Chapitre 5

Tonton Roger était le papa de Lorie, si il avait été contraint d’amener maman à l’hôpital ça veut dire que cela était sérieux. Je me précipitai donc chez Lorie pour savoir où son père avait conduit s' il leur avait donné des nouvelles. Je trouvais Lorie au salon avec sa maman 

-   Bonsoir maman lui dis-je

-   Je peux être ta mère ? Me répondit- elle. 

La maman de Lorie ne nous appréciait pas. Vraiment pas du tout elle passait son temps à nous rabaisser ou à nous montrer comment sa famille était supérieure à la nôtre. Nous le savions déjà, elle n’avait pas besoin de le faire voir. Pour une obscure raison qu’elle seule connaissait cette femme nous détestait. Pourtant ça n’avait pas toujours été le cas, au début je peux même dire que elle me considérait comme sa fille, parfois même quand elle disputait Lorie elle lui demandait pourquoi elle ne prend pas exemple sur moi. Elle nous ramenait des choses de ses nombreux voyages et puis soudainement un jour tout a basculé.

-  Bonsoir Kim me répondit mon amie en s’approchant de moi pour me serrer dans ses bras. Je me mis à pleurer et lui répondis

-   Je voulais juste savoir si tonton vous avait communiqué le nom de l’hôpital où il a amené maman.

-   Oui, il sont à l’hôpital central. Il vient d’appeler tantine Gertrude va beaucoup mieux. Où étais tu ? On t’a cherché partout…

-   J’étais chez grand-mère pour l’aider avec quelques tâches lui dis-je en baissant les yeux

-   D’accord dit-elle.

Je poussais un soupir de soulagement, et mes yeux rencontrèrent ceux de sa maman, j’y lus de la colère, de la frustration et beaucoup de haine. Mais pourquoi donc ? Où était passé la femme douce et gentille qui nous avait accueilli ici ? Demandant même à sa fille de prendre exemple sur moi.

-   Lorie je t’ai déjà dis de ne pas te mélanger avec les déchets. Dit-elle

-   Maman ! Réagit Lorie. Moi je n’aime pas ta façon de parler à mon amie.

Elle se leva du canapé où elle était assise.

-   Amie? hurla-t-elle en mettant les mains sur les hanches. Qui est ton amie ? Cette chose dit-elle en pointant son doigt vers moi. Elle ne sera jamais ton amie tu mérites d’avoir des amies à ta hauteur, de ton rang et non des mendiants venus de nulle part. D’ailleurs même sort de chez moi dit-elle en me poussant brutalement vers la porte. Tu risques faire que ma maison sente mauvais. 

Ses mots en temps normal m’auraient fait plus mal que maintenant, mais j’étais déjà préoccupée par la santé de maman et rien d’autre ne pouvait m’atteindre. Je regagnais le chez moi le cœur un peu plus léger sachant que ma mère allait déjà mieux. Je retrouvais mes frères assis sur la véranda, les rassurais sur l’état de santé de maman. Je pris le téléphone pour prévenir grand-mère de la situation, elle voulut venir immédiatement mais avec l’heure avancée je lui ai demandé de passer plutôt le lendemain et je lui ai dis qu’ils avaient dit que son état s’améliorait. Après avoir mangé je réunis les enfants pour prier comme maman nous l’a appris en mettant bien sûr sa santé dans nos prières. Une fois la prière terminée, nous nous mettons au lit. Le lendemain matin, je décidais de ne pas aller à l’école, je voulais être là au cas où il y’aurait un problème avec la santé de maman, je finissais donc d’apprêter mes petits frères et décidais de rester là à attendre grand-mère. Je vis la voiture de tonton Roger sortir du portail et courus à sa rencontre, il ralentit dès qu’il m’aperçoit et se met sur le côté 

-  Bonjour tonton. Dis-je

-   Kim ? Tu n’es pas à l’école ? Me demande t’il ? -   Je pouvais pas y aller le cœur tranquille sachant que maman est malade. Comment va t-elle ? Il me sourit et répond

-   Ta mère va beaucoup mieux ne t’en fais pas … -   Mais qu’est-ce qui s’est passé tonton ? Elle allait bien encore le matin quand j’allais à l’école. 

Il évite mon regard, il semble mal à l’aise quand il me répond 

 -   Humm… Est-ce que la maladie prévient souvent ? Mais le docteur a dit qu’il s’agit d’une intoxication alimentaire. Elle pourra sortir même demain. 

Soudain je me mis à paniquer, où allait-on trouver l’argent pour les frais d’hospitalisation ?

-   Et les frais d’hospitalisation s’élèvent à combien tonton ?

-   Toi la petite fille ci ein… Si je te dis tu vas faire quoi ? Tu vas aller payer ? Laisses j’ai déjà tout réglé.

-   Mais tu peux me dire combien c’est ? Comme ça quand maman sera là on va essayer de te rembourser.

-  Kim…

-   Tonton

-   Tu sais que tu es têtue ? Ne t’en fais pas ça va aller je n’ai pas besoin que ta mère et toi me remboursiez. Je lui dois au moins ça … D’ailleurs tiens ça. Quand ta mère sortira elle aura besoin de bien manger prends bien soin d’elle. Puis il démarra sa voiture et me laissa planter là devant le portail. J’ouvris ma main et vit qu’il m’avait laissé 20.000 fcfa je le remerciais silencieusement.

Je retournais dans la maison et décidait d’y attendre grand-mère tonton Roger avait raison, il ne fallait pas que maman rentre et se sente plus mal en nous voyant triste je devais mettre ma préoccupation de côté et me concentrer sur l’essentiel à savoir son bon rétablissement. Plus tard dans l’après-midi, grand-mère arriva à la maison

-   Kim bonjour

-   Bonjour grand-mère…

-   Quelles sont les nouvelles ?

-    D’après ce que m’a dit tonton Roger ils devraient la laisser sortir aujourd’hui . Ils ont dit qu’elle avait une indigestion.

-   Seigneur !!! J’ai moi dis ! J’ai déjà dis à votre mère de faire plus attention à ce qu’elle mange elle toujours là niock niock à avaler tout ce qu’elle voit. Voilà maintenant qu’il faut payer les frais d’hospitalisation à la réunion là-bas on ne peut même plus me prêter…

-   Non mami. Tonton Roger a dit qu’il s’occupait des frais il a même déjà tout payer .

-   Eh Dieu merci… Dit-elle. Vraiment cet homme est gentil ein Kim ? C’est lui qui l’a amené à l’hôpital non ?

-    Oui oui. Il est très gentil, il m’a même encore donné 20.000 fcfa pour que maman puisse bien manger à sa sortie.

-   Ein ? Donc les hommes comme ça existent encore ? En tout cas c’est auss parce que ta mère vit bien avec lui quand tu vis bien avec les gens ils te le rendent au centuple. Ta mère garde bien la maison de cet homme. 

Je ne répondais rien et me contentai de sourire. Elle ouvrit son pagne et y sortir de l’argent. Je me mis à rire 

-   Ekier grand-mère tu continues à garder ton argent dans les pagnes ein ?

-  Tsiup… Tais-toi là-bas tu ne sais pas que c’est la meilleure cachette pour l’argent ? Elle se mit à bégayer. Tu ne sais pas que… Quan… Quand on agresse les femmes ici de… dehors là on dit sortez vos sacs et tout ce que vous avez moi je n’ai rien. Qui peut s’imaginer qu’une vieille comme moi ait de l’argent dans son vieux pagne ? 

Nous nous mettons à rire. Puis elle me tend 3000 fcfa.

Prends  ça me dit-elle tu ajoutes sur ce que tu as déjà tu pars faire un bon marché pour vous.

-   Akierr grand-mère… Ce que j’ai ici est amplement suffisant non ? Tu veux encore dépenser pour rien.

-   Pour rien comment ? Donc je ne dois pas vous nourrir ? Vous êtes la seule famille qui me reste depuis la mort de Joseph je me suis  promis de prendre soin de vous du mieux que je pouvais mais les problèmes ci ma fille akierr. 

Je me levais pour aller consoler mami. On l’aimait beaucoup  elle a perdu son mari et plus tard son fils elle aussi était notre seule famille. Elle habite le quartier Essomba pas très loin de la maison elle vit chez sa sœur, les frères de son mari ayant décidé de lui arracher tout ce que grand-père avait laissé. Depuis lors elle se bat en faisant du commerce au marché Essos. Et elle participe aux frais pour l’école de mes frères et moi.

-   Ça va aller lui dis-je. Un jour tout ça va changer.

Elle me sourit et pris congé, je partais la raccompagner au carrefour  la mettre dans le taxi. Après avoir raccompagner grand-mère, je décidais de me rendre immédiatement au marché avant le retour des garçons. J’y achetais du poisson fumé et du poisson frais le vendeur me connaissant il m’a ajouté quelques morceaux de poulet, du riz, de la tomate des pommes de terre et de la viande avec des condiments verts. De retour à la maison, je décidais de préparer le poulet avec le riz. Les garçons vinrent me trouver entrain d’enlever la marmite de riz au feu.

Charles le dernier comme à son habitude vint me faire un bisou, Alexis aussi et Aurélien quand à lui se mit à caresser son ventre .

-   Kim ça sent trop trop bon me dit-il. 

Je souris et lui dis 

-  N’est-ce pas ? Tu rentres tu ne dis même pas bonsoir tu dis seulement ça sent trop trop bon ein c’est ça qu’on vous apprend en 5e ? Je pris le torchon et fis semblant de vouloir le bastonner avec

-  Aïe dit-il en courant partout dans la chambre. C’est pas ce que tu crois. Je voulais seulement que tu comprennes que tu cuisines bien norhh. Quand on va t’épouser je vais dire au gars là que quand ma sœur prépare non ! C’est la fin des temps. 

On se mit tous à rire et je leur demandais de se laver pour que nous puissions manger. Je nous servis donc du riz avec du poulet. Quand mes frères revinrent il fallait voir leur sourire. Le poulet pour nous était comme du caviar on en mangeait pas souvent à de très rares occasions et quand celles-ci se présentaient ont ne s’en privaient pas. 

-   Kim donc quand maman est malade il y’a l’argent ein ? Me demande Alexis

-   Parce qu’on mange seulement le poulet quand il y’a la fête renchérit Charles

-   Donc vous vous voyez le poulet au lieu de dire merci vous commencez que non machin machin … Ne mangez pas ein  vous comprenez ? Je vais tout finir conclut Aurélien. Il prit l’assiette en faisant mine de vouloir fuir avec et les deux autres se mirent à le poursuivre

-   Non Aurélien on ne fait pas ça dit Alexis

-   Vous aviez peur de manger non ? Maintenant c’est que on ne fait pas ça je ne vous donne plus.

Charles vint me tirer l’habit en disant 

- Kimy… Kimy ( il était le seul à m’appeler ainsi ) tu vois ce que Aurélien fait non ? Il nous refuse le poulet.

-   Aurélien Ngassa poses moi cette assiette au sol. Mes enfants veulent manger.

-  Donc je ne suis pas ton enfant hein ?

-   Qui ? Je peux être la mère d’un vieux comme ça ?

Alexis et Charles se mirent à appeler Aurélien le vieux 

-  oh ! Le vieux ça va ? Dis Alexis

-  Les vieux ne mangent pas le poulet ça va casser leurs dents dit Charles.

Dès que nous eûmes fini de manger, j’envoyais les enfants se reposer un peu avan d’étudier. Plus tard à 18h j’aidais les enfants à faire leurs devoirs tout en les rassurant sur l’état de santé de maman quand je reçu un appel.

Raphaël.