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20

Author: Frédéric Zumbiehl
last update Last Updated: 2024-10-29 19:42:56
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Istanbul, cinq heures du mat’.

Je ne sais pas vous, mais moi, je déteste me lever tôt. S’arracher à un bon lit douillet et bien chaud pour aller affronter un monde froid et barbare, quelle souffrance ! Remarquez, l’effet douloureux peut en être atténué par un appétissant petit déj’ plein de café et croissants chauds, brioche parfumée à la fleur d’oranger, assortiment de confitures et divers miels… liste non exhaustive.

Je me délectais tel un gourmand gourmet en compagnie de John lorsque mon associé fit son apparition, la mine défaite et l’œil rouge.

– Magne-toi, le taxi est arrivé.

– Qu’est-ce qui t’arrive ? T’as pleuré toute la nuit ou t’as oublié de te maquiller ?

– J’ai monté la garde, figure-toi.

– Heu… pourquoi ?

– Bienheureux les inconscients, fit Valentino en secouant la tête avec lassitude. Je te rappelle qu’on est activement recherchés par une bande de révolutionnaires, un grand maître du Ku Klux Kl
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    23Finalement, nous eûmes le temps de le prendre, ce café. L’avion de mon ex-chère et torride avait du retard, aussi nous nous installâmes au bar de l’aéroport.Anita débarqua trente minutes plus tard. Elle portait une combinaison de coton blanc dont la légèreté laissait présumer qu’elle ne portait pas grand-chose d’autre dessous. Des escarpins et un sac à main de la même couleur complétaient avec élégance sa tenue. Ma joie de la revoir fut cependant un peu ternie par le fait qu’elle avait omis de me parler d’un détail: elle n’était pas venue seule.Le détail en question était un grand balaise dans la quarantaine bien avancée, plutôt beau gosse, la mâchoire carrée, le regard percutant, bref, l’air sûr de lui et bien sapé. Anita se jeta tout de même dans mes bras, avec néanmoins une retenue calculée. Je compris le message et évitai de balader mes mains ailleurs que sur sa taille, puis elle nous présenta.– Charlie, je te présente mon ami, Bernard Toupie

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    24Le voyage du retour vers Istanbul se fit dans un silence relatif, chacun ruminant ses pensées dans son coin.Val gara la BM sur le quai.Avant même de pénétrer dans le hangar, je sus que quelque chose n’allait pas. J’ouvris la porte métallique avec grande précaution; Val, juste derrière moi, brandit le pistolet. Nous pénétrâmes dans le hangar comme des sioux sur le sentier de la guerre. La silhouette de la jonque posée sur son ber se découpait dans la pénombre ambiante; l’odeur de peinture, mélangée à celle du renfermé et de l’humidité agressait toujours silencieusement les narines. Tout était bien trop calme. Val emprunta l’échelle qui menait au pont, je le suivis en silence. La table en teck et les chaises renversées attestaient qu’on s’était battu ici. Nous visitâmes toute la jonque: personne à bord, juste un téléphone portable laissé bien en évidence sur la table à cartes, avec un post-it collé dessus, sur lequel était inscrit un numéro de

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    Last Updated : 2024-10-29

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  • Charlie Blues: Badass Boy   19

    19L’air frais nous fouettait à nouveau le visage. Nous avions fait demi-tour vers Istanbul quelques minutes plus tôt et les lumières lointaines de la vaste agglomération imprimaient une lueur fantomatique sur les quelques nuages chargés d’humidité qui survolaient la cité.– On est à quelle distance du port, à ton avis? hurlai-je par dessus le bruit du moteur.– Au moins quarante kilomètres!– Putain, on pourra pas rentrer sans!Le moteur fit de nouveau entendre quelques ratés, puis s’arrêta sur un dernier hoquet. Val laissa filer en roue libre une vingtaine de mètres avant de nous stopper sur le bas côté.– Tu disais?– Merde!– C’est aussi mon avis.Et voilà, on était redevenus deux pauvres piétons dans un monde dédié au moteur à explosion. C’est con, hein! Okay, okay, relativisons. Sur l’échelle des emmerdes, la panne d’essence est à un tout petit niveau. C’est vrai quoi, y’a pas mort

  • Charlie Blues: Badass Boy   18

    18La folle poursuite commença.Nous étions pour le moment dans le quartier des orfèvres; les murs resplendissaient d’or et d’argent: assiettes finement travaillées, plats à couscous et autres vaisselles de cuivre rutilantes sur lesquelles se reflétaient les centaines d’ampoules éclairant le tunnel aux voûtes habilement décorées de motifs arabisants.La visite était superbe, quoiqu’un peu trop rapide à mon goût. Val et moi inaugurions un nouveau style, ce qu’on appellera peut-être plus tard, si l’effet se démocratise, du tourisme éclair, autrement dit, voir un max de trucs dans un minimum de temps.À notre époque où tout va de plus en plus vite, c’est peut-être un concept révolutionnaire. Vous savez quoi? Je crois qu’on devrait breveter l’idée et lancer la mode, organiser la visite du Louvres en rollers, voyager sur la Seine en offshore, s’offrir le tour des pyramides en jet ou un safari au Kenya en 4x4 de course.– Charlie, au lieu

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