Cassandra
Je souris, jouant avec mon verre du bout des doigts.
— Exactement.
Le dîner reprend, mais la tension est palpable. Chaque geste, chaque phrase est un coup dans cette guerre silencieuse.
Quand vient l’heure du dessert, Gabriel s’essuie les lèvres avec une lenteur calculée.
— Et si on arrêtait de tourner autour du sujet ?
Je repose ma fourchette.
— Quel sujet, Gabriel ?
— Toi.
Il se penche légèrement vers moi, son regard intense.
— Tu sais que nous voulons tous quelque chose de toi. La vraie question, c’est : lequel d’entre nous a ce que toi, tu veux ?
Lucien sourit légèrement, amusé.
— Une question risquée.
Raphaël, lui, se contente de me fixer, comme s’il pouvait deviner ma réponse avant même que je ne la donne.
Je prends mon temps, effleurant le pied de mon verre du bout des doigts.
Puis, je me lève lentement.
— Peut-être qu’aucun de vous n’a ce que je veux.
Je me penche légèrement, mon regard embrassant tour à tour chacun d’eux.
— Ou peut-être que je ne suis pas encore prête à choisir.
Je prends mon sac et me dirige vers la sortie, consciente de l’effet que je viens de créer.
Je suis Cassandra Morel.
Et ce soir, encore une fois, c’est moi qui ai gagné.
Gabriel
La nuit s’étire au-dessus de la ville, et depuis mon bureau, j’observe les lumières scintiller à travers les baies vitrées. Paris est une toile de verre et d’acier, un champ de bataille où seuls les plus intelligents survivent.
Et ce soir, Cassandra Morel a prouvé, encore une fois, pourquoi elle était l’une des nôtres.
Je me repasse la scène du dîner. Son regard provocant, sa voix tranchante, ce moment où elle s’est levée et a laissé trois hommes dans son sillage, frustrés et fascinés à la fois.
Un sourire en coin, je fais tourner mon verre de whisky entre mes doigts.
— Vous semblez de bonne humeur, maître Morel.
Je ne me retourne pas. Je connais cette voix.
— C’est rare, mais oui. Disons que ce soir, j’ai assisté à un spectacle intéressant.
La femme s’avance, ses talons claquant doucement sur le parquet ciré. Ma secrétaire personnelle, Alice, s’installe face à moi, croisant élégamment les jambes.
— Cassandra Morel.
Son ton n’a rien d’une question.
— Évidemment., dis-je en haussant un sourcil. Elle est toujours au centre du jeu.
— Et vous ? Quel est votre plan avec elle ?
Je souris légèrement avant de poser mon verre.
— Cassandra aime penser qu’elle contrôle tout. Mais même les reines ont besoin d’un conseiller… et d’un roi.
Alice hoche la tête, impassible.
— Elle est plus difficile à manœuvrer que vos adversaires habituels.
Je ris doucement.
— C’est ce qui la rend intéressante. Mais contrairement à Lucien ou à Raphaël, je ne veux pas la posséder. Je veux qu’elle comprenne que, pour gagner, elle a besoin de moi.
Alice m’observe un instant avant de répondre :
— Et que comptez-vous faire ?
Je me lève et ajuste ma veste.
— Lui rappeler que le monde dans lequel elle évolue est fait de règles. Et que moi, je les écris.
Deux jours plus tard, je me tiens devant le bâtiment de la Fondation Morel, une œuvre architecturale imposante où se croisent philanthropes et investisseurs. Cassandra a toujours su mêler noblesse et pouvoir avec une aisance rare.
Je franchis les portes en verre, mon pas assuré, et me dirige directement vers l’accueil.
— Gabriel Morel pour Cassandra Morel.
La réceptionniste relève la tête, surprise.
— Mademoiselle Morel n’a aucun rendez-vous prévu avec vous, monsieur.
Je souris légèrement.
— Elle fera une exception.
Et sans attendre de réponse, je me dirige vers l’ascenseur.
À l’étage, la porte de son bureau est fermée, mais je n’hésite pas à frapper avant d’entrer.
Cassandra est là, derrière son immense bureau, en pleine conversation téléphonique. Elle lève les yeux vers moi et fronce légèrement les sourcils, mais elle ne m’interrompt pas.
Je m’avance lentement et prends place dans un fauteuil face à elle, croisant les jambes.
Quelques instants plus tard, elle raccroche et pose son téléphone.
— Si je ne t’avais pas vu entrer, j’aurais cru que tu étais chez toi., dit-elle en s’adossant à son fauteuil.
— Ne le suis-je pas un peu ?
Elle arque un sourcil.
— Dans tes rêves.
Je ris doucement.
— J’ai quelque chose pour toi.
Je fais glisser un dossier sur son bureau. Elle le regarde sans y toucher.
— Et qu’est-ce que c’est ?
— Une opportunité.
Elle croise les bras.
— Je n’ai pas besoin d’opportunités, Gabriel. J’en crée.
— Peut-être. Mais celle-ci pourrait t’éviter bien des complications.
Elle finit par ouvrir le dossier et le parcourt rapidement. Je vois son expression se fermer légèrement.
— Lucien., souffle-t-elle en refermant brutalement le dossier.
— Il rachète discrètement des parts d’une de tes filiales pour s’en servir comme levier contre la Fondation Morel., expliqué-je calmement.
Elle serre les mâchoires avant de me fixer.
— Pourquoi me donner cette information ?
Je me lève lentement et me penche légèrement vers elle, posant mes mains sur son bureau.
— Parce que, Cassandra, je veux être ton allié. Pas ton ennemi.
Elle soutient mon regard, mais je vois l’hésitation, la méfiance.
— Et qu’est-ce que tu y gagnes ?
Je souris en coin.
— Toi.
Un silence s’installe, chargé de tension.
Puis, elle recule légèrement et croise les bras.
— Tu joues un jeu dangereux, Gabriel.
— Toi aussi.
Je me redresse et ajuste ma veste.
— Pense à mon offre. Mais ne prends pas trop de temps. Lucien, lui, ne t’en laissera pas.
Et sans attendre sa réponse, je me dirige vers la sortie, un sourire au coin des lèvres.
La partie vient de commencer. Et je compte bien la gagner.
LucienLa nuit est tombée depuis longtemps lorsque je pousse la porte d’un club privé du huitième arrondissement, un de ces lieux où l’élite de Paris vient conclure des affaires loin des regards indiscrets. L’endroit respire le luxe et le vice maîtrisé, un sanctuaire pour ceux qui savent que le pouvoir se négocie mieux dans l’ombre qu’à la lumière du jour.Je traverse la salle principale, effleurant distraitement du regard les hommes d’affaires, les politiciens et les femmes qui gravitent autour d’eux comme des étoiles autour d’un soleil mourant.Au fond, une table m’attend. Et Cassandra est là.Elle est assise, les jambes croisées, un verre de vin rouge à la main. Son tailleur crème épouse ses formes avec une élégance calculée, et son regard, lorsqu’il se lève vers moi, est une arme à double tranchant.Je m’assois sans un mot, l’observant un instant. Elle ne semble pas troublée par ma présence, ni même par les informations qu’elle a dû recevoir récemment.— Je suppose que tu sais pou
CassandraUn silence pesant s’installe entre nous.Puis, lentement, il se lève.— Tu veux savoir pourquoi ?Il s’approche, réduisant la distance entre nous à une simple inspiration.— Parce que tu es bien trop intelligente pour appartenir à quelqu’un.Je retiens mon souffle.— Même à toi ?, soufflé-je.Il esquisse un sourire en coin, un sourire de prédateur patient.— Surtout pas à moi.Les jours qui suivent sont une tempête silencieuse.Lucien ne fait aucun mouvement. C’est mauvais signe. Lorsqu’un homme comme lui disparaît des radars, c’est qu’il prépare un coup.Gabriel, lui, reste dans mon sillage, toujours prêt à m’offrir sa protection déguisée en alliance.Et Raphaël…Je ferme les yeux un instant.Il est le seul à ne pas jouer selon les règles. Le seul qui ne veut ni me posséder, ni me contrôler. Mais peut-être est-il aussi le plus dangereux.Parce qu’un homme prêt à brûler le monde pour une femme…… est aussi capable de se consumer avec elle.RaphaëlParis étouffe sous la chale
CassandraL’ombre de ma silhouette s’étire sur le sol immaculé du hall, projetée par les immenses baies vitrées qui laissent entrer la lumière matinale. J’avance d’un pas mesuré, mon reflet glissant le long des parois en verre des bureaux adjacents. L’image que je renvoie est celle d’une femme inébranlable : une longue chevelure brune, lisse et brillante, encadrant un visage aux traits ciselés, des pommettes hautes et des lèvres pleines, légèrement rehaussées d’un rouge sombre. Mon regard, d’un brun profond, est souligné par un trait de khôl parfaitement appliqué.Ma tenue est un manifeste silencieux de mon pouvoir. Une robe-tailleur noire, ajustée à la perfection, marquant ma taille fine et s’arrêtant juste au-dessus de mes genoux. Aux pieds, des escarpins vernis d’un rouge éclatant, un détail qui n’échappe jamais aux observateurs les plus attentifs. Je ne porte pas de bijoux inutiles, si ce n’est une montre en or à mon poignet fin. Chaque élément de mon apparence est calculé, affûté
RaphaëlL’odeur de la peinture fraîche emplit l’atelier, se mêlant aux effluves du bois et des toiles empilées dans un désordre savamment orchestré. Le pinceau danse entre mes doigts, traçant des lignes brutes sur la toile devant moi. L’image est encore floue, un mélange d’ombres et de couleurs qui refusent de prendre forme.Je grogne, frustré, et jette mon pinceau dans un coin. Il atterrit avec un bruit sourd contre le plancher usé.— Toujours aussi violent avec ton art.Sa voix.Je ferme brièvement les yeux avant de me retourner.Cassandra est là, adossée contre la porte de l’atelier, un léger sourire sur les lèvres. Son regard scrute mon œuvre inachevée avant de se poser sur moi. Son tailleur sombre tranche avec l’aura bohème du lieu, mais elle n’en paraît pas moins à sa place.Elle est comme une œuvre d’art elle-même : chaque détail étudié, chaque mouvement calculé. Mais ce qui me frappe toujours, c’est ce feu sous la surface, cette étincelle que peu de gens savent voir.— Je croy
LucienLe parfum du cigare flotte dans l’air, mêlé aux notes boisées du whisky que je fais tourner dans mon verre. De là où je suis assis, derrière mon bureau en acajou massif, je domine la ville à travers les immenses baies vitrées de mon bureau.On frappe à la porte.— Entrez.Mon assistant pénètre dans la pièce, son pas précis, mesuré.— Monsieur Valmont, mademoiselle Morel est là.Je souris lentement.— Faites-la entrer.Quelques secondes plus tard, Cassandra apparaît dans l’encadrement de la porte.Elle est splendide, comme toujours. Sa robe noire souligne sa silhouette avec une perfection irritante, et ses talons claquent sur le sol en marbre avec une assurance qui frôle l’insolence.Je me lève, ajustant le revers de ma veste.— Cassandra.— Lucien.Sa voix est aussi tranchante qu’un verre brisé.Je lui fais signe de s’asseoir, mais elle reste debout, ses bras croisés sous sa poitrine.— À quoi dois-je l’honneur ? demandé-je en m’adossant à mon bureau.— Je vais aller droit au b
CassandraUn silence pesant s’installe entre nous.Puis, lentement, il se lève.— Tu veux savoir pourquoi ?Il s’approche, réduisant la distance entre nous à une simple inspiration.— Parce que tu es bien trop intelligente pour appartenir à quelqu’un.Je retiens mon souffle.— Même à toi ?, soufflé-je.Il esquisse un sourire en coin, un sourire de prédateur patient.— Surtout pas à moi.Les jours qui suivent sont une tempête silencieuse.Lucien ne fait aucun mouvement. C’est mauvais signe. Lorsqu’un homme comme lui disparaît des radars, c’est qu’il prépare un coup.Gabriel, lui, reste dans mon sillage, toujours prêt à m’offrir sa protection déguisée en alliance.Et Raphaël…Je ferme les yeux un instant.Il est le seul à ne pas jouer selon les règles. Le seul qui ne veut ni me posséder, ni me contrôler. Mais peut-être est-il aussi le plus dangereux.Parce qu’un homme prêt à brûler le monde pour une femme…… est aussi capable de se consumer avec elle.RaphaëlParis étouffe sous la chale
LucienLa nuit est tombée depuis longtemps lorsque je pousse la porte d’un club privé du huitième arrondissement, un de ces lieux où l’élite de Paris vient conclure des affaires loin des regards indiscrets. L’endroit respire le luxe et le vice maîtrisé, un sanctuaire pour ceux qui savent que le pouvoir se négocie mieux dans l’ombre qu’à la lumière du jour.Je traverse la salle principale, effleurant distraitement du regard les hommes d’affaires, les politiciens et les femmes qui gravitent autour d’eux comme des étoiles autour d’un soleil mourant.Au fond, une table m’attend. Et Cassandra est là.Elle est assise, les jambes croisées, un verre de vin rouge à la main. Son tailleur crème épouse ses formes avec une élégance calculée, et son regard, lorsqu’il se lève vers moi, est une arme à double tranchant.Je m’assois sans un mot, l’observant un instant. Elle ne semble pas troublée par ma présence, ni même par les informations qu’elle a dû recevoir récemment.— Je suppose que tu sais pou
CassandraJe souris, jouant avec mon verre du bout des doigts.— Exactement.Le dîner reprend, mais la tension est palpable. Chaque geste, chaque phrase est un coup dans cette guerre silencieuse.Quand vient l’heure du dessert, Gabriel s’essuie les lèvres avec une lenteur calculée.— Et si on arrêtait de tourner autour du sujet ?Je repose ma fourchette.— Quel sujet, Gabriel ?— Toi.Il se penche légèrement vers moi, son regard intense.— Tu sais que nous voulons tous quelque chose de toi. La vraie question, c’est : lequel d’entre nous a ce que toi, tu veux ?Lucien sourit légèrement, amusé.— Une question risquée.Raphaël, lui, se contente de me fixer, comme s’il pouvait deviner ma réponse avant même que je ne la donne.Je prends mon temps, effleurant le pied de mon verre du bout des doigts.Puis, je me lève lentement.— Peut-être qu’aucun de vous n’a ce que je veux.Je me penche légèrement, mon regard embrassant tour à tour chacun d’eux.— Ou peut-être que je ne suis pas encore prê
LucienLe parfum du cigare flotte dans l’air, mêlé aux notes boisées du whisky que je fais tourner dans mon verre. De là où je suis assis, derrière mon bureau en acajou massif, je domine la ville à travers les immenses baies vitrées de mon bureau.On frappe à la porte.— Entrez.Mon assistant pénètre dans la pièce, son pas précis, mesuré.— Monsieur Valmont, mademoiselle Morel est là.Je souris lentement.— Faites-la entrer.Quelques secondes plus tard, Cassandra apparaît dans l’encadrement de la porte.Elle est splendide, comme toujours. Sa robe noire souligne sa silhouette avec une perfection irritante, et ses talons claquent sur le sol en marbre avec une assurance qui frôle l’insolence.Je me lève, ajustant le revers de ma veste.— Cassandra.— Lucien.Sa voix est aussi tranchante qu’un verre brisé.Je lui fais signe de s’asseoir, mais elle reste debout, ses bras croisés sous sa poitrine.— À quoi dois-je l’honneur ? demandé-je en m’adossant à mon bureau.— Je vais aller droit au b
RaphaëlL’odeur de la peinture fraîche emplit l’atelier, se mêlant aux effluves du bois et des toiles empilées dans un désordre savamment orchestré. Le pinceau danse entre mes doigts, traçant des lignes brutes sur la toile devant moi. L’image est encore floue, un mélange d’ombres et de couleurs qui refusent de prendre forme.Je grogne, frustré, et jette mon pinceau dans un coin. Il atterrit avec un bruit sourd contre le plancher usé.— Toujours aussi violent avec ton art.Sa voix.Je ferme brièvement les yeux avant de me retourner.Cassandra est là, adossée contre la porte de l’atelier, un léger sourire sur les lèvres. Son regard scrute mon œuvre inachevée avant de se poser sur moi. Son tailleur sombre tranche avec l’aura bohème du lieu, mais elle n’en paraît pas moins à sa place.Elle est comme une œuvre d’art elle-même : chaque détail étudié, chaque mouvement calculé. Mais ce qui me frappe toujours, c’est ce feu sous la surface, cette étincelle que peu de gens savent voir.— Je croy
CassandraL’ombre de ma silhouette s’étire sur le sol immaculé du hall, projetée par les immenses baies vitrées qui laissent entrer la lumière matinale. J’avance d’un pas mesuré, mon reflet glissant le long des parois en verre des bureaux adjacents. L’image que je renvoie est celle d’une femme inébranlable : une longue chevelure brune, lisse et brillante, encadrant un visage aux traits ciselés, des pommettes hautes et des lèvres pleines, légèrement rehaussées d’un rouge sombre. Mon regard, d’un brun profond, est souligné par un trait de khôl parfaitement appliqué.Ma tenue est un manifeste silencieux de mon pouvoir. Une robe-tailleur noire, ajustée à la perfection, marquant ma taille fine et s’arrêtant juste au-dessus de mes genoux. Aux pieds, des escarpins vernis d’un rouge éclatant, un détail qui n’échappe jamais aux observateurs les plus attentifs. Je ne porte pas de bijoux inutiles, si ce n’est une montre en or à mon poignet fin. Chaque élément de mon apparence est calculé, affûté