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Penulis: Frédéric Zumbiehl
last update Terakhir Diperbarui: 2024-10-29 19:42:56
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Ah Istanbul ! Cité unique au passé riche d’une histoire qui se conjugue avec celle de l’humanité toute entière, carrefour incontestable et incontesté de cultures millénaires, porte historique entre l’Orient et l’Occident.

Et ce Ritz-Carlton, quel délice ! L’alliance parfaitement suave du charme oriental aux relents de parfums épicés et du confort incomparable de l’hôtellerie moderne de luxe. Quel endroit édifiant pour une rencontre romantique !

Le cuir mou d’un confortable fauteuil du salon VIP épousait avec délicatesse mes formes fermes et musclées, tandis que je dégustais un Daiquiri délicieusement glacé, m’imaginant presque voir Shéhérazade débarquer, lorsque le colonel KKK fit son entrée et fondit sur moi, tel un rapace en phase terminale de piqué sur sa proie apeurée.

– Vous avez la mallette ?

Je sentis un truc se briser en moi, je ne sais pas, une espèce d’innocence béatement crédule qui me faisait parfois voir la vie façon roman à l’eau de rose. Ma vague de romantisme se brisa comme sur une falaise monstrueuse et la réalité crue et blafarde me percuta avec la force d’un mawashi-geri de Chuck Norris, vous savez, cet ancien champion de karaté qui se prenait pour un acteur tous les dimanches après-midi, sur la Une, quand on était gamin.

Huit cents kilos de pression au centimètre carré, ça réveille ! Je m’ébrouai durement.

– Heu… oui, la voilà !

Je lui tendis l’objet qu’il m’arracha presque des mains dans un empressement maladif qui ne me parut pas de bon augure. Il s’assit face à moi, posa la mallette sur la table basse qui nous séparait, parcourut de ses longs doigts noueux les molettes chiffrées gardant jalousement la combinaison secrète, l’ouvrit, en sortit plusieurs feuillets qu’il parcourut avec avidité.

Après quelques instants d’un examen minutieux, il remit les feuilles dans la mallette et me tendit une enveloppe épaisse.

– Voici le solde. Je vous recontacterai pour la suite des opérations.

Sur ce, il se leva comme un ressort et partit telle une fusée en mal de mise sur orbite.

Je restai bêtement assis, l’enveloppe dans une main, mon Daiquiri dans l’autre, ne sachant si j’allais d’abord finir mon verre ou bien compter mes biftons.

 

Moi et les décisions, mon éternel problème ! Toutefois, un truc plus grave me trottait dans la tête comme un cheval sur l’hippodrome de Vincennes.

Le K s’était assis devant moi pour mater ses feuilles, les tenant bien verticales devant lui pour que je ne puisse rien voir. Ce qu’il n’avait pas pensé, ce gland, c’est que, par transparence, j’avais vu ; pas tout, bien sûr, mais deux trucs plutôt troublants.

Tout d’abord, j’avais aperçu un plan, représentant une espèce d’engin. Si c’était un nouvel ordinateur, il était vachement en avance sur son temps, avec sa forme en obus. Le nouvel Imac peut-être, commandé par Disney pour Star Wars numéro douze ?

Et deuxièmement, j’avais réussi à lire à l’envers 532 U, ce qui à l’endroit donnait U 235. Pas beaucoup de changement, me direz-vous ? et pourtant ! U 235, ça ne vous dit rien ? Les sous-marins allemands de la dernière guerre, les U-boot ? U quelque chose. Je suis même certain que le U 235 a existé.

Il y avait aussi une autre possibilité, encore moins réjouissante, pour ne pas dire bien pire. La chimie et la table de Mendeleiev, ça n’a jamais été mon fort. Pourtant, je me souvenais que l’U 235 en fait partie.

Dernier élément.

U pour Uranium, 235 pour la masse atomique.

Uranium, atomique, mafia russe…

Putain, vous suivez mon raisonnement ?

Ma décision était prise : je bus le Daiquiri. Cul sec. Puis j’en commandai un autre.

Seulement après, j’ouvris l’enveloppe et comptai les biftons. Le compte y était. Il était temps de prendre des vacances, histoire de me remettre de toutes ces émotions et de prendre de l’avance sur celles qui ne manqueraient pas de venir.

Je ne croyais pas si bien dire !

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