Tip. Tap. Tip. Tap. Crr.
Les bruits de pas s'arrêtent et je sens le bruit d'une respiration. Proche. Je tourne la tête vers la droite et je pousse un cri de terreur pur, simple. Ma sœur se tient là, vêtue de haillons d'un blanc douteux. Elle a les bras ballants et ses traits sont tirés. Ses cheveux châtains et ses yeux gris me semblent ternes et sans vie. Son visage n'émet aucune expression. Des cernes violets courent sous ses yeux et ses pommettes maigres sont saillantes. Elle a maigri, beaucoup trop maigri. Des mots franchissent mes lèvres avant que je n'ai pu les retenir:
-"Jenna? C'est toi?"
Un sourire carnassier étire ses lèvres et elle me répond d'une voix rancunière:
Un sourire carnassier étire ses lèvres et elle me répond d'une voix rancunière:
•••
Je n'attends pas qu'elle finisse sa phrase et m'élance dans le couloir, je cours comme je n'ai jamais couru, pour ma vie. Mes jambes me tirent, mes poumons me brûlent. Puis je m'arrête brusquement. Non. Non. Non. Une impasse.
Je me retourne et vois Jenna s'approcher lentement de moi, telle une prédatrice. C'est la fin, je finirai ma vie ici. Tuée par ma sœur. Je ne ferme pas les yeux, me préparant déjà à ma mort.
Je souris tristement et elle se jette sur moi, ses crocs s'enfonçants dans la chair de mon cou. Ils atteignent ma jugulaire et je sens les derniers fils me reliants à la vie se briser. Je sombre lentement.
Ouhou ouhou ouhou...
Je sursaute dans mon lit, effrayée par le bruit de mon réveil. Je tape brusquement sur celui-ci et le pauvre tombe par terre. Je grogne et me penche pour le ramasser, heureusement pour moi, il n'est pas cassé.
Cela fait tant d'années que je côtoie ce réveil bleu... et je ne me suis jamais habituée à sa sonnerie plus que spéciale.
Je repousse mes couvertures pour m'extirper de mon meilleur ami et sors de mon refuge douillet.
Puis je m'active.
Je file prendre une douche, mais, manque de chance, elle est déjà occupée.
Je descends donc prendre mon petit déjeuner au pas de course et en quelques secondes, j'ai sorti lait, bol, cornflakes.
Machinalement, je verse le lait dans mon bol; et mes cornflakes, dans le lait. S'ajoute à cela une cuiller et le tour est joué!
Je déguste comme chaque matin cette bouillie et quand j'entends ma mère sortir de la salle de bains, j'abandonne mon bol vide sur la table et fonce dans la douche.
L'eau chaude me réveille complètement et je savonne mon corps machinalement. Bien évidemment, je me sèche dès que j'ai fini et m'habille.
Pull bordeaux, pantalon noir, tresse sur le côté, j'ai fini, il ne manque plus que mes chaussettes et mes chaussures.
Je ne mets pas de maquillage, je déteste même cela, en en mettant, je sais que je ne suis plus moi-même, c'est comme si l'on me défigurait brusquement. Alors, je fais abstraction des critiques parfois malveillantes et je vis comme je suis.
Je descends de nouveau dans la salle à manger et croise ma petite sœur, Jenna, que j'adore plus que tout. Elle a seulement neuf ans mais elle comprend tellement de choses! À chaque fois, je suis impressionnée.
En passant près d'elle, je lui fais un câlin et un rapide bisou sur la joue avant de me diriger vers la porte d'entrée, mon sac de cours sur l'épaule. Mon père est déjà parti au travail, comme d'habitude, rares sont les fois où je le croise le matin. Mais il compense en rentrant plutôt tôt ou même en passant à la maison au cours de sa journée.
Avant de claquer la porte, je crie un "au revoir" général et quitte mon chez moi.
Je me dirige ensuite vers le lycée de la petite ville dans laquelle j'habite. Cette année, je suis en première. Je ne vais pas vous mentir, je suis bonne élève, très bonne élève même. Malheureusement, c'est ce qui engendre parfois des moqueries.
Je m'arrête devant une maison et attends que ma meilleure amie en sorte, elle ne tarde pas et à peine une minute plus tard, elle est devant moi, en train de me claquer la bise. Elsa est vraiment une personne que j'adore, elle est toujours à l'écoute, gentille, et en plus de ça, elle ne juge jamais.
Elsa et moi, nous nous sommes rencontrées au collège, nous avons immédiatement accroché l'une à l'autre quand nous nous sommes parlées pour la première fois.
Nous commençons à discuter des prochaines vacances d'avril et de ce que nous allons y faire, entre temps, nous arrivons devant le lycée et je retrouve quelques uns de mes amis.
•••
En arrivant en cours de physique-chimie, je sais d'avance que quelque chose ne va pas, effectivement, le professeur ne tente pas de faire cesser le brouhaha qui règne dans la salle.
Je m'assieds à côté d'Elsa et le professeur se racle la gorge avant de commencer à farfouiller dans sa sacoche. Quelques minutes plus tard, il trouve enfin ce qu'il cherche, il tient maintenant dans sa main une grosse enveloppe rouge.
Tous les élèves se taisent. Ils l'ont tous reconnu, la lettre qui désigne les omégas qui iront à la Grande Réunion. C'est vrai, cette enveloppe est inimitable, elle porte un seau qu'il est impossible de reproduire.
Quant à la Grande Réunion, c'est un événement extrêmement important qui a lieu tous les deux ans. Elle réuni tous les Alphas, que ce soient ceux des Pays ou ceux des Continents. Durant deux mois, des discours sans fin ont lieu, ils portent souvent sur la situation dans le monde, ce qu'il faut améliorer, les éventuels problèmes... Mais ce qui rend cette réunion si spéciale, c'est le fait que ses participants soient tirés au sort, et justement, les participants sont rares. Dans notre lycée, seulement une ou deux personnes seront tirées au sort. La présence des grands de ce monde et pouvoir quitter le lycée pendant presque deux mois rend le fait d'être pris désirable. De plus, cette année, j'ai cru comprendre que la réunion se déroulait à New-York.
Le professeur ouvre l'enveloppe dans un léger craquement dû au brisement du seau et tous les élèves suspendent leurs souffles, même les humains de notre classe qui savent qu'ils ne seront pas pris écoutent avec attention. Le professeur commence à lire.
-"Omégas, cette lettre va vous désignez pour accompagner l'Alpha du Pays à la Grande Réunion qui a lieu tous les deux ans. Tirés au sort, les participants devront se rendre à l'aéroport de Nice le lundi vingt mars. Tout est stipulé sur le formulaire remis dans l'enveloppe et qui sera donné aux participants. Ces derniers sont les suivants:
-Gabriel Machvar
-Lou Koss
Omégas désignés, vous serez absents du lycée durant deux mois. Merci.
Les organisateurs de la Réunion."
Mon cœur loupe un battement. Moi? Je suis désignée pour aller à la Grande Réunion?
Tout le monde me fixe et je commence à me sentir mal à l'aise. Gabriel Machvar est un type que je connais, il a un an de plus que moi et est en Terminale. J'ai entendu dire qu'il était sympa alors je me réjouis de sa présence. Pourtant, c'est tellement inattendu que je sois prise.
Le professeur s'approche de moi et me tend un papier, je m'en saisis et lis brièvement ce qu'il y a marqué dessus. Des instructions, tout simplement.
Je devrais m'absenter à partir du lundi 20 mars. La Réunion se déroulera à New-York et je partirai en avion avec les autres Omégas désignés. Nous partirons à quatre heures du matin et nous arriverons vers six heures et demi heures du matin à New-York. La Réunion débutera le lendemain. Évidemment, la feuille n'oublie pas de mentionner que cette réunion est obligatoire.
Je lève la main pour demander l'autorisation de sortir et c'est sans grande surprise qu'il me l'accorde. J'adresse un signe de salut à Elsa et quitte la salle puis le lycée.
À l'extérieur, je me transforme en louve dans les craquements de mes vêtements. Nous les loups, nous avons le désavantage de déchirer nos vêtements lorsque nous nous transformons. Mais là, je ne veux pas perdre de temps et veux à tout prix aller annoncer à mes parents que je suis prise. Cela tombe vraiment, mais alors vraiment mal. Le fait d'avoir été tirée au sort me rend encore plus maussade. Pourquoi moi?
Les chaussettes blanches de mes pattes frappent le sol moelleux de la forêt, qui est juste à côté de ma maison. Mon pelage gris et mon ventre blanc ne me rendent pas vraiment unique sous forme de louve mais je me trouve plutôt pas mal, au moins, j'ai l'avantage de conserver mes prunelles vertes sous forme humaine.
Je me transforme en humaine quand j'arrive devant chez moi et entre dans ma maison silencieuse. Je me saisis du peignoir toujours présent à l'entrée et enveloppe mon corps nu.
Puis j'interpelle mes parents, j'ai la surprise de les voir débouler tous les deux dans l'escalier. J'imagine qu'ils sont surpris que je rentre si tôt. Je leur explique rapidement la situation et j'ai l'impression qu'ils sont plutôt contents, sans sauter de joie non plus.
Je les regarde à tour de rôle, attendant qu'ils daignent enfin dire quelque chose. Finalement, c'est ma mère qui parle la première:
-"Tu verras, la Grande Réunion est un endroit où tu apprendras un tas de choses, tu te feras de nouveaux amis et tu verras les loups les plus importants de notre société. Je suis fière de toi, moi, à ton âge, j'attendais cet événement avec impatiente, mais finalement je n'y suis qu'allée que lorsque j'ai eu trente-neuf ans. Tu vois le temps que j'ai dû attendre. Tu verras, tu t'y amuseras bien, ne t'inquiète pas."
Je ne suis pas spécialement inquiète mais ses mots me rassurent.
Mon père hoche la tête et je lui souris pauvrement.
Puis je monte dans ma chambre et la balaye du regard, la semaine procha
ine, je ne serai plus là, je ne reviendrai que dans deux longs mois.
••• Lundi 20 mars•••Mes affaires sont emballées. Ma chambre est rangée. Je la regarde une dernière fois avant deux longs mois, dans tous les détails. Un lit à barreaux bleus, un bureau en bois, le carrelage beige, les murs blancs, les photos accrochées au dessus de mon lit... Tout.Puis je sors lentement de la pièce sans un regard en arrière et descends avec ma valise, ma très lourde valise.C'est la première fois que je quitte aussi longtemps ma maison, ma famille, mes amis... Et je peux vous dire que cela fait bizarre. Car je sens que je ne suis pas prête à tout laisser derrière moi, même si je suis sûre de revenir. Je serre ma sacoche contre moi et manque de trébucher dans l'escalier en me prenant le pied dans la valise.J'ai du mal à la porter tellement je suis fatiguée. Effectivement, qui n'est pas fatigué à trois heures du matin? Pas moi, en tout cas.Mes parents sont devant la porte, ils m'attendent. Ma petite sœur me regarde et je vois une larme couler sur sa joue, la pauvre
Le lendemain je me réveille et regarde ma montre, il est six heures et demi. Ça va, je me fais assez vite au décalage horaire. Je décide d'aller prendre mon petit déjeuner mais avant je prends une douche, m'habille et descends manger.J'ai plusieurs heures devant moi car la première Réunion ne commence qu'à neuf heures, ce qui me laisse largement le temps pour me préparer. Je ne suis donc pas pressée...Arrivée en bas, le serveur m'indique une table et je m'y installe sans tarder. La variété de plats qu'ils proposent est impressionnante mais je fais vite mon choix. Classique. Je commande donc des œufs brouillés et du bacon.Mon petit déjeuner se passe en toute tranquillité et quand j'ai fini, je remonte dans ma chambre et appelle Elsa, je lui raconte ma première journée et nous restons une bonne heure au téléphone.Puis je me décide à raccrocher car maintenant, il faut que j'y aille. À la première séance de la Grande Réunion. Je stresse. Sans raison évidente.J'arrive devant le bâtime
Quelques secondes plus tard, je risque un nouveau coup d'œil et je relève de la tête mais il me fixait encore et cette fois, nos regards se croisent. Sans que je ne l'empêche.Nos pupilles ne se lâchent pas, une tempête d'émotions me submerge. Mon rythme cardiaque ralenti alors que je me sens de plus en plus mal. Que m'arrive-t-il?L'Alpha d'Asie interpelle celui qui me scrute, sûrement pour lui poser une question et il détourne son regard. Ses yeux. L'instant étrange vole en éclat, je me sens nauséeuse. Je ne suis pas bien, j'ai une envie de plus en plus prenante de vomir et la tête me tourne. Je me lève. Je titube et commence à descendre vers la sortie sous les regards indignés des autres Omégas.Au bout de ce qui me semble une éternité, je me retrouve enfin dehors. Des points noirs apparaissent dans mon champ de vision et des bras enserrèrent ma taille. Je me retourne lentement, en titubant, pour tomber sur Gab. Ce dernier me regarde d'un air soucieux.Je finis par me sentir gêne
Je demeurais bouche bée devant la grandeur du bâtiment. Nous étions là, avec Gab, depuis une dizaine de minutes quand des militaires s'approchèrent, l'air menaçant.-"Qu'est ce que vous voulez vous? Traînez pas ici !"Je restais choquée par la violence de ses paroles et de la manière dont ils nous avaient abordé. Gab me tira le bras et nous rebroussâmes chemin. Nous ne dîmes rien, occupés par nos pensées, tout le long du retour. Quand nous arrivâmes à l'hôtel, je montai sans un mot dans ma chambre après un petit "au revoir" à Gab. Je me couchai ensuite et tombai dans les bras de Morphée.•••Le lendemain, je me levai vers 6heures et comme je savais que je n'allais pas me rendormir, je pris mon temps pour me doucher et me préparer. Je déjeunai ensuite et lorsque j'eus tout fini, je m'aperçu qu'il était seulement 7 heures 10. Je réfléchis à ce que je veux faire et me dis que je peux partir en avance, très en avance pour voir l'organisation du début de la 3ième Réunion. Je descends dan
-"Hey!", répond-elle joyeusement.-"Qu'est-ce que tu fais ici Émilie?" lui demandai-je.-"Bah... je t'attendais, je voulais te voir, parler quoi!"-"Ça me vas, aller, on va où?"-"Vers le quartier Sud, ça te vas?"-"Oui!"Nous nous dirigeons donc joyeusement vers le quartier Sud tout en bavardant. J'étais un peu secoué par ce que m'avais avoué l'Alpha d'Europe. Pourquoi ce truc d'âmes sœurs était-il tombé sur moi? Je ne le méritais pas, il était trop important, trop beau et trop intelligent pour moi. Et surtout, c'était un Alpha.Émilie dut se rendre compte que quelque chose n'allait pas car elle me demanda:-"Il y a quelque chose chez toi qui ne vas pas bien aujourd'hui. Qu'est ce qu'il se passe? Si tu ne veux rien me dire, je comprendrai, après tout, on ne se connaît pas vraiment."Je réfléchis et l'envie me prend de tout lui raconter, j'avais besoin de l'avis d'une fille et Elsa n'était pas là. De plus, ce n'était pas des choses que l'on racontait par téléphone, ce qui m'arrivait.
Quand j'arrive dans ma chambre, à l'hôtel, je me jette sur le lit et, fatiguée par cette journée mouvementée, je m'endors.•••Le lendemain, j'ai de nouveau quartier libre.Je me demande ce que je veux faire et l'envie me prend d'aller de nouveau au parc, je veux être seule, j'irai au lac et je pense que je pourrai peut-être faire du bateau. Je m'habille et prend lentement la direction du lac. Il est 9heures.Arrivée là-bas, je me dirige vers le banc que nous avons occupé, Gab et moi. Je m'y assieds et effleure la place qu'il occupait.-"Bonjour", dit une voix grave.Je relève la tête. Un homme très grand me dévisage, son visage à contre jour me permet de l'identifier avec un temps de retard.-"Euh...bonjour.", je réponds, intimidée.Mon Alpha fait un geste de la main à ses gardes du corps, qui nous quittent, nous nous retrouvons seuls. Il s'assied à la place de Gab, très à l'aise.Je le regarde quelques secondes avant de baisser les yeux sur mes mains.-" Tu es mon âme sœur.", dit-il
Toc, toc, toc.-"Entrez!", je crie.Gab entre dans la chambre et vient s'asseoir à côté de moi, sur le lit. Il me regarde et demande, assez agressif:-"Que faisais-tu au parc avec l'Alpha d'Europe?"Je n'ai pas envie de lui dire la vérité, ça ne le concerne pas, alors je mens:-"En fait, il était au parc et moi aussi. Nous nous sommes croisés et il m'a reconnu. Tu sais, lorsque qu'on a parlé pour soutenir l'Alpha avec lequel on était d'accord, et ben, il m'a demandé pourquoi j'avais soutenu l'Alpha d'Afrique. Je lui ai répondu que c'était l'Alpha avec lequel j'étais d'accord et tu es arrivé."Visiblement, il n'a pas l'air très convaincu, pourtant, il ne dit rien et demande:-"Bon d'accord. Est-ce-que ça te dirait de venir manger avec moi ce soir?"Je souris.-"Pourquoi pas?"Il fait un énorme sourire et quitte ma chambre. J'ai faim, mais il n'est que midi et je ne mangerai plutôt vers 13 heures. Je pense à ce matin, à Étienne.Toc, toc, toc.Encore un visiteur, c'est des condoléances
-"Rien!", je crie.Visiblement, il ne me croit pas. Il me tourne le dos et regarde par la fenêtre.-"Ne me laisse pas toute seule...", je supplie. Il se retourne. Je me rapproche de lui et pose ma tête contre son torse. Il me serre dans ses bras et les battements de son cœur m'apaisent. De longues minutes passent, je me sens mieux et je sens qu'il est plus détendu.Il s'assied sur le lit et me pose sur ses genoux. Ma tête est toujours sur son torse. Il reprend d'une voix plus douce:-"Lou... Il faut que tu me le dises."Je prend une grande inspiration.-"Quand tu es parti de l'hôtel, tout à l'heure, j'ai commencé à avoir mal au cœur, comme si on y plantait des aiguilles. Donc je suis partie à ta recherche, je t'ai retrouvé et je vais mieux. Mais ça me fait mal parce que tu n'es pas là. Tu me manques."Je baisse les yeux. Il me serre plus fort contre lui et je me laisse aller. Ma tête est dans son cou, il sent la forêt, le bois et un peu... lui. Oui, oui, il sent lui!Je ferme les ye
C'est ainsi que s'écoula ce joyeux mois, j'étais avec mes proches, pendant l'été, au beau milieu d'une forêt tranquille. Je crois que ce fut l'un des meilleurs de ma vie, si on ne compte pas l'absence d'Étienne. Cette vision joyeuse fut un peu troublée par ce que j'appris par Aurélien, que j'avais été violée.Chaque nuit, Gabriel revenait me hanter, chaque nuit, la scène se prolongeait d'une longueur qui me réveillait brusquement, en sueur. Souvent, je n'arrivais pas à me rendormir et restais seule dans la cuisine de l'appartement, une tasse de chocolat chaud répandant une douce chaleur à travers mes doigts. Je n'étais pas véritablement seule, Jenna dormait avec moi et mes parents occupaient une chambre adjacente. C'était rassurant de les avoir près de moi, ça faisait si longtemps...Hin wiyama hin wiyamabalaLui et l'esprit de la vie t'appelle oh oh hiobani ya (oh oh hio)Rubu gosaga CocoJe sursaute alors que la musique du Roi Lion retentit de mon téléphone, interrompant le fil de m
Point de vue: LouHans et Kiral pénètrent dans la pièce, deux ombres mouvantes à la faible lumière. Menaçantes. Je me tapis un peu plus dans mon coin lorsque je réalise que je suis ici, en enfer.-« Lou, quelqu'un veut te rendre visite... », la voix de Hans ricane doucement, d'un ton enjôleur.Puis un homme entre dans la pièce, d'une stature imposante, il domine les deux hommes. Je tourne ma tête vers la droite et regarde les couchettes de mes deux amies, elles sont vides. Où sont-elles? Arlésie. Émilie...Une lumière éclate dans les lampes et me brûle les yeux. Pendant quelques secondes, je suis aveuglée. Et après, je le vois. Gabriel.Un mauvais pressentiment m'envahit, mais je n'en tiens pas compte et bondis dans ses bras, immensément rassurée. Je ne me demande pas ce qu'il fait là, ce qu'il vient faire ici, je lui fais confiance.Son étreinte chaude me rassure tandis que son odeur enivrante parvient à mes narines. Derrière lui, Kiral et Hans sont partis, mais je le remarque à pein
Point de vue: ÉtienneJe marche en direction de ma demeure, à travers le village presque désert. Les feuilles qui jonchent le chemin craquent sous mes pas, le chant des oiseaux résonne entre les troncs, le Soleil tape. La joie me sert le cœur. Je suis heureux. Elle est de nouveau là, près de moi. Cela fait presque un an que nous nous sommes quittés, que nous nous ne sommes plus vus... Et maintenant, je peux regarder ses beaux yeux verts, son visage fin, ses cheveux certes courts et abîmés, mais qui lui encadrent à merveille son joli visage. Désormais vivant, où les émotions transparaissent.Je sens sa présence au fin fond de moi, alors qu'elle allait bientôt me quitter à jamais. Je sens son cœur battre, son sang couler, ses poumons se soulever. Je sens tout, alors qu'hier, je ne sentais rien. Nous ne formons plus qu'un. Une symbiose.Si son cœur n'avait pas battu plus vite, si ses lèvres n'avaient pas prononcé mon nom, si ses yeux ne s'étaient pas ouverts, elle ne serait plus là. Que
Je respire calmement, paisiblement. Depuis quelques minutes, je suis de nouveau consciente, mais différemment.La peur m'a quitté, l'incertitude s'est envolée. Je ne sais pas si je me suis éteinte ou si la vie m'habite toujours. Mais je sais que je suis calme.Je sursaute lorsque j'entends le bip bip de la machine infernale. J'ai retrouvé mon ouïe, donc cela veut dire que je suis toujours en vie. Mais quelle heure est-il? À peine ai-je pensé cela que j'ouvre les yeux. Mon cœur accélère tandis que j'essaye de distinguer quelque chose, mais tout est flou, brouillé. Je vois juste qu'il fait sombre, très sombre. C'est donc la nuit? Ils m'ont donc laissé vivre?Je me concentre et au fur et à mesure que le temps passe, les détails se font plus nets et c'est avec joie que je distingue enfin le bureau au fond de la pièce.Je suis donc dans ma chambre, aménagée pour m'accueillir. Puis mes yeux papillonnent vers la pendule, il est deux heures quinze du matin. On ne m'a donc effectivement pas t
•••Trouve une solution, tu n'as plus que trois jours. Le temps presse, les secondes et les minutes filent.Trouve une solution, tu n'as plus beaucoup de temps. Le temps avance, les secondes et les heures passent.Vingt-quatre heures passeront vite.Mille-quatre-cent-quarante minutes passeront bientôt.Dépêche toi.Le silence règne partout, terrifiant, demain soir, je ne serai plus là. Mes pensées se mêlent. Je ne peux plus réfléchir correctement.C'est le soir.Il fait peut-être nuit.Il fait peut-être encore jour.Nous sommes en juin, presque en juillet.C'est l'été. Le dernier peut-être.Il y a trop de peut-être. Beaucoup trop.Et je me concentre sur l'environnement que j'arrive à percevoir. Le silence. L'odeur de Javel. Les doux draps. Le goût de salive qui reste dans ma bouche.Qu'est-ce que je fais?Je ne me reconnais plus.Qui suis-je?•••Un vent frais effleure ma joue, hérisse les poils de mes bras. Le chant des oiseux résonne fort dans la pièce, c'est donc le matin?Plus bea
Point de vue: LouJe reprends connaissance avec mon cerveau après ce qu'il me semble des heures. Je sens un masque posé sur ma bouche et qui couvre mon nez. Il me force à respirer.Que s'est-il passé?Mon cœur s'est arrêté... et?Suis-je morte?Suis-je vivante?Ou entre les deux?Je ne délibère pas davantage, je sombre dans l'inconscience.•••Je sens quelqu'un caresser mes cheveux. D'ailleurs, je ne sais pas si ces derniers ont repoussé...Mais donc je vis toujours?-« Heureusement que tu étais là Charles... », j'entends quelqu'un parler.Honorine?Je souris intérieurement, heureuse de l'avoir près de moi, même si j'ai l'impression d'avoir couru un marathon... Effectivement, je suis épuisée, ma tête me fait mal. J'ai du mal à écouter tout ce qui se dit, mais je sais désormais que Charles était là, qu'il m'a empêché de mourir, mais-« Peut-être que cela ne servira à rien, peut-être que ça n'a fait que rallonger le jour de son départ... », dit Charles la voix vibrante et rauque, « Tu s
Point de vue: LouD'après les médecins, cela fait maintenant six mois que je suis dans une sorte de coma de stade III. Un coma, car je ne peux pas bouger, ni parler, ni respirer par moi-même. Même si je réagis aux extensions et flexions réflexes, je ne peux pas communiquer avec le monde extérieur, même par la pensée. Une sorte, car les médecins pensent que je suis guérie au niveau des nerfs et du cerveau, qui ont été effectivement abîmés lors de ma chute. Mais désormais, ils pensent que mon corps se maintient dans ce coma pour me protéger. Cela est normal, après ce que j'ai vécu aux côtés d'Émilie et d'Arlésie, et avec Gabriel...Les six mois semblent longs. La volonté de sortir de ce sommeil sans fin n'est pas assez forte. Durant longtemps, j'ai souhaité rouvrir mes yeux, mais ce souhait ne s'est jamais réalisé. Malgré l'événement qui a bouleversé le cours de choses.J'ai repris conscience avec moi-même il y a environ quatre mois, j'ai enchaîné des phases de conscience, et des phases
Point de vue: Aurélien (bêta d'Étienne)Les renforts arrivent. Enfin. Les deux heures et demi pendant lesquelles nous les avons attendu m'ont semblé tellement longues... Pourtant, malgré les secousses qui continuent de faire tanguer les murs, je marche dans la base. Dans un couloir sombre. Derrière moi, Benjamin et Hugo parlent a voix basse, ils sont suivis de Louis, qui est sous sa forme lupine.Je tends l'oreille, il faut que nous trouvions tous les prisonniers qui sont enfermés ici. Et les chefs. Je suis conscient que nous ne pourrons pas tout faire, mais les renforts se chargeront du reste. Nous tournons silencieusement à droite. Des rangées de portes blindées s'offrent à nous et je stoppe inconsciemment ma marche.Les trois loups-garous derrière moi grognent et je soupire. Mes sens explosent et je cherche, je cherche une trace de vie.Des bruits de respiration, Un gémissements, des paroles. Un cœur qui bat. Une nouvelle explosion retentit dans un coup sourd. Les lumières grésill
Point de vue: LouIl inspire et son corps athlétique se déplace d'un pas vers moi.-« Répond moi. Gabriel. »Ma respiration se hache, se coupe quand il s'approche un peu plus de moi. Puis il écarte les bras, son geste m'invitant à un câlin alors que des centaines voire des milliers de questions explosent dans ma tête, entre les parois de mon crâne. Que fait-il là? Est-il un ami ou un ennemi? Puis-je lui faire confiance? Est-il sincère?Toutes ces interrogations défilent, dansent la salsa dans mes yeux, entre nous. Je me rappelle encore les bons moments que nous avons passé ensemble à New-York alors que je sentais que je tombais amoureuse de lui. Tout cela a explosé quand j'ai rencontré Étienne, mon âme sœur, ma moitié... Cet amour pour Gabriel qui commençait à enfler dans mon cœur s'est éteint alors que lui souffrait, voyant que les sentiments que j'éprouvais pour lui disparaissaient.Maintenant, nous nous dévisageons tous deux avec attention alors que j'essaye d'interpréter son geste