Adrien ne se contentait pas de rabaisser Elias par de simples mots ; pour lui, chaque interaction était une occasion de montrer son autorité, de renforcer sa domination. Ce jour-là, comme tous les autres, il attendait sa proie, Elias, avec l’impatience d’un prédateur. Le hall de l’entreprise résonnait encore des voix des employés, des chuchotements à peine étouffés, lorsqu’Elias fit son entrée, seul, son regard fixé droit devant lui, comme un homme en marche vers un destin qu’il n’avait pas choisi. Mais cette marche était interrompue par le bruit de la voix d’Adrien, aussi tranchante qu’une lame.
— "Tiens, voilà notre employé modèle !" annonça-t-il d’un ton exagérément joyeux, comme s’il venait de retrouver un vieux compagnon, alors qu’il n’était en réalité qu'un tyran se délectant de sa victime. "Elias, sois gentil et va me chercher un café. Noir, sans sucre."
Les yeux des employés se tournèrent lentement vers Elias. Quelques-uns essayaient de ne pas se faire remarquer, mais les regards discrets trahissaient leur amusement. Un rire nerveux, presque gêné, s’échappa de certains, mais personne ne fit le moindre geste pour aider Elias. Tout le monde savait que lui, Elias, ne pouvait répliquer, et c’était cela qui amusait tant Adrien.
Le regard d’Adrien se plongea dans celui de son demi-frère, cherchant à capter chaque réaction, chaque émotion. Mais Elias resta figé, son masque de calme parfait dissimulant la colère qui bouillonnait en lui. Adrien prit un malin plaisir à le scruter, ses yeux brillants de malice, comme un roi observant son sujet accablé.
— "Oh pardon, j’avais oublié ! Il n’entend rien," reprit Adrien d’un ton de fausse surprise, sa voix montant encore dans le sarcasme. "C’est vrai que c’est compliqué de donner des ordres à quelqu’un qui ne peut pas écouter."
Les rires fusèrent à nouveau, plus forts cette fois. Certaines têtes se tournaient, d’autres baissaient les yeux, gênées par la scène, mais personne n'osait intervenir. Ils étaient tous devenus des spectateurs passifs, complices de l’humiliation d'Elias. Un murmure circula rapidement dans la pièce : « Encore Elias, toujours Elias. » Mais aucune main ne se leva pour l'aider, aucune parole ne vint défendre l’héritier.
Adrien se permit même de faire quelques pas vers lui, l'ironiquement surnommé "l'employé modèle". Il s'approcha à tel point qu'il pouvait presque sentir la tension sur le corps d'Elias. Les autres se tenaient en retrait, conscients que l'attaque avait bien été calculée. C'était une humiliation de plus, une manière de montrer que Elias, malgré son nom, était désormais un serviteur, rien de plus qu'un accessoire sans valeur dans ce monde d’ambition et de pouvoir.
Elias, cependant, ne bougea pas. Son corps était tendu, chaque muscle contraint à l'immobilité, comme si un seul mouvement pouvait trahir la colère qui montait en lui. Ses poings étaient fermés, ses ongles enfoncés dans la paume de ses mains, mais il ne répondit pas. Pas un mot. Pas un geste. Il détourna les yeux, sa tête légèrement baissée, comme s'il était trop faible, trop inférieur pour même supporter un regard en retour.
Tout autour de lui, les rires se sont amplifiés, les visages souriants et délectés. Le silence après l'attaque était lourd, presque palpable, jusqu'à ce que quelqu’un, un employé, ose marmonner, d’un ton moqueur :
— "Qui aurait cru qu'un Moreau finirait par servir le café ?"
Les autres éclatèrent de rire à l'unisson. C’était leur petite victoire, leur petite revanche. Mais Elias, impassible, continua son chemin vers son bureau, la tête baissée, sans jamais faire un bruit.
Il savait que ce jour-là, Adrien avait gagné une petite victoire, mais Elias ne comptait pas laisser cet affront impuni. Ce n'était qu'une étape, une goutte dans l’océan de mépris que son demi-frère semblait vouloir déverser sur lui. Mais Elias, pour l'instant, se contentait de se taire, de rester dans l'ombre, jouant à l'invisible, attendant patiemment que le moment vienne où tout cela prendrait fin.
Elias savait que sa posture, sa rigidité, sa manière de garder la tête basse, tout cela faisait partie du rôle qu’on lui avait attribué. Le rôle de l’invisible, du muet, du faible. Il s’était convaincu que c’était la meilleure chose à faire, que l’indifférence et le silence seraient sa défense. Mais à l’intérieur, chaque humiliation, chaque moquerie, chaque coup porté à son âme le dévastait davantage.
Adrien, le tyran de l’entreprise, s’était fait un devoir de l’enfoncer un peu plus chaque jour. Le traînant derrière lui comme un fardeau, l’humiliant sans cesse dans le moindre recoin de l’entreprise. Mais malgré cela, Elias se maintenait dans sa posture de soumission, car il savait que c’était ainsi qu’il ferait tomber son demi-frère. Il feignait la faiblesse, il jouait le rôle qu’on lui avait imposé, mais dans le fond, il savait ce qu’il devait faire.
Les employés, eux, se moquaient de lui sans aucune retenue. "Il ferait mieux de chercher un autre travail," entendait-il parfois dans les couloirs. "Les Moreau n’ont plus d’honneur." Leurs paroles couchaient sur lui comme une seconde peau, mais il ne réagissait pas. Pas encore.
Il n’était pas là pour répondre à leurs attaques. Il était là pour observer, écouter et attendre. Attendre le bon moment.
Il avait appris une vérité que personne ne soupçonnait : son père n'était pas mort dans un accident. Cette simple pensée faisait naître en lui un frisson d’effroi et de rage, mais aussi un sentiment de résolution. Il savait que ce n'était pas le hasard, que cette "accident" était bien plus qu’une simple tragédie. Ce n’était qu’un plan, une mise en scène minutieusement orchestrée par Madeleine et Adrien. Ils avaient voulu sa disparition. Pas sa mort, non, mais son effacement complet, qu’il devienne une ombre, un souvenir. Une existence reléguée à l’obscurité, loin du pouvoir, loin de l'héritage familial.
Il savait que son rôle dans cette entreprise n’était qu’une façade. Une marionnette à manipuler, un pion sur l'échiquier de leur manipulation. Mais Elias, en silence, accumulait les informations. Il savait des choses. Des détails que les autres négligeaient, des indices qui se croisaient et se superposaient. Chaque conversation qu’il surprenait, chaque document qu’il feuilletait, tout cela l’aidait à assembler un puzzle qu’il ne pourrait pas encore dévoiler. Pas tant qu'il n'aurait pas assez de preuves.
Aujourd’hui, encore, alors qu’Adrien riait de lui devant les autres employés, en le traitant comme un sous-fifre, Elias sentit cette étincelle grandir en lui, cette détermination brûlante, mais contrôlée. Il n'était pas ce qu'ils croyaient qu'il était. Et chaque action qu’il entreprenait, chaque humiliation qu’il endurait, chaque geste qu’il simulait le rapprochait de son véritable objectif. Le jour où tout basculerait.
Dans le fond, Elias n’était pas un homme brisé, mais un homme patient. Un homme qui attendait son heure, et cette heure viendrait. Il finirait par sortir de l’ombre, il n’aurait plus à jouer ce rôle de victime. Non, il prendrait ce qui lui revenait de droit. Il détruirait tout ce que Madeleine et Adrien avaient construit. Et ce ne serait pas dans une explosion de colère, mais avec un calme implacable, chaque piège étant minutieusement tendu autour d’eux.
Il l’avait juré : il leur ferait regretter chaque instant qu’ils avaient passé à le rabaisser. Mais pour cela, il fallait qu’il reste dans l’ombre encore un peu. L'attente était sa plus grande force.
Le matin suivant, Elias avait trouvé une enveloppe déposée sur son bureau dans le service des archives. L'enveloppe, simple mais formelle, portait l’inscription de l’entreprise et un cachet qui ne laissait aucune place à l’incertitude : "Convocation officielle." À l’intérieur, une lettre soigneusement pliée révélait l’invitation, signée de la main du PDG par intérim, Adrien Moreau. Le contenu était simple et direct : "Réunion de stratégie à 10h00, salle de conférence, bâtiment principal."Bien qu'il fût bien conscient de l’ironie de la situation, Elias avait décidé d’y aller. Il savait que cela ne signifiait rien de bon, mais il ne pouvait pas se permettre de paraître faible. Si Adrien voulait l’humilier, il lui en donnerait l’occasion. Mais il ne serait pas le jouet silencieux qu’on attendait de lui.La salle de réunion était imposante, comme un temple du pouvoir. Les murs de verre permettaient de contempler la ville étendue en contrebas, mais aussi d’être observé depuis l’extérieur,
Le calme d’Elias était presque palpable, une aura de maîtrise qui coupait toute communication autour de lui. Même sous l’humiliation publique, il demeurait implacable, presque serein, comme si tout ce qui se passait autour de lui n’avait aucune prise sur son esprit. Ce qu’il ressentait à l’intérieur n’était pas visible pour les autres. Il ne se permettait pas d’exprimer sa colère, de montrer son malaise. Chaque moquerie qu’il subissait était méticuleusement enfouie, stockée, accumulée, pour être utilisée plus tard.La réunion avait pris une tournure attendue. Elias savait que cette convocation n’était qu’un prétexte pour l’humilier, pour faire de lui le centre de toutes les moqueries. Mais tout ce qui se passait dans cette pièce, chaque mouvement d’Adrien, chaque rire étouffé des actionnaires, était un détail qu’il enregistrait avec une précision froide. Ils ne comprenaient pas que le plus grand pouvoir qu’il avait était justement de ne rien montrer, de ne pas réagir à leur manipulati
Gabriel resta silencieux un instant, le regard plongé dans celui d’Elias. Il connaissait cet homme mieux que quiconque. Derrière son apparente tranquillité, il voyait l’orage qui grondait, la tempête qui se préparait. Elias n’était pas faible. Non, il était un stratège, un joueur d’échecs qui ne bougeait ses pièces qu’au moment opportun.Mais cela n’empêchait pas Gabriel de s’inquiéter.Il soupira et se redressa, décroisant les bras. Son regard bleu s’assombrit légèrement.— J’espère que tu sais ce que tu fais, murmura-t-il.Elias ne répondit pas immédiatement. Il referma le classeur et le posa sur le côté du bureau, avant de relever calmement les yeux vers Gabriel.— Toujours.Un silence pesa entre eux, lourd de sous-entendus. Gabriel savait qu’il n’obtiendrait pas plus d’explications. Elias était ainsi : il ne révélait ses cartes que lorsqu’il l’avait décidé.Gabriel fit un pas vers la porte, posa la main sur la poignée, puis s’arrêta. Sans se retourner, il laissa tomber d’une voix
La salle de réception du Ritz resplendissait sous la lueur des immenses lustres en cristal. Les tables couvertes de nappes en satin blanc regorgeaient de mets raffinés, et les serveurs circulaient avec des coupes de champagne pétillant sous les lumières tamisées.Les plus grands noms de la finance, des actionnaires influents et des familles puissantes échangeaient des politesses feintes, riant à des plaisanteries superficielles.Dans le grand hall du Ritz, la musique suave des violons remplissait l’air, accompagnée des éclats de rires et des murmures des invités. Les chandeliers suspendus au plafond diffusaient une lumière dorée, créant une atmosphère feutrée et presque irréelle. Les invités, tous impeccablement habillés, formaient des groupes autour de petites tables élégantes, dégustant des cocktails raffinés et échangeant des sourires forcés.Au milieu de cette scène, Elias se sentait comme un intrus. Les autres invités, vêtus de leurs tenues sophistiquées et de leurs sourires assu
Margaux n’en avait pas fini. Elle s’approcha de lui, délibérément lente, un sourire plus large que jamais se dessinant sur son visage. Elle leva son verre de champagne, le tenant à hauteur de son épaule, et le vida sur l’épaule d’Elias avec un geste théâtral.Un silence de mort s'abattit immédiatement sur la salle. Les invités, qui avaient ri si fort quelques instants plus tôt, se figèrent, choqués par le geste. Les murmures circulèrent rapidement, comme des étincelles dans une prairie sèche.Certains invités se regardèrent, choqués, tandis que d’autres attendaient avec impatience la réaction d’Elias, observant avidement, cherchant à voir si la pression finirait par l’emporter. Les plus cyniques savouraient déjà l'humiliation, certains se retenant de sourire ouvertement.Les regards des puissants semblaient chercher à lire la moindre faille dans le comportement d’Elias. Les regards des femmes se faisaient curieux, presque victorieux, tandis que les hommes paraissaient fascinés par la
Elias se détourna lentement de la scène. Ses pas résonnaient dans la grande salle, mais l'écho de l'humiliation semblait avoir perdu sa portée. Il traversa la foule, sans se presser, sans chercher à éviter les regards qui continuaient de l'assaillir. Il s’enfonça dans le hall, cherchant la sortie discrète qui le mènerait aux toilettes, loin des regards curieux et des rires étouffés.Il poussa la porte des toilettes d’un coup de pied et s'engouffra à l’intérieur. L’atmosphère était plus calme, mais son esprit tourbillonnait encore. Il n’avait pas réagi comme on l’attendait. Pas de colère, pas de faiblesse, juste un silence glacé. Et c’était peut-être là sa plus grande victoire. Mais cela ne suffirait pas.Un léger bruit de tissu fit écho dans la pièce. Elias se figea, le regard se braquant sur l’ombre qui se dessina dans le coin des toilettes. Gabriel, le fidèle assistant de la famille, se tenait là, une silhouette imposante, un sourire presque imperceptible sur les lèvres.— Tu n'as p
Qand Elias tourna la tête, leurs regards se croisèrent. Un instant suspendu, où le bruit du gala sembla se dissiper autour d’eux, laissant place à une intensité palpable entre les deux. Les yeux d’Alix restèrent fixés sur lui, sans détourner le regard. Elle n’était pas du genre à se dérober, à fuir un défi silencieux. Elle l’observait, sans dissimulation, sans la moindre gêne, un demi-sourire amusé flottant sur ses lèvres.Elle s'attendait à ce qu'il agisse comme il le faisait avec tous les autres : ignorer, feindre l'indifférence, se fondre dans l'ombre, disparaître une fois de plus derrière son masque de calme. C’était ce qu’il faisait toujours. Ce qui le rendait si… prévisible.Mais cette fois, quelque chose avait changé. Elias la fixa en retour, sans fuir, sans cacher ses yeux glacés dans les ténèbres de la pièce. Un regard ferme, implacable. Il ne cherchait pas à se cacher. Il ne cherchait pas à fuir la confrontation. Il l'affrontait. C’était un regard sans compromis, comme s'il
L'air du matin était encore frais lorsque les premiers employés arrivèrent au siège de Moreau & Co. L’imposant immeuble de verre et d’acier, symbole du prestige familial, dominait le quartier des affaires. Tout ici respirait le luxe et l’élégance : les ascenseurs silencieux, les bureaux en bois précieux, les œuvres d’art soigneusement disposées dans les couloirs.Mais pour Elias Moreau, ces murs n’avaient rien d’accueillant. Ils étaient une prison dorée dans laquelle il évoluait sans bruit, sans éclat, toujours en marge.Il traversa le vaste open-space sous les regards furtifs des employés, qui s’écartèrent sur son passage avec cette politesse feinte qu’on réserve aux parias. Ici, il était invisible. Et pourtant, tout le monde savait qu’il était là.Sur son bureau l’attendait une pile de documents. Un détail qui, en soi, n’avait rien d’étonnant. Mais Elias savait reconnaître une anomalie quand il en voyait une.Les tâches qu’on lui confiait étaient d’ordinaire plus administratives. Or
Les premiers jours furent durs. Chaque matin, Elias se levait tôt, ses muscles endoloris par les efforts physiques de la veille. Les contremaîtres, toujours sceptiques, lui donnaient des tâches supplémentaires, le poussant à ses limites. Le bruit incessant des machines, les odeurs d’huile et de métal, tout cela aurait pu le décourager. Mais Elias tenait bon. Il savait qu'il n'avait pas le droit d'échouer. Pas seulement pour lui-même, mais aussi pour ce que cette épreuve représentait.Les ouvriers, eux, le regardaient de loin, leurs yeux emplis de doute et de moquerie. Ils espéraient qu’il abandonnerait, qu’il se retirerait dans son monde confortable de privilégié. Mais chaque jour, ils le voyaient revenir, encore et encore, sans jamais fléchir, sans jamais se laisser abattre. Petit à petit, quelque chose changea dans leur regard.Un jour alors qu'il travaillait, il ajusta le volant du chariot élévateur avec une précision presque militaire, ses yeux fixés sur les rangées de palettes em
L'air du matin était encore frais lorsque les premiers employés arrivèrent au siège de Moreau & Co. L’imposant immeuble de verre et d’acier, symbole du prestige familial, dominait le quartier des affaires. Tout ici respirait le luxe et l’élégance : les ascenseurs silencieux, les bureaux en bois précieux, les œuvres d’art soigneusement disposées dans les couloirs.Mais pour Elias Moreau, ces murs n’avaient rien d’accueillant. Ils étaient une prison dorée dans laquelle il évoluait sans bruit, sans éclat, toujours en marge.Il traversa le vaste open-space sous les regards furtifs des employés, qui s’écartèrent sur son passage avec cette politesse feinte qu’on réserve aux parias. Ici, il était invisible. Et pourtant, tout le monde savait qu’il était là.Sur son bureau l’attendait une pile de documents. Un détail qui, en soi, n’avait rien d’étonnant. Mais Elias savait reconnaître une anomalie quand il en voyait une.Les tâches qu’on lui confiait étaient d’ordinaire plus administratives. Or
Qand Elias tourna la tête, leurs regards se croisèrent. Un instant suspendu, où le bruit du gala sembla se dissiper autour d’eux, laissant place à une intensité palpable entre les deux. Les yeux d’Alix restèrent fixés sur lui, sans détourner le regard. Elle n’était pas du genre à se dérober, à fuir un défi silencieux. Elle l’observait, sans dissimulation, sans la moindre gêne, un demi-sourire amusé flottant sur ses lèvres.Elle s'attendait à ce qu'il agisse comme il le faisait avec tous les autres : ignorer, feindre l'indifférence, se fondre dans l'ombre, disparaître une fois de plus derrière son masque de calme. C’était ce qu’il faisait toujours. Ce qui le rendait si… prévisible.Mais cette fois, quelque chose avait changé. Elias la fixa en retour, sans fuir, sans cacher ses yeux glacés dans les ténèbres de la pièce. Un regard ferme, implacable. Il ne cherchait pas à se cacher. Il ne cherchait pas à fuir la confrontation. Il l'affrontait. C’était un regard sans compromis, comme s'il
Elias se détourna lentement de la scène. Ses pas résonnaient dans la grande salle, mais l'écho de l'humiliation semblait avoir perdu sa portée. Il traversa la foule, sans se presser, sans chercher à éviter les regards qui continuaient de l'assaillir. Il s’enfonça dans le hall, cherchant la sortie discrète qui le mènerait aux toilettes, loin des regards curieux et des rires étouffés.Il poussa la porte des toilettes d’un coup de pied et s'engouffra à l’intérieur. L’atmosphère était plus calme, mais son esprit tourbillonnait encore. Il n’avait pas réagi comme on l’attendait. Pas de colère, pas de faiblesse, juste un silence glacé. Et c’était peut-être là sa plus grande victoire. Mais cela ne suffirait pas.Un léger bruit de tissu fit écho dans la pièce. Elias se figea, le regard se braquant sur l’ombre qui se dessina dans le coin des toilettes. Gabriel, le fidèle assistant de la famille, se tenait là, une silhouette imposante, un sourire presque imperceptible sur les lèvres.— Tu n'as p
Margaux n’en avait pas fini. Elle s’approcha de lui, délibérément lente, un sourire plus large que jamais se dessinant sur son visage. Elle leva son verre de champagne, le tenant à hauteur de son épaule, et le vida sur l’épaule d’Elias avec un geste théâtral.Un silence de mort s'abattit immédiatement sur la salle. Les invités, qui avaient ri si fort quelques instants plus tôt, se figèrent, choqués par le geste. Les murmures circulèrent rapidement, comme des étincelles dans une prairie sèche.Certains invités se regardèrent, choqués, tandis que d’autres attendaient avec impatience la réaction d’Elias, observant avidement, cherchant à voir si la pression finirait par l’emporter. Les plus cyniques savouraient déjà l'humiliation, certains se retenant de sourire ouvertement.Les regards des puissants semblaient chercher à lire la moindre faille dans le comportement d’Elias. Les regards des femmes se faisaient curieux, presque victorieux, tandis que les hommes paraissaient fascinés par la
La salle de réception du Ritz resplendissait sous la lueur des immenses lustres en cristal. Les tables couvertes de nappes en satin blanc regorgeaient de mets raffinés, et les serveurs circulaient avec des coupes de champagne pétillant sous les lumières tamisées.Les plus grands noms de la finance, des actionnaires influents et des familles puissantes échangeaient des politesses feintes, riant à des plaisanteries superficielles.Dans le grand hall du Ritz, la musique suave des violons remplissait l’air, accompagnée des éclats de rires et des murmures des invités. Les chandeliers suspendus au plafond diffusaient une lumière dorée, créant une atmosphère feutrée et presque irréelle. Les invités, tous impeccablement habillés, formaient des groupes autour de petites tables élégantes, dégustant des cocktails raffinés et échangeant des sourires forcés.Au milieu de cette scène, Elias se sentait comme un intrus. Les autres invités, vêtus de leurs tenues sophistiquées et de leurs sourires assu
Gabriel resta silencieux un instant, le regard plongé dans celui d’Elias. Il connaissait cet homme mieux que quiconque. Derrière son apparente tranquillité, il voyait l’orage qui grondait, la tempête qui se préparait. Elias n’était pas faible. Non, il était un stratège, un joueur d’échecs qui ne bougeait ses pièces qu’au moment opportun.Mais cela n’empêchait pas Gabriel de s’inquiéter.Il soupira et se redressa, décroisant les bras. Son regard bleu s’assombrit légèrement.— J’espère que tu sais ce que tu fais, murmura-t-il.Elias ne répondit pas immédiatement. Il referma le classeur et le posa sur le côté du bureau, avant de relever calmement les yeux vers Gabriel.— Toujours.Un silence pesa entre eux, lourd de sous-entendus. Gabriel savait qu’il n’obtiendrait pas plus d’explications. Elias était ainsi : il ne révélait ses cartes que lorsqu’il l’avait décidé.Gabriel fit un pas vers la porte, posa la main sur la poignée, puis s’arrêta. Sans se retourner, il laissa tomber d’une voix
Le calme d’Elias était presque palpable, une aura de maîtrise qui coupait toute communication autour de lui. Même sous l’humiliation publique, il demeurait implacable, presque serein, comme si tout ce qui se passait autour de lui n’avait aucune prise sur son esprit. Ce qu’il ressentait à l’intérieur n’était pas visible pour les autres. Il ne se permettait pas d’exprimer sa colère, de montrer son malaise. Chaque moquerie qu’il subissait était méticuleusement enfouie, stockée, accumulée, pour être utilisée plus tard.La réunion avait pris une tournure attendue. Elias savait que cette convocation n’était qu’un prétexte pour l’humilier, pour faire de lui le centre de toutes les moqueries. Mais tout ce qui se passait dans cette pièce, chaque mouvement d’Adrien, chaque rire étouffé des actionnaires, était un détail qu’il enregistrait avec une précision froide. Ils ne comprenaient pas que le plus grand pouvoir qu’il avait était justement de ne rien montrer, de ne pas réagir à leur manipulati
Le matin suivant, Elias avait trouvé une enveloppe déposée sur son bureau dans le service des archives. L'enveloppe, simple mais formelle, portait l’inscription de l’entreprise et un cachet qui ne laissait aucune place à l’incertitude : "Convocation officielle." À l’intérieur, une lettre soigneusement pliée révélait l’invitation, signée de la main du PDG par intérim, Adrien Moreau. Le contenu était simple et direct : "Réunion de stratégie à 10h00, salle de conférence, bâtiment principal."Bien qu'il fût bien conscient de l’ironie de la situation, Elias avait décidé d’y aller. Il savait que cela ne signifiait rien de bon, mais il ne pouvait pas se permettre de paraître faible. Si Adrien voulait l’humilier, il lui en donnerait l’occasion. Mais il ne serait pas le jouet silencieux qu’on attendait de lui.La salle de réunion était imposante, comme un temple du pouvoir. Les murs de verre permettaient de contempler la ville étendue en contrebas, mais aussi d’être observé depuis l’extérieur,