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4.

    C’était la rentrée scolaire et j’avais hâte de retrouver mes camarades et j’espérais être dans la même salle qu’eux, surtout Jessy et Patrick car ces deux gens étaient mes meilleurs amis.

On avait fait la seconde scientifique et on avait réussi pour aller la première scientifique.

Moi je devais être en première scientifique numéro deux mais je ne savais pas pour eux car on ne s’était plus revus depuis.

    Je suis arrivée à l’école et c’était le grand rassemblement. Je suis allée me glisser dans la foule et quand on a fini, j’ai rejoint ma salle et j’ai vu Patrick et Jessy et d’autres personnes de l’année précédente qui avaient choisi la même filière que moi. J’étais tellement heureuse.

— Je ne vous ai pas vus dans les rangs!

— JESSY : Kabéraaaaa! Nous sommes chanceux d’être ensemble une fois de plus!

— Tu as raison!

    Nos retrouvailles se sont très bien passées.

J’avais décidé de faire un effort sur mon style vestimentaire scolaire. Je me suis cousue une très belle tenue. Au début, je portais des baskets avec mais au fur et à mesure, je me suis retrouvée en train de mettre des ballerines au moins deux fois par semaine. L’argent que j’avais gagné pendant les vacances m’avait beaucoup aidé à faire des courses.

    Ça faisait trois mois que je n’avais pas vu Ariel et pour être honnête, il me manquait tellement. Je l’avais entendu dire à son oncle que sa sœur allait continuer sa scolarité au collège. Mais, ça ne m’avait pas empêché de la rechercher de temps en temps au lycée pour l’agacer un peu, question de revoir son frère.

    C’était donc les congés de Noël et mes amis et moi avions décidé d’aller faire les courses.

Jessy était avec son copain, et Patrick et moi étions sans personne. On était célibataires et pour être honnête, l’envie d’être en couple passait déjà dans ma tête mais c’était quelque chose que je n’avais jamais expérimenté. J’avais peur de ne pas assurer, je ne savais pas trop comment les couples fonctionnaient.

    Nous sommes allés dans un grand magasin de vêtements. J’avais un budget de 60.000 fcfa  et je comptais m’acheter un pantalon jean avec une bonne basket, un t-shirt et quelques petites choses pour la maison.

Quand nous sommes entrés dans le magasin, j’ai failli pisser sur moi tellement tout était coûteux.

J’ai acheté un petit t-shirt et j’ai acheté « l’okok » dans un autre coin du marché, ainsi que tous les ingrédients et je suis rentrée. Les autres sont restés, question de visiter un peu.

Moi je voulais avoir beaucoup d’argent pour bien fêter. J’avais quand même dix-sept ans non? L’âge où on aime bien danser, être en compagnie de ses proches avant que le monde du travail ne vienne bouffer notre temps.

    Le lendemain c’était dimanche. Durant la soirée, j’ai préparé mon pousse, les plats, etc.

Le jour suivant, je me suis réveillée très tôt et j’ai mis la marmite au feu.

Vers 9h, j’étais déjà au marché.

Beaucoup de gens y travaillaient car c’était la période des fêtes et quand on travaille beaucoup, on a faim et on mange. Donc j’étais sûre que j’allais tout vendre et j’ai tout vendu au bout de 5h. « L’okok? » L’un des plats préférés des camerounais!

    Avant de rentrer chez moi, je suis passée dans une boutique acheter un pantalon car j’avais déjà le t-shirt.

Je suis rentrée chez moi toute joyeuse et j’ai dit à ma mère qu’elle ferait mieux de laisser les enfants chez la voisine de temps en temps pour s’y mettre aussi comme ça on aurait moins de souci d’argent. Elle est allée s’arranger avec la voisine et moi je suis restée avec mes frères et sœurs. Mon père était au travail.

Une fois le retour de ma mère, je suis allée à la cuisine et j’ai fait un autre « okok » mais une toute petite quantité car maman avait déjà fait à manger et ce que j’étais en train de faire n’était pas pour les gens de chez moi mais pour Ariel.

Oui, j’avais décidé d’aller le voir.

Je ne savais pas trop ce qu’il allait dire ou penser. Est-ce qu’il allait se fâcher? Le fait d’aller chez lui sans le prévenir allait-il l’énerver?

J’avais peur! Peur qu’il pense du mal de moi avec ce geste; Qu’il pense que je l’aime ou que je suis facile bref… Beau-gosse comme il était, plusieurs filles couraient derrière lui et j’en étais consciente et je ne voulais pas qu’il me prenne pour ces filles!

À la dernière minute, j’ai changé d’avis et je suis restée à la maison de peur de me ridiculiser.

    Quelques jours plus tard, j’étais au marché en train de vendre et ce jour, j’avais vendu pendant la soirée. On était à deux jours du 25 décembre.

Pendant que les clients mangeaient, un homme s'est approché de moi.

— Est-ce qu’on peut parler s’il vous plaît! Moi c’est Rodrigue!

— Bonsoir Rodrigue. Euh oui bien sûr!

— Merci. C’est quoi votre prénom? La meilleure vendeuse de « l’okok » du marché.

— Haha merci. Je m’appelle Kabéra.

— Vous êtes très jolie!

    C’était un homme de la vingtaine à peu près. Il n’était pas très très beau, ni laid. Il était au milieu.

— En fait, j’ai l’habitude de manger ici…

— Oui, oui,´ je sais!

— Et je trouve que vous êtes une bonne personne. J’aimerais apprendre à vous connaître. ´

    J’avoue que j’étais flattée mais pour être honnête, je n'étais pas intéressée. Il était cool mais il n’y avait pas d’alchimie. Je ne voulais pas qu’il perde son temps donc, je lui ai dit que ça ne m’intéressait pas car dire à un homme qu’on veut aussi le connaître lui fait déjà croire à 50% qu’il nous aura

J’étais de l’autre côté de la table avec lui et on causait en se regardant. Tout d’un coup, j’ai entendu:

— Bonsoir, un plat s’il vous plaît!

    Ô mon Dieu, c’était Ariel.

    Il a posé ses deux mains sur la table et il nous a regardés.

— Bonsoor, d’accord je vous sers!

    Je suis allée le servir et j’ai continué ma discussion avec Rodrigue qui ne faisait que insister  pour que je lui donne mon numéro.

— Bon, donne-moi alors ton numéro s’il te plaît…

— Je n’ai pas de téléphone, je suis désolée.

    Il faut avouer qu’il faisait déjà pitié. J’ai sorti le stylo que j’utilisais pour écrire dans mon cahier de notes et je lui ai donné pour qu’il y note son numéro et il l’a fait.

Ariel était là, en train de nous regarder sans rien dire.

Ce mec était naturel. J’avais du mal à croire qu’il était là, assis sur un tabouret en train de manger avec les autres.

    Tout le monde a fini et est parti, mais lui il est resté et il m’a aidé à ranger les choses sans dire un mot. Il était trop mystérieux et très peu bavard.

— Merci beaucoup pour ce que vous faîtes.

    Il n’a pas répondu. Il a regardé la table et il a pris mon petit sac qui était posé dessus puis. il a sorti la feuille où il y avait le numéro de Rodrigue et il a déchiré.

— Qu’est-ce que vous faîtes?

    Il s’est approché de moi tout doucement, en me fixant droit dans les yeux et il m’a dit:

— Mon anniversaire c’est demain!

    Il a sorti une invitation et il m’a donné puis, il s’est tourné et est parti.

— Et c’est aujourd’hui que vous me dîtes ça?

    Quand j’ai dit ça, il s’est tourné vers moi et il a dit:

— Ça commence à 18h normalement mais comme tu es encore un bébé, viens un peu plus tôt comme ça tu pourras rentrer tôt. Bonne soirée!

    Je devais dire quoi? N’est-ce pas j’ai bien rangé l’invitation dans mon sac et je suis rentrée seule sans qu’il ne m’accompagne? En tout cas, il n’était pas obligé de le faire.

Je positionnais déjà mon pousse-pousse  pour pousser quand il est revenu.

— ARIEL : Voici ton argent!

— Merci.

    J’ai attendu qu’il soit loin pour compter et c’était 30.000 fcfa. J’étais vraiment aux anges…

Et dire que j’avais même oublié qu’il n’avait pas payé? Et j’avoue que s’il ne l’avait pas fait, je ne lui aurais pas rappelé de le faire.

          #Le_lendemain…

    Ce que j’aimais bien c’était la liberté que j’avais. Mes parents me faisaient entièrement confiance à condition que je rentre avant une certaine heure et moi je faisais tout pour ne pas les décevoir. Je ne faisais pas de bêtises avec les hommes, je ne buvais pas, je ne fumais pas, et pour ce qui est de la délinquance, j’avais un peu arrêté. C’est vrai qu’à l’école il m’arrivait toujours d’être dure mais comme je l’ai dit, ça avait baissé.

    Nous étions donc le 24 décembre, le jour de son anniversaire. Je me suis levée tôt et je me suis préparée. J’ai mis mon pantalon jean, mon t-shirt et mes baskets que j’avais achetés pour la fête. J’ai pris la moto et je me suis arrêtée au marché pour acheter un petit cadeau avant de prendre un taxi pour aller chez lui.

    J’ai sonné et un homme en tenue a ouvert…

— Oui bonjour. Que puis-je faire pour vous?

— Euh je suis là pour l’anniversaire de Monsieur Ariel. Voici le billet d’invitation!

    Je lui ai montré le billet mais il m’a regardée bizarrement comme pour dire « Celle-ci sort du village? »

— Entrez!

— Merci bien!

    Ô mon Dieu! Je n’avais jamais vu ce genre de maison dans la vie réelle. C’était le genre qu’on voyait seulement à la télé.

La cour était immense avec des gazons, des fleurs et des arbres. Il y avait des canapés dehors avec de gros parapluies au-dessus pour se protéger en cas de pluie ou de forte chaleur.

C’était juste incroyable!

Je suis arrivée sur la véranda, je suis montée et j’ai sonné.

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