Chapitre 5

Le bruit sourd du corps de Lena percutant le sol résonne dans l’arène, une note aiguë de douleur qui contraste avec la fierté qu’elle ressentait quelques instants plus tôt. Chaque muscle de son corps hurle sous l'impact, mais son esprit reste clair. Elle n’a pas l’intention de céder, pas maintenant, pas après avoir pris un tel risque.

La main de Ryker serre son cou avec une force inouïe, ses doigts tels des griffes métalliques, mais Lena reste calme, son regard défiant plongé dans celui de l'Alpha. Son souffle est court, mais elle refuse de montrer la moindre faiblesse.

— Lâche-moi, rugit-elle, sa voix rauque de frustration, mais plus encore de rage.

Il ne répond pas immédiatement. Il laisse ses doigts s’enfoncer un peu plus dans sa peau, et la sensation de sa domination est presque palpable, une pression suffocante. Les murmures de la meute se font plus forts, mais personne n’ose intervenir.

— Tu penses vraiment que tu peux m'arrêter, petite louve ? répète Ryker, sa voix grave résonnant dans l’air comme un avertissement. Regarde-toi. Tu as osé défier l'Alpha. Voilà ce qui arrive.

Il la maintient encore un instant dans cette position, sa prise ne faiblissant pas. Les regards de la meute se tournent vers Lena, certains remplis de pitié, d’autres, comme celui de Ryker, marqués par l'amusement.

Le souffle court, Lena serre les dents et se concentre. Elle n’a pas le luxe de se laisser intimider. Elle doit se libérer, prouver que son défi n’était pas une erreur.

Elle s’appuie sur ses genoux, cherche une prise dans la terre, et dans un élan de détermination, elle utilise toute sa force pour déloger la main de Ryker de son cou. Elle frappe à nouveau, cette fois directement vers son ventre. Le coup est puissant, mais Ryker est plus rapide, il esquive d’un mouvement fluide et l’éloigne brusquement d’un coup de pied.

Elle tombe à genoux, la douleur la traversant, mais elle se redresse immédiatement, refoulant les larmes de douleur qui menacent de percer. Son regard reste fixé sur l'Alpha, sa détermination inébranlable.

Ryker observe la scène, un éclat de colère et de respect dans ses yeux. Il n’aime pas perdre. Et bien qu’il ait le contrôle total, il sait que Lena a quelque chose de plus, une force qu’il n’avait pas anticipée.

Il se redresse lentement, réajustant sa posture, observant sa proie. Puis, d’un ton plus calme, il dit :

— Tu t’es battue bien plus longtemps que je ne l’aurais cru. Mais c’est fini.

Dans un mouvement aussi brutal qu’efficace, il l’attrape une nouvelle fois par les poignets et la soulève, la forçant à se tenir face à lui. Ses yeux sombres, pleins de pouvoir, se fixent sur elle. Lena lutte contre sa prise, mais son corps est épuisé.

— La meute voit. Tu as été battue, Lena. Ce n’est pas juste une question de force brute. Tu voulais prouver que tu étais capable, mais tu es encore trop jeune, trop… irréfléchie.

Lena reste immobile un moment, la tête baissée, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. La pression dans ses poignets disparaît, mais la sensation de défaite reste ancrée dans ses muscles, dans sa peau. Un goût amer envahit sa bouche. Chaque fibre de son être hurle de rage, de frustration, et de honte.

Ryker, lui, ne semble pas perturbé. Il se redresse avec une arrogance tranquille, observant les membres de la meute qui, eux aussi, semblent partagés. Certains détournent les yeux, gênés par l’humiliation publique. D’autres, plus jeunes ou plus fidèles, fixent la scène avec admiration.

Il s’arrête devant Lena, son regard glacial fixant son visage sans expression, son sourire effleurant ses lèvres. Il l’ignore alors qu’elle lutte intérieurement pour garder son calme. Mais le silence entre eux n'est que de la tension. La foule autour attend, suspendue à la moindre action.

Lena serre les dents, levant lentement les yeux vers lui, refusant de se soumettre complètement. Elle ne lui montrera pas cette faiblesse, pas devant tout le monde. Pas maintenant. Pas après tout ce qu'elle a traversé.

— Je ne suis pas un jouet, Ryker, murmure-t-elle, ses mots aussi acérés que des lames de fer. Tu ne peux pas me traiter comme ça.

Il ne réagit pas immédiatement, et pour un instant, elle pense qu’il va l’ignorer à nouveau, la laisser se vautrer dans sa honte. Mais Ryker se penche alors vers elle, sa voix basse, vibrante de menace.

— Tu crois que tu peux me défier sans conséquence ? que tu peux simplement te relever à chaque fois que je te fais tomber ? La réalité, Lena, c'est que je suis l'Alpha. Et tu, petite louve, n'es qu'une de mes pions. Rien de plus.

Les mots tombent sur elle comme un coup de fouet, chaque syllabe la frappant avec une précision douloureuse. Mais Lena se relève, poussant sur ses jambes, refusant de montrer une once de faiblesse. Elle prend une inspiration profonde, ses poings se fermant avec une force nouvelle.

— Tu peux essayer de me briser, Ryker, mais tu ne me possèdes pas.

Elle le défie du regard, même si l'inquiétude grandit en elle. Elle sait que la bataille pour son indépendance ne fait que commencer, et que chaque instant avec lui la plonge dans un jeu dangereux, où elle risque de perdre beaucoup plus que ce qu’elle peut imaginer. Pourtant, une petite flamme d’espoir brûle en elle. Elle sait qu’elle ne se soumettra jamais. Pas entièrement.

Un éclat de lumière traverse les yeux de Ryker, et, pour la première fois, il semble presque amusé. Il se relève d'un coup sec, se tournant vers la meute. Le silence de l’arène se fait de plus en plus oppressant.

— Vous avez vu, meute, continue-t-il, sa voix résonnant dans l’espace. La rébellion est un spectacle intéressant. Mais elle doit être écrasée. Sinon, nous risquons l’anarchie.

Les murmures s’intensifient. Certains loups hochent la tête en signe d’approbation, mais d'autres, particulièrement ceux qui respectent la force et l'indépendance, jettent des regards furtifs à Lena. Elle sent que la meute commence à la regarder différemment. Peut-être pas comme une égalité, mais peut-être pas non plus comme une simple subordonnée. Un petit fil de respect se tisse, insidieux.

— Reviens à ta place, Lena. La bataille est terminée. Tu n’es plus qu’un souvenir, un défi oublié, dit-il froidement, avant de se tourner de nouveau vers l’assemblée.

Lena prend une grande inspiration, ses yeux brûlant d'une lueur glaciale. Puis, sans prévenir, elle éclate de rire, un rire froid, perçant, presque cruel, qui brise le silence lourd de la pièce. Ce n'est pas un rire de plaisir, mais un rire de défi, un rire qui ne fait qu'ajouter à l'humiliation de l'instant. Les membres de la meute se figent, certains se dérobent en détournant les yeux, d'autres, plus audacieux, échangent des regards perplexes.

Le rire de Lena, presque moqueur, résonne dans l'assemblée, et pour un instant, l'autorité de Ryker vacille. Il se fige, surpris par cette réaction inattendue, par le fait qu'elle ose réagir ainsi après ce qu'il vient de lui faire. Elle le regarde droit dans les yeux, sans une once de peur.

Ryker se retourne lentement vers elle, son visage marqué par l’étonnement. Ses sourcils se froncent, une ride de confusion parcourant son front. Il la scrute, incapable de comprendre ce qui la fait réagir ainsi, de saisir pourquoi elle semble si calme, si sûre d’elle.

— Qu’est-ce qui te fait rire, Lena ? demande-t-il, sa voix basse et presque menaçante, mais l’étonnement reste perceptible. Il s'attendait à la voir se soumettre, se faire petite après sa démonstration de force, mais au lieu de cela, elle l’attaque avec son regard et son rire mordant.

Lena, sans un mot, se redresse de toute sa hauteur. Elle secoue sa tunique d’un geste gracieux, comme si ce qui venait de se passer n’avait pas d’importance. Un sourire féroce se dessine sur ses lèvres, un sourire de défi pur. Elle n’est pas battue. Elle n’est même pas touchée.

— Toi, bien sûr, répond-elle enfin, sa voix ferme et tranchante. Tu crois m’avoir humiliée ? Mais regarde autour de toi, Ryker. Regarde la meute.

Les yeux de Lena balaient la pièce, et les murmures qui s’élèvent autour d’eux prennent une tournure différente. Alors que Ryker les scrute, il remarque que certains ne le regardent pas avec admiration, mais avec une sorte de respect naissant pour Lena. Un respect qu’il n’avait pas anticipé, un respect qu’il n’avait jamais cru mériter d'elle.

Elle fait un pas en avant, son regard planté dans celui de Ryker, un regard de conquérante.

— Tu m’as plaquée au sol comme une proie, mais je suis toujours debout, déclare-t-elle, sa voix pleine de défi. Et je ne me suis jamais soumise.

Un silence pesant tombe sur la salle. Les membres de la meute échangent des regards, certains intrigués, d’autres mal à l’aise. Le renversement est palpable. Lena, qu'il pensait fragile, qu'il pensait avoir écrasée, vient de reprendre le pouvoir. Non seulement elle s’est relevée, mais elle a changé les règles du jeu, renversé la dynamique.

Ryker reste là, immobile, un regard qui se fait plus sombre, plus intense. Lena le défie, et il la regarde comme si elle était une énigme qu’il venait tout juste de découvrir. L'étonnement cède peu à peu la place à une autre émotion, plus complexe : une sorte d’amusement. Ses yeux brillent d'une lueur qui n'échappe pas à Lena.

Il s'approche d’elle d'un pas lent, mais son sourire s’étire avec une lenteur calculée, presque dangereuse. Leur espace se resserre, leurs respirations se mélangent. Ryker semble trouver un étrange plaisir dans ce retournement de situation.

— Tu es plus dangereuse que je ne le pensais, murmure-t-il, une pointe de surprise dans sa voix. Il y a une nouvelle note de respect dans ses paroles, mais aussi un défi. Il sait qu'il n'a pas encore gagné.

Lena soutient son regard sans faiblir, un sourire joueur aux lèvres. Elle répond à son murmure d’un ton tout aussi tranchant, son regard brillant d’une lueur de défi :

— Et toi, plus prévisible que je ne l’imaginais, Ryker.

L’expression de Ryker change alors, un sourire carnassier étirant ses lèvres. Il n’y a plus d’étonnement, seulement un mélange de respect et de défi, une promesse implicite qu’ils ne vont pas se laisser facilement dominer l’un par l’autre. Le jeu de pouvoir entre eux n’est que commencer, et Lena vient d’imposer la première règle : dans cette guerre, elle n'est pas la victime.