Chapitre 7– Jeux de Pouvoir

Cassandra

Lorsque j’arrive au siège de Morel Industries, la tension est déjà dans l’air.

Mon assistante, Léa, m’accueille avec une expression soucieuse.

— Madame Morel, monsieur Valmont vous attend dans votre bureau.

Je me fige brièvement avant d’afficher un masque d’impassibilité.

— Bien. Servez-nous du café et ne laissez entrer personne.

Elle hoche la tête et je me dirige vers mon bureau, mon cœur battant un peu trop fort.

Lucien Valmont ne se déplace jamais sans raison.

Et s’il est ici ce matin, après que j’aie passé la nuit avec Raphaël, ce n’est pas une coïncidence.

J’ouvre la porte et le trouve installé dans mon fauteuil, comme s’il était chez lui.

Il lève les yeux vers moi et sourit lentement.

— Cassandra., dit-il d’une voix veloutée.

Je referme la porte derrière moi et m’avance, refusant de montrer le moindre trouble.

— Lucien. Toujours aussi à l’aise dans ce qui ne t’appartient pas ?

Son sourire s’élargit.

— Tu ne devrais pas me tenter. Ce qui ne m’appartient pas encore finit toujours par être à moi.

Je m’arrête à quelques pas de lui, le fixant avec défi.

— Je ne suis pas un bien qu’on acquiert, Lucien.

Il se lève lentement, s’approchant juste assez pour envahir mon espace personnel. Son parfum est subtil, une odeur de cèdre et d’ambre qui lui colle à la peau comme une signature.

— Je sais., murmure-t-il.

Son regard capte le mien, cherchant quelque chose. Une faille. Une hésitation.

Il est trop proche.

Trop sûr de lui.

— Alors pourquoi es-tu là ?, demandé-je d’une voix maîtrisée.

Il effleure distraitement le rebord de mon bureau avant de s’appuyer contre lui.

— Pour te rappeler quelque chose.

Je croise les bras.

— Vas-y, éclaire-moi.

Il me fixe, son sourire s’effaçant légèrement.

— Gabriel et moi sommes peut-être en guerre pour toi, mais Raphaël, lui, ne joue pas selon nos règles.

Mon cœur rate un battement, mais mon visage reste impassible.

— Et alors ?

Lucien incline légèrement la tête, observant ma réaction.

— Alors il pourrait bien être ton pire ennemi.

Je laisse échapper un rire sec.

— Et toi, tu serais mon sauveur ?

Il ne sourit pas.

— Je serais celui qui t’empêcherait de tout perdre.

Un silence tendu s’installe entre nous.

Puis, lentement, il tend la main et effleure mon poignet. Un simple contact, mais qui en dit long sur sa manière de revendiquer ce qui l’intéresse.

Je ne bouge pas.

Je ne lui donne pas la satisfaction de reculer.

Mais intérieurement, une alarme s’allume.

Lucien Valmont ne met jamais ses pions en jeu sans avoir prévu trois coups d’avance.

Et s’il considère Raphaël comme une menace…

Alors peut-être que moi aussi, je devrais commencer à m’inquiéter.

Gabriel

Je n’aime pas perdre.

C’est une règle absolue. Un principe fondamental qui guide chaque décision, chaque action que j’entreprends.

Et Cassandra Morel est une victoire que je refuse de laisser m’échapper.

Je l’observe depuis la terrasse du restaurant où nous avons rendez-vous. Elle est assise face à moi, impeccable dans son tailleur crème, un contraste saisissant avec la férocité qui brûle dans ses yeux.

Elle est belle.

Mais ce n’est pas sa beauté qui me fascine.

C’est son pouvoir.

Son contrôle.

Son refus de se plier aux règles du jeu, alors même qu’elle sait qu’elle y est déjà piégée.

— Pourquoi cette invitation soudaine, Gabriel ?, demande-t-elle en portant son verre de vin à ses lèvres.

Je souris lentement, jouant avec mon propre verre.

— Je voulais te voir.

Elle arque un sourcil.

— Tu veux toujours me voir. Et pourtant, tu ne m’as pas contactée depuis une semaine.

— Parce que je voulais voir combien de temps tu mettrais avant de venir à moi.

Elle pose son verre avec un léger claquement sur la table.

— Tu crois que je suis prévisible ?

Je me penche légèrement en avant, capturant son regard.

— Non. Mais je sais que tu es trop intelligente pour ignorer les forces qui s’agitent autour de toi.

Elle ne répond pas immédiatement, analysant mes mots, cherchant la faille.

— Lucien est venu te voir., dis-je calmement.

Son expression reste impassible, mais son regard se durcit légèrement.

— Est-ce que tu me fais suivre ?

Je souris.

— Pas besoin. Lucien est prévisible, lui.

Elle croise les bras, son regard se faisant plus acéré.

— Et toi, tu es quoi, Gabriel ?

— Je suis celui qui ne te mentira jamais.

Elle rit, un son bas et légèrement moqueur.

— Tu es un avocat. Tu mens pour vivre.

— Je mens aux autres. Pas à toi.

Un silence s’installe entre nous. Je la regarde, cherchant la moindre fissure dans son armure. Mais elle est solide. Trop solide.

— Lucien pense que Raphaël est une menace pour toi., dis-je finalement.

Cette fois, elle ne répond pas tout de suite.

— Et toi, tu penses quoi ?

Je prends une gorgée de mon vin avant de répondre.

— Je pense que Raphaël est le seul qui ne joue pas selon les règles. Et qu’il pourrait bien être celui qui te fera perdre le contrôle.

Elle soutient mon regard, et pendant un instant, je vois passer quelque chose dans ses yeux. Une hésitation. Un doute.

C’est là que je frappe.

— Tu ressens quelque chose pour lui.

Elle serre légèrement la mâchoire, mais ne nie pas.

Je me redresse, satisfait.

— Alors tu dois être prudente, Cassandra. Parce que si Lucien et moi sommes des prédateurs, lui, c’est une tempête. Et tu sais ce que font les tempêtes ?

Elle incline la tête, défiant.

— Elles ravagent tout sur leur passage.

Je souris lentement.

— Exactement.