Chapitre cinq :

Sofia:

Je suis restée perdue dans mes pensées pendant quelques longues secondes avant de décrocher enfin mon téléphone.

“Bonjour, commissaire Valenti?”

J’ai immédiatement reconnu la voix de l’inspecteur Rici à l’autre bout du fil, et avant même que je ne réponde, il a continué à me dire,

“Commissaire, Mattéo Rici, à l’appareil.” “Je suis désolé de vous déranger à une heure si matinale, mais un nouveau corps a été découvert.” “Nous avons besoin de vous sur place.”

J’ai attrapé le petit calepin qu’il y avait sur ma table de nuit en lui répondant.

“Très bien, donnez-moi l’adresse, je vous rejoins immédiatement!”

En notant l’adresse, j’ai ressenti un gros frisson remonté le long de ma colonne vertébrale jusqu'à l’arrière de ma nuque.

Je n’ai pas aimé cette sensation, et je n’ai pas compris non plus pourquoi je la ressentais.

J’ai mis ça sur le dos de la fatigue et du stress accumulé.

Je me suis habillée et j'ai rapidement rejoint mon véhicule, sur le trajet jusqu'à la nouvelle scène de crime, j'étais pensive.

Nous n’avions même pas encore établi le profil du tueur qu’il avait déjà de nouveau frappé.

Je suis arrivée dans une des rues du quatrième arrondissement, et une illumination a transpercé mon esprit au moment où j’ai garé mon véhicule pour rejoindre l’inspecteur Rici.

“Commissaire Valenti, vous voilà.”

Il a ouvert ma portière tout en me saluant, je lui ai tendu la main en lui répondant.

“Bonjour, inspecteur Rici, dites-moi que ce n’est pas notre tueur qui a à nouveau frappé?”

J’aurais aimé qu’il me dise que ce crime n’était pas lié à notre affaire, mais il s’est mis à tordre la bouche, tout en me disant.

“Malheureusement, je ne vous aurais pas dérangé si ça n’avait pas été le cas!” “Nous avons déjà notre quatrième victime!”

Nous avons passé le cordon de sécurité, j’ai suivi l’inspecteur Rici jusqu'à un vieux bâtiment, je me suis stoppée devant en lui disant.

“Le tueur choisit toujours le même genre de lieu, une ruelle mal fréquentée, et un vieil immeuble abandonné et squatté!”

J’ai repensé à l’illumination que j’avais eue en entrant dans le quatrième arrondissement.

“Inspecteur Rici? vous n’avez pas remarqué quelque chose avec cette quatrième victime?”

Il a tordu la bouche en secouant la tête.

“Nous sommes dans le quatrième arrondissement, la dernière victime a été tuée dans le troisième arrondissement, c'est bien ça?”

Il a immédiatement compris où je voulais en venir, ses yeux se sont grands ouverts quand il m’a répondu.

“Mais bien sûr! Comment ai-je pu passer à côté de ça?” “La victime numéro un a été tuée dans le premier arrondissement, la seconde dans le deuxième!”

J’ai hoché la tête en lui répondant d'un air confiant.

“Ce qui laisse présager que la cinquième victime sera tuée dans le cinquième arrondissement!”

J’ai avancé dans le hall de l’immeuble, une odeur similaire à celle du précédent meurtre flotté dans l’air, une odeur de mort et de pourriture avait déjà imprégné les lieux.

L’appartement était lui aussi situé au quatrième étage comme pour les trois autres meurtres!

En mettant un pied dans le logement, je me suis demandé quel était le but du tueur. Pourquoi faisait-il cela? Pourquoi tuait-il ses personnes et quel message avait-il à passer en le faisant?

La pièce était: sombre, sale et insalubre, l’appartement comme le précédent avait dû être squatté avant que le meurtre ne soit commis.

Cette fois-là par contre, il n'y avait pas de trace de lutte dans la pièce principale, j’ai longé un petit couloir pour rejoindre la cuisine.

L’inspecteur Rici était déjà dans la pièce, il s’est tourné vers moi en lisant les notes qu’il venait de prendre sur son petit carnet.

“La victime s’appelait Marc Delcourt, il avait 35 ans” “Comme pour les autres, il était fiché par la justice pour divers crimes sexuels!” “Il était également un homme seul, avec une bonne situation financière!”

J’ai réfléchi un court instant en repassant toutes les informations que j’avais pu récolter sur les trois derniers meurtres! Et j’ai très rapidement fait le rapprochement.

“Le tueur fait cela pour un motif clair, il veut faire justice lui-même! Il cible des violeurs, qui n’ont pas était condamné, il se voit probablement comme un justicier!”

Mattéo a acquiescé tout en me répondant,

“J’ai l’impression qu’il a établi une liste de neuf cibles à abattre!” “Nous devons à nouveau examiner les profils des précédentes victimes pour comprendre ce qui les lie entre elles.”

Il avait raison, grâce à toutes les nouvelles informations que nous possédions maintenant, nous allions peut-être pouvoir anticiper son prochain meurtre!

La scène de crime avait été nettoyée avant notre passage comme les autres fois, je l’ai tout de suite remarquée.

Après avoir soigneusement passé la scène de l’homicide au peigne fin en espérant trouver de nouvelles preuves, nous avons laissé la place aux experts, avec l’inspecteur Rici, nous avons rejoint le central.

En entrant dans mon bureau, je me suis mise à fixer le grand tableau où j’avais épinglé tout ce qui était en rapport avec l’enquête! Tout était minutieusement accroché!

Au vu des premières constatations, nous connaissions déjà son mode opératoire.

Le profil de ces cibles était clair, l’endroit où il les assassinait aussi!

J’avais le mauvais pressentiment qu’il frapperait à nouveau, mais cette fois-ci dans le cinquième arrondissement!

En suivant sa logique qui était toujours la même depuis le début, il choisirait normalement un bâtiment délabré et squatté de minimum quatre étages.

L'étau se resserrait enfin sur lui!

J’étais en pleine réflexion, quand l'inspecteur Rici a frappé à ma porte avant de pénétrer dans mon bureau en me disant.

“Commissaire Valenti, les résultats viennent de tomber!”

Je me suis mise à le fixer en écoutant attentivement ce qu’il allait me dire.

“Il semblerait que la mèche de cheveux retrouvée près du corps provienne d’une perruque.” “Aucune trace ADN, même partielle, n’a été retrouvée sur la scène de crime!” “Le rapport d’autopsie relève que la victime avait une très forte concentration d’alcool dans le sang, ce qui indique qu’il était probablement en état d’ébriété au moment de sa mort.” “Il révèle également que l’homme était mort depuis deux jours au moment où nous l’avons trouvé, mais l’insalubrité du lieu, les rats et les insectes ont accéléré le processus de décomposition du corps!”

L’homme avait donc été assassiné jeudi, et le cadavre de ce matin dimanche.

Pour l’instant, il y avait un intervalle de trois jours entre les meurtres.

Le tueur était donc peut-être une femme et la première chose à laquelle j’ai pensé, c'était que nous n’avions pas d’ADN, donc pas de suspect pour le moment.

Je me suis rapprochée du tableau pour vérifier la date à laquelle avaient été tuées les deux premières victimes et leurs meurtres avaient eux aussi trois jours de décalages!

Je me suis aussi mise à parcourir le casier judiciaire de l’une des victimes, j’ai fait de même pour les trois autres et quelque chose m’a tout de suite frappée.

“Mattéo, regarde!”

Sur le coup de l’excitation de ma nouvelle découverte, j’ai même appelé l’inspecteur Rici par son prénom.

“Les dates des délits commis par les victimes! La première s’est passée il y a neuf ans! Et ainsi de suite pour les autres!” “La victime 4/9 a commis son dernier délit il y a six ans, ce qui laisse supposer que la prochaine cible aura commis son dernier crime il y a cinq ans.” “Je pense que c’est une piste à ne pas négliger.”

Ça ne pouvait pas être une simple coïncidence, le tueur avait choisi plusieurs critères pour sélectionner ses cibles.

Mattéo avait l’air d’accord avec moi, il s’est mis à hocher la tête lui aussi en fixant les rapports attachés sur le grand tableau.

“Vous avez raison, c’est comme s’il suivait un schéma bien précis depuis le début.” “Il a un plan, et je pense qu’il compte le suivre à la lettre.”

Après cette mise au point avec l’inspecteur Rici, nous avons à nouveau briefé notre équipe, chaque petite information était bonne à prendre.

Les premiers interrogatoires ont aussi eu lieu, j’ai formé trois équipes, avec Mattéo, nous avons interrogé les dernières victimes des violeurs présumés pour écarter toute hypothèse de vengeance de leur part.

Aucune d’elles n’a été suspectée, elles avaient toutes un alibi solide pour les jours où les meurtres avaient été commis.

Certains des squatteurs vivant encore dans les lieux où les hommes venaient d’être tués ont aussi été interpellés et interrogés.

Mais aucune piste valable n’est ressortie de ces interrogatoires!

À la tombée de la nuit, nous n’avions rien! Rien de plus que ce que nous avions déjà.

Aucun suspect, juste des suppositions, nous n’avions clairement rien de concret!

J’ai quitté le central à plus de 22 heures, j’étais exténuée et encore une fois, je rêvais de prendre une bonne douche et de rejoindre enfin mon lit.