Chapitre 4

Ava se tenait dans la cuisine, les mains posées sur le comptoir froid, les yeux fixés sur le petit Lucas qui jouait dans le salon. Le silence avait envahi la maison après une matinée de routine chargée. La tranquillité qui régnait à ce moment-là était presque irréelle, comme si l’agitation du matin était un mauvais souvenir. Ava sentait une pression constante depuis qu’elle avait accepté ce poste de nounou, mais quelque chose la poussait à se tenir droite, à assumer ce rôle malgré ses doutes.

Elle attendait, nerveuse, l’arrivée de Nolan, son employeur. C’était le moment où il reviendrait à la maison, après une longue journée. Même si elle n'avait eu aucune vraie interaction avec lui, elle savait que cet homme était une force imposante, une personne qui régnait sur ce manoir d’une manière indéniable.

La porte principale s’ouvrit brusquement, un claquement net résonna dans l’air, comme une déclaration d’autorité. Ava leva les yeux et vit Nolan dans l’encadrement de la porte. Il se tenait là, grand et imposant, avec l’air d’un homme habitué à être vu, à être respecté. Ses yeux sombres scrutèrent la pièce, comme s'il cherchait à s'assurer de la perfection dans chaque détail de son domaine. Le regard froid et impénétrable qu’il posait sur tout ce qui l’entourait la fit frissonner.

Il était habillé avec une simplicité glaciale, dans un costume noir parfaitement coupé, avec une cravate foncée qui contrastait avec sa peau pâle. Ses cheveux étaient soigneusement coiffés, et il dégageait une énergie qui semblait rendre l’air autour de lui plus lourd. Ava sentit une étrange pression, un tiraillement entre l’admiration et l’appréhension. Comment un homme pouvait-il être aussi… intimidant?

Elle tenta de garder son calme, mais son estomac se serra. Ce n’était pas juste son apparence qui la perturbait, c’était la manière dont il occupait l’espace. Il semblait être l’incarnation même de la puissance et du contrôle. Son regard se posa alors sur elle, perçant, et un frisson la parcourut.

— Vous êtes Ava, n’est-ce pas ? La voix de Nolan était grave, autoritaire, mais calme. Il ne demandait pas, il constatait.

Ava s'efforça de garder son équilibre. Comment savait-il son nom? Avait-il pris des informations sur elle avant même qu’elle n’entre dans la maison? Cela n’aurait pas été surprenant. Tout chez lui semblait être une question de contrôle. Elle hocha doucement la tête, sa voix fragile mais déterminée.

— Oui, je suis Ava, répondit-elle, son regard fuyant celui de Nolan. Elle n'osait pas le défier, pas encore.

Un léger rictus, presque imperceptible, passa sur les lèvres de Nolan, mais il ne fit aucun commentaire. Il se contenta de la scruter de la tête aux pieds, comme s’il évaluait chacune de ses actions et réactions. Ava avait l'impression d’être sous un microscope, jugée, disséquée à chaque instant. Chaque mouvement de son corps semblait surveillé.

— Très bien, dit-il après une pause, comme si son jugement était déjà fait. Alors, allons à l’essentiel.

Il s’avança d’un pas, ses mouvements calculés, mesurés. Ses yeux restèrent fixés sur elle alors qu’il fermait doucement la porte derrière lui. Le bruit de la porte se refermant donna l’impression que la pièce devenait encore plus étouffante, plus privée de toute possibilité d’échappatoire. Ava ne pouvait se défaire de la sensation de piégeage, comme si la maison elle-même l'enfermait dans une réalité dont elle ne pourrait plus sortir.

— Je vais être très clair avec vous, Ava, commença Nolan, sa voix devenant plus basse, plus sérieuse. Ici, dans ma maison, il y a des règles strictes. Des règles que vous devrez suivre. Il n’y a pas de place pour l’erreur. Il s'arrêta un instant, les bras croisés, son regard glacial planté dans ses yeux. Vous comprenez?

Ava sentit une boule se former dans sa gorge. Elle était prête à accepter ces règles, de toute manière, il n'y avait pas d'autre choix, n'est-ce pas? Mais l’intensité de ses paroles, la manière dont il articulait chaque mot, lui donnait le sentiment que chaque faux pas pourrait coûter cher. Elle hocha doucement la tête, sans pouvoir dire un mot.

— Vous n'êtes pas ici pour être la copine de mon fils, ni pour combler un vide personnel, poursuivit Nolan, ses yeux toujours ancrés dans les siens. Votre tâche est simple : fournir à Lucas la stabilité qu’il mérite. Il a besoin d’une figure solide, une présence constante, rien de plus.

Le ton de sa voix devenait presque menaçant, comme une promesse silencieuse que le moindre écart serait sanctionné. Ava se força à ne rien laisser paraître, mais à l’intérieur, une vague de tension la submergeait. Elle était ici pour un enfant, pas pour lui. Pourtant, il s’imposait comme si sa seule présence dictait l’issue de son rôle.

— Vous ne vous attendez pas à des traitements de faveur ici, ajouta-t-il, s’avançant de quelques pas, son regard ne la quittant pas. Et il n'y a pas de place pour les émotions personnelles. Vous n’êtes pas ici pour être ami avec Lucas. Vous êtes là pour lui offrir ce qu’il n’a pas, et ce que je n’ai pas pu lui offrir.

Le silence qui suivit était lourd de sens. Ava baissa les yeux, son cœur battant plus fort. Elle n’avait pas prévu de se retrouver dans une situation aussi complexe, aussi froide. Mais elle savait que c'était la réalité. Et à partir de ce moment, chaque mouvement, chaque mot, serait sous sa surveillance. Rien n’échapperait à Nolan Davenport.

— Vous suivez mes règles, ou vous partez, dit-il, et son ton était définitif. C’est aussi simple que cela.

Ava prit une profonde inspiration, levant les yeux vers lui, se forçant à garder son calme malgré la lourdeur de la situation.

— Je comprends, monsieur.

Nolan la fixa encore un instant, ses yeux perçant son âme, avant de se détourner d’elle et de faire quelques pas dans le salon. Il se planta là, toujours dominant, toujours ferme, comme si cette rencontre était une formalité, une simple introduction à ce qui l’attendait. Mais pour Ava, elle savait que tout venait de changer. Les règles étaient claires. Et ses journées, tout comme sa relation avec Nolan, seraient gouvernées par ces règles de fer.