Ma vie de jeune se résume en deux points : école et ensuite je vais au marché aider ma grand-mère la mère de mon père les vendredis soir.
Je suis Kimberly Ngassa jeune camerounaise originaire du MBAM et KIM âgée de 17 ans je suis en classe de terminale une première pour ma famille. Faut savoir ma mère a arrêté l’école à 15 ans elle est tombée enceinte de moi en troisième et a du arrêté les études pour se consacrer à sa nouvelle vie de femme au foyer. Je suis l'aînée d’une famille de 4 enfants j’ai donc trois frères à savoir Aurélien,Alexis et Charles vous l’aurez compris je suis la seule fille. Notre père est décédé quand nous étions très petits, il est tombé du haut d’une maison en chantier où il travaillait. Depuis lors, notre mère essaye de prendre soin de nous tant bien que mal. Maman est ménagère dans la maison de notre bailleur, bien sûr le loyer est déduit du salaire de ma mère mais il nous le fait au rabais. Nous vivons dans le quartier Essos et je fréquente le lycée du même nom. Nous vivons dans une chambre à cinq à savoir mes frères, ma mère et moi. Chez nous la famille compte avant tout, nos parents nous ont élevé dans cette optique. Vendredi matin mon amie Lorie et moi allons à l’école nous fréquentons le même lycée. En classe, des copies de littérature nous sont rendues et comme toujours j’ai eu la première note. En rentrant ce soir-là Lorie me pose des questions.- Dis Kim… Tu fais comment pour avoir d’aussi bonnes notes ?
Je souris avant de lui répondre.
- Tu sais Lo contrairement à toi moi j’étudie et puis à chaque fois que je te demande de venir travailler avec moi tu refuses
- Mais c’est tellement ennuyeux de lire les cours, dès que j’ouvre mon cahier je m’endors. Elle me dit ça en mimant une position allongée sur l’oreiller. Nous éclatons toutes les deux de rire. Mais sérieusement comment fais- tu ? Vous vivez dans une chambre minuscule à cinq, c’est toujours bruyant quand je viens chez toi où trouves-tu le temps pour étudier ? Continue t’elle
Bien que nous soyons amies, Lorie et moi sommes très différentes. Elle vient d’un milieu assez aisé, son père est le propriétaire de plusieurs chambres et maisons en location vous l’aurez compris Lorie est la fille de notre bailleur. Nous avons par conséquent grandi ensemble. Bien qu’elle sache de quel milieu je viens, mon amie ne saura jamais ce que j’endure quotidiennement. Non, elle ne le sait pas. Elle ne sait pas ce que c’est que de devoir se battre jour et nuit sans savoir si le lendemain on aura de quoi manger, elle ne sait pas ce que c’est que d’aller à l’école le ventre vide parce qu’il fallait privilégier ses petits frères, elle ne sait pas ce que c’est de voir les autres porter les derniers habits à la mode et toi tu dois te contenter de ce que la fille du bailleur veut bien te donner. Elle ne sait tout simplement pas ce que c’est d’être pauvre. De plus, elle et moi sommes différentes en tout point tandis que Lorie est belle, brune de peau et sûre d’elle en plus d’être sociable, moi je suis noire, pas très sure de moi et asociale elle est pour ainsi dire ma seule amie. Lorie n’a de cesse de me dire que je suis jolie et je vois bien le regard des hommes sur moi mais je n’y prête pas attention la seule chose importante pour moi ce sont mes études. Je la regarde et lui répond
- Tu sais Lorie quand tu sais d’où tu viens et ce que tu veux dans la vie tu mets tous les moyens en œuvre pour y arriver. Je suis porteuse de beaucoup d’espoir, je ne peux pas décevoir ma mère, elle ne s’en remettra pas. Ma mère est mon univers, nous sommes tellement proches elle et moi, mais malgré tout l’amour que je lui porte je refuse de finir comme elle. Je me l’interdit.
Obligé de vivre au dépend des autres, nous vivons de la charité du bailleur et ma mère ne vit que pour ses enfants. Elle est enchaînée à nous à tel point qu’elle en oublie de vivre. Voilà bientôt 11 ans que mon père nous a quittés, ma mère n’a plus jamais été avec un autre homme sous prétexte qu’elle s’occupe de nous. Pourtant elle est une très belle femme. Alors j’évite à tout prix les hommes. Pour moi, ce sont des agents de la perdition.
Lorie me ramène au présent
- Tu veux dire moi je ne suis pas porteuse d’espoir c’est ça ? Je la bouscule gentiment et lui répond
- Mais non t’es bête … je veux juste te dire que toi tu as droit à une marge d’erreur mais pas moi. Je dois réussir tout ce que j’entreprends parce que je n’ai pas le choix. Mais toi si. Elle me lance un coup d’œil interrogateur mais ne rajoute rien.
Nous continuons à avancer tout en discutant quand soudainement je me heurte à quelque chose de dur et grand très grand
- Je suis dé… je suis coupée dans mon élan par de magnifiques yeux. Les plus beaux que j’ai jamais vu je ne savais même pas qu’un camerounais avec des yeux pareils pouvait exister puis mon regard se baisse sur la bouche. Ses lèvres, je me mords la lèvre sans le faire exprès à défaut de mordre dans les siennes je préfère mordre les miennes et il me sourit mettant ainsi ses fossettes en évidence. Il est brun, grand de taille et un appel à la tentation.
- Non ne t’excuse pas. C’est de ma faute je n’ai pas regardé où j’allais. Il continue de me fixer je baisse la tête et m’avance d’un pas pour le contourner mais une main me retient.
- Eh pourquoi t’es pressée comme ça? Me demande le garçon, je ne réponds rien et continue de baisser la tête pour éviter son regard.
- Nous sommes pressées c’est tout. Répond une voix derrière moi c’est Lorie.
- Dans ce cas, pouvons-nous faire un peu de route avec vous ? Je suis avec mon ami. Dis le garçon en nous montrant quelqu’un derrière lui
Lorie s’avance et vient brusquement tirer sur ma
main avant de lui répondre avec agressivité.
- Nous sommes mieux toutes seules elle me tire et nous nous en allons.
Une fois à bonne distance du garçon je peux enfin respirer je ne m’étais même pas rendu compte que j’avais arrêté de respirer . Je me tourne vers Lorie et lui demande- C’était quoi ça ? Tu as été super dure avec eux .
- Ils avaient qu’à pas nous approché me répond t’elle- c’est toi qui n’arrêtes pas de me demander de me trouver un garçon qui me va décoincer dis-je en mimant les guillemets. - Oui mais pas celui-là il n’est pas pour toi.Je m’arrête un instant pour la dévisager avant de lui demander
- Et qui es-tu exactement pour décider ce qui est fait pour moi ou pas ?
- Kim je suis ton amie okay ? Je veux ton bien avant tout et ce gars dit-elle en pointant la direction par laquelle nous sommes venues, n’est pas fait pour toi. Je veux juste te protéger .
- Tu es sûre que c’est tout ?- Mais oui bien sûr.Je ne sais pas pourquoi mais quand elle me dit ça je ne la crois pas du tout.
Une fois à la maison, je trouve Charles le dernier couché dans la chambre, dès qu’il m’aperçoit il vient me sauter dans les bras je lui fais un bisou avant de lui demander de sortir car je voudrais me changer. Je porte donc mon petit kaba et je vais au marché retrouver ma grand-mère. Je dis au revoir à Charles qui me demande de lui garder une friandise. Une fois au marché, je trouve rapidement le comptoir de grand-mère, quand elle m’aperçoit elle dit à tous ses clients
- Vous voyez comment ma petite fille est belle ? En plus d’être intelligente ? Vous verrez qu'elle va épouser un grand type de pays, pas les petits bandits de Essos ci.
Je baisse la tête gênée et je vais lui faire un câlin, puis je prends les assiettes sales pour les laver.- Kim j’espère que l’école ça va. Parce que vous êtes notre fierté à ta mère et à moi notre dernier espoir c’est à vous de redressez cette famille, voilà pourquoi nous faisons autant de sacrifice pour vous.
Mes frères et moi sommes bien conscients des espoirs qui pèsent sur nous voilà pourquoi nous travaillons doublement. Maman et grand-mère sont notre seule famille, nous vivons pour elles comme elles vivent pour nous. À 18h grand-mère mère me dit qu’il est temps pour moi de rentrer elle prend 2000 fcfa et me remet en disant qu’il s’agit là de notre argent de semaine à mes frères et à moi . Nous passons le reste du week-end à faire la lessive et préparer nos effets pour lundi comme d’habitude maman me fait mes 6 nattes. sur la tête et nous attendons lundi.
Ce lundi soir après les cours je rentre de l’école toute seule, le papa de Lorie étant venue la chercher à l’école. Je suis en train de me diriger vers notre maison quand tout à coup quelqu’un m’attrape par le bras, sans me retourner, je décide de retirer mon bras mais la personne ne veut toujours pas me lâcher. Alors je décide de me retourner pour dire à cette personne ma façon de penser quand mes yeux se retrouvent plongés pour la deuxième fois dans les plus beaux yeux du monde.
Comme l’autre fois il me sourit. Mon Dieu ces fossettes... Je le regarde médusée. - Ça va ? Me demande t’il - …Il hausse un sourcil interrogateur. - Tu es muette c’est ça ? Il se met à faire des gestes dont je suis sûre que même un muet ne comprendrait pas le moins du monde.J’éclate de rire. Il s’arrête, lâche mon bras et continue à me regarder et moi je continues de me tordre de rire. - Putain même ton rire est sexy… il a dit cela tellement bas que j’ai cru rêver mais non il l’a vraiment dit.J’arrête de rire et le regarde dans les yeux. - Raphaël me dit-il. Et toi comment tu t’appelles ?- Kimberly…- On t’a déjà dis que tu avais un t
Je le regarde interloquée, il me veut moi je ne sais quoi dire.- Je ne sais pas ce que tu m’as fais mais je n’ai de cesse de penser à toi…La montre suspendue au mur attire soudain mon attention, 20h. Bordel, j’ai pas vu le temps passer.- Faut que je rentre lui dis-jeIl me regarde perdu et me demande si j’ai entendu ce qu'il vient de me dire.- Oui je t’ai entendu mais là faut vraiment que je rentre, il se fait tard et ma mère va s’énerver- D’accord, je te raccompagne - Non je prendrai un taxi- Hors de question je t’ai demandé de venir jusqu’ici alors je te raccompagne. Il se lève donc va régler l’addition et nous sortons.
- Raphaël: Bonsoir ma fleur.Je décide de ne pas y répondre, même si j’en meurs d’envie. Non mais pour qui se prend-il après un dîner magnifique durant lequel il m’a assuré vouloir de moi il fait des jours sans prendre de mes nouvelles, quand quelqu’un vous plaît vous êtes pas censé la harceler H24 ? Du moins je c’est ce que je ferai si jamais ça m’arrivait. Il ne peut juste pas disparaître comme ça et revenir quand l’envie lui prend. Non non c’est trop facile. Soudain mon téléphone se met à sonner c’st toujours lui, je souris pour moi même heureuse de voir qu’il insiste. Je sais que je vais lui répondre, du moins un jour mais pour le moment je lui en veux beaucoup trop pour lui parler. Alors je décide d’ignorer son appel. Le téléphone arrête
Tonton Roger était le papa de Lorie, si il avait été contraint d’amener maman à l’hôpital ça veut dire que cela était sérieux. Je me précipitai donc chez Lorie pour savoir où son père avait conduit s' il leur avait donné des nouvelles. Je trouvais Lorie au salon avec sa maman- Bonsoir maman lui dis-je - Je peux être ta mère ? Me répondit- elle.La maman de Lorie ne nous appréciait pas. Vraiment pas du tout elle passait son temps à nous rabaisser ou à nous montrer comment sa famille était supérieure à la nôtre. Nous le savions déjà, elle n’avait pas besoin de le faire voir. Pour une obscure raison qu’elle seule connaissait cette femme nous détestait. Pourtant ça n’
Avec tout ce qui s’est passé je n’ai pas eu de temps pour penser à lui. Je décrochais donc le téléphone.- Allô, bonsoir Raphaël- Ma fleur… Comment tu vas ?- Je vais bien et ...- Je ne t’ai pas aperçu aujourd’hui pourquoi ? me coupa t’il- Parce que je ne suis pas allée à l’école simplement- Pourquoi n’y es-tu pas allée ?- Ma mère est tombée gravement malade et j’ai dû rester à la maison.
Nous restons silencieux un moment, avec rien que nos yeux pour parler et pour transmettre tout l’amour que nous éprouvons l’un pour l’autre.- À quand le sport de votre examen ?- Dans deux semaines lui dis-je- Humm d’accord et que vas-tu faire ensuite ?- Je comptais rentrer chez moi.Il s’étonne et me dis- Sérieusement ? Je sais qu’à cette période les élèves planifient souvent des activités vous ne l’avez pas fait avec tes camarades ?- &nb
Après ma dernière conversation avec Lorie nous ne nous sommes plus parlées chacune avance de son côté, sans rien demander à l’autre. Le jour du sport approche à grands pas, mes camarades continuent de préparer leur sortie. Lorie et moi nous évitons quand je finis mes cours je rentre directement à la maison, ou alors Raphaël et moi nous rencontrons on a même trouvé un petit coin à nous où nous isoler de temps en temps. Il est tout simplement parfait, aux petits soins pour moi. Il est drôle, aimant et me motive à fond dans ce que je fais. Il me pousse même à entreprendre avec le secteur de l’emploi qui est très fermé au pays. Je pouvais tout partager avec lui pour la première fois de ma vie je me disais que le bonheur frappait à ma porte.
Une semaine s’est écoulée depuis le sport. Une autre commence. Je n’ai plus de nouvelles de Raphaël. Quand je suis rentrée ce jour, j’ai essayé de cacher ma peine mais je n’ai pas pu. Ma mère l’a bien remarqué mais elle a respecté mon envie de ne pas en parler. J’ai bloqué son numéro pour qu’il ne puisse plus me joindre. Il me manque. Discuter avec lui me manque, rire, ses conseils, son parfum… J’ai décidé de changer de chemin pour aller et rentrer de l’école. C’est deux fois plus loin mais au moins comme ça je suis sûre de ne pas avoir à le croiser.Ce soir-là, je rentre de l’école lessivée et je finis de faire la cuisine. Comme depuis maintenant une semaine et demie, je finis de servir la nourriture