille.Mais la réalité d'Elias était bien différente. Au lieu de se tenir aux côtés des grandes figures du monde des affaires dans la salle de réunion luxueuse du dernier étage, il passait ses journées à effectuer des tâches subalternes, invisibles et dégradantes. Il était un simple employé parmi les autres, un fantôme dans l’ombre des figures qui se voyaient attribuer les véritables responsabilités. Et cela, grâce à Madeleine, sa belle-mère, et Adrien, son demi-frère.Officiellement, sa situation semblait être une simple questi
Adrien ne se contentait pas de rabaisser Elias par de simples mots ; pour lui, chaque interaction était une occasion de montrer son autorité, de renforcer sa domination. Ce jour-là, comme tous les autres, il attendait sa proie, Elias, avec l’impatience d’un prédateur. Le hall de l’entreprise résonnait encore des voix des employés, des chuchotements à peine étouffés, lorsqu’Elias fit son entrée, seul, son regard fixé droit devant lui, comme un homme en marche vers un destin qu’il n’avait pas choisi. Mais cette marche était interrompue par le bruit de la voix d’Adrien, aussi tranchante qu’une lame.— "Tiens, voilà notre employé modèle !" annonça-t-il d’un ton exagérément joyeux, comme s’il venait de retrouver un vieux compagnon, alors qu’il n’était en réalité qu'un tyran se délectant de sa victime. "Elias, sois gentil et va me chercher un café. Noir, sans sucre."Les yeux des employés se tournèrent lentement vers Elias. Quelques-uns essayaient de ne pas se faire remarquer, mais les rega
Le matin suivant, Elias avait trouvé une enveloppe déposée sur son bureau dans le service des archives. L'enveloppe, simple mais formelle, portait l’inscription de l’entreprise et un cachet qui ne laissait aucune place à l’incertitude : "Convocation officielle." À l’intérieur, une lettre soigneusement pliée révélait l’invitation, signée de la main du PDG par intérim, Adrien Moreau. Le contenu était simple et direct : "Réunion de stratégie à 10h00, salle de conférence, bâtiment principal."Bien qu'il fût bien conscient de l’ironie de la situation, Elias avait décidé d’y aller. Il savait que cela ne signifiait rien de bon, mais il ne pouvait pas se permettre de paraître faible. Si Adrien voulait l’humilier, il lui en donnerait l’occasion. Mais il ne serait pas le jouet silencieux qu’on attendait de lui.La salle de réunion était imposante, comme un temple du pouvoir. Les murs de verre permettaient de contempler la ville étendue en contrebas, mais aussi d’être observé depuis l’extérieur,
Le calme d’Elias était presque palpable, une aura de maîtrise qui coupait toute communication autour de lui. Même sous l’humiliation publique, il demeurait implacable, presque serein, comme si tout ce qui se passait autour de lui n’avait aucune prise sur son esprit. Ce qu’il ressentait à l’intérieur n’était pas visible pour les autres. Il ne se permettait pas d’exprimer sa colère, de montrer son malaise. Chaque moquerie qu’il subissait était méticuleusement enfouie, stockée, accumulée, pour être utilisée plus tard.La réunion avait pris une tournure attendue. Elias savait que cette convocation n’était qu’un prétexte pour l’humilier, pour faire de lui le centre de toutes les moqueries. Mais tout ce qui se passait dans cette pièce, chaque mouvement d’Adrien, chaque rire étouffé des actionnaires, était un détail qu’il enregistrait avec une précision froide. Ils ne comprenaient pas que le plus grand pouvoir qu’il avait était justement de ne rien montrer, de ne pas réagir à leur manipulati
Gabriel resta silencieux un instant, le regard plongé dans celui d’Elias. Il connaissait cet homme mieux que quiconque. Derrière son apparente tranquillité, il voyait l’orage qui grondait, la tempête qui se préparait. Elias n’était pas faible. Non, il était un stratège, un joueur d’échecs qui ne bougeait ses pièces qu’au moment opportun.Mais cela n’empêchait pas Gabriel de s’inquiéter.Il soupira et se redressa, décroisant les bras. Son regard bleu s’assombrit légèrement.— J’espère que tu sais ce que tu fais, murmura-t-il.Elias ne répondit pas immédiatement. Il referma le classeur et le posa sur le côté du bureau, avant de relever calmement les yeux vers Gabriel.— Toujours.Un silence pesa entre eux, lourd de sous-entendus. Gabriel savait qu’il n’obtiendrait pas plus d’explications. Elias était ainsi : il ne révélait ses cartes que lorsqu’il l’avait décidé.Gabriel fit un pas vers la porte, posa la main sur la poignée, puis s’arrêta. Sans se retourner, il laissa tomber d’une voix
La salle de réception du Ritz resplendissait sous la lueur des immenses lustres en cristal. Les tables couvertes de nappes en satin blanc regorgeaient de mets raffinés, et les serveurs circulaient avec des coupes de champagne pétillant sous les lumières tamisées.Les plus grands noms de la finance, des actionnaires influents et des familles puissantes échangeaient des politesses feintes, riant à des plaisanteries superficielles.Dans le grand hall du Ritz, la musique suave des violons remplissait l’air, accompagnée des éclats de rires et des murmures des invités. Les chandeliers suspendus au plafond diffusaient une lumière dorée, créant une atmosphère feutrée et presque irréelle. Les invités, tous impeccablement habillés, formaient des groupes autour de petites tables élégantes, dégustant des cocktails raffinés et échangeant des sourires forcés.Au milieu de cette scène, Elias se sentait comme un intrus. Les autres invités, vêtus de leurs tenues sophistiquées et de leurs sourires assu
Margaux n’en avait pas fini. Elle s’approcha de lui, délibérément lente, un sourire plus large que jamais se dessinant sur son visage. Elle leva son verre de champagne, le tenant à hauteur de son épaule, et le vida sur l’épaule d’Elias avec un geste théâtral.Un silence de mort s'abattit immédiatement sur la salle. Les invités, qui avaient ri si fort quelques instants plus tôt, se figèrent, choqués par le geste. Les murmures circulèrent rapidement, comme des étincelles dans une prairie sèche.Certains invités se regardèrent, choqués, tandis que d’autres attendaient avec impatience la réaction d’Elias, observant avidement, cherchant à voir si la pression finirait par l’emporter. Les plus cyniques savouraient déjà l'humiliation, certains se retenant de sourire ouvertement.Les regards des puissants semblaient chercher à lire la moindre faille dans le comportement d’Elias. Les regards des femmes se faisaient curieux, presque victorieux, tandis que les hommes paraissaient fascinés par la
Elias se détourna lentement de la scène. Ses pas résonnaient dans la grande salle, mais l'écho de l'humiliation semblait avoir perdu sa portée. Il traversa la foule, sans se presser, sans chercher à éviter les regards qui continuaient de l'assaillir. Il s’enfonça dans le hall, cherchant la sortie discrète qui le mènerait aux toilettes, loin des regards curieux et des rires étouffés.Il poussa la porte des toilettes d’un coup de pied et s'engouffra à l’intérieur. L’atmosphère était plus calme, mais son esprit tourbillonnait encore. Il n’avait pas réagi comme on l’attendait. Pas de colère, pas de faiblesse, juste un silence glacé. Et c’était peut-être là sa plus grande victoire. Mais cela ne suffirait pas.Un léger bruit de tissu fit écho dans la pièce. Elias se figea, le regard se braquant sur l’ombre qui se dessina dans le coin des toilettes. Gabriel, le fidèle assistant de la famille, se tenait là, une silhouette imposante, un sourire presque imperceptible sur les lèvres.— Tu n'as p
Les premiers jours furent durs. Chaque matin, Elias se levait tôt, ses muscles endoloris par les efforts physiques de la veille. Les contremaîtres, toujours sceptiques, lui donnaient des tâches supplémentaires, le poussant à ses limites. Le bruit incessant des machines, les odeurs d’huile et de métal, tout cela aurait pu le décourager. Mais Elias tenait bon. Il savait qu'il n'avait pas le droit d'échouer. Pas seulement pour lui-même, mais aussi pour ce que cette épreuve représentait.Les ouvriers, eux, le regardaient de loin, leurs yeux emplis de doute et de moquerie. Ils espéraient qu’il abandonnerait, qu’il se retirerait dans son monde confortable de privilégié. Mais chaque jour, ils le voyaient revenir, encore et encore, sans jamais fléchir, sans jamais se laisser abattre. Petit à petit, quelque chose changea dans leur regard.Un jour alors qu'il travaillait, il ajusta le volant du chariot élévateur avec une précision presque militaire, ses yeux fixés sur les rangées de palettes em
L'air du matin était encore frais lorsque les premiers employés arrivèrent au siège de Moreau & Co. L’imposant immeuble de verre et d’acier, symbole du prestige familial, dominait le quartier des affaires. Tout ici respirait le luxe et l’élégance : les ascenseurs silencieux, les bureaux en bois précieux, les œuvres d’art soigneusement disposées dans les couloirs.Mais pour Elias Moreau, ces murs n’avaient rien d’accueillant. Ils étaient une prison dorée dans laquelle il évoluait sans bruit, sans éclat, toujours en marge.Il traversa le vaste open-space sous les regards furtifs des employés, qui s’écartèrent sur son passage avec cette politesse feinte qu’on réserve aux parias. Ici, il était invisible. Et pourtant, tout le monde savait qu’il était là.Sur son bureau l’attendait une pile de documents. Un détail qui, en soi, n’avait rien d’étonnant. Mais Elias savait reconnaître une anomalie quand il en voyait une.Les tâches qu’on lui confiait étaient d’ordinaire plus administratives. Or
Qand Elias tourna la tête, leurs regards se croisèrent. Un instant suspendu, où le bruit du gala sembla se dissiper autour d’eux, laissant place à une intensité palpable entre les deux. Les yeux d’Alix restèrent fixés sur lui, sans détourner le regard. Elle n’était pas du genre à se dérober, à fuir un défi silencieux. Elle l’observait, sans dissimulation, sans la moindre gêne, un demi-sourire amusé flottant sur ses lèvres.Elle s'attendait à ce qu'il agisse comme il le faisait avec tous les autres : ignorer, feindre l'indifférence, se fondre dans l'ombre, disparaître une fois de plus derrière son masque de calme. C’était ce qu’il faisait toujours. Ce qui le rendait si… prévisible.Mais cette fois, quelque chose avait changé. Elias la fixa en retour, sans fuir, sans cacher ses yeux glacés dans les ténèbres de la pièce. Un regard ferme, implacable. Il ne cherchait pas à se cacher. Il ne cherchait pas à fuir la confrontation. Il l'affrontait. C’était un regard sans compromis, comme s'il
Elias se détourna lentement de la scène. Ses pas résonnaient dans la grande salle, mais l'écho de l'humiliation semblait avoir perdu sa portée. Il traversa la foule, sans se presser, sans chercher à éviter les regards qui continuaient de l'assaillir. Il s’enfonça dans le hall, cherchant la sortie discrète qui le mènerait aux toilettes, loin des regards curieux et des rires étouffés.Il poussa la porte des toilettes d’un coup de pied et s'engouffra à l’intérieur. L’atmosphère était plus calme, mais son esprit tourbillonnait encore. Il n’avait pas réagi comme on l’attendait. Pas de colère, pas de faiblesse, juste un silence glacé. Et c’était peut-être là sa plus grande victoire. Mais cela ne suffirait pas.Un léger bruit de tissu fit écho dans la pièce. Elias se figea, le regard se braquant sur l’ombre qui se dessina dans le coin des toilettes. Gabriel, le fidèle assistant de la famille, se tenait là, une silhouette imposante, un sourire presque imperceptible sur les lèvres.— Tu n'as p
Margaux n’en avait pas fini. Elle s’approcha de lui, délibérément lente, un sourire plus large que jamais se dessinant sur son visage. Elle leva son verre de champagne, le tenant à hauteur de son épaule, et le vida sur l’épaule d’Elias avec un geste théâtral.Un silence de mort s'abattit immédiatement sur la salle. Les invités, qui avaient ri si fort quelques instants plus tôt, se figèrent, choqués par le geste. Les murmures circulèrent rapidement, comme des étincelles dans une prairie sèche.Certains invités se regardèrent, choqués, tandis que d’autres attendaient avec impatience la réaction d’Elias, observant avidement, cherchant à voir si la pression finirait par l’emporter. Les plus cyniques savouraient déjà l'humiliation, certains se retenant de sourire ouvertement.Les regards des puissants semblaient chercher à lire la moindre faille dans le comportement d’Elias. Les regards des femmes se faisaient curieux, presque victorieux, tandis que les hommes paraissaient fascinés par la
La salle de réception du Ritz resplendissait sous la lueur des immenses lustres en cristal. Les tables couvertes de nappes en satin blanc regorgeaient de mets raffinés, et les serveurs circulaient avec des coupes de champagne pétillant sous les lumières tamisées.Les plus grands noms de la finance, des actionnaires influents et des familles puissantes échangeaient des politesses feintes, riant à des plaisanteries superficielles.Dans le grand hall du Ritz, la musique suave des violons remplissait l’air, accompagnée des éclats de rires et des murmures des invités. Les chandeliers suspendus au plafond diffusaient une lumière dorée, créant une atmosphère feutrée et presque irréelle. Les invités, tous impeccablement habillés, formaient des groupes autour de petites tables élégantes, dégustant des cocktails raffinés et échangeant des sourires forcés.Au milieu de cette scène, Elias se sentait comme un intrus. Les autres invités, vêtus de leurs tenues sophistiquées et de leurs sourires assu
Gabriel resta silencieux un instant, le regard plongé dans celui d’Elias. Il connaissait cet homme mieux que quiconque. Derrière son apparente tranquillité, il voyait l’orage qui grondait, la tempête qui se préparait. Elias n’était pas faible. Non, il était un stratège, un joueur d’échecs qui ne bougeait ses pièces qu’au moment opportun.Mais cela n’empêchait pas Gabriel de s’inquiéter.Il soupira et se redressa, décroisant les bras. Son regard bleu s’assombrit légèrement.— J’espère que tu sais ce que tu fais, murmura-t-il.Elias ne répondit pas immédiatement. Il referma le classeur et le posa sur le côté du bureau, avant de relever calmement les yeux vers Gabriel.— Toujours.Un silence pesa entre eux, lourd de sous-entendus. Gabriel savait qu’il n’obtiendrait pas plus d’explications. Elias était ainsi : il ne révélait ses cartes que lorsqu’il l’avait décidé.Gabriel fit un pas vers la porte, posa la main sur la poignée, puis s’arrêta. Sans se retourner, il laissa tomber d’une voix
Le calme d’Elias était presque palpable, une aura de maîtrise qui coupait toute communication autour de lui. Même sous l’humiliation publique, il demeurait implacable, presque serein, comme si tout ce qui se passait autour de lui n’avait aucune prise sur son esprit. Ce qu’il ressentait à l’intérieur n’était pas visible pour les autres. Il ne se permettait pas d’exprimer sa colère, de montrer son malaise. Chaque moquerie qu’il subissait était méticuleusement enfouie, stockée, accumulée, pour être utilisée plus tard.La réunion avait pris une tournure attendue. Elias savait que cette convocation n’était qu’un prétexte pour l’humilier, pour faire de lui le centre de toutes les moqueries. Mais tout ce qui se passait dans cette pièce, chaque mouvement d’Adrien, chaque rire étouffé des actionnaires, était un détail qu’il enregistrait avec une précision froide. Ils ne comprenaient pas que le plus grand pouvoir qu’il avait était justement de ne rien montrer, de ne pas réagir à leur manipulati
Le matin suivant, Elias avait trouvé une enveloppe déposée sur son bureau dans le service des archives. L'enveloppe, simple mais formelle, portait l’inscription de l’entreprise et un cachet qui ne laissait aucune place à l’incertitude : "Convocation officielle." À l’intérieur, une lettre soigneusement pliée révélait l’invitation, signée de la main du PDG par intérim, Adrien Moreau. Le contenu était simple et direct : "Réunion de stratégie à 10h00, salle de conférence, bâtiment principal."Bien qu'il fût bien conscient de l’ironie de la situation, Elias avait décidé d’y aller. Il savait que cela ne signifiait rien de bon, mais il ne pouvait pas se permettre de paraître faible. Si Adrien voulait l’humilier, il lui en donnerait l’occasion. Mais il ne serait pas le jouet silencieux qu’on attendait de lui.La salle de réunion était imposante, comme un temple du pouvoir. Les murs de verre permettaient de contempler la ville étendue en contrebas, mais aussi d’être observé depuis l’extérieur,