Chapitre un :

• Samedi 09 décembre 2023 •

Cette nuit-là, j'ai été réveillée par la sonnerie de mon téléphone de service.

J’ai ouvert les yeux brusquement, comme si je venais d’être éjectée du mauvais rêve que je faisais.

Ma respiration était accélérée, je transpirais énormément et mon cœur battait très vite.

Quand j’ai vu que c’était le central, mon cœur s’est emballé beaucoup plus violemment.

J'ai tout de suite compris qu’il y avait un problème.

J’ai pris plusieurs grosses inspirations avant de décrocher.

“Oui, allo?” “Commissaire Valenti à l’appareil.”

Je me suis redressée sur mon lit en attendant qu’on me réponde.

“Bonjour commissaire Valenti."

" Ici le lieutenant Leeroy.”

“Je suis désolé de vous réveiller à cette heure-là…” “Mais nous avons besoin de vous sur une affaire assez urgente.”

J’ai froncé les sourcils en me demandant ce qu’il se passait tout en me levant de mon lit.

“Que se passe-t-il?”

Je l’ai entendue soupirer de l’autre bout du fil avant qu’il ne me réponde enfin.

“Nous avons une nouvelle scène de crime, un homme a été retrouvé mort dans un appartement abandonné du 3ᵉ arrondissement.” “Sofia, je ne t’ai pas appelé pour rien! Les premiers éléments laissent penser que ce n’est pas sa première victime.” “Dépêche-toi, il faut que tu sois rapidement sur place.”

J’ai hoché la tête en lui répondant seulement.

“Je serai brève, à tout de suite.”

Quand j’ai raccroché mon téléphone, j’ai pris quelques secondes supplémentaires pour faire le vide et pour reprendre mes esprits.

Je savais que le lieutenant Leeroy ne m’avait pas contactée pour rien, j'en étais consciente.

Je ne m'occupais pas de n'importe quelle enquête, et il le savait bien.

Je me suis précipitée dans ma salle de bain en m’efforçant de garder l’équilibre, j’avais très peu dormi et la semaine avait été mouvementée.

Je me suis rapidement rincée le visage, et j’ai attaché mes cheveux.

Il était quand même plus de quatre heures du matin quand il m’a contactée, je n’ai donc pas pris la peine de me préparer correctement…

J’ai attrapé l’une de mes vestes, mes clefs, et je me suis précipitée vers la porte d’entrée.

J’ai rejoint mon véhicule.

Il faisait nuit noire dehors, le vent était frais, limite glacial, et la nuit silencieuse, bien trop silencieuse pour un samedi soir de décembre.

Sur le trajet, en conduisant dans les rues désertes de Paris, je me suis mise à me demander à quel type de scène sordide j'allais avoir à faire encore une fois.

En arrivant à proximité et en regardant au loin, j’ai aperçu les gyrophares des voitures de mes collègues, j’ai ralenti progressivement en approchant du barrage qu’ils avaient mis en place.

Je me suis stoppée quand l’un des officiers a pointé la lumière aveuglante de sa lampe torche en plein sur mon visage.

J’ai été éblouie un court instant, et puis la portière de ma voiture s’est ouverte.

Un homme s’est penché vers moi en souriant tout en me disant:

“Commissaire Valenti, je présume?”

J’ai décroché ma ceinture en le regardant de travers, je suis sortie du véhicule en le fixant puis en le regardant de haut en bas.

Je me suis tout de suite demandé qui il était: je ne le connaissais pas, il avait l’air d’avoir la trentaine, il était brun aux yeux noisette, il était assez grand de taille et son teint était d’un ton caramel, je lui ai donc répondu.

« Oui, c’est moi-même, et… Vous êtes? »

Il m’a tendu sa main en continuant à sourire tout en me disant avec un accent bien prononcée.

“Mattéo Rici, j’étais inspecteur en chef à Rome, en Italie, jusqu’à il y a quelques jours” “J’ai été muté ici, et nous avons été assignés comme coéquipiers pour le temps de cette enquête, mademoiselle Valenti”

Je lui ai serré la main tout en restant surprise de voir qu’un inspecteur italien avait été envoyé sur place pour m’assister sur cette nouvelle enquête.

J’ai continué à le fixer tout en lui demandant, d’un air troublé.

“Vous venez depuis Rome jusqu’ici pour nous aider, qu’est-ce que je ne sais pas?”

Il a fait un pas vers moi pour casser la distance qu’il y avait entre nous, et tout en se penchant sur moi, il m’a répondu à voix basse.

“Il pourrait s'agir d’un tueur en série” “Il a laissé une marque sur sa victime cette fois-ci”

Mon sang s’est glacé, des frissons ont parcouru tout mon corps à cet instant précis!

“Une marque?”

Il a hoché la tête en avançant vers un grand bâtiment à la façade délabrée.

" Suivez-moi, c’est par ici que la victime a été assassinée."

Je l’ai suivie à l’intérieur d’un vieil immeuble, j’ai rapidement dû sortir ma lampe torche moi aussi, car la cage d’escalier était bien trop sombre.

Il n’y avait pas de lumière, les interrupteurs et les ampoules ne fonctionnaient pas, l’air était humide et limite irrespirable, une odeur de moisi imprégnait les murs.

Nous sommes montés jusqu’au quatrième étage.

Arrivé sur le palier face à la porte, l’inspecteur Rici s’est stoppé en me disant:

“Je vous conseille de vous protéger, l'odeur est asphyxiante!”

J’ai acquiescé en portant ma veste sous mon nez, il a alors poussé lentement la grosse porte en bois, et nous avons pénétré dans l’appartement…

J’ai à peine mis un pied à l’intérieur, que mes yeux se sont mis à me brûler, j’ai avalé ma salive en disant à Mattéo.

“En effet, il doit être ici depuis un petit moment déjà! L’odeur est extrêmement forte! “.

J'avais appris à faire abstraction de ce genre de petit détail, mais pour le coup, l'odeur de putréfaction combinée à celle d’urine et de moisi était vraiment insoutenable.

J’ai enfilé une paire de gants en jetant un coup d’œil à la salle.

L’appartement comportait deux pièces, il avait l’air complètement abandonné et depuis un long moment déjà, car les lieux avaient l’air d’avoir été squattés.

Des débris et des canettes d’alcool jonchaient le sol, qui était noir de crasse.

J’ai progressé lentement à travers l’appartement, le cœur palpitant violemment, sans aucune raison.

J’ai immédiatement constaté que dans la pièce principale, il y avait l’air d’avoir eu une violente altercation, j’ai suivi les traces de sang qui traversaient le salon.

Elles m’ont menée dans la cuisine où au centre de la pièce, le corps sans vie d’un homme était allongé au sol sur le dos, les yeux grands ouverts, il fixait le plafond d’un regard pétrifié par la terreur.